Partie 6
Aiko partit de chez elle, un peu plus tôt que cinq heures du matin. Elle se rendit sur le terrain d'entraînement. Aujourd'hui, elle espérait trouver Kakashi pour lui expliquer sa rencontre de la veille. Elle n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit parce qu'elle avait eu sans cesse les paroles de Naruto en tête. Elle pouvait redevenir une ninja, personne ne la jugerait si elle s'accrochait. Elle n'était pas encore totalement décidée à revenir dans l'ordre shinobi mais cette question la travaillait. Elle restait indécise mais au moins, son point de vue n'était plus aussi catégorique qu'avant. Peut-être qu'elle aussi avait changé de mentalité avec le temps. Elle se demanda si Kakashi viendrait puisqu'hier elle ne s'était pas présentée sur le terrain. Elle n'avait donc aucune idée de s'il venait quand même s'y entraîner. Elle commençait à se préparer pour l'entraînement en activant son sceau et son Byakugan quand elle découvrit Kakashi qui avançait vers elle. Elle récupéra vite fait ses affaires, camoufla toutes traces de son passage et s'envola plus loin dans la forêt qui bordait le terrain, pour qu'il ne sache pas qu'elle s'y était rendue.
Pendant ce temps, Kakashi marchait lentement vers le terrain. Il avait la tête ailleurs et ne sentit aucune présence à quelques mètres de là. Il se demandait si Aiko daignerait venir aujourd'hui. Il s'assit sur un tronc d'arbre abattu et sortit son bouquin préféré: Le paradis du batifolage de Jiraya. Il n'arrivait pas, néanmoins, à lire parce qu'il était préoccupé.
-Si seulement il avait écrit un bouquin pour me sortir de cette impasse, soupira Kakashi. Déjà hier, je me suis déplacé et elle n'est pas venue. Je pensais réellement que sa colère s'estomperait. Je voulais lui faire mes excuses ce matin, mais apparemment je n'en aurai pas l'occasion. J'aurais franchement espéré pouvoir m'entraîner encore avec elle. Ça devenait intéressant. Je ne pensais vraiment pas que ça allait la vexer autant...
Aiko se sentit mal en entendant les réflexions de son rival. Kakashi était donc venu hier matin, alors qu'elle avait décidé de le bouder. Elle n'aurait pas pensé que ça puisse le travailler autant. En fait, malgré son air non-chaland, il souffrait aussi intérieurement de son attitude et savait se remettre en question. Tout ce qui avait pu retenir Aiko de se retrouver face à Kakashi se dissipa d'un coup. Le ninja essaya tant bien que mal de replonger dans sa lecture. Il ne semblait vraiment pas qu'il ait pu percevoir la présence de sa voisine. Elle eut alors un plan qui lui vint en tête. Elle fixa son voisin bien attentivement avec ces Byakugan une dernière fois avant de les désactiver. Elle fit quelques mudras.
-Bulle Spacio-Temporel !, s'écria-t-elle.
Une envolée d'oiseaux passa au dessus de Kakashi ce qui lui fit lever la tête. Il rangea son livre dans une des poches de son pantalon, puis regarda de nouveau en face de lui. Le ninja découvrit avec surprise Aiko qui marchait face à lui. Il s'avança un peu plus. La jeune Hyuga avait un kunai dans sa main gauche. Il en prit un lui aussi, prêt à riposter. Tous deux coururent l'un vers l'autre et les lames des kunai s'entrechoquèrent. Kakashi était perplexe, jamais Aiko n'avait réellement utilisé un kunai en entraînement face à lui. Il se volatilisa pour se retrouver quelques secondes plus tard, sous terre, tirant son adversaire par les chevilles. La jeune femme tomba alors à la renverse mais ne se fit pas prier pour se relever. Le futur Hokage, stupéfait, commença à composer des signes. Malheureusement, il fut vite coupé par son adversaire. « Elle est trop rapide » songea-t-il. Elle venait d'employer le poing souple avec une telle force que Kakashi fut propulsé à un peu moins de dix mètres de l'endroit où il se trouvait initialement. Il ne l'avait même pas vu se déplacer jusqu'à lui. Il se releva rapidement lui aussi, bien décidé à ne pas se laisser battre par la jeune femme. Il fit quelques mudras, sans être interrompu cette fois, puis concentra du chakra dans sa main pour le libérer en lui donnant la forme d'un courant électrique violet. Il fonça droit sur Aiko qui ne bougea pas d'un pouce. Lorsqu'il l'atteignit, le corps de la jeune femme parti dans un écran de fumée.
-Alors c'était un clone ?, demanda Kakashi à voix haute, ne revenant pas de ne pas avoir saisi ça plus tôt.
Sans qu'il n'ait le temps de s'en rendre compte, la véritable Aiko descendait du ciel, en plein sur lui. Quand il releva la tête, il était trop tard pour qu'il l'esquive. Il se retrouva allongé sur le dos tandis que l'Hyuga était assise, triomphante, sur son abdomen, son avant-bras couvert des lames de cristal tranchantes tout près du cou de Kakashi. Elle rompit son sort afin qu'il ne se sente pas oppressé longtemps par la lame de cristal bleue. Le visage de la jeune femme rayonnait de bonheur et de fierté. Son Genjutsu avait marché avec un franc succès. Son rêve venait par conséquent de se réaliser: elle venait de terrasser Kakashi. Il se redressa brutalement, en position assise, ce qui fit qu'Aiko se trouva toujours assise sur lui, mais cette fois, sur ses cuisses. Le visage de la jeune femme n'était qu'à quelques centimètres du sien et il ne put s'empêcher de rougir à cause de la situation. Il était terriblement gêné de la position dans laquelle ils trouvaient tous les deux, mais Aiko ne parut pas s'en soucier le moins du monde.
-Ça va Kakashi ?, demanda-t-elle inquiète de ne pas le voir prononcer un mot.
Ses yeux devinrent encore plus ronds quand il percuta qu'il était réellement le seul à ressentir cette gêne. Aiko se mit à rire à gorge déployée, ce qui fit faire une moue boudeuse à son rival.
-J'ai juste chaud..., lâcha-t-il dans un murmure.
-Pardon, dit-elle en essayant de calmer son rire.
Elle se leva de Kakashi. Il en profita pour frotter son pantalon et se releva d'un bond pour se donner un air plus digne.
-Tu es épatante.
-Pourquoi ça ne sonne pas comme un compliment ?
-Quoi ? Non, non, qu'est-ce que tu vas t'imaginer ! Je suis tout ce qu'il y a de plus sérieux. Je n'avais pas senti ta présence une seule seconde et je n'ai pas vu que j'étais pris dans ton Genjutsu. Tu m'as bluffée.
Elle se pencha en avant comme pour saluer une assemblée qui l'acclamait. Elle riait toujours autant. Aucune réflexion particulière ne se fit dans la tête de Kakashi. Il commençait à s'habituer à cette bonne humeur candide avec le temps.
-Merci beaucoup. J'ai travaillé durant des jours quand tu étais parti en mission et pas pour rien !
-Je vois ça...
-En fait, je suis arrivée ici avant toi. Je n'étais pas sûre que tu viendrais vu qu'hier je ne m'étais pas présentée sur le terrain. Tu sais, je t'en voulais à mort. Mais tu as une sacrée chance !
Kakashi fronça les sourcils. Depuis quand est-ce qu'il avait de la chance ? Une bonne intuition oui, ça s'était plutôt avéré vrai avec le temps. Mais de la chance, il ne fallait pas exagérer. Elle poursuivit pour l'éclairer un peu.
-Hier dans la journée, alors que je souhaitais ne plus jamais te revoir pour avoir été aussi..., elle fit une pause pour réfléchir au mot parfait pour le décrire, insupportable, c'est ça, tu as été insupportable, j'ai croisé deux de tes anciens élèves.
« Naruto et Sakura m'ont sauvé la mise ? », pensa Kakashi avec un mélange d'espoir et d'étonnement.
-Il se trouve que nous nous sommes trouvés dans la même épicerie, au même moment, incroyable, hein ? Bref, ils sont tout à fait charmants. J'ai d'abord cru qu'ils étaient ensemble, mais j'ai cru comprendre que ce n'était pas le cas. Au début, on a bien discuté de tout et de rien, et ils ont dit que tu avais été un très bon sensei.
Le cœur de Kakashi fut sincèrement touché par ce que venait de dire Aiko. Il n'avait pas souvent l'impression d'être tant à la hauteur que ça et savoir que ses élèves l'estimaient, faisait son bonheur.
-J'ai un peu raconté le contexte dans lequel je me trouvais, sans évoquer la conversation que nous avions eu, toi et moi, la veille. Et là, Naruto a commencé à me parler. Ce gamin a un pouvoir de persuasion fantastique ! Il arrive à toucher le cœur si facilement, c'est un vrai don, s'émerveilla-t-elle. Franchement, ce qu'il m'a dit m'a fait réfléchir. Lui et moi, nous avons plus de choses en commun que je ne pouvais le penser. Nous possédons tous les deux un attribut qui nous a été donné par hasard, sans qu'on ne puisse rien y faire, qui est, disons, inhabituel. La force qu'il puise de Kyubi, comme le Shoton, ont été regardés de haut, critiqués, mis en retrait. Même si pendant mes années de service, on ne me faisait pas sentir comme une paria, une lourde charge était sur mes épaules, je ne devais faire aucun faux pas. Et ça, je l'ai su très vite, dès que j'ai reçu les mises en garde de ma mère. Il en était de même pour Naruto. L'écart se creuse entre nous, quand malgré les erreurs commises involontairement, il a avancé alors que j'ai abandonné. Son discours m'a boostée. Lui comme moi, avions et avons toujours la possibilité de faire de cette spécialité une force, et de faire reconnaître la véritable valeur de ces dons aux villageois inquiets de ce qu'ils ne connaissent pas. Je ne sais pas si je suis claire...
-Très claire. Je connais bien Naruto et je sais à quel point ce qu'il a pu te dire, n'est que trop vrai. Il a été montré du doigt depuis son plus jeune âge. Cependant, il n'a jamais baissé les bras. Avec ce que tu viens de me dire, je comprends maintenant mieux la crainte que tu avais. Si on apprenait que tu avais tué tes camarades avec le Shoton, les conséquences auraient pu être désastreuses pour toi. Tu serais devenue aussi une paria, rejetée de tous alors que tout ce dont tu avais besoin, c'était du réconfort après ce que tu venais de vivre. Tu as même finis par avoir peur, toute seule, de ce pouvoir. Je me trompe ?
-C'est tout à fait ça. J'ai eu peur du regard que les villageois allaient me porter. J'ai eu peur qu'ils me bannissent du village ou qu'ils me tuent parce que j'étais différente. Et comme tu l'as justement dis, j'ai eu peur, moi-même, de cette différence que j'ai fini par rejeter. Et tu sais quoi, les paroles de Naruto m'ont profondément fait réfléchir, tout le reste de la journée. Je n'ai pas été tout à fait honnête avec toi Kakashi... J'ai dit que je trouvais ma vie parfaite telle qu'elle est maintenant. Tu sais, dit-elle plus sur un ton mélancolique que sérieux, j'ai toujours eu pour rêve de devenir une grande kunoichi pour faire honneur à ma mère et rendre fier mon père. J'ai toujours rêvé de t'affronter et de te prouver ma valeur. J'ai gardé ses rêves, ancrés au plus profond de moi, pendant des années en niant leur existence. Et aujourd'hui, je me rends bien compte qu'ils sont toujours là malgré la lutte acharnée que j'ai pu mener contre eux. Au fond de moi, je le sais bien, je veux être une ninja, j'ai la volonté de protéger Konoha et de servir le village en donnant ma vie même, s'il le faut.
Kakashi était très attentif. Ils avançaient petit à petit. Peut-être même que lorsqu'il serait promu officiellement Hokage, elle referait partie des ninja du village. Cette idée le réjouit intérieurement.
-Je n'ai jamais cessé d'avoir cette ambition. Je veux donc m'excuser de m'être autant emportée contre toi, c'était des paroles irraisonnées.
-Tu n'as pas à t'excuser. C'est de ma faute, je n'aurais pas dû essayer de précipiter les choses en te mettant plus de pression. Je suis sincèrement désolé, déclara le ninja solennellement.
Ils se firent le signe de la paix comme lors des combats à l'Académie. Tous deux se lancèrent un sourire franc.
-Mais ne te réjouis pas trop vite... Je n'ai pas encore pris la décision de revenir dans l'ordre shinobi. Désormais je l'envisage... mais rien n'est sûr.
-Il y a du progrès, je m'en contenterais pour le moment.
-J'ai du temps pour choisir de redevenir une ninja, n'est-ce pas ?
Il se contenta d'opiner du chef. Le sourire d'Aiko s'élargit un peu plus. Elle s'étira avant de bailler un coup.
-Bon, sinon, comment le prends-tu de t'être fait battre par moi ?, se moqua-t-elle.
-Plutôt bien, railla-t-il.
Elle lui envoya un léger coup de poing dans l'épaule. Il ne sentit absolument rien, du moins, il n'eut aucune douleur à ce contact peu habituel de la gent féminine.
-Ça te dirait de venir manger à la maison ? Comme ça, je me ferai pardonner de t'avoir écrasé lors de notre entraînement.
-Tu n'y vas pas un peu fort ?, dit-il avec un léger rire.
-Depuis quand tu sais rire ?, s'exclama-t-elle choquée.
-Depuis que tu veux bien envisager l'éventualité où tu redeviendrais peut-être une kunoichi de talent.
-Alors c'est oui ou c'est non pour le repas ?, demanda l'Hyuga sans prêter gare à ce que Kakashi venait de dire.
-C'est d'accord, surtout si c'est pour te faire pardonner de ne pas m'avoir écouté juste avant.
-Attends, t'as dis quoi ? Je me suis arrêtée à « c'est d'accord ».
-Pourquoi personne ne m'écoute ?, dit-il l'air abattu en abaissant ses épaules et laissant balloter ses bras.
Elle commença à se mettre en marche, sans prendre le temps d'attendre son rival. Elle n'avait qu'une chose en tête: elle venait de battre Kakashi Hatake, et c'était sans doute un des plus beaux jours de sa vie. Ils rentrèrent tous les deux dans leurs appartements respectifs. Ils se mirent d'accord pour se dire qu'il valait mieux qu'ils prennent une douche après avoir transpirés durant leur affrontement du jour. Quand Kakashi aurait finit de se préparer, il n'aurait qu'à toquer chez elle, et Aiko irait lui ouvrir.
La jeune femme commença à préparer le repas. Elle prépara quelques onigiris, les boules de riz triangulaires, qu'elles fourra aux légumes. Ensuite, vint le tour des tempura. Elle se demanda si les beignets de crevettes plairaient à son invité. Avant de les faire frire complètement, elle s'activa pour prendre une douche, se rendant compte qu'elle avait trop tardé dans la cuisine. Kakashi toqua à sa porte au moment où elle termina sa douche. Elle se pressa de s'envelopper dans une serviette, qu'elle noua à sa poitrine et partit ouvrir à son rival.
-Je suis désolée de t'avoir fait attendre. Rentre, l'invita-t-elle.
Il retira ses chaussures comme à l'accoutumée. Aiko retourna vers la cuisine et commença à faire frire les tempura. Kakashi avait les yeux écarquillés. Il se pinça discrètement le bras. Non, il ne rêvait pas: Aiko était bien vêtue uniquement d'une serviette. Du sang commença à couler de son nez, mais il l'essuya rapidement, il ne fallait surtout pas qu'elle se rende compte qu'il était subjugué par la légèreté de sa tenue. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. Il avança un peu plus dans l'appartement. Le salon et la cuisine étaient séparés par un petit comptoir. Il s'y accouda. Il regarda attentivement le dos de la jeune femme, mais baissa instinctivement les yeux... « Reprends toi Kakashi » se réprimanda-t-il.
-Oh ! Il n'y a rien de mal à ça !, faisait la voix de Jiraya dans sa tête, vas-y, regarde cette belle femme, à ta place je ne me priverais pas une seule seconde. Elle n'a pas les yeux dans le dos...
Il chassa la voix de l'Ermite d'un mouvement de bras. Il plaqua ses mains sur ses joues: elles étaient brûlantes. Elle se retourna face à lui.
-Tu te sens bien ?
-Oui... oui... pourquoi ?
-Tu n'as pas dit un mot depuis que tu es entré, fit-elle remarquer en fronçant les sourcils.
« Ne regarde pas sa poitrine, ne regarde pas sa poitrine » pensa Kakashi pour se contenir, « regarde-la bien dans les yeux ». Il devenait de plus en plus mal à l'aise. Et encore une fois, il semblait être le seul à le ressentir. Malgré lui, il détaillait le corps d'Aiko: elle avait de jolies formes. Il n'y avait jamais vraiment prêté attention jusque-là.
-Oh !, finit-t-elle par lâcher visiblement confuse et gênée à son tour, j'avais oublié que j'étais en serviette ! J'étais tellement concentrée sur le fait que je devais cuisiner..., tenta-t-elle de se justifier. Je vais me changer, je reviens. Tu peux surveiller les tempura s'il te plaît ?
Il hocha simplement la tête. Elle allait enfin mettre fin à son calvaire. Aiko avait aussi l'air gêné, c'était un sentiment qu'il n'avait jamais décelé chez elle. En tout cas, elle semblait l'être beaucoup moins que lui. Elle partit dans sa chambre, en fermant soigneusement la porte.
-Essaie de ne pas y penser, se chuchota-t-il à lui-même.
C'était plus facile à dire qu'à faire. Elle l'avait vraiment accueilli en serviette. Elle était juste en serviette, c'est-à-dire qu'il n'y avait rien en dessous. Il eut un air béat et du sang recommença à couler de son nez. Il secoua de nouveau la tête comme pour reprendre ses esprits. Il reprit son sérieux à la seconde où elle rentra dans la pièce. Il se tenait désormais debout, face aux tempura.
-Alors comment sont les tempura ?, demanda-t-elle en séchant ses cheveux avec une serviette.
-Ils sont prêts, dit-il en montrant du doigt les beignets posés dans une assiette.
Les joues de Kakashi étaient toujours roses mais il se sentait mieux. Aiko pris les tempura et les onigiris. Elle déposa tout ça à table et ils s'y installèrent ensemble.
-Itadakimasu !
Ils commencèrent à déjeuner sans parler. Aiko était préoccupée et Kakashi le lisait dans ses yeux. Quant à lui, il chassait tant bien que mal l'image de sa voisine en serviette de douche.
-Tu crois que je serais une bonne ninja ?, dit soudain Aiko soucieuse.
-Pourquoi tu ne le serais pas ?
-Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de combat réel. Je ne connais pas les nouvelles lois en vigueur, les alliances, les stratégies... Tout ce que doit connaître un Jonin. Et puis, est-ce que je serais de nouveau une Jonin ?
-Ça s'apprend. Et puis, tu m'as démontré à plusieurs reprises que tu étais douée. Tu ne devrais pas t'en faire autant.
-J'ai envie de redevenir une ninja... Mais... il y a peut-être trop d'obstacles..., déclara-t-elle hésitante.
-Tu te mets toute seule des obstacles. Si tu reviens dans les rangs, le Hokage tiendra compte de tes années sabbatiques. Tu as le temps d'y réfléchir sérieusement, non ?
-J'aimerai en avoir le cœur net. Je ne sais pas quoi en penser.
Il ne l'avait jamais vue aussi sérieuse. Elle était d'habitude si énergique et si joyeuse, même peut-être trop. En réalité, elle essayait de cacher son côté sérieux et peu sûr d'elle.
-Je crois que j'ai la solution...
-La solution ?, dit Kakashi en avalant un morceau de riz.
-Je connais la seule personne qui sera capable de m'éclairer.
-Qui ça ?, demanda Kakashi piqué dans sa curiosité.
-Tooru Hyuga... soit mon père. Il me dira quoi faire. Il a toujours été de bon conseil avec moi. Et puis, c'est mon père, il me connaît mieux que quiconque, lâcha-t-elle avec un grand sourire.
Kakashi hocha la tête en signe d'approbation. Ils finirent de déjeuner et après avoir tout débarrassé et tout nettoyé, ils quittèrent tous deux l'appartement en même temps.
***
La porte d'entrée coulissante venait de s'ouvrir quand Tooru entendit une voix familière dans l'entrée, déclarer:
-Papa, c'est moi !
Aiko retira ses chaussures et courut jusqu'au salon. Tooru se releva du fauteuil sur lequel il était avachi. Il serra fermement sa fille contre lui, ce qui fit rire la jeune femme.
-Papa ! Tu me serres trop fort !, dit-elle en riant.
-Ça fait tellement longtemps que tu n'es pas passée me voir !, s'écria-t-il comme pour justifier son étreinte.
Ils se relâchèrent alors. Aiko partit dans la cuisine, qu'elle connaissait pas coeur, et prépara de quoi faire du thé. Une fois la boisson prête, elle tendit une tasse fumante à son père et posa la sienne sur la petite table à manger.
-Je suis désolée de n'être pas venue plus tôt, s'excusa-t-elle. J'ai été très prise depuis mon déménagement. Je n'ai pas eu une seconde à moi.
-Tu devrais te ménager un peu. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit.
-Ne t'inquiète pas papa, je vais très bien. Je suis juste très occupée, mais ce n'est pas plus mal. Au moins, je ne m'ennuie pas. Je suis venue pour te parler de quelque chose...
-Ça a l'air sérieux.
Elle but une gorgée de son thé avant de commencer à expliquer les événements précédents à son père. Elle essaya d'être la plus claire possible et son père l'écouta avec grande attention.
-Voilà, et tu vois, j'aimerais avoir ton avis: penses-tu que je puisse redevenir une ninja ?
-J'ai attendu ça depuis le jour où tu as renoncé à ton statut de ninja, dit-il en se tenant face aux cadres de photos qu'il possédait. Comme tu le sais, ta mère avait eu de grandes ambitions quand elle était enfant. Ce n'était pas mon cas. J'ai toujours rêvé d'avoir une famille et de rester dans un poste simple de ninja de moyenne classe. Ta mère avait placé beaucoup d'espoirs en toi et... Tu ne l'as pas déçue, tu as été extraordinaire. Chaque fois que je rencontrais ton professeur à l'Académie, il ne cessait de te complimenter. Même après, quand tu es devenue genin, ton sensei m'avait confié qu'il te prédestinait à un grand avenir en tant que shinobi. J'étais très fier. Et pour ma part, j'ai compris rapidement qu'être une ninja... C'était ta voie. Je ne dis pas ça parce que tu es ma fille, mais tu es objectivement hautement qualifiée. On ne perd jamais vraiment son esprit de ninja, sa volonté du feu... Bien sûr, même après que tu aies abandonné ton poste, j'ai continué d'être fier de toi. Mais j'étais convaincu que ta place n'était pas là. Tu es faite pour avoir une grande carrière de kunoichi, ton sensei ne s'était pas trompé. Si tu reprenais ton statut de shinobi, tu ferais de moi un père comblé, qui a réussi à respecter tant la volonté de ta mère, qu'à te pousser à être pleinement épanouie.
Aiko avait les larmes aux yeux. Il avait utilisé les mots justes: elle n'avait jamais été aussi épanouie que lorsqu'elle était une kunoichi.
-Mais... même si j'ai tué mes camarades et mon sensei ? Est-ce que je le mérite ?
-Je ne crois pas que tes camarades, ni même qu'Arekusandoru-sensei, auraient voulu que tu abandonnes.
Elle repensa à ses coéquipiers. Ils étaient déterminés à servir Konoha et à donner leur vie pour la survie du village. Jamais ils n'auraient laissé tomber leur rêve de shinobi. Kakashi non plus, n'avait pas abandonné. Ni même Naruto.
-Non, ils auraient voulu que je m'accroche. Et c'est bien ce que je compte faire. Je vais rattraper le retard que j'ai accumulé toutes ses années. C'est décidé je vais redevenir une ninja, déclara-t-elle déterminée en essuyant ses larmes.
-Je suis si fier de toi, murmura Tooru à l'oreille de sa fille, tout en la reprenant dans ses bras.
***
Allongé sur son lit double, Kakashi se tournait continuellement sous sa couverture, à la recherche du sommeil. Les images de ce midi lui revenaient sans cesse en tête. Aiko était à quelques centimètres de lui, uniquement vêtue d'une serviette de douche qui laissait transparaître son corps bien proportionnel. Elle n'avait que cette serviette, un coup de vent et tout aurait été dévoilé... Quel embarras ! Il ne fallait surtout pas qu'il en fasse une obsession. Plus facile à dire qu'à faire pour le ninja qui n'avait jamais vu une femme aussi dévêtue, d'aussi près. Il était à la limite d'être traumatisé. Comment pouvait-il se débarrasser de toutes ces pensées qui s'immisçaient dans sa tête ? Ce n'était quand même pas grand chose. Il essaya de se convaincre de ceci, sans succès. En ne se mentant pas à lui-même, il se rendait bien compte qu'elle lui avait tapé dans l'œil. Pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontrée, le futur Hokage l'avait trouvée belle, attirante, séduisante.
-Aiko, qu'est-ce que tu m'as fait ?, murmura-t-il désespéré.
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