🎶Christopher🎶

Et voilà une énième nuit blanche où il m'a été impossible de fermer l'œil. Nous sommes le dix-huit décembre et ça fait trois jours que Luna est dans le coma. J'ai l'impression de devenir fou, au point de ne plus arriver à penser clairement. Lourdement, tout mon corps s'extirpe des draps. L'horloge du salon affiche six heures dix.

Super.

Par mécanisme, comme au cours de ces trois derniers jours, j'allume la cafetière, sors un mug du placard et le place en dessous. J'insère une capsule dans le récepteur, puis appuie sur le bouton. La délicieuse odeur de caféine vient réveiller mon sens olfactif. Saisissant la tasse fumante, je vais m'installer sur le canapé, et appuie sur la télécommande. Comme chaque matin, les actualités défilent à la télé, mais n'arrivent pas à capter mon attention. Tout ce qui se passe dans le monde m'importe peu, la seule chose qui me tracasse c'est l'état de santé de Luna. Ça ne s'est pas aggravé, mais ça ne s'est pas amélioré pour autant. Et je crois que c'est ça le plus difficile. L'attente. Attendre que ses signaux cérébraux affichent un semblant de réaction aux stimuli. D'après le médecin qui l'a accueilli le soir de son arrivée aux urgences, son état physique s'améliore, donc le reste devrait suivre assez rapidement.

Portant le mug à mes lèvres, le liquide marron glisse dans ma gorge me réchauffant de l'intérieur. Perdu dans mes pensées, je grignote quelques miettes de la tranche de brioche, que je me suis coupée un peu plus tôt.

Une fois mon petit déjeuner terminé, je file prendre une douche. L'eau à peine tiède m'aide à finir de me réveiller, mettant en alerte mes sens. Une fois propre, j'enroule une serviette autour de mes hanches et sors de la cabine. Parfois, j'ai vraiment la sensation de penser et d'agir comme un robot démuni d'émotions depuis samedi soir. Devant le miroir, le reflet qu'il me renvoie ne me plait pas du tout. Mon teint est pâle et mes cernes violacés me donnent un air sévère. Je pourrais aisément faire concurrence à un zombie.

À onze heures, je sors de l'appartement et prends la direction du parking souterrain. Je monte dans la voiture et me mets en route. Une fois à l'hôpital, comme tous les jours, les infirmières se précipitent pour venir me saluer. Essayer de passer incognito dans un hôpital, quand vous êtes célèbres, c'est clairement mission impossible.

— Bonjour, Christopher ! s'exclame l'une d'entre elles.

— Salut, Emilia ! Alors les nouvelles ?

— On avance ! Mademoiselle Perrida a réagi à quelques stimuli ce matin, m'explique-t-elle.

— Vraiment ?

— Oui, ils étaient faibles, mais ils étaient là. Donc, n'hésitez pas à lui parler, ça va aider.

— Quelles bonnes nouvelles ! D'accord.

Emilia me sourit et retourne à ses activités. De mon côté, je me dirige vers la chambre deux cent treize. Luna est toujours aussi paisible. Ses longs cheveux bruns sont éparpillés autour de son visage. Le bandage qui jusqu'alors entravait son front lui a été retiré, laissant apparaître une légère plaie à la lisière de sa chevelure. M'approchant d'elle, je dépose un baiser sur son crâne avant de m'installer à ses côtés. Comme tous les jours, je prends sa main dans la mienne et commence mon récit.

— J'essaye de dormir, mais c'est impossible. La culpabilité et l'anxiété qui m'habitent depuis trois jours m'empêchent de fermer l'œil. Tu verrais mon visage, je ressemble à Major dans Izombie.

Cette référence me fait sourire. Au cours de l'année qui vient de s'écouler, Luna m'a fait découvrir cette série et j'adore. Nous la regardions le soir dans le bus, durant la tournée européenne, pendant que Zabdiel et Erick jouaient à Assassin's Creed.

Tout était beaucoup plus facile à ce moment-là. Le doute ne s'était pas encore instauré entre nous deux. Plus je regarde Luna, et plus je me dis qu'elle a eu une vie compliquée avec moi. Cette dernière année a été intense en émotions. Je m'en veux aussi pour ça. De lui avoir fait vivre autant d'épreuves. Certaines fois, l'idée qu'il aurait mieux valu que nous ne nous revoyions pas me parcourt l'esprit, puis je me rappelle à quel point son arrivée a chamboulé toutes nos vies. Du bout des doigts, je joue avec les siens.

Un souvenir me revient à l'esprit. Nous devions avoir sept ou huit ans. Pour mon anniversaire, j'avais reçu une super trottinette de Buzz l'éclair, la grande classe quoi. Surtout à cet âge-là. Avec Luna, nous jouions dans l'allée de la maison. Comme toujours, nous nous disputions pour savoir qui serait le meilleur. Alors voulant me prouver que ce serait-elle, Luna s'était élancée le plus vite possible. Manque de chance, un caillou avait fait vriller la roue avant de la trottinette et Miss Perrida s'était retrouvé les quatre fers en l'air. Cela lui avait valu une jambe dans le plâtre pendant six semaines. En bon ami que j'étais, je lui avais dédicacé son superbe plâtre rose fluo. Déjà à l'époque j'avais un don pour les dédicaces.

Ce doux retour en arrière enveloppe mon cœur de douceur. Après cette péripétie, les sorties avaient été restreintes pour nous deux, du coup, je passais le plus clair de mon temps à son chevet. Un peu comme aujourd'hui en fait.

J'ignore depuis combien de temps, je suis là, mais le « clic » de la porte qu'on ouvre me fait sursauter. Vivement, mon corps se retourne pour voir qui vient d'entrer. C'est bien trop tôt pour que ce soit déjà Alyana. Mon regard reste ébahi quand je vois Royce faire son apparition.

— Oh, pardon ! s'excuse-t-il. Je ne savais pas que tu serais là.

— Où veux-tu que je sois d'autre ? rétorqué-je.

— Chris, on pourrait se parler ? demande-t-il.

— Si tu veux ! râlé-je. Mais pas ici, elle n'a pas besoin de nous entendre nous étriper.

Royce acquiesce et me précède dans le couloir où je le rejoins après avoir embrassé Luna sur le front. Nous sortons sur le toit-terrasse qui sert de lieu de repos aux infirmières.

— Bon très bien, je t'écoute ! De quoi veux-tu parler ?

Attendant une réponse de sa part, mes bras se croisent sur ma poitrine, montrant très clairement mon impatience.

— Écoute, Chris, je suis désolé !

— OK, très bien... Et qu'est-ce que ça m'apporte ? rétorqué-je. Pas grand-chose ! Royce, putain, je croyais qu'on était ami !

— Bien sûr qu'on l'est ! s'exclame-t-il à la hâte. Et franchement, je ne comprends pas d'où m'est venue cette attirance pour Luna. C'était un énorme quiproquo. Elle s'est jetée dans mes bras quand je lui ai appris pour le festival. Elle était heureuse pour moi. Je ne saurais pas comment l'expliquer, mais une sorte de connexion s'est créée, me faisant perdre les pédales. Depuis samedi soir, je cherche à comprendre pourquoi, j'ai soudainement eu envie d'embrasser Luna. Et sincèrement, la réponse me reste inconnue. Je t'assure que mon intention n'a jamais été de m'immiscer entre vous. Vous formez un couple qu'aucune personne ne voudrait détruire. Et crois-moi, je me sens atrocement mal pour ce qu'il s'est passé.

— J'ai tellement de mal à te croire, Royce ! Tout le monde sait à quel point j'ai cette fille dans la peau... Toi aussi tu le savais. Jamais ça n'aurait dû te traverser l'esprit !

— Je suis désolé, Chris. Vraiment.

Son regard sur moi se veut sincère.

— Je te jure que Luna ne m'intéresse même pas ! Elle est une amie et rien d'autre. Je...

— OK, mec ! C'est bon ! le coupé-je. J'ai bien autre chose en tête en ce moment. On ne va pas en parler pendant cent ans. Passons à autre chose et puis, ta pommette se souvient encore de ma droite donc...

— Ouais, j'avoue que tu ne m'as pas loupé ! Mais, je l'avais mérité.

Par réflexe, sa main vient toucher sa peau qui s'est parée d'une jolie couleur violette.

— Bon, je te laisse. Je suis parti de la chambre depuis trop longtemps.

— Pas de soucis, je vais vous laisser, je viendrai demain, enfin si tu veux bien.

— OK, réponds-je sans émotion dans la voix.

Rapidement, je quitte le toit et entre dans l'ascenseur. Je n'ai pas le temps de penser à ça pour l'instant. De retour dans le couloir des soins intensifs, je suis étonné de voir que la porte est entrebâillée. La main à plat dessus, je la pousse pour entrer. De surprise, les mots me manquent. Zabdi, Joël et Richard se tiennent autour du lit de ma petite amie. Quand la fermeture de la porte trahit ma présence, leurs visages se lèvent vers moi.

— Salut, mon pote, annonce Zabdi.

— Salut, balbutié-je, mais qu'est-ce que vous faites ici ? On a dit qu'on vous tiendrait au courant !

— Tu plaisantes ? On n'allait quand même pas vous laisser seuls. Luna est notre amie aussi.

— Je sais bien, mais vous étiez avec vos familles...

— Ne t'en fais pas, nos parents ont compris. Il n'y a aucun souci, rajoute Richard.

— Toi qui te faisais un plaisir de passer du temps avec Aaliyah ! soufflé-je en le prenant dans mes bras.

— Elle viendra passer quelques jours après Noël, j'ai vu avec Yocelyn, on a pu s'arranger.

— Oh cool ! affirmé-je.

— Bon alors, quelles sont les nouvelles ? me questionne Joël.

— Ce matin, Luna a répondu à quelques stimulations neuronales que lui ont fait les médecins, donc d'après l'infirmière en chef, on serait sur la bonne voie.

— En voilà une bonne nouvelle ! répond Zabdiel.

— Oui, c'est plutôt rassurant. Je ne vous cache pas que je suis en train de devenir dingue.

— Ne t'inquiète pas, me dit Joël. Luna est une femme forte, elle va se réveiller bientôt.

— Et puis, elle n'a pas le droit de nous abandonner, ajoute Richard. Elle est bien trop importante, pour toi comme pour nous.

J'offre un sourire à mes amis. Ce qu'ils font pour moi, pour nous, c'est tellement incroyable. Ils ont abandonné leurs vacances en famille pour nous rejoindre. Je ne leur serai jamais assez reconnaissant.

Après être restés encore une heure au chevet de Luna, nous décidons de quitter l'hôpital. Il faut que nous trouvions un endroit où les garçons pourront loger durant leur séjour. Ils m'ont annoncé pouvoir rester jusqu'à ce que Luna sorte du coma et qu'elle rentre chez elle. Nous traversons le parking souterrain pour rejoindre la voiture. Ce matin, l'idée d'emprunter la voiture de Luna était bonne. Nous ne serions pas tous rentrés dans la Mustang de location. Pendant que je nous sors de la circulation, Richard s'occupe de contacter notre manager pour lui demander de joindre l'agent immobilier qui nous avait loué la superbe villa l'année dernière.

Arrivé en bas de l'immeuble, je gare la voiture et invite les garçons à monter boire un café en attendant des nouvelles de Kevin ou Renato. Luna ne m'en voudra pas d'avoir invité ses amis chez elle.

Une fois dans l'appartement de Luna, nous parlons de tout et de rien après qu'Aly et Erick nous aient rejoins. Au bout du compte, c'est l'état de santé de ma copine qui nous préoccupe tous. Inlassablement, mes yeux scrutent l'écran de mon téléphone dans l'espoir qu'il se mette à sonner, mais toujours aucune nouvelle de l'hôpital. Le temps commence à se faire atrocement long.

Deux heures plus tard, Renato finit par nous rappeler. Il a trouvé une villa dans le même quartier que la dernière fois, à quelques mètres de l'ancienne maison.

— Je te promets de t'appeler au moindre signe de changement ! m'avertit Aly, en montant dans sa voiture.

— J'y compte bien ! souris-je.

Alyana me fait un clin d'œil, puis démarre sa voiture. Sans tarder et tandis que mon amie prend la direction de l'hôpital, nous nous mettons en route vers ce nouveau lieu de résidence.

*****

Le soir venu, nous décidons de faire une petite soirée entre nous. Zabdi commande des pizzas, alors que Richard est allé nous acheter des boissons. Alyana est rentrée après la fin des visites. Pendant ce temps-là, assis sur le canapé, je regarde les autres jouer à la console sur la grande télé du salon. Mon regard reste rivé sur l'écran de mon téléphone, mes doigts font défiler les innombrables photos que j'ai pu prendre de Luna au cours de ces derniers mois. La voir dormir, me sourire ou encore la prendre par surprise quand elle travaille sur un article, l'air concentré sur son ordinateur. J'aime tout de cette femme, je ne sais pas comment j'ai pu me laisser bouffer par une jalousie mal placée.

Il faut que tu bosses ta confiance en toi, Vélez !

Lorsque tout le monde est revenu, nous prenons place autour de la table basse. Les discussions vont bon train, mais je n'ai pas le cœur à la fête. Les mecs rigolent autour de moi. Joël prend place à mes côtés en posant un bras sur mon épaule.

— Comment ça va, mon pote ? me demande-t-il.

— J'ai connu mieux, réponds-je simplement.

— Ne t'en fais pas. Luna est une battante, elle va s'en sortir.

— Si tu savais comme je regrette d'être parti comme un voleur. Je ne lui ai même pas laissé le temps de m'expliquer. Je ne suis qu'un pauvre idiot !

— Arrête de te rabaisser. Tout le monde aurait eu la même réaction et Luna la première. Tu ne pouvais pas savoir et le comportement de Royce est à la limite du pardonnable.

— Ouais, c'est bon, on en a discuté. La seule chose que je souhaite, c'est que Luna se réveille et qu'on oublie tout. Je ne veux pas que la dernière chose que je lui ai dite ce soit le fait que je pensais qu'elle me trompait avec un autre.

— Je suis sûr qu'elle le sait, Chris. Tu es un mec bien et Luna est folle de toi !

— Merci, mec. Tu es super !

— Toi aussi, Chris. Ne l'oublie pas.

Joël me tape sur l'épaule et retourne jouer à la console avec Zabdi. Je m'adosse au canapé relâchant tout mon corps et penche la tête en arrière. Un long soupir m'échappe quand mon téléphone se met à vibrer. Dans un geste vif, ma main s'en saisit, et mes yeux regardent l'identifiant. C'est l'hôpital.

— Monsieur Vélez ? demande une femme dans le combiné.

— Oui ! Quelque chose ne va pas ? demandé-je, paniqué.

— Au contraire, mademoiselle Perrida commence à se réveiller, me dit-elle.

Me redressant rapidement, je lui annonce que j'arrive tout de suite. Les garçons et Alyana me détaillent avec incompréhension.

— Luna est en train de se réveiller, annoncé-je après avoir raccroché. Je vais à l'hôpital.

— Attends, Chris ! Je viens avec toi ! s'exclame Alyana.

— Allez en route !

La chance tourne enfin en ma faveur.

Luna, mon amour, j'arrive.

Hello Hello ☀🌺

J'espère que vous allez bien, par cette chaleur estival !

Notre Chris est vraiment inquiet pour sa belle brune, mais comme toujours il peut compter sur le soutien de ses amis. Ce lien qui les unis est si puissant et si sincère.

Et puis cette fin, notre Luna est sur la bonne voie pour revenir à elle. Mais quelles seront les conséquences ? Mystère et boule de gum 🤷‍♀🙊🙈

🚨Annonce importante🚨

Volverte a ver a soufflé sa première bougie. En effet, c'est un samedi 30 Juin que toute cette histoire a germé dans mon esprit, et nous voilà, un an plus tard avec un deuxième tome.

Le premier a dépassé les 25K vues ❤😍 C'est juste extraordinaire, donc merci à vous de rendre cette aventure aussi merveilleuse ❤😍

Besitos 😘😘😘😘

ღ✯Audrey✯ღ