Chapitre 3. El Calafate - Part 1
✯Luna✯
La nuit englobe l'aéroport du Commandant Armando Tola, qui est seulement éclairé par les lampadaires. Il brille comme un phare dans la nuit. En douceur, l'avion se pose dans une manœuvre habile. Petit à petit, les classes se vident et nous, nous patientons. Tendrement, mes doigts caressent le visage de Christopher qui dort paisiblement à côté de moi. Il papillonne des yeux, puis s'étire.
— On est arrivé, dis-je à mi-voix. Tu as bien dormi ?
— Toujours quand tu es près de moi ! sourit-il. Pense à te couvrir, il va faire froid.
— Je sais !
Chris se dresse et enfile son manteau. Je l'imite et range nos affaires. Sac sur l'épaule, je prends la main que mon homme me tend et le suis dans le sas de sortie. Alors que je foule les marches de l'avion, l'air froid de cette soirée de septembre me glace littéralement le sang. Le baromètre doit facilement avoisiner les trois degrés. Un frisson parcourt mon épiderme, me forçant à rabattre ma capuche sur ma tête. Calafate est une des régions les plus fraîches de l'Argentine et l'air y est souvent sec. Il ne pleut que très rarement voire même jamais.
Suivi de nos gardes du corps, nous descendons de l'avion. Aucun fan n'est présent à l'aéroport et c'est tant mieux. Après le rodéo de l'autre jour à Ezeiza, j'espère ne plus en revivre avant un moment. Le bain de foule, c'est très peu pour moi. Nous récupérons nos valises rapidement, puis filons au stand de locations de voitures. Daniel récupère les papiers et la clé du SUV que Chris a pris soin de louer. Sur le parking, nous grimpons dans le GMC noir dont les vitres sont teintées pour nous permettre de garder un maximum notre anonymat. La voiture démarre et c'est parti pour trois quarts d'heure de route pour rejoindre notre résidence. Christopher est resté muet quant à l'emplacement de ce superbe hôtel. Tout ce que je sais, c'est que nous serons au pied du parc national de Los Glaciares.
— Tu ne me diras rien sur le lieu de notre séjour ? demandé-je.
— Non ! répond Chris.
— Mais euh... boudé-je.
— Tu verras par toi-même, se moque Chris devant ma moue, on devrait arriver dans vingt minutes !
— Pfff t'es pas drôle !
C'est plus fort que lui, il part dans un fou rire monumental. En faisant ma tête de cochon, j'ai l'impression d'avoir douze ans, quand on se disputait pour savoir qui aurait raison. Ce doux souvenir me fait me joindre à son fou rire. Je vois dans le rétroviseur intérieur que Sergio est attendri par la scène qui se joue dans la voiture. Lui, qui côtoie mon ami depuis bientôt quatre ans, est ravi de l'avoir vu devenir ce Christopher-là, celui que Pablo l'avait forcé à mettre au placard. En un an, il redevenu celui que j'ai connu toute ma vie. Un homme joyeux, toujours le premier pour faire des blagues, aimant, attachant et ouvert aux autres. En fait tout ce que Pablo ne voulait pas qu'il soit.
Peu de temps après, nous quittons le macadam pour une route de campagne ponctuée de bosses et de trous. Nous sommes un peu secoués.
— Tu veux te débarrasser de moi en fait ? ris-je.
— C'est ça, t'as compris ! rigole Chris.
— Ah ouais, carrément et en plus tu rends complice Sergio et Daniel ?
— Oups ! ricane les deux hommes devant.
— Tu crois vraiment qu'après tout ce que j'ai ramé pour t'avoir, je vais me débarrasser de toi comme ça ? me rassure Christopher.
— Hum, on sait jamais !
Un nouveau fou rire nous prend. C'est tellement simple entre-nous, tellement évident. Quand j'ai accepté d'ouvrir mon cœur à Chris, c'est ce dont j'avais peur. Peur que notre amitié prenne l'eau au détriment de notre amour, mais pas du tout. Notre amitié est restée la même et cette relation de meilleurs amis que nous avions est encore plus forte aujourd'hui, que nous partageons des instants sacrés. Il est bien plus précieux d'aimer son meilleur ami quand le sentiment est réciproque.
La voiture finit par se stopper. Je regarde par la vitre pour voir notre destination. Et là, c'est exceptionnel. C'est un lieu totalement coupé du monde où une immense bâtisse se tient devant nous éclairée par de gros spots, mettant en valeur la beauté de l'endroit. Au loin se dessine un des pics rocheux et glacés du parc. Le coin est désertique, mais tellement apaisant. Ce séjour en plein cœur de la Patagonie sauvage va être magique, nous appelant à un retour à la nature, au calme et à la sérénité.
Christopher descend le premier et la contourne pour venir, en bon gentleman, m'ouvrir la portière. Je saisis la main qu'il me tend et nous nous avançons vers l'entrée. Les mots me manquent pour décrire cet instant.
— C'est magique ! m'étonné-je.
Pour simple réponse, ses lèvres viennent embrasser ma tempe, alors que nous poussons la porte. Un homme d'une petite quarantaine d'années s'avance au comptoir pour nous accueillir.
— Bonsoir et bienvenue à l'hôtel Eolo Pantagonia Spirit ! J'espère de tout cœur que vous avez fait bonne route ?
— Oui, répond Christopher.
Un coup d'œil en coin à mon petit ami me suffit pour comprendre qu'il est heureux d'avoir affaire à un homme de cet âge-là. Ce qu'il devait redouter était de tomber sur une minette de vingt ans qui n'aurait cessé de baver devant son joli minois et qui aurait, sans aucun doute, alerté sur les réseaux sociaux, de sa présence ici. Remarque, moi aussi, je suis soulagée.
— Monsieur Vélez Muñoz, conformément à ce que vous nous avez demandé, votre chambre Corner est prête. La balade à cheval partira demain matin aux alentours de onze heures. Vous serez revenus pour le service du déjeuner à treize heures quarante-cinq.
— C'est très bien ! Merci.
— Voici vos clés de chambre, et Miguel qui est là, va vous y accompagner. Passez une très belle soirée et un très bon séjour.
— Merci ! répondons-nous en chœur.
Le fameux Miguel ouvre la marche et nous le suivons docilement. Sergio et Daniel se stoppent au bout du couloir. Leur chambre ne sera qu'à quelques mètres de la nôtre, mais visiblement il n'y a pas de soucis à se faire. L'hôtel a l'air désert, donc la tranquillité devrait être au rendez-vous.
Miguel ouvre la porte et tend la clé à Christopher, qui en échange lui verse un généreux pourboire. Je précède mon petit ami dans cette chambre. Une nouvelle fois, les mots me manquent pour décrire la beauté de ce lieu. Une immense baie vitrée se tient face à moi, m'offrant une vue imprenable sur le pic rocheux où la nuit claire et étoilée rejoint son sommet, qui, au passage est l'un des plus hauts de la région. La décoration de la chambre est épurée, mais très chaleureuse et apaisante. Les murs aux couleurs crème rendent l'endroit reposant, créant ainsi un cocon de plénitude. Au plafond, un grand lustre en cristal éclaire la pièce, dans une lumière diffuse et chaude. Le lit est immense, un King size dans les règles de l'art. Deux fauteuils sont installés devant une imposante cheminée, qui se dresse sur le mur gauche. Un feu, dont les flammes flamboyantes valsent en son cœur, est en train de crépiter dans l'âtre.
La porte de la chambre se referme me faisant revenir à l'instant présent. Les bras de Christopher passent autour de mes hanches, alors que son torse se colle à mon dos. Son souffle caresse mon cou, déclenchant un milliard de frissons sur mon épiderme.
— Cet endroit est magique ! affirmé-je, l'air rêveur.
— Oui, il l'est !
— Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse que nous soyons là, tous les deux.
— Si, j'en ai une petite idée.
*****
Les rayons du soleil nimbent notre chambre d'une jolie couleur saumon. Installés autour de la table, Christopher et moi dégustons notre petit déjeuner. C'est un repas gargantuesque. Il y en a pour tous les goûts, c'est absolument incroyable.
— Si j'ai bien compris, nous partons promener à cheval ? demandé-je, curieuse.
— Oui, d'ailleurs, il faudrait que nous nous dépêchions !
— Je file prendre ma douche !
Christopher me sourit, attrape ma main et nous traîne tous les deux dans la salle de bain.
Après une douche sous laquelle la température de nos corps était bien supérieure à celle de l'eau, nous voilà fin prêts à rejoindre l'équipe d'équitation. Le guide nous explique le parcours que nous allons faire durant ces deux heures de balade et nous aide à nous équiper. En bon équatorien que nous sommes, tout ceci est facile. L'équitation fait partie intégrante de la culture Équatorienne et donc, durant notre enfance Chris et moi, avons fait du cheval pendant des années, bien avant que nos passions, la musique et la photographie, s'affirment vraiment.
Une fois en place, nous nous mettons en route. Nous cheminons le long d'un sentier en terre battue, au pied du glacier. La température doit être proche de zéro degré, mais cette balade est revigorante. Le silence qui nous entoure est apaisant. La vue est à couper le souffle. Au loin, droit devant nous, se dresse le glacier d'Upsala.
Après une bonne heure de route, nous nous stoppons pour reposer les chevaux. Mettant pied à terre, je me retrouve dans les bras de Chris, ses lèvres sur les miennes.
— C'est superbe et tellement reposant ! affirme Chris.
— Ça change de nos vies survoltées ? ris-je.
— Carrément ! Ça fait un bien fou ! Pas de fans, pas de stress, aucune obligation, seulement toi et moi face à cette immensité.
— Absolument !
Christopher colle son front contre le mien et nos regards se rivent l'un à l'autre. Au bout de quelques secondes, je me rends compte que nous sommes observés. Doucement, je tourne la tête et m'aperçois que Sergio est en train de nous prendre en photo.
— Merci ! lui dis-je.
— À votre service Miss Perrida ! sourit-il.
Nous repartons vingt minutes plus tard et nous remettons en route vers l'hôtel. De retour, nous gagnons notre chambre.
En début d'après-midi, nous partons en direction de la ville de Calafate. Christopher, qui a déjà eu la chance de venir ici, me fait découvrir tout un tas d'endroits touristiques fantastiques. C'est main dans la main que nous parcourons les rues de cette sublime ville, qui renferme quelques secrets historiques fort intéressants. Appareil photo en main, je m'en donne à cœur joie. Tout est sujet à clichés.
— Tu vois, c'est ici que nous avons performé pour le Festival nacíonal del lago, en février 2018. L'Arena peut accueillir jusqu'à soixante mille personnes et nous avons joué à guichets fermés.
— C'est impressionnant ! Je peux te poser une question ?
— Bien sûr !
— Qu'est ce que tu ressens quand tu fais face à une foule aussi grande, qui reprend en chœur vos chansons ?
— C'est indescriptible ! Cette énergie qui émane du public est tellement grisante et envoutante. Quand j'entends la foule reprendre nos chansons dans une harmonie parfaite, mon cœur fait une embardée et une vague de frissons parcourt mon épiderme. Chaque fois, je me dis que c'est incroyable et qu'avec les garçons nous avons une chance inouïe de vivre une aventure aussi belle.
En finissant sa phrase, il me fait tournoyer et je finis dans ses bras, mes deux mains à plat sur son torse. Je sens son cœur tambouriner dans sa poitrine. Il est le simple écho du mien. Les minutes s'écoulent et nous ne bougeons plus, figés là, comme un arrêt sur image capturant cet instant pour l'éternité. Doucement, mes yeux se lèvent vers lui. Mon bel Équatorien est totalement perdu dans ses pensées. Il est tellement beau. Ses pupillent brillent sous les reflets or du soleil. Ses lèvres s'étirent en un fin sourire. Je me dandine dans ses bras et pose ma main sur sa joue. Sa fine barbe de quelques jours me chatouille la peau et me fait sourire de plus belle. Il est terriblement sexy comme ça.
— À quoi tu penses ? finis-je par demander.
— À tout un tas de choses ! avoue-t-il.
— Tu veux m'en parler ?
— Je me repasse en mémoire les évènements de cette dernière année. Je me demandais ce que je serais devenu si tu ne m'avais pas retrouvé. Enfin, si le destin n'avait pas décidé de nous laisser une deuxième chance.
— Sincèrement, je n'en sais rien ! Je pense que jamais nous ne nous serions de nouveau croisés et nous n'aurions pas tout ça. Avant cette interview, tout ça, m'était impensable.
— Et à moi donc ! J'étais coincé dans les griffes de l'autre connard. Si on y regarde de plus près, tu ne m'as pas seulement sauvé moi, mais tu nous as tous sauvé. Sans toi dans nos vies, Pablo aurait toujours son emprise néfaste sur nous. Alors qu'aujourd'hui, regarde, Renato est génial et tout roule.
— On ne peut pas savoir ce que la vie aurait fait de nous, si nous ne nous étions pas retrouvés et je ne veux pas le savoir. Quand tu es parti de Loja, je crois que ça a été la pire épreuve de toute ma vie, mais aujourd'hui je bénis le ciel de t'avoir près de moi chaque jour qu'il m'est donné de vivre. Je sais que ça peut paraître fleur bleue, mais tu es le moteur de mon existence et tu rends mon monde plus beau.
— Je t'aime ! me répond-il, simplement.
Ses lèvres se posent sur les miennes et je n'ai besoin de rien de plus, que les émotions qu'il me transmet au travers de ce baiser. Cet amour inconditionnel que nous nous portons nous promet un avenir des plus radieux et c'est tout ce que j'ai besoin de savoir. Une nouvelle fois, le crédo : Luna et Christopher, contre le reste du monde, a toute sa valeur.
Holà !!!
Nous revoilà avec nos bonnes vieilles habitudes et nos rendez-vous hebdomadaires.
Voici un chapitre tout en douceur entre nos deux amoureux préférés. Luna constate avec beaucoup de bonheur que rien a changé entre Chris et elle au cours de l'année qui vient de s'écouler.
Que pensez vous de ce chapitre ?
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