🎶Christopher🎶

L'avenue qui nous mène jusqu'au studio est noire de monde et une foule impressionnante de fans se presse devant les portes, alors que le van s'arrête. Les cris nous parviennent très clairement, même avec les vitres fermées. Quand la portière s'ouvre, un tapis bleu nous invite à rejoindre le hall des festivités. Là, une pléiade de photographes nous mitraille sans grande considération. Ils se contentent de faire leur job, et ils n'y vont pas de main morte. Les flashs crépitent dans tous les sens.

Je vais finir aveugle !

Une hôtesse nous conduit jusqu'à nos places respectives. Renato est assis à ma gauche et Erick à ma droite. Comme à mon habitude, je poste quelques story sur Instagram, dans lesquelles Erick s'incruste faisant dégénérer la situation. Nous rigolons à pleins poumons, tandis que les invités prennent place autour de nous.

À vingt heures, les festivités sont lancées. Les prestations défilent et le spectacle est vraiment plaisant. Alors que nous sommes en train de nous changer, c'est au tour de Becky G de monter sur scène. Le noir complet se fait et la voilà qui apparaît dans une combinaison rouge, ultra moulante. Cette fille est la classe incarnée. Du haut de ses vingt ans, elle a une prestance incroyable. Dans la loge, alors que je termine d'enfiler mon sweat blanc, je ne manque rien de la prestation de mon amie.

Becky vient de descendre de scène. Je la prends dans mes bras pour la féliciter pour cette superbe performance, puis avec les garçons, nous nous avançons vers les coulisses. Sur la plateforme, nous attendons d'être annoncés. J'ajuste mon micro, replace ma casquette et lisse ma tenue. Un instant, mes yeux se ferment et mes pensées s'envolent vers Luna.

Comme j'aimerais qu'elle soit là, avec moi.

— Et sans plus attendre, merci de faire une ovation pour le groupe phénomène du moment : CNCO.

Un tonnerre d'applaudissements retentit, me donnant une énergie grisante. Doucement, la plateforme sur laquelle nous nous trouvons commence à s'élever tandis que les premières notes de Se Vuelve Loca retentissent. Richard débute sa partie, et nous enchaînons, donnant tout ce que nous avons en nous pour que le show soit extraordinaire.

La soirée vient de se terminer et je suis épuisé. Les journées de ce style sont juste crevantes, mais c'est comme dans tout boulot. Il y a des jours plus faciles que d'autres. Prenant place à l'arrière du van, j'ouvre ma veste de costume et sors mon téléphone de la poche intérieure. Toujours aucune nouvelle de Luna. Un long soupir bruyant m'échappe, déclenchant une réaction de compassion chez mes amis.

— Ne t'en fais pas, Chris ! Je suis certain qu'elle va bien et qu'elle t'appellera demain.

— Je l'espère !

— Y'a pas de raison qu'elle ne le fasse pas ! renchérit Richard. Vous ne vous êtes pas disputés ?

— Non !

— Alors, déstresse ! Tout va bien, elle a juste dû être overbookée aujourd'hui.

Un fin sourire étire mes lèvres. Richard a sans aucun doute raison. C'est l'angoisse qui me fait parler et surtout, douter de Luna, mais il ne le faut pas. Si je veux que notre couple résiste, je dois lui faire confiance tout comme elle doit avoir confiance en moi. Résigné, je consulte mon compte Instagram. Déjà quelques photos de ce soir apparaissent sur la plateforme. Les fans s'extasient devant notre prestation, et elles nous félicitent pour les trois récompenses que nous avons remportés. Lire leurs commentaires me redonne le sourire. Continuant mon inspection, mon regard se porte sur une vidéo prise au détriment des sujets qu'elle a capturés. Instantanément, la colère monte en moi, me faisant voir rouge.

— Elle se fout de ma gueule ! grogné-je à mi-voix.

Mes amis lèvent leur regard vers moi, ne comprenant visiblement pas mon soudain excès de colère. Sans dire un mot, je leur tends mon téléphone. La vidéos parlera pour moi. Zabdi se penche par-dessus le siège passager pour regarder. Ses sourcils se froncent. Visiblement, lui non plus n'est pas vraiment ravi de voir ce genre de cliché.

— Il doit certainement y avoir un malentendu.

— Ne cherche pas à la défendre, Joël ! râlé-je.

— Ne t'en prends pas seulement à Luna, Chris. Royce est tout aussi responsable. Il savait qu'en dansant avec elle, il prenait le risque qu'on les voie ensemble. Que Luna se soit fait coincer par les paparazzis, on va dire que ce n'est pas grave. Elle est encore novice dans l'art de les esquiver, mais Royce n'a aucune excuse.

— Putain ! sifflé-je.

— Calme-toi, mon pote ! tente Erick. Il y a sûrement une explication.

— Ah oui, laquelle ? demandé-je. Moi, tout ce que je vois, c'est que Luna me prétend dur comme fer que je lui manque, mais à la première occasion elle en profite pour se jeter dans les bras du premier mec venu, en l'occurrence : Royce.

— Tes mots dépassent ta pensée, Chris. Tu sais bien que Luna ne te ferait jamais un coup pareil, s'exclame Zabdiel.

— Pourtant, la vidéo parle d'elle-même.

— C'était juste une danse ! dit Joël.

— Une putain de bachata ! On parle quand même d'une des danses les plus sensuelles qui existe.

Ma colère ne désemplit pas, faisant bouillonner mon sang dans mes veines. Regardant l'heure sur mon téléphone, je comprends que ce n'est pas maintenant que je pourrais avoir des explications de la part de ma petite amie. Il est cinq heures du matin à Buenos Aires, donc autant dire que Luna doit dormir. Mais demain, je compte bien avoir des réponses à toutes mes questions.

*****

Allongé dans mon lit, je scrute le plafond de ma chambre d'hôtel, attendant des réponses qu'il n'est pas capable de me fournir. Les premiers rayons du jour filtrent au travers des rideaux. Un fin faisceau de lumière entre dans la chambre, l'illuminant d'une jolie couleur ocre. Cette putain de vidéo m'a hanté toute la nuit, m'empêchant de trouver le sommeil. Mon état de fatigue est extrême. Rapidement, je sors du lit pour aller prendre une douche. Peut-être sera-t-elle capable de me laver de ma nuit blanche et de me donner un tant soit peu de vitalité. Alors que l'eau chaude dégringole sur mon corps, mon téléphone sonne frénétiquement sur la table de chevet. Arrêtant l'eau à la hâte j'enroule ma serviette autour de mes hanches et me précipite dans ma chambre, manquant au passage de me casser la figure sur le carrelage mouillé de la salle de bain.

Crétin.

Je saisis le téléphone, mais trop tard. Tapotant sur l'écran, le nom de ma copine s'affiche.

Tiens, elle n'est pas morte, ronchonne ma conscience.

Une nouvelle fois, mon téléphone vibre dans mes mains. Elle m'a laissé un message vocal. Rapidement, je lance la messagerie et écoute mon répondeur.

Sa voix se veut douce et rassurante, ce qui ne fait qu'accroître le sentiment de colère qui me prend aux tripes. Lui parler maintenant ne serait pas une bonne idée. La dispute serait inévitable et les mots risquent fort de dépasser ma pensée. Et ici, à dix mille kilomètres d'elle, ce n'est vraiment pas le moment de provoquer une dispute. Je dépose mon téléphone sur mon lit et retourne dans la salle de bain pour finir de me préparer. Nous avons quartier libre aujourd'hui, et je compte bien en profiter pour aller faire du skate sur Sunset Boulevard.

Aux alentours de dix heures, j'avertis Sergio de mon intention de sortir et nous partons en direction du centre-ville. Skateboard sous le bras, je longe l'avenue qui me conduira directement au Skate Park. Il y a bien longtemps que je n'avais plus pu profiter d'être seul face à ma planche à roulettes.

Luna a tenté de me joindre toute la journée, et moi, j'ai pris grand soin de l'éviter continuellement. La dispute est inévitable, je le sais bien, mais la repousser m'a permis de mettre mes idées en ordre. Alors que la porte de ma chambre d'hôtel s'ouvre, mon téléphone sonne pour la millième fois dans ma poche. Je finis par capituler et décroche. Finalement, plus j'attends plus l'affrontement sera compliqué.

— Allô, réponds-je.

Ma voix est neutre, ne transmettant aucune émotion.

— Chris, bordel, j'ai essayé de te joindre toute la journée, se lamente-t-elle. Je commençais à m'inquiéter.

— J'étais occupé ! affirmé-je.

— Occupé ? demande-t-elle, surprise.

— Oui, occupé ! Un peu comme toi hier, finalement.

Elle reste sans voix. Les secondes s'écoulent, mais sa réponse ne vient pas. Un instant, j'espère que la dispute puisse être évitée, mais cette foutue image me revient en tête comme une gifle douloureuse et une nouvelle fois, la colère prend possession de mon corps, de mon esprit. Je ne pensais pas être blessé à ce point-là.

— Ah ! finit-elle par dire.

— Oui, ah ! réponds-je, à la manière d'un robot.

— Chris, ce n'est pas ce que tu crois. Je te le promets.

— Ah bon ? ironisé-je. Pourtant votre bachata, elle, en dit long !

— Il ne s'est rien passé. Je suis allée à son concert et il m'a invitée à sortir en boîte par la suite. Je n'ai rien fait de mal.

— Rien de mal ? m'étranglé-je. Dans ce cas, pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?

— Je n'en sais rien ! Christopher, sanglote-t-elle, tu es à plus de dix mille kilomètres de moi. Tu sais très bien que je ne te ferais jamais un coup pareil. Tu me connais mieux que personne.

— Je pensais te connaître, Luna, mais là, je ne sais vraiment plus quoi en penser. Tu as très bien pu le ramener chez toi, coucher avec lui dans les draps où je dors.

— Je n'ai rien fait ! hurle-t-elle, en pleurs.

C'est ma rage qui parle là. Elle a pris le contrôle de mon corps, me faisant perdre mon sang froid. La savoir loin de moi, me rend complètement cinglé.

— Tu es un idiot, Christopher ! Je ne te trompe pas. Personne n'est venu chez moi, en dehors d'Aly. Et puis merde ! Pourquoi je me justifie ? J'ai encore le droit de faire ce que je veux !

— Tu as raison... Va voir ton Royce et saute-lui dessus !

Sans lui laisser le temps de me trouver une réponse, je raccroche. Mon téléphone atterrit sur le lit, tandis que mes deux mains passent dans mes cheveux. Je ne suis qu'un abruti ! Instantanément, mon téléphone se met à sonner. Luna. Je ne réponds pas, mes paroles risqueraient de faire encore plus de dégâts qu'elles n'en ont déjà faits. Retirant mon tee-shirt, je file prendre une nouvelle douche. Cette sortie au parc m'a fait transpirer.

*****

De Luna :

Christopher, mon cœur

Une seule question me hante depuis samedi soir. Où est passée cette étincelle qui faisait brûler notre amour ? J'ai la nette impression que depuis des semaines, entre nous, ce n'est que disputes, reproches et colère. Je nous pensais bien plus fort que ça pour surmonter les épreuves. Tu me manques. Tes bras me manquent, tout comme tes baisers. Je veux que tu me dises que tout va bien entre nous, et que tu seras bientôt de retour à la maison. Il faut que l'on se retrouve avant de se perdre définitivement. Mon amour pour toi défierait tous les obstacles, mais j'ai besoin de savoir que tu seras toujours là pour le recevoir. Rien, tu comprends, rien ne pourra me détourner de toi. Aucun autre homme ne pourra un jour avoir cette valeur inestimable que tu as pour moi.

Je t'en prie, rappelle-moi, j'ai besoin d'entendre ta voix, de te parler.

Je t'aime Christopher Bryant Vélez Muñoz.

Une énième fois, je lis ce message que Luna m'a envoyé le soir de notre dispute téléphonique. Et une énième fois, il fait naître une boule d'angoisse dans ma gorge. Même si ça me fait mal de la savoir malheureuse par ma faute, ma fierté alimentée par ma colère me freine à la rappeler. Mais sa question tourne dans mon esprit. Elle a raison, je me demande ce qu'il est advenu de ce lien si puissant qui nous unissait ce soir-là, quand je lui ai chanté Volverte a ver pour la première fois. J'ai la vague impression qu'il s'est distendu et que si nous ne faisons rien, il pourrait céder, comme le ferait une corde bien trop usée.

Rangeant mon téléphone dans une poche, je rejoins mes amis dans le salon privé de l'hôtel. Renato et Kevin doivent nous exposer le programme pour les prochaines semaines. Mon cœur n'est pas du tout de la partie. Je ne souhaiterais qu'une seule chose, celle de partir rejoindre Luna pour lui dire que je ne suis qu'un imbécile et par-dessus tout, lui dire que je l'aime.

— Eh Chris, tout va bien ? s'inquiète Renato en s'asseyant près de moi.

— Pas vraiment !

— La situation ne s'est pas arrangée ? s'enquit-il.

— Non, c'est toujours aussi tendu, et j'ai bien peur que cette fois, ça ne s'arrange pas aussi facilement. J'ai été stupide de lui en vouloir à ce point, et maintenant, je ne sais pas comment revenir vers elle.

— Christopher, file la retrouver ! s'exclame mon manager.

— Pardon ? hésité-je.

— Tu as très bien entendu. Prends le premier avion que tu pourras avoir et rentre à Buenos Aires.

— Mais, la tournée promotionnelle ? demandé-je.

— Il me semble que ton couple est bien plus important que la tournée promotionnelle.

— Tu es fou, Renato, je ne peux pas vous laisser tomber comme ça !

— Bien sûr que tu le peux et, tu vas le faire.

Alors là, les mots me manquent. Ma dette envers lui est énorme. Il ne me faut pas longtemps pour peser le pour et le contre. Ce soir, je prends le premier vol pour Buenos Aires. Il faut que je la voie et que je tente de sauvegarder mon couple. En espérant qu'il reste encore quelque chose à sauver de nous deux.

Hola ma #TeamPanda 🐼👋,

Comment allez vous ? ☀🌹 De mon côté, j'ai pas mal avancé mon nouveau projet, ça vous dirait que je vous en parle dans une partie "bla bla" ? 💜😀

Bon revenons à nos moutons, ce chapitre n'augure rien de bon pour nos amoureux. Leur lien est en train de se détendre et j'ai bien peur qu'il finisse par casser 😭😱😡

Qu'envisagez-vous pour la suite ? Allez faites vos pronostics, pour voir qui a raison ! 😏😍

Besitos et à samedi 😘😍

✯ღAudrey✯ღ