Chapitre 35 - Nouvel ennemi
Les yeux écarquillés, elle lâcha son téléphone, qui tomba bruyamment à ses pieds. Des larmes la brûlèrent, pourtant, elle se refusait de pleurer. Ses muscles tremblèrent de manière incontrôlable. Son cœur se serra, jusqu'à lui faire mal. Sa gorge se noua, l'étouffant presque.
Non... Ce n'était pas possible...
Son regard se posa sur celui qui était à présent son chef. Une vague de colère, de haine, de tromperie, de tristesse, la submergea. Elle se jeta sur lui, couvrant son torse de coup-de-poing. Mais elle était tellement à bout de nerfs, à bout de force, que cela ne servait à rien, une piqûre d'insecte lui aurait fait plus mal.
- Tu m'avais promis ! cria-t-elle au bord des larmes. Tu m'avais promis que si je te rejoignais, il n'arrivera rien à mes amis !
Il saisit ses poignets fermement, bloquant ses gestes dépourvus de force. Elle se laissa tomber à genoux à ses pieds, ne retenant plus ses larmes.
Elle avait mal. Si mal. Mais ce n'était en rien dû à une douleur physique. Son cœur se déchirait. Ses pensées tournaient dans son esprit, incontrôlables. Ses émotions explosaient autour d'elle, sans qu'elle ne puisse rien à faire.
- Je tiens toujours mes promesses. Ce n'est pas moi qui ai ordonné ça.
Elle releva ses yeux brillants de larmes vers lui. La rage envahissait petit à petit ses idées, effaçant tout le reste. Un nuage noir enveloppa peu à peu son esprit. Sa respiration ralentit, lentement, jusqu'au ne devenir plus qu'un souffle rauque.
- Alors, tes hommes ne t'obéissent pas, cracha-t-elle sèchement.
Il ne lui répondit pas, lâchant ses poignets, il lui tourna le dos.
- Va à l'hôpital, Rindo t'accompagnera. Mais soit à l'heure ce soir.
Des bras l'enveloppèrent doucement, cependant, elle les repoussa violemment, et se releva tant bien que mal.
- Je connais le chemin, je n'ai besoin de personne.
- P'tite princesse...
Elle repoussa encore une fois Rindo, qui tentait de l'approcher.
- Ils ne viendront pas ce soir, tu le sais aussi bien que moi, affirma-t-elle.
Elle rit froidement en se dirigeant vers sa moto.
- C'est vraiment ce que tu voulais ? Une victoire par abandon ? Je pensais que tu avais plus d'honneur que ça, chef.
Sans attendre de réponse, elle enfourcha sa Harley, et démarra le moteur.
***
Quelques jours auparavant
Ses cheveux roux claquaient contre ses joues. Le vent sifflait à ses oreilles. Le froid mordait sa peau. Le moteur de sa Harley résonnait dans la rue.
Slalomant entre les voitures, elle vit du coin de l'œil son petit ami arriver à son niveau. Elle ralentit légèrement, perdant son regard dans les rues nocturnes de Tokyo.
- À quoi tu penses, ma belle ?
- Tu trouves pas que c'est vachement calme en ce moment ? J'ai le pressentiment qu'il va se passer un truc...
- Tant mieux ! Je commençais à m'ennuyer !
Gaby éclata de rire suite à cette remarque. Elle aurait dû s'en douter, son petit ami ne disait jamais non à une bonne baston.
Arrivés devant l'appartement de Baji, ils ralentirent et garèrent leurs motos sur le parking. Gaby eut à peine le temps de toucher le sol que les bras de son petit ami l'attirèrent contre leur propriétaire. Il l'embrassa amoureusement. Un baiser qu'elle lui rendit avec enthousiasme.
- Tu veux pas rester dormir après le dîner ?
Surprise, Gaby le dévisagea. La mère de son petit ami l'avait invitée à dîner, à vrai dire, c'était devenu une habitude depuis qu'ils sortaient ensemble. Une ou deux fois par semaine, Ryoko Baji l'invitait, sans vraiment lui laisser la possibilité de refuser. Elle appréciait ce moment chez les Baji, calme et reposant, loin de l'ambiance animée que mettaient son frère et Sanzu à chaque repas chez elle. Cependant...
Elle secoua la tête.
- Je ne pense pas que mes parents apprécieraient que je dorme chez mon copain sans les avoir prévenus avant. Puis...
Intrigué, il pencha la tête.
- Puis ?
- Tu ne t'es jamais présenté officiellement, rit-elle.
- Mais... Tes parents me connaissaient déjà...
- En tant que petit ami, je veux dire !
- Oh...
Il rit à son tour et lui prit la main pour l'entraîner vers l'entrée de l'immeuble.
- Il faut que je résolve ce problème, alors !
***
Le lendemain matin, Gaby entra avec son tact habituel dans la chambre de son meilleur ami. Elle ouvrit en grand les rideaux, permettant au soleil d'envahir la pièce, et se jeta sur le lit, sous les grognements de Sanzu.
- Encore cinq minutes, hime... marmonna-t-il en cachant sa tête sous son oreiller.
- Non ! Sinon, on va être en retard en cours !
- Maaaaais... J'ai pas enviiiiiie d'y alleeeeeeeeeer.... se lamenta-t-il.
Elle rit, attrapa la couette et l'oreiller, qu'elle balança par terre, puis alla chercher l'uniforme scolaire de son ami, qu'elle lui lança au visage alors qu'il se redressait à contrecœur.
Il jaugea les vêtements en soufflant bruyamment. Après les vacances de Noël, il avait changé de collège, pour le même que Gaby et Alex, bien plus proche de son nouveau lieu de résidence. Cependant, il n'était jamais autant allé en cours que depuis ces dernières semaines. Les parents de son amie tenaient à ce que leurs enfants aient une éducation parfaite, et bien sûr, Sanzu n'avait pu échapper à cette règle. Alors qu'auparavant, son frère se moquait de savoir s'il allait en cours ou s'il séchait en traînant dans les rues, à présent, il n'avait plus le choix. Même si cela l'avait un peu contrarié au début, il commençait à se faire à ce nouveau rythme de vie. Quoi que l'idée de se lever aussi tôt tous les matins, l'agaçait fortement.
Une fois que Gaby fut sûre qu'il était levé, elle quitta la chambre, pour celle de son frère. Aucun des deux garçons n'avait besoin de mettre un réveil, elle tenait parfaitement ce rôle.
- Aleeeeeeex ! Debout !
Il ouvrit les yeux en soupirant, tandis que son uniforme scolaire s'écrasait contre son visage.
Quelques minutes plus tard, ils rejoignirent la jeune fille dans la cuisine, qui sirotait un thé en relisant ses cours de la journée.
Pendant un instant, Sanzu se demanda comment elle pouvait passer de la petite fille sage et parfaite, bonne élève et semblant sans histoire, à la cheffe de brigade si redoutable du Toman. Il se demandait souvent s'il s'agissait de la même personne, et pourtant, il en était certain.
Une fois son thé finit, elle se saisit des trois bento préparés par le cuisinier de l'ambassade et les glissa dans son sac, ainsi, elle se trouvait sûr que ni Alex, ni Sanzu ne les oublieraient. Elle prit les mains des deux garçons et les entraîna vers la porte d'entrée sous leurs protestations.
- Gabyyyyy ! J'ai pas finiiiii !
- Arrête un peu ! On dirait un gamin de cinq ans ! Si tu te levais plus tôt, tu aurais le temps de finir ton déjeuner !
Alors qu'Alex ricana, le regard que sa sœur braqué sur lui le fit immédiatement arrêter.
- Te moque pas, toi ! T'es pas mieux !
En arrivant dans le hall, elle fut surprise de tomber sur sa mère, en compagnie de Baji.
- Kei' ? Qu'est-ce que... ?
- Il est venu te chercher pour aller en cours, et se présenter officiellement, expliqua sa mère, en souriant grandement.
Gaby écarquilla les yeux et rougit brusquement. En disant cela hier soir, elle ne pensait pas qu'il le ferait aussi rapidement.
Derrière, les deux garçons échangèrent un regard avant d'éclater de rire.
- Vous moquez pas vous deux ! protesta Baji. Au moins, je fais les choses dans les règles !
La jeune fille rit en s'approchant de son petit ami et déposa un baiser sur sa joue.
- Oui... C'est parfait, mon chat. Mais ça ne veut pas dire que je resterai dormir chez toi ce soir.
- Je ne l'ai pas fait pour ça. Mais... maintenant, c'est officiel nous deux.
Sur ces mots, Baji s'empara des lèvres de la jeune fille, se moquant des regards de son frère, sa mère ou Sanzu autour d'eux, ou même des coutumes japonaises. Il l'aimait, et il voulait que le monde entier le sache.
***
Gaby flânait joyeusement dans les rues de Shibuya, passant de vitrine en vitrine en compagnie de Célia et Nokoa.
- Oh ! Regardez ! Elle est trop belle cette robe ! s'exclama Nokoa en pointant une vitrine. On peut aller voir !
- Pitié non ! protesta Célia. Si on va dans une boutique de robe, tu vas forcément trouver un prétexte pour m'en faire essayer aussi !
Gaby écouta ses deux meilleures amies se chamailler au sujet des vêtements en jetant un regard à l'adolescent aux cheveux roses derrière elle, qui dégustait un paquet de bonbons en suivant distraitement les jeunes filles.
- Sanzu ! Aide-moi !
Célia courut se cacher derrière lui, alors qu'il sursauta, surpris d'être soudainement interpellé et prit en partie dans cette dispute.
- Qu'est-ce que tu veux, toi encore ? J'suis pas un bouclier, moi, bougonna-t-il.
Il s'écarta d'un pas, ne dissimulant plus la jeune fille cachée derrière lui. Nokoa se précipita vers elle, lui attrapant le bras, elle la tira sans ménagement vers l'entrée de la boutique, sous les rires de la rousse.
- Mais je veux pas ! se lamenta Célia. Gabyyyyyy !
Cependant, cette dernière ne se soucia pas des plaintes de son amie, interpellée par son téléphone. Elle décrocha rapidement, sans prendre la peine de savoir qui l'appelait.
- Allo ?
- Gaby ! On a un problème !
Son interlocuteur continua à parler, d'une voix paniquée et beaucoup trop rapide pour qu'elle ne puisse en comprendre deux mots.
- Kazu ? Attends, calme-toi, je comprends rien !
- Des mecs de Yokohama viennent de débarquer partout et...
Elle ne l'écouta pas plus, son regard fut attiré par des hommes en uniformes rouge, qui les encerclèrent rapidement.
Elle fronça les sourcils, tandis que Célia et Nokoa cessèrent immédiatement de se chamailler, et que Sanzu abandonna son paquet de bonbons.
- Kazu, je te rappelle.
- Attends !
Sans écouter sa réponse, elle raccrocha. Son regard jade observa les hommes entour d'elle attentivement. Elle ne les connaissait pas. Kazutora lui avait dit qu'ils venaient de Yokohama... Que foutaient-ils ici ? Et surtout, que leur voulaient-ils ?
- Alors, c'est toi la petite princesse qui intéresse tant notre boss ?
Elle fronça les sourcils. Mais avant qu'elle n'ait pu plus réfléchir, un poing se rapprocha dangereusement de son visage. Elle ne bougea pas, alors que Sanzu para le coup porté à sa capitaine sans aucune difficulté.
- Si tu veux la toucher, il faudra déjà me passer sur le corps, connard, siffla-t-il entre ses dents.
- Dégage ! s'écria à autre homme en tentant de frapper Sanzu.
Cette fois, ce fut Célia qui para le coup. Elle fit une clé de bras à l'assaillant de son vice-capitaine. Une fois l'homme immobilisé, elle sauta et lui assena un énorme coup de pied dans la mâchoire. Sonné, il tomba à terre.
Alors qu'un homme tenta de frapper Célia, Nokoa apparut derrière lui. Elle le mit à terre en frappant ses genoux, et Sanzu le finit avec un coup-de-poing en plein visage.
Gaby sourit en observant leurs adversaires. Une vingtaine d'hommes, tout au plus. Elle soupira, même pas de quoi s'amuser correctement.
La cinquième brigade n'avait pas une réputation de très bons combattants, voilà sans doute pourquoi ils s'étaient permis de s'en prendre à eux aussi peu nombreux. Il était vrai que seul, ses membres n'arrivaient pas au niveau des meilleurs combattants du Toman, mais leur force ne se trouvait pas là. Ensemble, il devenait quasiment impossible de réussir à toucher à des membres de cette brigade. Ils étaient peu nombreux, mais ainsi, Gaby avait créé la brigade la plus soudée, fusionnelle et complémentaire du Toman. Ils n'avaient pas besoin de communiquer verbalement pour se comprendre, et chaque membre possédait une confiance aveugle dans les autres.
Ainsi, en seulement quelques minutes, les quatre membres de la cinquième brigade, se retrouvèrent les seuls encore debout.
Souriant narquoisement, Gaby marcha sur la main d'un de leurs attaquants.
- C'est tout ? Vous faites pitié... À quatre contre vous tous... donc trois filles... Vous allez dire quoi à votre chef ?
Elle se pencha jusqu'à frôler son oreille.
- En tout cas, il y a une chose que tu peux lui affirmer. Jamais je ne trahirai le To...
- Gaby !
Elle n'eut pas le temps de réagir qu'elle ressentit une immense douleur dans la mâchoire. Ne s'étant pas préparée à encaisser, elle fut projetée plusieurs mètres en arrière, et tomba au pied de Célia. Cette dernière s'empressa de s'agenouiller devant elle et de vérifier que tout allait bien.
- Pousse-toi, Célia.
- Mais...
- Pousse-toi !
Après un soupir, la jeune fille obéit, sachant parfaitement que la colère de sa capitaine n'était pas dirigée vers elle, mais qu'elle finirait par l'être si elle n'écoutait pas ses ordres.
Quand elle s'écarta, Gaby pu enfin voir le visage de son attaquant. Elle le reconnut immédiatement et serra la mâchoire. Elle se releva, ignorant la douleur et sa tête, qui lui tournait légèrement. Elle avait déjà vu bien pire.
- Hanma.
Si lui était là, Kisaki ne devait pas se trouver loin. Elle comprenait enfin pourquoi ils avaient disparu des radars et qu'aucun membre de sa brigade, ou de la sixième brigade, n'avait trouver d'information sur eux depuis la bataille avec le Valhalla. Ils avaient quitté Tokyo.
Elle grimaça, elle aurait dû être plus méfiante. Il se trouvait évident que si leur but était de détruire le Toman, ils n'allaient pas abandonner si facilement. Mais comment aurait-elle pu se douter qu'ils s'allieraient avec un gang d'une autre ville et viendraient jusqu'ici ?
Elle s'en voulait. Comment n'avait-elle pas vu venir un coup pareil ? Elle n'aurait jamais dû baisser sa garde... Elle aurait dû être plus vigilante et étendre son réseau d'information ! Surtout que Yokohama n'était pas loin de Tokyo ! Les deux villes se touchaient ! Si elle avait cherché un peu... au lieu de se reposer sur ses acquis et de se laisser distraire...
D'un regard à ses amis, elle comprit qu'ils se trouvaient aussi étonnés qu'elle.
Soudain, un rire derrière elle lui glaça le sang.
- Alors, étoile du Toman, surprise de nous revoir ? J'espère que je ne t'ai pas trop manqué.
Elle se retourna, fixant Kisaki d'un regard glacial.
- J'aurais préféré ne jamais revoir ta tête de fouine. Il faut croire qu'on a pas toujours ce qu'on veut.
Il s'avança vers elle, mais Sanzu le bloqua. Kisaki l'observa moqueusement, un sourire provoquant aux lèvres.
- Le bon toutou rose ne m'attaque pas ? T'attends l'ordre de ta maîtresse... Qu'il est bien dress...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le toutou rose lui écrasa son poing dans la figure.
- Me cherche pas, pauvre merde. Je ne pense pas que Gaby m'en voudrait si je te refaisais le portrait.
- Bien au contraire, appuya la jeune fille d'un sourire.
Alors que Sanzu allait lui porter un autre coup, il fut arrêté par Hanma, qui lui saisit le bras.
- Calme-toi, le chien enragé. On est pas là pour ça.
- Tu te dégonfles, Hanma ? provoqua Sanzu.
- J'ai très envie de te péter les dents, mais ça attendra.
Se remettant de son coup, Kisaki contourna Hanma et Sanzu, et s'arrêta devant Gaby. Derrière elle, Célia et Nokoa se préparaient à riposter si nécessaire, mais tant qu'elles n'avaient pas reçu d'ordre de leur capitaine, elles ne bougeraient pas.
- Qu'est-ce que tu veux ? questionna sèchement Gaby, en croisant ses bras sur sa poitrine.
- Te transmettre des messages de la part de mon boss, à ton chef, et à toi.
Gaby fronça les sourcils, et d'un signe du menton, lui indiqua de continuer.
- Préviens Mikey, la fin du Toman approche. Et...
Il se pencha à son oreille. Célia et Nokoa se tendirent immédiatement, mais Gaby leur fit comprendre de ne pas bouger en levant la main.
- ... ta place est parmi les gagnants, princesse. Rejoins-nous, avant qu'il soit trop tard.
Il se recula, lui offrant un sourire moqueur.
- Bien sûr, ce ne sont que les mots de mon boss. Je ne suis pas d'accord avec lui, mais que veux-tu...
Il tourna les talons, et fit signe à Hanma de le suivre. Un instant plus tard, les deux disparurent à l'angle de la rue.
Gaby resta les bras ballants, perdu dans ses pensées. Alors... C'était ce gang qu'avaient rejoint les frères Haitani ?
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