Chapitre 31. Retour à la maison
✯Luna✯
— Je m'appelle Luna Perrida, j'ai vingt-trois... Euh non...
J'hésite un instant, puis me racle ma gorge avant de reprendre. Émilia, mon infirmière attitrée, me regarde avec bienveillance m'invitant à poursuivre.
— J'ai vingt-quatre ans. J'habite dans le quartier de Puerto Madero, aux 212 Aimé Peiné. Mes parents sont Veronica Perrida de Castilló et Angelo Perrida, ils sont membres d'une association caritative. Je suis originaire de Loja, petite ville d'Équateur. J'ai déménagé à Buenos Aires en 2016 pour venir finir mes études de...
Là, c'est une nouvelle fois le trou noir. Je cherche mes mots, mais rien ne vient. Soudain, une vague de panique m'envahit, comme d'habitude au cours de ces derniers jours. Chaque fois qu'une information semble me manquer, je suffoque et la nausée me prend. Par réflexe, je porte mes mains à mes tempes, les massant doucement. L'infirmière assise en face de moi pose sa main sur mon avant-bras et le serre amicalement.
— Ce n'est rien, Luna, respire. Fais comme on a dit. Ferme les yeux et laisse-toi glisser dans un lieu que tu affectionne.
Sa douce voix m'aide à me glisser dans un lieu de réconfort mental, qu'elle m'a aidé à bâtir au cours des quatre derniers jours. Ensemble, nous avons tenté de rassembler les bribes de mon passé qui se sont égarées dans mon inconscient.
Un long soupir m'échappe, tandis que mes battements de cœur ralentissent et que mes pensées s'apaisent.
— On peut reprendre ? me demande-t-elle.
— Oui, on peut y aller !
Une nouvelle fois, je déblatère mon speech. On dirait que j'ai appris une leçon par cœur. C'est tellement pathétique. Pas mal de choses me sont revenues au cours des soixante-douze dernières heures, mais le plus gros trou reste celui concernant ce Christopher. J'ai beau me torturer les méninges, il n'y a rien à faire. Rien ne me revient. Bien qu'il soit venu me voir deux fois depuis mon réveil, absolument rien chez cet homme n'éveille quelque chose en moi. Cependant, je dois bien avouer qu'il est quand même atrocement mignon.
— Luna, reviens avec moi ! m'intime Émilia en agitant sa main devant mes yeux.
— Oups, désolée ! J'étais partie loin.
— Je vois ça ! Tu pensais à quoi ?
— À ce que j'ai oublié, notamment cet homme...
— Christopher ?
— Oui ! Mes amis me soutiennent que nous étions ensemble, mais si je l'aimais tant que ça, pourquoi je suis venue à l'oublier ?
— Les mécanismes du cerveau sont terriblement complexes, rien n'est ta faute. Tu te souviendras tôt ou tard, mais surtout, ne brusque pas tes souvenirs, accueille-les chaque fois qu'un d'entre eux te revient. N'aie pas peur de te rappeler.
— Merci, Émilia !
Elle me sourit et me salue. Notre entretien terminé, je regagne ma chambre pour finir de préparer mes affaires. Alyana devrait passer me récupérer en fin de matinée.
Alors que je termine de ranger ma trousse de toilette dans mon sac, la porte de la chambre s'ouvre. Je me retourne pour voir entrer ma meilleure amie, suivie de son petit ami. Alyana se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras et fait claquer ses lèvres sur ma joue.
— Comment s'est passé ton entretien ? demande-t-elle, curieuse.
— Très bien ! Quelques trucs me sont revenus, notamment mon code de téléphone.
Ma réponse déclenche un fou rire chez ma meilleure amie qui rétorque que j'aurais mieux fait d'attendre avant de le pulvériser contre le mur. Je me joins à son fou rire, puis m'avance vers Erick pour le saluer.
— Salut, beau cubain ! m'enjoué-je.
— Salut, Luna ! Tu vas bien ?
— Ça va, merci ! Je ne suis pas mécontente de rentrer chez moi.
— Alors en route ! s'exclame Aly. On s'arrêtera prendre chinois.
— Ce plan me va bien !
— Je vais vous laisser, annonce Erick. Je dois rejoindre les garçons. Il faut qu'on peaufine quelques détails pour notre voyage en Asie.
— D'accord ! À plus tard, mon cœur.
— À plus ! rajouté-je.
Erick disparaît rapidement. Aly et moi sortons de l'hôpital, bras dessus bras dessous, et gagnons sa voiture.
Quand nous arrivons chez moi, Alyana file rapidement chez elle déposer ses affaires. En entrant dans mon appartement, cette odeur familière de vanille me procure une sensation de bien-être infini. Tout est exactement comme dans mon souvenir. Ça au moins, je ne l'ai pas oublié. Je dépose mes clés dans le compotier. Mon regard croise une place vide sur le tableau magnétique, comme s'il manquait un élément. Mes doigts effleurent l'emplacement et une étrange sensation me noue l'estomac. La porte s'ouvre me faisant sursauter. La main sur le cœur, je me retourne vers ma meilleure amie.
— Luna, tout va bien ? s'inquiète Alyana.
— Tu sais ce qu'il y avait là ? demandé-je.
Elle s'approche de moi et regarde l'endroit que je lui indique sur le tableau. Son visage se déforme dans une grimace, avant qu'elle ne fronce les sourcils.
— On peut savoir pourquoi tu fais cette tête ? questionné-je. Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Sa mine commence à m'inquiéter. Sans répondre à mon interrogation, elle part en courant dans ma chambre, pour en revenir une minute plus tard avant de faire le tour du salon en marmonnant dans sa barbe.
— Aly ? dis-je, en m'impatientant.
— Viens, me dit-elle en me prenant la main.
Nous nous asseyons sur mon canapé et je scrute ma meilleure amie sans comprendre son comportement, qui est extrêmement bizarre.
— Luna, les trous que tu vois au mur, ceux qu'il y a dans ta chambre ou sur la porte du réfrigérateur...
— Oui ? Eh bien ? On m'a cambriolé ? demandé-je, en regardant autour de moi.
— Absolument pas ! Christopher a fait le ménage... dit-elle tristement.
— Quoi ? Pourquoi aurait-il fait le ménage chez moi ? rétorqué-je.
— Je t'ai dit que vous étiez ensemble. Quand les garçons ne sont pas en tournée, Chris vit avec toi. Il a dû enlever toutes vos photos de l'appartement, je ne trouve plus rien le concernant.
— Il vivait avec moi ? m'étonné-je.
— Oui, enfin pas officiellement. Juste quand il était en ville.
— On est ensemble depuis combien de temps ?
— Un an, ma belle ! Je t'ai déjà tout raconté, me dit-elle dans les yeux.
— Et je l'aime vraiment ? Je veux dire c'est sérieux entre nous ?
— Mon dieu, Luna ! Si tu savais à quel point vous vous aimez. Ça déborde d'amour entre vous deux. Je n'ai jamais vu un mec aussi amoureux que lui, enfin à part mon Erick.
Un rire m'échappe quand je vois son air amusé.
— C'est quand même étrange que tu te souviennes de tout le reste, mais pas de lui. Il fait partie des CNCO, tu te rappelles des garçons, du fait que je sois avec Erick, mais pas de Christopher.
— Le docteur m'a dit que c'était en réaction à un choc émotionnel, que mon cerveau avait supprimé tout de lui à cause des derniers évènements qui se sont produits entre nous. Tu sais cette histoire de jalousie avec Royce.
Malgré ma mémoire défaillante, l'idée qu'il se soit passé quelque chose avec Prince Royce me paraît irréelle. Je me rappelle clairement avoir passé du temps avec lui, mais pour quelle raison, ça, je l'ignore.
— Pourquoi étais-je avec Royce ? Enfin comment je le connais ?
— Par le biais de ton boulot ! Tu es une journaliste incroyable et une photographe talentueuse.
— D'accord, ça aussi je l'ai oublié.
— Ne t'en fais pas, ma belle, je suis certaine que tout te reviendra. En réalité, il faut que ça te revienne et fissa. Notre pauvre Chris est dans un état lamentable.
— Oh...
C'est tout ce que je trouve à répondre. La culpabilité me prend de toute part. Cet homme que je ne connais pas m'aime et moi, je ne sais même plus qui il est. Alyana extirpe de la poche arrière de son jeans, une enveloppe, qu'elle me tend.
— Il me l'a remise pour toi. Fais-moi le plaisir de la lire et de ne pas la foutre à la poubelle.
— Tu crois que c'est une bonne idée ? Je me sens déjà assez mal comme ça.
— Luna, ma douce et belle Luna, je sais que toute cette amnésie te rend dingue et que tu ne sais plus en quoi croire, mais raccroche-toi à cet amour que Christopher a pour toi. Pourquoi tu n'essaierais pas de le redécouvrir... Qui sait, tu en retomberais certainement amoureuse et alors... Tout te reviendrait.
— Je n'en sais rien... Et si rien ne me revient jamais ? Lui vivra avec des souvenirs de nous deux et moi...
— Crois en vous deux ! S'il y a bien une chose que j'ai apprise en un an avec vous, c'est que l'impossible ne fait pas partie de votre vocabulaire. Vous avez surmonté un nombre impressionnant d'épreuves et vous vous en êtes toujours sortis. Vous vaincrez celle-là aussi.
— Merci, Aly, murmuré-je.
— De quoi ?
— D'être aussi patiente avec moi, de m'aider à recoller les morceaux...
— C'est à ça que doit servir une meilleure amie, tu n'es pas d'accord ?
Je ne lui réponds rien, mais la prends dans mes bras et l'enlace de toutes mes forces.
Après le départ d'Aly, je débarrasse en vitesse nos plateaux-repas, avant de me vautrer dans mon canapé. Cette enveloppe me nargue, posée là sur le verre de ma table basse.
Ouvre-la, m'incite ma conscience.
Sans le contrôler, la crainte s'empare de moi. J'ai peur de ce que pourrait contenir cette lettre. Les mains tremblantes, je m'en saisis et l'ouvre. Du bout des doigts, je déplie le morceau de papier, et commence ma lecture.
Ma belle Luna,
Je sais très bien que tout ce que je vais écrire ne t'aidera en rien, mais moi, ça va m'aider à accepter l'inacceptable. Si tu savais à quel point je m'en veux ! Remonter le temps serait mon vœu le plus cher. Revenir en arrière et empêcher tout ça. C'est ma faute si on en est là aujourd'hui. Ta mémoire te fait défaut et tu dois réapprendre à savoir qui tu es. Pardonne-moi ! On m'a souvent dit que la colère était mauvaise conseillère et en voilà le meilleur exemple. Si j'avais su la contrôler, nous n'en serions certainement pas là, bien au contraire. Nous serions en train de préparer les fêtes de fin d'années ensemble pour recevoir ta famille et la mienne. Nous aurions été encore heureux... Et ça me fait mal de me dire que tout ça a disparu. Je ne veux pas que tu te sentes coupable de quoi que ce soit. Tu n'y es pour rien. Et surtout, je ne veux pas que tu te tortures l'esprit à essayer de retrouver ce que tu as perdu. Laissons le temps faire et nous verrons bien ce qu'il en ressortira. Je veux seulement que tu saches que je suis là pour toi, si tu as envie de discuter. Avant d'être ensemble, nous étions amis, « les meilleurs amis du monde mondial » comme tu aimais le dire si souvent, alors si tu as besoin ou envie de connaître des bribes de ton passé, je serais là pour te conter notre histoire, notre passé commun et nos aventures. Nous devrons bientôt repartir pour Miami, mais tu as toujours été et tu resteras ma priorité. Si tu as besoin de moi, je répondrai présent. Tu trouveras dans l'enveloppe une photo vieille de vingt ans. Elle a été prise le jour où nous sommes rentrés à l'école maternelle. Nous n'avions pas encore trois ans. Tu m'as offert cette photo pour mon anniversaire en novembre dernier, alors à mon tour je te l'offre, ne sachant pas vraiment ce que tu en feras. Je t'en prie, ne la jette pas, garde-la précieusement. Peut-être qu'un jour, tu seras heureuse de retomber dessus !
À bientôt,
Christopher.
Les larmes dégringolent sur mes joues. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à me souvenir de lui ? Ces mots sont remplis de tristesse et de remords, mais sont aussi bourrés d'amour. Tout au long de ma lecture, j'ai compris qu'il serait capable de soulever des montagnes pour moi et mon cœur se serre à cette pensée. Comment une personne dont je ne sais plus rien peut être aussi bienveillante envers moi ? Alyana a raison. Il faut que j'essaie de le découvrir, d'apprendre à le connaître et peut-être qu'un aspect de sa personne m'aidera à recouvrer la mémoire.
Hola mi gente 🌺🌸
Comment allez vous ?
Notre Luna rentre chez elle. Elle commence doucement à se souvenir de sa vie, mais Chris lui reste toujours étranger. Et lui, a retiré toutes les traces de leur couple de l'appartement de Luna. Vous comprenez sa décision ? Qu'auriez-vous fait à sa place ? 💔😔
🎶Petite pause musicale 🎶
[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]
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