🎶Christopher 🎶

Comme souvent ces derniers temps, je m'égare dans la contemplation des photos de Luna et moi, datant d'une époque où le bonheur faisait encore partie de mon existence. Ce matin celle qui a retenu mon attention est celle que Clara avait prise, le jour où j'ai ouvert mon cœur à Luna sur la scène dans le Jardin public de Buenos Aires. Ce jour où ma meilleure amie est devenue bien plus. Ce même jour où Luna et moi sommes passés de l'amitié à l'amour. Une larme roule sur ma joue, avant de partir s'écraser sur l'écran de mon téléphone. Mon cœur est plus lourd que jamais, me donnant l'impression que toute la misère du monde s'est abattue sur moi.

D'un pas lourd et mal assuré, je sors du lit, pour rejoindre la salle de bain où je me défais de mon jogging, avant d'entrer dans la douche. L'eau chaude qui dégringole sur mon corps m'aide un peu à me laver de ma nuit blanche, comme tous les matins depuis presque dix jours. Depuis que j'ai laissé partir Luna l'autre soir, rares ont été les nuits où j'ai réussi à museler ma peine pour trouver un sommeil profond et réparateur. Dire que je ressemble à un zombie serait un pur euphémisme. Elle me manque atrocement. J'avais déjà l'impression de ne plus être moi-même depuis des semaines, mais depuis ce soir-là, c'est encore pire. Une partie de mon âme s'est totalement éteinte. J'ai perdu cette flamme qui me permettait de vivre.

Alors que je termine d'enfiler mon jeans des coups sont donnés contre ma porte. La tête de mon meilleur ami passe dans l'entrebâillement et ses yeux se posent sur moi. Son visage se déforme en une grimace quand il aperçoit ma mine fatiguée. Aucun mot n'est utile pour lui faire comprendre que le sommeil m'a une nouvelle fois échappé cette nuit.

— Tu es prêt dans combien de temps ? demande-t-il.

— Cinq minutes, pourquoi ?

— Bah on doit partir !

— Euh... Pour aller où ? demandé-je, perplexe.

— Tu as oublié ? On a une séance photo avec Luna ce matin.

Entendre son prénom me noue instantanément l'estomac, mettant à rude épreuve ma bonne volonté pour ne pas craquer. Zabdiel me lance un regard désolé, et je tente de le rassurer en lui souriant faiblement. Lui et moi avons pas mal discuté au cours des derniers jours et même s'il ne comprend pas le fait que j'ai abandonné Luna face à son amnésie, il me soutient. Il sait à quel point j'en bave. Pourtant, il faut que j'arrive à avancer. Vivre dans le passé ne servira plus à rien.

Zabdi me dit de me dépêcher. Visiblement, Renato commence à s'impatienter. Ça aussi ça a beaucoup changé au cours des derniers jours. Ma relation avec mon manager s'est quelque peu dégradée depuis ma connerie avec la voiture de location. La confiance qu'il avait en moi s'est éteinte. Maintenant, il me traite comme un enfant de dix ans. Je n'ai plus le droit de sortir seul. Soit il m'accompagne, soit c'est Sergio qui s'en charge. D'un côté, je le comprends parfaitement. Ce soir-là quand j'ai abusé de l'alcool, dans l'espoir de faire taire ma peine, je n'ai clairement pas pensé aux conséquences. Il aurait pu m'arriver n'importe quoi. Renato s'est donné un mal de chien pour que l'incident ne s'ébruite pas dans la presse.

Dans mon armoire, j'attrape un tee-shirt blanc et mon blouson en cuir noir. Pour accessoiriser ma tenue, mon dévolu se jette sur une casquette des Bulls de Chicago. Rassemblant mes affaires, je sors de ma chambre pour rejoindre mes amis qui m'attendent patiemment dans le salon.

— Bonjour, dis-je à mi-voix.

— Bon, vous êtes prêts ? s'irrite Renato.

Dans un hochement de tête, nous donnons une réponse positive à sa question. Rapidement, nous quittons la villa en direction du studio.

Quand nous arrivons sur place, c'est l'effervescence. Des fans nous attendent par dizaine. La police municipale de Buenos Aires a été réquisitionnée pour gérer la sécurité. Le van se stoppe devant l'entrée. Richard et Zabdi sortent les premiers, suivis par Joël. Erick nous avait prévenus qu'Alyana le déposerait avant de partir bosser.

Glissant mes lunettes de soleil sur mon nez, je sors à mon tour. Les fans n'ont pas besoin de voir l'état de fatigue dans lequel je me trouve. Quelques-unes, les plus chanceuses dirons-nous, s'approchent pour faire une photo. Poliment, je prends la pose et le temps de répondre à quelques questions. L'une d'entre elles m'annonce être inquiète pour moi et ça me fait chaud au cœur. Pour la remercier, je lui offre une étreinte chaleureuse et rejoins mes amis qui patientent à l'entrée du studio.

Lorsque j'entre dans les locaux, mon regard cherche inévitablement une silhouette familière. Après quelques instants, mes yeux finissent par se poser sur elle. Luna est dans un coin, en train d'effectuer des réglages sur un de ses multiples appareils photo. Comme toujours lorsqu'elle est concentrée, ses cheveux sont remontés au-dessus de sa tête en un chignon brouillon dont quelques mèches folles s'échappent pour venir encadrer son visage. Elle a enfilé ses lunettes de vue, signe de fatigue chez elle. Mon cœur se serre et il faut que je lutte contre ma volonté, pour ne pas me précipiter vers elle et lui dire tout ce que j'ai sur le cœur.

Au moment où son regard se lève vers moi, je sens une énième fêlure se créer au fond de mon âme. Gênée, elle détourne la tête à la hâte, avant de reporter son attention sur mes amis qui se trouvent à mes côtés. Me sentant soudain exclu, je prends la fuite vers ma loge de fortune. Là, une pile de vêtements m'attend, ainsi qu'un petit mot.

Christopher,

J'ai essayé de choisir des tenues à ton image.

J'espère que tu aimeras !

Bisous,

Aly.

Ces quelques mots me font sourire. Aly est tellement prévenante avec moi. Notre amitié s'est considérablement consolidée depuis l'accident de Luna. En elle, j'ai trouvé une oreille attentive, une confidente. Précautionneusement, je parcours les tenues que mon amie m'a choisies. Pour la première session, elle a sélectionné un pantalon blanc assorti à un sweat de la même couleur. Habits en main, je me change rapidement. Comme toujours, je porte ma chaîne en argent et mon bracelet en perles d'agate noires. Me regardant dans le miroir, mon reflet me dégoute. Je suis pâle et ne parlons même pas des immondes cernes qui entravent mon visage. La maquilleuse va avoir du travail pour rattraper le coup.

La séance photo est un véritable calvaire. Mon corps est là, mais mon esprit et mon cœur sont totalement ailleurs. Je n'arrive pas à me mettre dans le bain, et revoir Luna me fait un mal de chien. J'ai l'impression que quelqu'un est en train de me lacérer le cœur de ses griffes. Lui rendre sa liberté était, je crois, la meilleure façon pour nous deux d'aller de l'avant. Malheureusement, ça me brise le cœur et je ne peux plus avancer. Les garçons tentent de me motiver, mais le regard de Luna sur moi me donne envie de me cacher dans un coin et de ne plus jamais en sortir. Renato demande une pause à Luna. Mes amis se dispersent et moi, je m'éloigne du groupe comme souvent ces temps-ci. Je m'installe sur un des canapés, dans le fond du studio. Les coudes sur mes genoux, ma tête entre mes mains, mon regard fixe le sol. Je suis perdu. Une main se pose sur mon épaule. Lentement, mon regard se relève et je découvre Clara. Ses yeux sont remplis de compassion.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, Chris ? me demande-t-elle doucement.

— Rien ! réponds-je, plus durement que voulu.

— Tu n'as pas la tête au boulot là ! Reprends-toi.

Avec toute la tendresse d'une sœur, Clara passe son bras sur mes épaules et se rapproche de moi. Je pose ma tête contre son épaule.

— Je n'y arrive pas, Clara. Je ne peux pas bosser comme ça, me lamenté-je.

— C'est à cause de Luna ?

Mes yeux se ferment à l'entente de son prénom. Mon cœur se serre et une boule me noue douloureusement la gorge.

— Je vois, tu as du mal à bosser car elle est là ?

— Je...

N'arrivant plus à retenir mes larmes, je m'effondre dans les bras de Clara. Elle est un peu la sœur que je n'ai jamais eue, elle veille sur nous avec tout l'amour qu'elle a dans son cœur. Veillant à ce que chacun d'entre nous aille bien. Elle est l'épaule sur laquelle nous pouvons nous appuyer dans les moments de doute. Sa main frotte mon dos, alors qu'elle tente du mieux qu'elle peut de me consoler. Pourtant, rien ne peut arrêter la douleur qui se diffuse dans ma poitrine et qui me paralyse.

— Tu es sûr de ton choix, Chris ? Tu souffres peut-être trop, alors qu'il suffirait que vous discutiez...

— Elle ne se souvient plus de moi, ça ne sert à rien de forcer les choses. Elle m'a oublié... expliqué-je, le cœur lourd.

— Je suis certaine que ça peut encore s'arranger. Écoute, prends quelques minutes, bois un peu d'eau, asperge-toi le visage et tu reviens sur le plateau en forme, OK ?

Je ne réponds pas et continue de regarder le sol, en laissant mes larmes couler. Clara dépose un rapide baiser dans mes cheveux, puis file rejoindre les membres du staff. Au loin, je la vois discuter avec Renato et Kevin. Leur sujet de conversation n'est pas très dur à deviner.

Une fois la séance photo terminée, c'est avec une rapidité déconcertante que je file me changer, avant de me précipiter dans le van qui nous attend à l'extérieur. Écouteurs sur les oreilles, je ne calcule même pas mes amis qui montent à leur tour. Zabdi tente de me parler, mais je n'écoute pas.

Laissez-moi me noyer dans ma peine.

Quand nous arrivons à la villa, c'est à la vitesse de l'éclair que je vais m'enfermer dans ma chambre. Une fois dans la pièce, je me laisse tomber sur le lit. Mes bras sont repliés sous ma tête, tandis que mon regard scrute le plafond. Mon esprit plonge une nouvelle fois dans un flux de souvenirs, qui alourdit un peu plus mon cœur. C'est la sonnerie de mon téléphone qui finit par me tirer de mes réflexions. Maman.

— Mon chéri, comment vas-tu ? s'inquiète-t-elle, alors que je décroche.

— Humm...

— Oh, Chris ! Je suis inquiète...

— Ça va aller, maman.

— Tu ne veux pas rentrer à la maison quelques jours ? Voir tes amis, profiter d'être ici pour te ressourcer ? Je te ferai tes plats préférés.

L'idée de rentrer à Loja me tente énormément. Retrouver le réconfort de la maison, et pouvoir me vider la tête. Il ne faut pas beaucoup d'insistance à maman pour me faire céder. C'est décidé, je vais rentrer en Équateur.

— Je te tiens au courant dès que j'ai parlé avec Renato.

— Pas de soucis ! Bisous, mon chéri.

— Bisous, maman !

Nous raccrochons. Au pas de course, je pars à la recherche de Renato dans les couloirs de la maison. Je finis par le trouver dans le jardin, en pleine discussion avec Clara. Ils organisent le planning pour les prochaines semaines.

— Excusez-moi de vous déranger, les interromps-je.

— Pas de problème ! Qu'est-ce qu'il y a ? me demande mon manager.

— Crois-tu qu'il serait possible que je parte quelques jours à Loja ? J'ai besoin de me vider la tête. Si je continue sur cette voie, ça va tourner à la catastrophe.

Renato se tourne vers Clara, qui hoche la tête. Visiblement, elle lui a parlé de notre conversation. Aucun argument ne m'est nécessaire pour convaincre Renato, qui accède positivement à ma requête.

— Sois de retour à Miami pour le iHeart Festival et en pleine forme.

— Compte sur moi ! Merci, Renato.

Il me sourit tout comme le fait Clara. Le cœur un peu plus léger, je regagne ma chambre. Attrapant mon ordinateur sur le bureau, je m'installe confortablement contre la tête de lit, puis me connecte sur le site de la compagnie aérienne.

Une heure plus tard, je reçois mes billets d'avion par mail. Ma valise est bouclée. Demain à la première heure, je partirai pour Loja.

Hello mes petits pandas 🐼

Comment allez vous ?

Nous approchons lentement de la fin se l'histoire... Il ne reste plus que 19 chapitres avant de voir écrit les mots FIN 🥺

Notre pauvre Chris touche vraiment le fond. La douleur de la perte de sa Luna est pénible à supporter pour lui 💔😭

Je vous propose une petite musique que j'apprécie beaucoup c'est dernier temps 😍

[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]

Besitos mes amours 😘😘😘😘