✯Luna✯

Des petits coups, secs et rapprochés, sont donnés contre le bois de ma porte d'entrée, alors que je termine de me brosser les dents. À la hâte, mes pas me font traverser le salon pour rejoindre l'entrée. Par l'œil-de-bœuf, j'identifie ma meilleure amie qui trépigne d'impatience devant la porte. Elle qui n'est jamais à l'heure, quand il s'agit de partir faire du shopping, elle est aussi précise qu'une montre suisse. Un rire m'échappe tandis que mes doigts déverrouillent la porte. Main sur la poignée, je l'entrebâille.

— Quoi ? s'énerve-t-elle. Tu n'es pas encore prête ?

— Relax, ma belle. Il est à peine neuf heures dix, les magasins n'ouvrent qu'à dix heures, donc nous avons encore largement le temps. Allez viens, je t'offre un café.

— Je prendrai plutôt un chocolat chaud, je suis déjà assez remontée comme ça !

— Je vois ça ! Et puis-je en connaître la cause ?

— Erick ! se lamente-t-elle.

— Qu'est-ce qu'il a encore fait ? demandé-je.

— Il veut me présenter à sa famille ! Oh ! Par l'ange tout puissant...Je suis prête à tout sauf à ça !

— Eh bien, je ne vois pas le problème ! réponds-je perplexe.

— C'est facile de dire ça pour toi ! Ta belle-mère te connait depuis l'âge des couches-culottes. Yenny c'est comme ta deuxième maman.

— Ce n'est pas faux ! acquiescé-je. Mais ne te fais pas autant de soucis, Daysi est adorable, et ne parlons même pas de Yanelis, qui est une perle et puis toi qui adore les enfants, attends de rencontrer Thiago.

— Rah, et si elles ne m'aiment pas ?

— Et pourquoi ce serait le cas ? Aly, ma chérie, arrête de douter de toi comme ça. Tu es une personne extraordinaire et il n'y a aucune raison pour que les parents d'Erick ne t'apprécient pas. Et puis, c'est un pas hyper important pour votre couple ma belle. Si Erick veut te présenter à ses parents, c'est qu'il n'a aucunement l'intention de te laisser partir.

Aly me sourit tout en triturant ses doigts, signe de nervosité chez elle. Tendrement, ma main saisit la sienne et la serre avec délicatesse. Son visage se relève vers moi.

— Bon et toi ? dit-elle.

La façon qu'elle a de faire dévier la conversation me fait sourire. Elle plante son regard dans le mien, m'invitant silencieusement à tout lui déballer.

— Quoi, moi ? demandé-je.

— Ça s'est terminé comment cette histoire avec Royce ? s'enquit-elle.

— Eh bien, j'y suis allée !

Alyana roule des yeux et souffle une sorte d'onomatopée incompréhensible, montrant ainsi sa désapprobation face à la situation.

— Avant de râler, écoute jusqu'au bout ! Nous avons déjeuné dans un restaurant de la Boca. Il m'a parlé de sa nouvelle tournée, des quelques collaborations qu'il prévoit de faire et aussi du fait qu'il aimerait bien partager la scène avec les garçons pour une interprétation live de Llegaste Tú. Enfin bref, un simple déjeuner de travail, quoi ! Pas la peine d'en faire une montagne.

— Je suis contente que ça se soit bien passé, mais ma belle...

— Oui, je sais ce que tu vas me dire ! la coupé-je. Mais je t'assure qu'il n'y aucun sous-entendu dans ma relation avec Royce. C'est purement professionnel et qui sait, peut-être que ça débouchera sur une belle amitié, comme avec Sebastián.

— Je te le souhaite, mais préserve le cœur de ton bel Équatorien. Christopher se sent menacé par Royce et je pense qu'il a besoin que tu le rassures sur ce point.

— Ne t'inquiète pas, il le sait, nous en avons discuté l'autre soir.

— OK ! Parfait, alors ! Bon, on y va ! s'impatiente-t-elle.

L'impatience de ma meilleure amie me fait lâcher un rire. Je me lève pour débarrasser nos tasses et les ranger dans le lave-vaisselle. J'enfile mon blouson en jeans estampillé CNCO, passe mon sac en bandoulière jaune moutarde et, c'est bras dessus bras dessous que nous quittons l'appartement. Daniel est absent depuis maintenant un peu plus de trois semaines, mais ça va, je gère plutôt pas mal. Des problèmes familiaux assez graves le retiennent à Miami, mais il n'a pas voulu m'en dire plus et pour ma part, je n'ai pas voulu insister non plus. Dans le parking, nous montons dans la fiat 500 d'Aly. Vitres ouvertes, cheveux au vent et lunettes de soleil sur le nez, on s'engage dans la circulation de ce début de journée, tandis que la musique de Propuesta Indecente se diffuse dans les enceintes.

Cela doit bien faire trois heures qu'Aly me trimballe dans tous les magasins de son choix. Nous sommes à dix jours de Noël et, mademoiselle n'a toujours pas les cadeaux pour sa famille. Son manque d'anticipation m'étonnera toujours. Chaque année, c'est la même rengaine. Elle est prise de panique et se transforme en acheteuse compulsive. Statique dans une allée d'un magasin de fringues, je la regarde faire. Ses pensées sont tellement désordonnées que ses gestes en deviennent frénétiques.

— Aly, calme-toi, tu vas me faire une syncope ! râlé-je.

— Tu crois que ça plaira à mon père ? se lamente-t-elle.

— Ma belle, poses-toi et réfléchis, s'il te plait. Ton père ne mettrait jamais un truc pareil et tu le sais bien, seulement là, tu paniques et fais n'importe quoi. Donc je te propose de poser ce tee-shirt où tu l'as trouvé et on va aller manger un bout.

— Ouais... Euh... Tu as raison.

Alyana repose ce morceau de tissu, qui au passage était affreux et nous sortons, pour la première fois depuis des heures, sans aucun achat d'un magasin.

— Alors tu vas faire quoi pour Noël ? me demande-t-elle.

— Christopher voudrait que nous fassions ça en grand avec sa famille et la mienne. L'année dernière, nous n'avions pas eu l'occasion de le faire. Si tu es dans les parages, vous serez les bienvenues !

— Eh bien techniquement, nous aussi, ce sera en famille. Vu qu'Erick veut me présenter à ses parents, je pense qu'il faut que Papa soit là aussi.

— Super, c'est une très bonne idée !

Aly a une relation ultra-fusionnelle avec son père. Certainement dû à l'abandon de sa mère peu de temps après sa naissance. Pedro, son père, ne s'est jamais remarié. Il a vécu toute sa vie pour sa fille et pour son bien-être. C'est pour ça que je comprends qu'il est important pour elle que les deux hommes de sa vie finissent enfin par se rencontrer. Mais je n'ai aucun doute sur le fait que Pedro adorera son gendre.

Nous discutons tout en dégustant un délicieux repas typiquement français. Mon assiette arrive chargée en frites. Depuis des années, j'adore tout ce qui touche à la France, et la gastronomie est la principale raison de ma passion pour le drapeau bleu, blanc, rouge. Aly a pris un magret de canard accompagné d'une sauce au miel, qui a l'air tout à fait appétissant. Nous entrechoquons nos verres, dont le contenu est un succulent vin blanc des côtes de Chablis. Une pure merveille.

Dans l'après-midi, nous déambulons, beaucoup plus calmement ce coup-ci, dans les allées du centre commercial Recoleta Urban Mall. Suivie par ma meilleure amie, j'entre dans une boutique dans l'espoir de trouver un dernier cadeau pour Christopher. Je cherche une casquette originale, qui viendrait compléter sa collection. Après une brève recherche, je finis par jeter mon dévolu sur une casquette de baseball Eleven Paris noire, avec des motifs floraux. Elle ira très bien avec le tee-shirt noir que je lui ai pris chez Diesel, c'est une certitude. Me dirigeant à la caisse, je m'acquitte de mon achat auprès de la vendeuse, qui m'effectue une remise après m'avoir reconnu et deviné que la casquette était pour mon beau brun. Elle prend même le soin de faire un joli paquet cadeau.

— C'est un autre avantage de sortir avec des stars ! rigole Aly.

— Pourquoi ?

— Eh bien, tu as le droit à des ristournes quand on te reconnait dans un magasin.

— Ce n'est pas faux ! ris-je.

Tandis que nous marchons le long des allées, le téléphone d'Aly émet le ping significatif qui annonce l'arrivée d'un nouveau message. Elle le sort de son sac à main et le consulte. Instantanément, un sourire niais naît sur son visage. Il n'y a aucun doute sur l'expéditeur du message. Notre beau Cubain a encore frappé.

— Les garçons viennent d'atterrir à Ezeiza. Ils attendent leurs bagages, avant d'aller louer une voiture pour nous rejoindre. Vu l'heure, ils en ont au moins pour une heure voire même une heure et demie !

— D'accord ! Bah... On fait un dernier tour et on rentre ?

— Ça marche !

Aly vient de se garer dans le parking souterrain. Nous sortons de la voiture, attrapons tous les sacs contenant nos emplettes et prenons la direction des escaliers. J'adore mon appartement, mais parfois, je maudis l'immeuble de ne pas avoir d'ascenseurs.

— Bonne soirée, ma belle !

— Toi aussi !

J'embrasse Alyana sur la joue, avant d'entrer dans mon appartement. Rapidement, je cache les derniers cadeaux dans les tiroirs sous mon lit, puis me dirige vers la salle de bain. Tandis que je retire mon haut, la sonnette de mon appartement retentit. Un grognement s'échappe de ma bouche, alors que l'on sonne à nouveau. Trainant les pieds, je rejoins l'interphone, sachant très bien que ce ne peut pas être Christopher.

— Oui ! dis-je sans conviction.

— Luna ? C'est Royce ! annonce-t-il.

Oh bordel !

Mon cerveau marque une pause. Comment il sait où j'habite ?

Il t'a raccompagné, mémoire de poisson rouge ! râle ma conscience.

— Luna ? insiste-t-il.

— Oui, je suis là ! Attends je t'ouvre ! Deuxième étage, au bout du couloir. Appartement de droite.

Quelques minutes s'écoulent, avant que des petits coups secs soient donnés. Dans le miroir de l'entrée, je vérifie mon allure, puis ouvre.

— Bonsoir ! Je te dérange ? me dit-il.

— Non, pas du tout, je viens juste de rentrer ! Journée shopping entre filles ! expliqué-je.

— Ah, c'est génial ! Je suis désolé de débarquer comme ça, mais j'ai une grande annonce à te faire et je ne voulais pas te le dire par téléphone.

— Oh ! Eh bien, vas-y, entre !

Faisant un pas en arrière, mon corps lui laisse l'accès à mon appartement. Royce entre. Il détaille chaque aspect de mon chez-moi.

— Tu as un super appartement ! annonce-t-il.

— Merci ! Bon alors, c'est quoi cette nouvelle ? m'impatienté-je.

— Je viens d'être sélectionné pour participer au Festival de Viña del Mar ! s'exclame-t-il.

— Oh mon dieu !

Mes yeux sont ébahis. Se produire au prestigieux festival de Viña del Mar c'est un peu le saint Graal pour tout artiste qui se respecte. Royce avait déjà été sélectionné en 2012, mais l'être une deuxième fois c'est complètement fou.

— Je suis tellement contente pour toi !

Ravie pour lui, je me jette dans ses bras, tandis que Royce me serre contre lui. La chaleur de son corps irradie le mien. Une étrange sensation s'empare de moi, me faisant me sentir toute chose.

Perrida, calme-toi tout de suite ! hurle ma conscience, brandissant des pancartes d'avertissement.

Avec rapidité, je m'éloigne de lui, tentant de faire redescendre cette tension malsaine entre nous deux.

— Encore félicitations, répété-je.

Royce s'avance à nouveau vers moi, avec ce sourire, qui a le don de faire apparaître les deux petites fossettes de chaque côté de ses joues. Ses mains se placent en coupe autour de mon visage. Tous mes sens sont en éveils et les signaux d'alarme dans ma tête se mettent à clignoter dans tous les sens. Son visage s'approche du mien, mais rapidement, mes mains se posent sur son torse pour le repousser.

Comment n'ai-je pas été capable de voir cette attirance qu'il avait pour moi ?

— Royce, le supplié-je.

Fermant les yeux, je tente en vain de le repousser. Ses lèvres effleurent les miennes, alors qu'il tente de m'embrasser.

Soudain, j'entends du bruit à côté de nous. D'instinct, ma tête pivote dans la direction du ramdam et je reste interdite. Chris se tient dans l'entrée, les bras croisés sur la poitrine et le regard noir.

Oh bordel !

Hola la compagnie ! 

Comment ça va bien ? 

Aïe Aïe Aïe ça sent l'embrouille à 3000km à la ronde ! 😱😈😑Mon dieu, mais n'avions nous pas prévenu notre Luna des intentions de Royce ? C'est une catastrophe ! 😱🤦‍♀ Tout ça n'augure rien de bon pour notre couple de tourtereaux préféré. 😭😭😭😭😭

Je vous donne rdv demain soir pour une petite surprise ! 

🎶Pause Musicale🎶

https://youtu.be/QFs3PIZb3js

Besitos 😘😘😘

ღ✯Audrey✯ღ