Partie 10
C'est après une nuit de sommeil agité qu'Aiko prit la décision de se rendre à la bibliothèque. Elle rentra dans le bâtiment et se dirigea vers des étagères remplies de livres en tout genre. Certains attirèrent son attention et elle se plaça dans un coin bien à l'écart. « Quelle cruche je fais ! » pensait-elle. Elle trimballait des livres sur les relations humaines avec les autres, notamment sur un sujet en particulier: la jalousie et la possessivité.
-Je me suis abaissée à un tel niveau..., murmura-elle totalement effondrée de voir à quel point elle se trouvait nulle.
Après avoir lu quasiment l'ensemble des ouvrages, sans être convaincue de leur renseignement, elle quitta la bibliothèque. Elle déambulait dans les rues de Konoha totalement désemparée.
-Aiko !, cria une voix pour attirer son attention.
Elle releva la tête pour découvrir qui l'appelait. Elle vit Sakura accompagnée d'une jeune femme qu'elle ne distingua pas bien au premier abord. C'était sans compter ses yeux blancs. Elle se rapprocha et reconnu l'héritière du clan: Hinata Hyuga. Tout en s'avançant vers elle, un éclair la frappa subitement. Sakura serait sûrement utile pour lui expliquer à quoi est liée cette jalousie et cette possessivité qu'elle a ressenti hier soir envers Kakashi. Il fallait qu'elle lui demande habilement parce que la ninja médecin était plus intelligente qu'elle en avait l'air, et elle serait capable de desceller quelque chose de louche. Sakura la serra contre elle tandis qu'Hinata, toujours aussi timide, se contenta de se pencher pour la saluer. Aiko fit de même.
-Tu es l'héritière du clan ?, demanda Aiko pour s'assurer qu'elle ne s'était pas trompée.
Ce clan restait malgré tout un mystère pour elle. La jeune femme n'avait jamais eu trop de rapport avec celui-ci. Elle n'avait vu ses grands-parents paternel qu'une ou deux fois tout au plus et devait être aller dans le domaine du clan le même nombre de fois. Elle avait grandit, certes pas très loin du domaine, mais son père et sa mère n'y étaient pas vraiment les bienvenus.
-Oui..., se contenta de dire Hinata visiblement gênée. Tu fais partie du clan n'est-ce pas ?
-Seulement à moitié. Mon père est un Hyuga et je possède les Byakugan.
Ses yeux changèrent de couleur et des veines sortirent. Hinata était quelque peu impressionnée, elle n'avait jamais vu une chose pareil, Sakura aussi, il faut dire. Elle fit repasser ses yeux dans leur couleur originelle.
-En réalité, poursuit Aiko, je t'ai déjà rencontré dans le domaine du clan.
-Moi aussi, je t'avais déjà vu, répondit Hinata.
C'était à l'époque où Aiko venait de réussir son examen Chunin. Son père l'avait emmenée dans le domaine pour qu'elle passe voir sa famille et ainsi leur montrer qu'elle avait réussi son examen. En rentrant dans la grande bâtisse, elle était tombée sur la petite Hinata. La jeune fille était tout juste à l'Académie et s'entraînait déjà durement. Aiko avait eu de la peine en la voyant. Elle avait l'air épuisée et elle comprit pourquoi sa mère et son père avaient tenu à vivre à l'écart de ce clan trop exigeant.
Les trois jeunes femmes continuèrent à marcher et se posèrent sur un banc près de l'Académie. Aiko était distraite, elle avait la tête ailleurs.
-Je n'y arriverai jamais !, s'exclama Hinata découragée.
-Hein, quoi ?, demanda Aiko qui venait de réaliser que les deux autres parlaient entre elles.
Hinata et Sakura eurent un regard complice. L'héritière du clan semblait pourtant particulièrement mal à l'aise.
-Je peux lui dire ?, demanda la médecin à Hinata. C'est une personne de confiance.
-Oui vas-y...
-Je t'explique, Hinata à la même âge que moi. Nous nous sommes connues à l'Académie et par la même occasion, nous en avons rencontré beaucoup d'autres: Shikamaru, Choji, Ino, Kiba, Shino, Sasuke..., elle prit un temps de pause, et Naruto. Depuis le moment où Hinata a rencontré Naruto, elle est tombée amoureuse de lui.
« Jack pot ! » pensa Aiko plus qu'heureuse. Hinata pourrait l'éclairer aussi puisqu'elle était amoureuse d'un garçon et que peut-être elle saurait lui expliquer ce qu'on ressent quand on aime quelqu'un.
-Le problème d'Hinata, c'est qu'elle est trop timide. Naruto et elle ont déjà discuté plusieurs fois, sont partis en mission ensemble mais Hinata perd ses moyens en face de lui. Maintenant ça va légèrement mieux mais avant il ne semblait même pas la voir. Pire, il disait qu'il était amoureux de moi. Mais je ne crois pas que ce soit toujours d'actualité, précisa Sakura.
-Je manque d'assurance, affirma tristement Hinata.
-C'est exactement pour ça que je suis là !, s'écria Sakura en passant son bras sur les épaules d'Hinata. Et Aiko aussi peut nous aider !, ajouta la jeune femme aux cheveux roses avec un air malicieux.
-Comment ça ?
-Attendez les filles ! Je veux bien vous aider mais je suis nulle en relation humaine !
« Étape 1: Faire en sorte qu'Hinata et Sakura m'expliquent leur sentiment », pensa Aiko.
Des lointains souvenirs de ses coéquipiers lui revinrent en tête. Elle revoyait les regards de deux jeunes garçons et de son sensei, le jour où elle avait été affiliée à une équipe. Un sourire nostalgique se dessina sur le visage d'Aiko pendant quelques secondes.
-Mais..., reprit Aiko, je suis tout à fait d'accord pour t'aider Hinata ! Le problème c'est qu'il va falloir m'expliquer comment vous comptez faire en sorte que je t'aide.
-Eh bien..., commença Sakura, tu as eu la chance de partir en mission avec cet idiot. Apparemment vous vous appréciez bien, non ?
-Oui, j'ai vraiment apprécié notre mission commune. En plus, on sera amené à coopérer encore ensemble à l'avenir.
-Mais c'est parfait !, dit la médecin en se levant du banc pour faire face à ses interlocutrices.
-En attendant, Hinata, tu dois m'expliquer exactement ce que tu ressens envers Naruto, déclara Aiko en se tournant complètement face à elle.
-Je l'ai rencontré plusieurs fois avant même de rentrer à l'Académie, dit Hinata rougissante. Il m'a sauvée la mise un nombre incalculable de fois. Il ne m'a jamais vu comme un poids, comme une incapable, il avait foi en moi et je partageais ce sentiment. Il était rejeté pour des raisons qui m'étaient inconnues mais je ne pouvais m'empêcher de l'admirer et de presque l'envier. Il vivait tout seul, se démenait chaque jour pour survivre et se faire respecter, montrer sa valeur. Il avait un rêve qu'il voulait absolument réaliser. Son courage m'a profondément touchée, comme sa détermination. Il était tout ce que je voulais être. Il était fort, tellement fort, je voulais lui ressembler sur ce point. Il m'a fait changée. Depuis l'examen Chunin, j'ai encore progressé grâce à lui. Mais surtout, je ressentais le besoin d'être à ses côtés. Le besoin de toujours être à ses côtés, c'était ce qui m'importait le plus à l'époque et c'est encore le cas aujourd'hui.
-Je crois comprendre...
-Je pense que c'est pour toutes ses raisons que je l'aime mais ce qui me permet d'en être sûre c'est vraiment cette envie de ne jamais être séparé de lui, quoi qu'il arrive.
-C'est exactement ça, renchérit Sakura pensive.
-Écoute Hinata... je ferai de mon mieux pour essayer d'ouvrir subtilement les yeux à Naruto. Je ne te promets rien, mais je vais tenter le coup.
« Merci d'ouvrir les miens» ajouta-t-elle intérieurement à l'encontre d'Hinata. Aiko se leva du banc à son tour, salua les deux jeunes femmes. Pour en avoir totalement le cœur net, elle se dirigea chez la personne qui lui permettrait vraiment de trancher si Kakashi n'était qu'un simple ami et rival, ou plus...
***
Elle se déchaussa en signalant sa présence à son père. Ce dernier était debout, une tasse de thé à la main.
-Je suis si heureux que tu sois venu me rendre visite !
Il serra sa fille contre lui comme son habitude. Un peu de thé finit sur le dos de la jeune femme mais elle ne fit aucune remarque à ce sujet. La jeune femme se détacha de l'étreinte de son père pour prendre un cadre posé sur un meuble du salon. Il y avait chez Tooru plusieurs photos dispersées un peu partout dans la maison. Dans l'entrée, il y avait quelques photos de Momoko et Aiko enfant, ainsi que dans la chambre de Tooru. Mais dans le salon, il y avait des cadres avec différents portraits de la famille. Celui qu'Aiko tenait dans ses mains à ce moment-là, contenait une photo de Tooru et Momoko le jour de leur mariage. La jeune femme examina un long moment la photo.
-Papa ?
-Hmmm...
-Dis-moi, comment tu as su que tu aimais maman et que ça allait être la femme de ta vie ?
Tooru rit. Aiko fronça les sourcils en croyant que son père se moquait de sa question. Il prit le cadre des mains de sa fille et fixa à son tour la photo. Il se rappelait à merveille du jour où il avait rencontré Momoko, devant le bureau du Hokage. Il se souvenait de son énergie et de sa détermination. Des larmes coulèrent sur le cadre et Tooru s'essuya les yeux. Sa femme lui manquait chaque jour, d'autant plus qu'Aiko lui ressemblait beaucoup. Physiquement, sa fille avait hérité des cheveux de sa femme et de son sourire radieux. Mentalement, Aiko était déterminée que sa mère, elle était aussi notamment très spontanée et très joyeuse tout comme Momoko. Sa fille lui rappelait, chaque fois qu'il la voyait, à quel point il avait pu aimer Momoko et à quel point il continuait de l'aimer même après sa mort. Il releva la tête du cadre et regarda Aiko droit dans les yeux.
-Je ne sais pas si ça peut vraiment s'expliquer, se contenta-t-il de dire.
-Sérieux ?
-L'amour ça ne s'explique pas, ça se ressent au plus profond de son être, Aiko. Le jour où j'ai rencontré ta mère et qu'elle a posé les yeux sur moi, je l'ai tout de suite trouvée charmante. Elle avait ce petit quelque chose qui la rendait si attachante, par rapport à une autre. Je crois que j'ai eu le coup de foudre pour elle, tout simplement. Chaque fois que je l'ai croisée après, j'ai eu la même sensation que ce jour-là. Une sensation étrange de bien-être, de joie et pourtant je dois reconnaître que je ne lui avais quasiment pas adressé la parole.
La fille de Tooru l'écoutait attentivement. Elle était heureuse que son père lui révèle tout ça sur sa relation, et ses sentiments qu'il entretenait pour sa mère. Il reprit ce qu'il disait, voyant que sa fille était réceptive.
-En fait, nous étions très différents. J'étais peut-être même tout le contraire de ta mère. Mais j'avais l'envie d'avancer, d'évoluer à ses côtés. J'avais envie qu'elle soit toujours auprès de moi...
Une larme perla sur sa joue. Tooru n'arrivait pas à cacher son émotion.
-J'aurais voulu que tous nos moments ensemble durent indéfiniment. J'étais prêt à changer mes objectifs de vie pour elle, à faire des efforts. Je voulais vivre le pire comme le meilleur avec elle. En fait, je voulais juste être avec elle, c'était tout ce qui comptait pour moi. On ne veut jamais être séparé des gens qu'on aime, pas vrai ?
Aiko aussi était en train de pleurer, elle s'en rendit réellement compte à ce moment-là. Même si elle ne s'était jamais plainte publiquement de la vie qu'elle avait mené seule avec son père, il lui était arrivé de pleurer en cachette parce que sa mère était décédée et qu'elle lui manquait cruellement.
-Et puis, je la trouvais tellement intéressante. Je ne me lassais jamais de l'entendre me raconter ses histoires et pourtant, nous n'avons pas vécu que des moments parfaits, comme tout le monde, il nous arrivait de nous disputer. Mais ça n'entachait jamais notre amour l'un pour l'autre. Je n'aurais voulu vivre ça, avec personne d'autre. Si c'était à refaire, je choisirais encore une fois d'épouser Momoko.
-C'est donc ça, murmura Aiko pour elle-même.
-Pourquoi tu voulais savoir ça ?
-Rien... J'ai une amie qui est dans l'embarras. Elle aime un garçon depuis longtemps mais elle avait besoin de mon aide. Mais tu me connais, je n'y comprends rien en amour !, rit-elle.
Il prit sa fille dans ses bras, tendrement. Elle se laissa faire. Aiko avait l'habitude que son père soit aussi attentionné envers elle. Depuis la mort de Momoko, Tooru avait eu cette nécessité de se vouer corps et âme à sa fille. Il n'avait plus qu'elle désormais, et il s'était décidé à veiller sur son bien-être avant tout autre chose. Il était devenu un vrai « papa poule » mais il l'assumait totalement. Aiko ne s'en plaignait pas, grâce à toute cette attention, elle s'était toujours sentie aimée et n'avait jamais eu le besoin de rechercher de l'amour ailleurs. De plus, Chachami et Hogara, les parents adoptifs de Momoko, avaient grandement aidé Tooru et avaient été très présents pour la jeune femme. Elle était très reconnaissante à ses trois personnes qui avaient fait tant de sacrifices pour son bonheur.
-Un jour, toi aussi, tu trouveras quelqu'un avec qui tu voudras passer tout ton temps, chuchota Tooru à creux de l'oreille de sa fille. Et tu verras, il t'aimera comme j'aimais ta mère...
De nouvelles larmes se formèrent dans les yeux d'Aiko mais elle tenta de les ravaler du mieux qu'elle pouvait.
***
La kunoichi laissa son père quelques heures plus tard. Elle l'avait écouté conter de nombreuses anecdotes sur Momoko et lui quand ils étaient jeunes. Comme à l'époque où sa mère lui racontait des histoires sur les ninja de Konoha, Aiko avait adoré voir son père lui raconter ses propres expériences.
Elle était maintenant allongée dans son lit et se retournait sans cesse en faisant le bilan de sa journée. Elle méditait sur ce que Sakura, Hinata et son père lui avaient dit. Elle pensait à Kakashi et se demandait si lui aussi était dans la tourmente. Elle en doutait, il n'était pas de ce genre là. Aiko en arriva à la conclusion qu'elle avait eut un coup de cœur pour son rival. Elle rêvait, elle aussi, tout comme les trois personnes avec qui elle avait discuté aujourd'hui, de passer le reste de ses jours avec son voisin. Rien que d'y penser, elle sentait que ses joues devenaient rouges. Ça ne lui était encore jamais arrivée d'avoir ce genre d'envie mais ce n'était absolument pas désagréable. C'est sur cette pensée qu'Aiko finit par s'endormir profondément, cette fois.
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