Chapitre 52 - Future obscur
Retenant un soupir, Gaby écoutait leur professeur d'histoire narrer le récit d'un temps lointain. Il s'agissait d'un monsieur assez âgé, et probablement proche de la retraite, qui passait ses cours dans de longs monologues ennuyeux. Même pour elle, qui pourtant appréciait l'histoire, ces heures de cours se révélaient proches de la torture.
De plus, elle n'avait aucune envie d'être assise sur cette chaise à suivre des cours. Elle, qui habituellement appréciait l'école, regrettait amèrement la fin des vacances d'été quelques jours auparavant. Même si elles avaient très mal commencé avec la mort de Senju et le Rokuhara, elle aurait tant aimé pouvoir passer plus de temps avec Baji et ses amis. Elle aimerait tellement que le temps s'arrête, et qu'ils puissent profiter encore de leurs insouciances.
Ils étaient en dernière année, d'ici quelques mois, ils seraient diplômés. Et si la plupart de ses amis avaient choisi les études qu'ils souhaitaient poursuivre, ou non, elle n'en avait aucune idée. Ses parents voulaient qu'elle fasse de grandes études, mais elle ne savait pas ce qui lui plairait. Si son frère avait déjà choisi de suivre les traces de leur père et de continuer ses études dans la politique, elle ne savait pas quoi faire. À sa plus grande surprise, Sanzu avait choisi de persévérer dans le commerce, mais Gaby le soupçonnait fortement de s'intéresser plus à un marché illégal qu'autre chose.
Elle sourit en sentant la main de son petit ami caresser sa cuisse sous la table. Bien trop concentré dans son cours, le professeur ne se rendit compte de rien.
Elle jeta un coup d'œil à l'horloge avant de tourner ses notes vers Baji, pour qu'il puisse les recopier.
Elle soupira de nouveau en s'affaissant dans sa chaise, encore quelques minutes, et elle serait enfin libre. Du moins jusqu'au lendemain.
La fin des cours sonna comme une libération. Elle s'empressa de ranger ses affaires dans son sac, et comme toujours depuis trois ans, Baji le saisit avant qu'elle ne puisse essayer de le porter.
Il glissa son bras autour de sa taille et déposa un baiser sur sa tempe en l'entrainant vers la sortie de la salle de classe, sous les yeux curieux des autres élèves. Même si cela faisait longtemps qu'ils sortaient ensemble et ne s'en étaient jamais caché, cela n'empêchait pas les autres de les observer plus ou moins discrètement, peu habitués à ces marques d'affection publique.
- Mademoiselle De Catalois.
Elle s'arrêta et se retourna vers le professeur.
- Oui ?
- J'aimerais vous parler.
Elle opina et indiqua à Baji qu'elle le rejoindrait dehors, avant de se diriger vers le bureau de leur professeur d'histoire, également leur professeur principal.
- Qu'y a-t-il, professeur ?
- Vous n'avez toujours pas rendu votre feuille d'orientation.
Elle soupira. Elle avait eu tout l'été pour faire des recherches sur ses futures études, et remplir cette maudite feuille, mais malgré tout ses efforts, elle était restée blanche. Rien ne semblait lui convenir, et rien ne l'intéressait plus qu'autre chose.
- Je sais... Je n'ai pas encore pris de décision.
- Avec de tels résultats, toutes les portes s'ouvrent à vous. Mais vous devez vous dépêcher de faire un choix, avant que les inscriptions aux universités se clôturent.
Elle hocha la tête. Elle ne savait pas pourquoi, mais réfléchir à son avenir lui faisait peur. Elle n'y avait jamais pensé, et à présent qu'elle n'avait plus d'autre choix, rien ne lui semblait plus effrayant. Comment pouvait-elle fixer l'ensemble de sa vie sur une simple décision ?
- N'avez-vous pas de centre d'intérêt ?
Elle sourit légèrement. Pouvait-elle vraiment lui répondre ? Les gangs ? Les bagarres ? La délinquance ? Échafauder des plans compliqués ? Espionner et rassembler des informations ?
Elle s'arrêta sur cette dernière idée. Peut-être que le journalisme lui conviendrait, après tout, elle adorait rassembler des informations, mener des enquêtes et comprendre ce que cachaient les autres. Oui, cela serait probablement une bonne idée, si la presse n'était pas si corrompue.
- J'aime beaucoup passer du temps avec mon chien, répondit-elle simplement.
Après tout, il ne s'agissait pas d'un mensonge. Depuis que Fujin faisait partie de sa vie, elle avait l'impression qu'une part d'elle, vide depuis toujours, avait enfin été complétée. Cette petite boule de poils était devenue l'un de ses plus précieux trésors.
- Il y a beaucoup de métiers en rapport avec les animaux, si c'est ce que vous aimez, vous devriez vous y intéresser.
Elle hocha la tête et tourna les talons avant de quitter la salle de classe. Même si travailler dans une animalerie ou un refuge lui plairait sûrement, elle n'était pas certaine que cela conviendrait à ses parents. Ils la voyaient avoir un brillant avenir, elle ne voulait pas les décevoir.
***
- J'ai promis à Chifuyu de passer l'après-midi avec lui. On se retrouve ce soir.
Elle hocha la tête et déposa un baiser sur les lèvres de Baji avant de descendre de sa moto.
Elle entra dans l'ambassade, bien décidée à parler avec ses parents de son avenir. Elle voulait qu'ils soient fiers d'elle, mais elle n'avait aucune idée de ce qu'ils attendaient. Peut-être que le savoir l'aiderait à prendre la plus grande décision de sa vie ?
- Gabrielle chérie.
Elle se retourna, radieuse. Mais son sourire s'effaça vite devant l'expression de son père. Son habituel sourire chaleureux n'ornait pas ses lèvres. Ses iris bleus semblaient emplis de peine. Et ses traits se trouvaient tirés par la fatigue et... l'inquiétude ?
Elle fronça les sourcils, n'ayant pas l'habitude de voir de telles émotions chez lui.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Viens. On doit vous parler.
Incertaine, elle suivit son père à travers les couloirs de bâtiment, jusqu'à un petit salon. En entrant, elle constata que son frère et Sanzu étaient déjà assis sur le canapé face à leur mère, qui semblait épuisée.
De plus en plus interpellée, elle s'assit entre les deux garçons. Sébastien, son père, prit place aux côtés de sa femme, et posa une main protectrice et encourageante sur son genou.
- On ne pensait pas qu'on devrait vous le dire... commença Marianne.
Mais elle ne put continuer, ses mots moururent sur ses lèvres.
Sébastien prit une grande inspiration, sous les regards perdus des trois adolescents.
- Votre mère est malade... Et les médecins...
- ... ne peuvent rien faire, finit Gaby en sentant des larmes piquer ses prunelles.
Ses parents hochèrent la tête, alors qu'Alex écarquilla les yeux, et que le regard de Sanzu s'emplit de panique.
- Co... comment ça ? bredouilla Alex. Qu'est-ce que t'as ?
Marianne baissa les yeux.
- Un cancer du sein... Jusqu'à maintenant, le traitement semblait fonctionner... Mais mon état se dégrade de plus en plus, et les médecins ont beau tout essayer...
Ne voulant pas en entendre plus, Gaby se leva, sous les yeux surpris de ses parents.
Comprenant que la colère allait prendre le dessus sur sa tristesse, Sanzu tenta de lui attraper le bras pour l'apaiser, mais elle l'esquiva habillement. D'un regard noir, elle figea son second et son frère.
- Pourquoi tu nous en as pas parlés plus tôt ? s'écria-t-elle en direction de sa mère.
Pétrifiée par la soudaine colère de sa fille, elle ne sut pas quoi répondre. Mais Gaby n'attendait pas de réponse. D'un pas rapide, elle sortit de la pièce et se précipita dans les escaliers.
Elle courut jusqu'à sa chambre, claqua la porte derrière elle et se laissa tomber sur son lit. Une seconde plus tard, elle ne retenait plus les sanglots qui secouaient son corps.
Alors qu'elle s'inquiétait pour son avenir à peine une heure auparavant, cette préoccupation lui semblait à présent bien futile. Elle ne savait pas comment imaginer son avenir, mais une chose était certaine : jamais elle ne l'avait envisagée sans toute sa famille à ses côtés.
Il lui arrivait régulièrement de haïr sa mère, de détester les règles trop strictes qu'elle lui imposait, la protection excessive dont elle savait faire preuve, les attentes trop grandes qu'elle posait sur les épaules de sa fille... Mais jamais Gaby n'avait voulu sa mort, jamais elle ne l'avait imaginé. Elle ne pouvait l'imaginer.
Sa mère ne pouvait pas l'abandonner. À cette simple idée, son monde s'écroulait sous ses pieds.
Sentant la détresse de sa maîtresse, Fujin monta d'un saut sur le lit et commença à lui lécher les doigts, mais Gaby le repoussa violemment.
- Laisse-moi tranquille !
Entendant l'animal descendre du lit et s'éloigner lentement, elle fut soudainement prise de remords. Il n'y était pour rien. Il n'avait rien fait, à part essayer de la réconforter comme il le pouvait.
- Excuse-moi, Fujin... Viens...
Il s'arrêta et l'observa un instant, avant de bondir sur le lit et de se rouler en boule contre ses jambes.
Gaby le caressa et blottit son nez dans ses poils, se laissant bercer par cette odeur si apaisante et réconfortante.
La colère étouffait son cœur, mais la douleur dominait tout. Elle avait mal, très mal. Pourtant, sa mère était encore en vie, à ses côtés, peut-être encore pour longtemps... Mais à présent, elle savait que l'épée de Damoclès planait au-dessus de sa tête, et qu'à tout moment, elle pouvait tomber.
Elle ne bougea pas quand quelqu'un toqua à sa porte, et tenta d'ignorer la personne derrière le battant, peut lui important de qui il s'agissait.
- Hime ?
- Laisse-moi. Je veux être seule.
Une seconde de silence s'écoula. Elle entendit un soupir derrière la porte, puis des pas s'éloigner.
Elle étouffa un énième sanglot dans le pelage de son chiot. Elle avait mal et elle savait que rester seule n'était pas la solution. Mais elle ne voulait pas blesser Sanzu ou Alex à cause de sa propre douleur. Elle ne voulait pas que sa colère incontrôlable leur retombe dessus.
Elle devait se calmer. Seule.
Cependant, le temps avant beau passer, elle n'arrivait pas à se calmer. Elle ne savait pas s'il s'était écoulé quelques minutes ou quelques heures, tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle avait toujours aussi mal. Et malgré tous ses efforts, sa colère ne désemplissant pas. Elle semblait même grandir à chaque seconde, s'écoulant dans ses veines telle une coulée de lave.
Pourtant, Gaby était incapable de dire contre quoi, ou qui, se dirigeait cette colère. Contre sa mère, qui ne leur avait rien dit avant ? Contre sa maladie qui la rongeait à petit feu ? Contre les médecins incapables de la soigner ? Contre elle-même ? Contre le monde entier ?
Elle voulait trouver une raison à sa douleur. Un coupable à lyncher en place publique, mais il n'y en avait aucun. C'était la vie. Et la vie se montrait cruelle. Le monde était cruel. La nature était cruelle.
Combien de temps restait-il encore avant qu'elle ne perde sa mère à jamais ? L'un des piliers de sa vie...
- Gaby ?
Elle releva la tête et essuya ses larmes en observant Baji s'approcher doucement, comme s'il avait peur de la faire fuir.
- Alex m'a dit... Je...
Il se tut. Il ne savait pas quoi dire. Il n'avait rien à dire. Que pouvait-il dire pour la rassurer et la consoler ? Que tout allait bien aller ? Hélas, il ne pouvait pas lui promettre une telle chose, et il s'était toujours promis de ne jamais lui mentir.
C'est la vie... Existait-il pire phrase ? Cela ne pouvait pas la rassurer, et encore moins la consoler. Il ne s'agissait même pas d'une justification valable. Pourquoi la vie s'acharnait-elle plus sur certaines personnes ? Existait-il seulement une raison ?
Baji s'assit aux côtés de Gaby et la prit dans ses bras, la serrant contre lui de toutes ses forces.
Fujin l'observa du coin de l'œil avant de se lever, sachant sa maîtresse entre de bonnes mains, et sortit faire un tour à l'extérieur.
- Je suis là... souffla-t-il dans ses cheveux.
Il se mordit la langue à ses mots. Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire qu'il soit là ? À cet instant, ce n'était sans doute pas sa présence qu'elle souhaitait.
- Merci... souffla-t-elle en se blottissant contre son torse.
Baji fut rassuré à ce seul mot. Il avait tort, sa présence la consolait et l'apaisait. Elle en avait besoin. Il la protégeait, et la protégerait toujours.
Il caressa tendrement ses cheveux roux et déposa un baiser sur le haut de son crâne.
Mais elle releva la tête et s'empara avidement de ses lèvres.
- Gaby... souffla-t-il en la repoussant doucement. Je pense pas que le moment...
- Fais-moi oublier, Kei... Même juste quelques secondes...
Il plongea son regard dans ses iris jade et ramena une mèche rousse derrière son oreille.
- Gaby...
- S'il te plaît...
Devant sa détresse, il finit par baisser les armes. Il ne pouvait pas lui résister, encore moins quand elle avait tant besoin de lui.
- Je t'aime tellement... murmura-t-il en s'emparant de ses lèvres.
Après leur étreinte charnelle, Gaby ferma les yeux en sentant les larmes regagner ses iris. Pendant un instant féerique, Baji lui avait fait oublier le monde qui l'entourait et ses problèmes. Il ne restait plus que lui. Mais tout cela devait prendre fin. Une fin bien trop rapide au goût de Gaby.
- Tu veux prendre un bain ?
Elle réouvrit les yeux pour observer son petit ami, qui lui tendait la main en souriant légèrement.
Il n'avait qu'une seule pensée à l'esprit, lui changer les idées et la faire sourire.
Elle hocha la tête et accepta sa main, se laissant entraîner dans la salle de bain. Mais à peine l'eau chaude frôla sa peau, qu'elle fondit en larmes dans les bras de son petit ami, submergée par le poids de ses émotions.
Il lui caressa le dos et la serra contre lui en déposant un baiser sur sa tempe.
- Je suis là, Gaby... souffla-t-il à son oreille. Pour toujours...
- M'abandonne pas, toi aussi... sanglota-t-elle.
- Jamais.
***
Les mains enfoncées au fond de ses poches, Sanzu slalomait entre les toxicos et les prostituées des bas quartiers de Tokyo. Il devait se changer les idées. Il voulait se changer les idées.
Il poussa la porte d'un bar éclairé par des néons bleus vacillants. Il devait se changer les idées, et quoi de mieux que l'alcool, la drogue et des prostituées pour ça ? Du moins, pour les prochaines heures.
***
Marchant dans les rues sombres de la capitale nippone, Nokoa fut interpellée par un bruit sourd. Elle dirigea son regard noisette vers son origine et reconnut immédiatement le propriétaire de la tignasse rousse, dos à elle.
Elle fronça les sourcils, il n'était pas dans ses habitudes de faire preuve de violence gratuite. Pourtant, il s'acharnait sur un pneu innocent d'un parc pour enfant, férocement.
- Que t'as fait ce pauvre pneu ?
Il sursauta et se retourna brusquement, ne s'attendant sans doute pas à être interrompu.
Nokoa se figea devant la tristesse qui déchirait les traits de son ami. De quelques pas, elle le rejoignit et le prit dans ses bras.
- Alex... Qu'est-ce qui se passe... ?
- Ma mère est malade... sanglota-t-il contre son épaule. D'après les médecins, il lui reste peu de temps...
Elle resta sans voix, ne sachant pas quoi lui dire. Alors elle se contenta de le serrer plus contre elle et de caresser ses cheveux, espérant l'apaiser un tant soit peu.
* ⭐ * 🏍️* ⭐ *
Je ne voulais pas l'écrire au début du chapitre pour ne pas spoiler, mais je sais que la mort de proche peu être un sujet sensible pour certaines personnes, surtout quand il s'agit d'une maladie... Donc je m'excuse si j'ai perturbé certain lecteur, et je vous préviens d'avance que ce sujet reviendras au cours des derniers chapitres de cette partie... Mais je ne préfère pas dire sous quelle forme pour ne pas spoiler.
Si c'est un sujet sensible pour vous (d'ailleurs celui là ou n'importe quelle autre sujet que j'aborde dans l'histoire) mais que vous voulez continuer à lire, n'hésiter pas à venir me demander en MP ! Je vous indiquera à chaque chapitres, quelle partit à ne pas lire, tout en vous faisant un résumé pour que vous ne manquiez rien de l'histoire ! 😉
Voilà, voilà, Bisous ! 😘 (Et comme toujours, votre avis m'intéresse, mais je crois que je vais arrêter de répéter ça à chaque chapitre, vous l'avez compris 😂)
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