Chapitre 35. C'est bien trop douloureux
🎶Christopher🎶
Trois semaines que nous voyageons de ville en ville et que nous découvrons l'Asie. Il y a quatre ans quand l'aventure CNCO a commencé, il m'était impensable d'imaginer tout ça. La ville de Kuala Lumpur doit se tenir sous nos pieds. Le ciel est recouvert d'une couche épaisse de nuages qui nous empêche de la distinguer clairement, mais dans quelques instants, nous atterrirons sur le sol malaisien. Écouteurs dans les oreilles, je contemple la vue au travers du hublot, laissant la musique de Mientes tan bien, envahir mon être. Il n'y a que comme ça que j'arrive à faire taire le mal qui m'habite depuis un mois et demi. Luna me manque atrocement, mais ce qui me manque encore plus c'est ce lien que nous avions. Elle devient folle à essayer de se rappeler, et moi, je deviens dingue à espérer que tout finisse par resurgir un jour. Elle a fini par se rappeler de son boulot, donc rien n'est totalement perdu en ce qui me concerne.
Mais bordel, qu'est-ce que ça fait mal.
Lorsque l'avion est parqué sur le tarmac, les premiers passagers commencent à se presser près des portes latérales. Kevin et Renato sont prêts à descendre. Je range mes affaires et leur emboîte le pas.
Une foule impressionnante de fans nous attend à la descente de l'avion. Ici en Asie, c'est étonnant le civisme dont ils font preuve. Entassé derrière les barrières de sécurité, chacun patiente dans l'espoir de pouvoir avoir une photo ou un autographe de l'un d'entre nous. Chez nous, on aurait déjà été pris d'assaut, manquant de mourir étouffé sous la marée humaine que cela engendrerait.
Arrivés à l'hôtel, nous avons à peine le temps de prendre possession de nos chambres, qu'il faut déjà redescendre pour rejoindre le salon privé où des journalistes malaisiens nous attendent. Quand nous entrons, ils nous saluent en utilisant un anglais plus que parfait, puis nous prenons place sur les fauteuils.
— Bonjour ! s'exclame le premier.
— Bonjour, répondons-nous en chœur.
— Alors, les garçons, parlez-nous de votre séjour en Asie !
— C'est extraordinaire, explique Joël. La vie est tellement différente de chez nous. C'est un véritable plaisir de découvrir de nouveau pays, de nouvelle culture et façon de vivre.
Nous échangeons pendant près d'une heure avec ces journalistes, puis il est déjà temps de partir en direction du stade où se tiendra notre concert de ce soir.
Nico me tend mon micro, tandis que je mets en place mes oreillettes. Mes doigts jouent avec les boutons du moniteur, réglant légèrement le volume du retour de son. Une fois prêt, je monte sur scène rejoindre mes amis. Les trente-six degrés affichés par le baromètre rendent l'air étouffant et les rayons du soleil brûlant. Pourtant, des centaines de fans sont déjà là, attendant depuis des heures voire même des jours, de pouvoir nous apercevoir. Le stade dans lequel nous jouons ce soir peut contenir jusqu'à cinquante mille personnes et notre représentation est sold out.
Sans grande conviction, je prends part aux soundchecks, faisant simplement mon job. Depuis quelque temps, être sur scène m'est très difficile. Mon corps est là, mais mon esprit n'arrive pas à se figer sur l'instant présent, restant bloqué sur ce soir-là. Si j'avais agi différemment, nous n'en serions pas là.
Arrête de te flageller ! me sermonne ma conscience.
— Christopher ! S'il te plait, concentre-toi ! me réprimande Kevin.
J'ai l'impression d'être un enfant de dix ans qui refuse de faire ses devoirs. Je suis pathétique. Essayant tant bien que mal de chasser mes mauvaises pensées, je me concentre sur ce que mon manager me demande de faire. Les garçons n'ont pas à pâtir de mon mauvais état d'esprit.
Une fois les essais sons terminés, nous prenons quelques instants pour saluer les fans présents dans les premiers rangs, puis filons en direction des loges de fortune installées dans des bungalows, à l'arrière du stade. Après une bonne douche, je m'affale sur le canapé et somnole jusqu'à l'heure du concert.
Mon sommeil est ponctué de cauchemar et d'angoisse. Je me réveille en sursaut, la main sur le cœur, dont les palpitations sont anormalement rapides. Attrapant la bouteille d'eau posée sur la table basse, j'en bois une gorgée et au même moment, mon téléphone se met à sonner. Un rapide coup d'œil à l'identifiant et un sourire s'étend sur mon visage.
— Bonjour, Maman, dis-je en décrochant.
— Bonjour, chéri, comment vas-tu ? me demande-t-elle.
— Ça va ! Dans une heure, nous montons sur scène.
— Tu as une petite voix, Christopher, ça ne va pas mieux avec Luna ? s'inquiète-t-elle.
— C'est long !
— Tu veux en discuter ? me demande-t-elle.
— Pas vraiment ! Il n'y a pas grand-chose à en dire, Maman. Son état ne s'arrange pas. Elle ne sait toujours pas qui je suis, pourtant, elle essaie. Elle s'en rend même malade, en se torturant l'esprit de la sorte.
— Tu as essayé de lui montrer certains de vos souvenirs communs ? Histoire de raviver la flamme ?
— Bien sûr ! Et à vrai dire, je suis un peu à bout de ressources. Elle se souvient des éléments qui forgent ses souvenirs, mais moi je n'y ai plus ma place.
Un sanglot trahissant mon mal-être me noue la gorge et j'essaie désespérément de cacher. Maman soupire à l'autre bout du téléphone.
— Mon chéri, murmure-t-elle, je suis vraiment désolée. Quand rentrez-vous à Buenos Aires ? demande-t-elle de sa voix douce.
— Oh, je n'en sais rien, mais certainement pas avant la fin du mois. Nous restons jusqu'à jeudi ici, puis rentrons à Miami pour une session studio et après, je verrai avec Renato pour quelques jours de repos.
— D'accord ! Dis-moi quand tu rentres en Argentine. Je viendrai passer quelques jours avec toi.
— Merci, Maman. Il faut que je te laisse, je dois me préparer pour le concert.
— Oh oui, pardon, je n'avais pas vu l'heure ! s'excuse-t-elle.
— Pas de soucis ! Bisous, à très vite, je t'aime, Maman.
— Bisous, mon chéri. Profite bien !
Une fois la conversation terminée, je me lève et commence à me préparer pour le concert. Comme chaque soir de show, je mets la première tenue de scène, qui est de loin ma préférée. Après avoir enfilé mon tee-shirt blanc, sur lequel mon prénom est inscrit en lettre capitale noire, je passe la veste dorée et ma casquette noire. Alors que je termine de lasser mes chaussures, un ramdam infernal résonne devant ma porte, avant que mes amis ne déboulent à l'intérieur de la pièce. Ils rigolent à pleins poumons, me faisant lâcher un rire à mon tour.
Nous terminons de nous préparer tous ensemble, quand Nico fait son apparition dans la loge.
— Allez les garçons ! En piste dans dix minutes.
— On arrive ! s'exclame Richard.
— Partez devant, je vous rattrape ! annoncé-je à l'attention de mes amis.
— Ne traine pas, Chris, m'avertit Zabdi.
Mes amis sortent et je reste seul. De la poche de ma veste, j'en extirpe cette photo. Celle qui me suit depuis tellement d'années. Un fragment de mon passé auquel je suis démesurément attaché. Toute cette histoire d'amnésie retourne littéralement mon cerveau, me faisant peu à peu perdre pied. Mes yeux rivés sur l'image, je fixe intensément le regard que Luna portait sur moi à cette époque. Un amour inconditionnel nous unissait déjà même si nous n'en avions pas encore conscience. À cet instant, je donnerai tout ce que j'ai pour retourner à ce moment-là, ne serait-ce que pour quelques minutes. Pouvoir à nouveau exister dans sa mémoire et être le témoin de son affection.
— Chris, en piste ! Allez ! intervient Renato.
— J'arrive !
Rapidement, je range la photo dans la poche de mon blouson et rejoins mon manager, qui commence à s'impatienter devant l'entrée de la loge. Ensemble, nous gagnons l'arrière de la scène où mes amis m'attendent. À la hâte, je passe mes oreillettes, puis attrape le micro tendu par le technicien. Du bout des doigts, je soulève le rideau et observe la foule. Comme d'ordinaire, nous nous prenons dans les bras, avant de nous mettre en place. Jesús commence à mettre l'ambiance. Les faisceaux lumineux balaient la scène et le stade, faisant naître une euphorie générale dans l'assemblée. Les premières notes de Hey DJ, résonnent dans les enceintes. Nous montons les quelques marches qui nous séparent de l'estrade, puis c'est sous un tonnerre d'applaudissements que nous entrons en piste.
Richard entame la chanson, tandis que le public entonne avec lui les paroles. Le premier couplet fini, les cordages descendent devant nous. Je passe ma main dans une des boucles, prends de l'élan et m'élance dans les airs. Quand nos pieds foulent le sol, des flammes sortent des canons sur l'avant de la scène. Un instant, le silence se fait, puis le refrain débute et c'est parti pour deux heures de show.
La première partie du concert s'est très bien déroulée. Le public est d'une réactivité exceptionnelle. Cette énergie qui émane de nos fans, a le don de faire tambouriner ardemment mon cœur dans ma poitrine. Chaque fois qu'ils reprennent nos chansons avec nous un sourire naît sur mon visage, me faisant aimer davantage mon métier.
Solo yo se termine, nous nous précipitons dans les coulisses pour changer de tenue. Franchement, on repassera pour cette tenue-là. J'ai l'air d'un astronaute échoué sur terre. C'est affreux. Quelques minutes plus tard, nous sommes de retour sur scène avec Tan Fácil. Cette chanson a toujours le don de déchaîner la foule, même trois ans plus tard. Elle fait partie de ces chansons dont les fans ne se lasseront jamais.
Quand vient le moment de chanter Volverte a Ver, je prends place au centre. Les garçons m'entourent, Zabdiel se tenant sur ma droite. Durant quelques instant, le noir complet se fait, puis la mélodie emplit l'air faisant régner un silence d'église dans l'assemblée. Cette chanson résonne tellement en moi, que mon cœur est sur le point d'exploser. Les premières notes s'élèvent autour de nous, je sais que je dois commencer à chanter, mais mon corps est paralysé. Je suis en arrêt, impossible de faire mon job, tant les souvenirs envahissent mon esprit comprimant mon cœur et mon cerveau. Il est donc là le moment où tout s'écroule à nouveau. Cette chanson est pour Luna... Luna qui ne se rappelle plus de moi, de notre amour, de tout ce que nous représentions l'un pour l'autre. Une barrière vient de s'ériger autour de moi, m'empêchant d'aller plus loin. Ma voix ne sort pas, impossible de sortir le moindre son. La panique m'envahit soudain.
La musique se stoppe, et je reviens à la réalité. Mes amis me scrutent attendant une réaction de ma part. Tous me regardent. Soudain, le silence résonne dans le public, alors qu'un sentiment de malaise s'empare de mon corps.
Bien joué, Christopher.
Ne me sentant plus à ma place, je quitte rapidement la scène. Trouvant appuie contre une caisse de transport, ma tête se baisse et mes mains viennent tirer mes cheveux. Une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter. Mon visage se relève vers mon ami.
— Tout va bien, Chris ? me demande Erick.
— Je ne peux pas... balbutié-je.
— De quoi ? Chanter ? s'inquiète-t-il.
— Cette chanson... Je ne peux pas la chanter.
Erick ouvre de grands yeux, en comprenant où je veux en venir.
— C'est ta chanson pour Luna... Putain pourquoi on y a pas pensé... Je suis désolé, mec.
Au loin nous entendons Richard parler au public. Ses paroles sont à peine audibles de là où je me trouve, mais une musique commence à envahir l'air. Quelques secondes plus tard, tous les garçons arrivent dans ma direction.
— Chris ? Ça va ? s'émeut Zabdi.
— C'est impossible pour moi de chanter Volverte, les mecs. Je suis désolé.
Mon visage se ferme, tandis que je tente tant bien que mal de retenir mes larmes. Sans rien ajouter, puisqu'il n'y a rien à dire de plus, les garçons viennent autour de moi. Passant leurs bras sur mes épaules, ils m'offrent une étreinte réconfortante.
Mes amis, mes frères.
Ils sont capables d'arrêter un concert, pour moi.
Après un instant de répit, qui m'aide à me ressaisir, je musèle une nouvelle fois mes émotions, renfilant ainsi le masque et dressant ce sourire de façade sur mon visage. Avec l'accord de Kevin et quelques ajustements, nous retournons sur scène pour le plus grand plaisir de notre public.
Allez, Vélez, courage.
Hola mes petits pandas d'amour 🐼🌺🧡
Comment allez-vous ? ☀🌈
Notre pauvre Christopher est au plus bas. Le pauvre, il souffre le martyr, si bien qu'il n'a pas été capable de chanter la chanson qu'il avait composé pour Luna 😭😭😭😭💔. Qui est volontaire pour lui faire un calin ? Moi, moi, moi *bon ok, je me calme* ✋🙈🙃
🎵Allez petite pause musicale pour la route🎵
[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]
Bisous 😘😘😘😘😘
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