Quelque chose caressa délicatement ses cheveux roux. Gaby fronça les sourcils, avant d'ouvrir soudainement les paupières et de se redresser. Éblouie par la lumière blanche, elle grimaça. Quand sa vision s'éclaircit, son regard se posa sur Baji, qui la fixait en souriant légèrement, allongé dans son lit d'hôpital. La main qui caressa ses cheveux retomba sur les draps blancs.

- Keisuke ! T'es réveillé !

- Tu crois ? J'avais encore l'impression de dormir, pourtant...

Elle leva les yeux à sa remarque, et sourit, amusée. Il arrivait à la faire sourire dans n'importe quelle situation. Même quand son cœur se serrait d'angoisse et explosait d'envie meurtrière quelques heures auparavant, il lui suffisait de quelques mots pour lui redonner le sourire et lui faire tout oublier. Même ses idées les plus sombres.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna-t-il.

- Hanma t'a poignardé... Je... J'avais envie de le tuer... avoua-t-elle à mi-voix. Mikey aussi...

Elle baissa la tête, retenant les larmes qui lui brûlaient encore les yeux, et serra les poings sur ses cuisses.

- Puis les flics sont arrivés, avec une ambulance, je suppose. Je voulais rester avec toi, mais Ran m'a obligé à le suivre.

Baji fronça les sourcils.

- Ran Haitani ?

Se rendant compte de ses mots, Gaby écarquilla les yeux et se mordit la joue. Les membres du Toman ignoraient qu'elle connaissait autant de caillerais. Évidemment, c'était son rôle au sein du gang, mais pour les mêmes raisons, elle n'en parlait à personne, à part sa brigade. Elle connaissant beaucoup de délinquants, mais la plupart seulement de nom ou de vu. En dehors des membres du Toman, il n'y avait que les frères Haitani qu'elle considéraient vraiment comme ses amis.

Même si Sanzu avait plus de mal à supporter les deux frères, il leur accordait toutefois une assez grande confiance pour leur confier la surveillance de Gaby lors de cette bataille, où il ne pouvait pas être présent.

- Ouais... Je t'expliquerais...

Baji hocha la tête, peu préoccupé par cette information.

- Ça fait combien de temps que je suis là ?

Elle jeta un rapide regard à l'horloge.

- Quelques heures...

- Assez pour que tu t'endormes, se moqua-t-il.

Gaby grimaça. Elle n'avait pas besoin qu'il le lui rappelle. Elle n'avait pas vraiment dormi dernièrement, en plus, toutes les émotions de la journée et ses larmes n'avait fait qu'accentuer cette fatigue. Elle se souvenait à peine être arrivé sur cette chaise. Sanzu l'avait accompagné à l'hôpital. Elle avait croisé Mikey en entrant. Mais malgré l'inquiétude qui lui broyait l'estomac, et les préoccupations qui tournait dans son esprit, elle s'était endormie au chevet de Baji quasiment immédiatement.

Savoir qu'il était là, que sa vie n'était plus en danger, sa simple présence l'avait suffisamment apaisé pour lui permettre de trouver les bras de Morphée.

Et maintenant que la bataille avec le Valhalla se trouvait terminée, ils allaient devoir faire face à la colère de Mikey, et tout lui expliquer... Cette idée l'épuisait encore plus.

Elle sentit une agréable chaleur englober sa main. Elle sourit doucement en voyant les doigts de Baji presser délicatement les siens. Il se redressa en grimaçant légèrement, et effleura sa joue de son autre main, provoquant un doux frisson à la jeune fille.

- Réfléchie pas trop, Gaby. Pour le moment, tout va bien. Profite s'en et repose-toi.

Elle sourit légèrement, une fois encore, il avait suivi ses pensées à travers ses yeux, et hocha la tête.

- T'as eu peur ?

Surprise, elle leva le regard et se noya dans ses iris bruns.

- Oui...

Elle hésita un instant avant de continuer :

- T'es trop important pour moi, Keisuke. Je sais pas ce que je ferais s'il t'arrivait quelque chose.

Il sourit doucement et l'attira sur le lit à ses côtés.

- T'es importante pour moi aussi, Gaby. Sans toi, je crois bien que mon cœur ne pourrait plus battre.

Elle écarquilla les yeux, mais avant qu'elle n'ait pu comprendre le sens de sa phrase, il se pencha vers elle. Effaçant le peu de distance qui restait encore entre eux. Il frôla ses lèvres de siennes et ferma les yeux.

- Tu crois que je pourrais t'embrasser ? questionna-t-il dans un murmure.

Laissant une longue seconde de silence s'écouler, elle scruta chaque infime détail de son visage. Elle ne se souvenait pas l'avoir déjà vu d'aussi près, même lors de leur quasi-baiser quelques mois auparavant. Son souffle chaud s'écrasait contre sa peau. Son odeur vanillée enivrait ses narines et envoûtait son esprit. Sa chaleur corporelle l'englobait et la protégeait. Les battements de leurs cœurs résonnaient à l'unisson.

Ne recevant aucune réponse, Baji entrouvrit les paupières, mais il n'eut pas le temps de dire un mot. Gaby prit son visage en coupe entre ses mains, et posa délicatement ses lèvres contre celles du jeune homme.

Elle ferma les yeux, et se laissa entraîner par ses sensations encore inconnues.

Lentement, ses mains glissèrent le long de la mâchoire du jeune homme, sur sa gorge, et se nouèrent finalement dans son cou. Ses longues mèches brunes et soyeuses, caressèrent sa peau. À de nombreuses reprises, Gaby avait imaginé la douceur de ses cheveux, mais jamais elle n'aurait pensé qu'ils puissent être si doux. Leurs contacts provoquèrent un frisson dans son corps, alors que Baji remonta une main sur la nuque de la jeune fille, et l'autre caressa tendrement sa joue.

Une douce chaleur explosa dans le ventre de Gaby, suivit d'une multitude de papillons, qui se rependirent au sein de son corps, envoûtant son esprit et ses sens. Elle ne voulait jamais que cette sensation prenne fin. Elle voulait rester ainsi pour l'éternité. Le monde disparaissait autour d'elle. Il ne subsistait que Baji, et les battements de leurs cœurs.

Le baiser, d'abord doux, s'intensifia petit à petit, tout en restant maladroit, timide. Ni l'un, ni l'autre n'avait d'expérience, pour autant, cela leur semblait naturel, comme si leur corps savait quoi faire, sans qu'ils n'aient à réfléchir.

Alors que la langue de Baji caressa doucement les lèvres de Gaby, qu'elle entrouvrit pour lui en laisser l'accès, il recula légèrement.

L'air entra de nouveau dans les poumons de la jeune fille, et se fut seulement à cet instant qu'elle prit conscience qu'elle avait arrêté de respirer. Les mains du jeune homme restèrent sur sa peau, lui offrant la sensation d'une douce brûlure, étrangement agréable.

Quand elle réouvrit les yeux, après de longues secondes, elle se noya dans le regard brun du jeune homme. Il l'observait en silence, un doux sourire aux lèvres. Il semblait perdu dans ses pensées, perdu dans le regard jade de la jeune fille.

- Ouais... souffla-t-il finalement. Mon cœur ne battrait plus sans toi.

À ses mots, un immense sourire se dessina sur les lèvres de Gaby, alors qu'elle crut que son propre cœur allait exploser dans sa poitrine.

- Le mien aussi, cessera de battre sans toi, Kei'...

Les yeux de l'adolescent se mirent à briller d'une lueur que Gaby n'avait jamais vue, avant qu'il ne dépose un baiser sur ses lèvres. Cette fois, il fut rapide, délicat, mais cela suffit à accélérer le rythme cardiaque de la jeune fille. Un raz-de-marée de papillons explosa dans son ventre.

Maintenant, elle en était certaine, jamais elle ne se lasserait de cette sensation, de ce sentiment qui la rendait si heureuse et lui faisait tout oublier.

- Gaby...

Baji rougit légèrement et baissa les yeux, hésitant un instant, avant de nouveau plonger son regard dans leur iris de la jeune fille.

- .... tu veux bien être ma petite amie ?

Son cœur loupa un battement. Pendant un instant, elle se dit que s'il continuait, il allait la tuer.

Elle piqua un baiser sur le bout de son nez.

- Pourquoi tu poses la question, idiot ?

Il rit et l'attira dans ses bras, la serrant tendrement contre lui.

- Pour être sur...

Elle éclata de rire à son tour et se blottit contre son torse chaud, posant son oreille sur son cœur pour écouter ses battements rapides. Un son si doux à ses oreilles. Un son qui lui confirmait qu'il était bien là, en vie, à ses côtés.

- Alors la réponse est oui.

Ils restèrent ainsi de longues minutes, sans bouger, profitant simplement de la chaleur et du parfum de l'autre qui envoûtaient leurs esprits. Ils oublièrent tout le reste. Seule la désagréable odeur médicale et les pas du personnel dans le couloir leur rappelèrent qu'ils se trouvaient au milieu d'un hôpital.

- Kei'... ? murmura-t-elle en s'éloigna légèrement de ses bras.

- Hum...

- Tu peux me faire une promesse ?

- Ce que tu veux, ma belle.

Elle sourit au surnom et plongea ses iris jade dans celles bruns du jeune homme.

- Tu me promets de toujours être avec moi ?

- Je te le promets, jamais je ne t'abandonnerai.

Il caressa délicatement sa joue, glissa une mèche rousse derrière son oreille, avant de nouveau s'emparer de ses lèvres, scellant sa promesse par ce geste.

***

- Pourquoi t'as fait ça ?

Il la dévisagea, mais elle ne répondit pas, observant le ciel nocturne. Le vent remuait doucement ses mèches rousses, et caressait sa peau, lui provoquant un frisson. Elle sentit le poids de la veste du jeune homme sur ses épaules et sourit doucement.

Quand elle le regarda de nouveau, il remarqua ses iris, habituellement si brillants et plein de vie, assombrit par un voile sombre. Ils semblaient vides de toute émotion, hormis la colère, et une pointe de tristesse qu'il réussit à y discerner. Il fronça les sourcils et caressa sa joue, glissa une mèche rousse derrière son oreille, dans un geste devenu presque vital pour eux deux. Ils en avaient tellement l'habitude, ils en avaient besoin pour respirer et pour que leurs cœurs battent. Ils avaient besoin de ses simples contacts. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Plus que l'air ou l'eau.

- Tu te souviens du jour où tu m'as embrassé pour la première fois ?

Il haussa un sourcil interrogateur, sans comprendre où elle voulait en venir.

- Bien sûr ! Comment je pourrais l'oublier ?

- Tu m'avais fait une promesse...

Il hocha la tête, glissa sa main sur la peau blanche de la nuque de la jeune femme, sans la quitter des yeux.

- Je m'en souviens.

- Il est temps de la respecter.

***

Un son résonna de manière régulière dans la chambre. Il s'arrêta un instant, avant de recommencer. Plus fort et plus vite.

Gaby fronça les sourcils pendant que la brume du sommeil s'estompait lentement. Elle s'était endormie. La tête posée sur l'épaule de Baji, les bras du jeune homme serrait sa taille, l'empêchant de bouger. Mais en avant-elle vraiment envie ?

Alors que les coups sur la porte reprenaient de plus belle, elle ouvrit la bouche, mais avant qu'elle n'ait pu parler, le battent s'ouvrit peu délicatement. Elle eut le temps de discerner les mèches roses de son second, mais il fut brusquement tiré en arrière, et Mikey fit son entrée, tirant Kazutora derrière lui.

L'adolescent brun et blond ne semblait pas vraiment être là de son plein gré, mais il n'avait sans doute aucune envie de contrarier le chef du Toman. Surtout que celui-ci se trouvait déjà bien énervé contre eux.

Sanzu entra derrière eux en soupirant et referma la porte.

- Désolé, hime. J'ai essayé de le convaincre d'attendre que Baji soit sorti de l'hôpital, mais il n'a rien voulu entendre...

Elle secoua la tête, pour signifier que ce n'était pas grave. Sanzu traversa la chambre en ignorant les capitaines et le chef, et s'affala sur le canapé près de la fenêtre, mais personne ne lui porta vraiment d'attention.

Gaby observa Mikey et dégluti en croisant son regard. À cet instant, il n'avait plus rien de l'adolescent abattu qu'elle avait enlacé quelques heures auparavant. Elle faisait face à Mikey l'Intouchable, le chef du Toman, et celui-ci attendait de pieds ferme un explication sur les derniers événements.

Retenant un soupir, elle tourna son regard vers Kazutora, qui l'observait attentivement. Elle se rendit alors compte qu'elle se trouvait toujours dans les bras de Baji, et rougit légèrement.

Soudainement, le capitaine de la sixième brigade se dégagea de la prise de son chef pour se jeter sur le bord du lit, les yeux pétillants.

- Alors enfin ! J'ai bien cru que ça n'arriverait jamais !

Gaby s'empourpra un peu plus et sentit les bras de Baji se resserrer autour de sa taille. Il bougea légèrement et grogna avant d'ouvrir les yeux, dévisageant les trois adolescents qui lui faisaient face.

Surpris, il cligna plusieurs fois des paupières, avant de se rendre compte de la présence de la jeune fille dans ses bras. Il sourit doucement et déposa un baiser sur sa tempe.

- Je crus que j'avais rêvé... murmura-t-il au creux de son oreille.

Elle sourit à son tour, mais avant qu'elle n'ait pu répondre, Mikey se racla la gorge et croisa ses bras sur son torse.

- Je voudrais pas vous interrompre, mais j'attends une explication.

Gaby reporta son attention sur le leader du Toman, en même temps que Kazutora et Baji. Les trois adolescents échangèrent un regard, avant de soupirer simultanément. Visiblement, aucun des deux garçons n'avait envie de prendre la parole et de se confronter directement au chef. C'était pourtant ce qu'il avait fait de par leur acte, mais c'était sans doute plus simple d'agir que de parler...

Elle leva les yeux au ciel. Apparemment, cela allait être à elle de prendre la parole et de donner une explication à Mikey, les deux adolescents baissant la tête comme des gamins de cinq ans prit en faute.

Elle plongea ses iris jade dans celles noirs du blond, et haussant nonchalamment les épaules.

- T'as intégré un connard au gang.

Mikey releva un sourcil et s'assit sur la chaise prés du lit, attendant qu'elle développe.

- Kisaki. Je ne suis pas sûre de ce qu'il veut exactement, mais une chose est sûre, il ne veut pas le bien du Toman. Ni le tien.

- Et pourquoi tu n'es pas venu m'en parler, au lien de me trahir et de foutre la merde dans le gang ?

- Je n'avais pas de preuve. Et je t'ai pas trahi.

Kazutora se redressa.

- Au début, on voulait juste chercher des infos sur le Valhalla. C'est pour ça que j'ai rejoint leur gang, en gagnant leur confiance, on avait plus de chance d'avoir les infos qu'on voulait rapidement.

- Pourquoi pas m'en avoir parlé ?

Gaby haussa les épaules.

- Si t'étais au courant, c'était moins crédible. Puis, c'est mon boulot de chercher des infos et de trouver les traîtres sans demander ton avis avant.

Mikey ne répondit pas, semblant réfléchir, avant de poser son regard perçant sur Baji.

- Et toi ?

Le brun avala difficilement sa salive. Inconsciemment, il resserra sa prise sur sa petite amie, qui posa une main sur le bras serré autour de sa taille.

- Je t'ai entendu discuter avec Kisaki après l'arrestation de Pachin... Je savais qu'il était louche... Et je pensais que Kazu nous avait vraiment trahis, Gaby m'en avait pas parlé.

La jeune fille baissa la tête. Elle savait très bien qu'elle se trouvait responsable de la colère de Baji et de ses actes, elle ne l'avait pas pris en compte dans son plan. Il s'agissait sans doute d'une de ses plus grosses erreurs.

- Je voulais simplement ramener Kazu et démasquer Kisaki. Et l'éliminer par la même occasion.

Mikey le scruta un instant avant de passer ses mains sur son visage en soupirant.

- Donc si je comprends bien, votre but était de protéger le Toman ? En foutant la merde...

Un lourd silence tomba.

- C'est de ma faute... souffla Gaby. J'ai pas tout prit en compte... J'ai laissé trop de paramètres de côté dans mon plan... Mais Kazu et Hanagaki on rattraper le coup.

Mikey écarta soudainement ses mains pour la fixer, étonné.

- Takemichou ?

Elle hocha la tête et posa son regard sur son second. Celui-ci sourit et se leva, en tendant son téléphone en direction du chef du Toman.

- Il nous a apporté la preuve de Kisaki est un enfoiré. C'est lui le responsable du comportement du Moebius avant l'affrontement du trois août, c'est aussi lui qui a dit à Peyan de tuer Draken. Hanma agit sur ses ordres. Et surtout, c'est lui la tête de l'ange.

- Pas exactement, intervint Kazutora.

Tout les regards curieux se posèrent sur lui.

- Comment ça ? questionna Gaby.

- La tête de l'ange, c'est Mikey.

Tous le regardèrent surpris.

- Le Valhalla devait gagner l'affrontement, et absorber le Toman. Mikey devait devenir le chef de ce nouveau gang.

Gaby ne dit rien, plongeant dans ses pensées en essayant de comprendre le but de Kisaki. Mais cela semblait n'avoir aucun sens. Elle avait beau tout retourner dans sa tête, quelque chose lui paraissait étrange. Si Kisaki voulait diriger le Toman, comme elle le pensait à la base, pourquoi mettre Mikey à la tête de son gang ?

À moins qu'il voulait agir dans l'ombre, et se servir de Mikey comme d'une marionnette...

Elle croisa le regard bleuté de Sanzu, et comprit d'un coup d'œil qu'il avait la même pensée qu'elle.

Mikey soupira et s'affala dans sa chaise, laissant sa tête tomber en arrière.

- Je vois... Si c'est ce que tu veux, Gaby, je le virai du Toman.

- C'est ce que je veux.

Il hocha la tête.

- Mais ne faite plus jamais un coup pareil sans m'en parler avant.

- Promit, chef, répondirent-ils d'une même voix, arrachant un sourire au blond.

* ⭐ * 🏍️* ⭐ *

Et voilà le chapitre 27 !

Désolée pour le retard, je suis un peu occupé et j'ai du mal à m'organiser correctement depuis quelques jours... mais j'espère que le contenue de ce chapitre vous feras me faire pardonner 😊

J'aime tout particulièrement m'attarder sur les scènes de première baiser ! J'espère donc que vous avez apprécier la lire tout autant que j'ai apprécié l'écrire !

N'hésitez pas à me donner votre avis !

Voilà, voilà, Bisous 😘