Bonus #8
L'oreiller trempé de sueur et de larmes tombe lentement du lit et Aiko se redresse avec un sursaut. Elle se tient la tête, encore une migraine. Depuis quelques jours, elle souffre d'un horrible mal de tête. L'Hyuga fronce les sourcils en sentant qu'elle a transpirée comme une bête. Elle se lève, prend son nécessaire de toilettes et sors de la cabane. Il fait encore nuit. Elle se dirige vers l'étang, retire ses vêtements et plonge dans l'eau glacée. Quand elle a finit de se laver, elle se sèche avec une petite serviette et se rhabille aussitôt. Elle retourne à la cabane, rassemble ses affaires et s'en va. Le trajet jusqu'à la frontière du pays du Feu est d'environ cinq heures désormais. D'ici une dizaine d'heures, en comptant une heure de pause, Aiko sera au pays du Vent. Quand elle aura traversé la frontière, les choses risquent d'être compliquées, mais si elle doit se faire tuer, elle acceptera son sort. « Ça fait un an maintenant que j'ai quitté Konoha... », pense-t-elle avec une légère nostalgie. Un bruit derrière elle l'interpelle et elle décide de se cacher derrière les fourrés.
-Tu l'as vue ?
-Qui ça ?
-Il n'y a pas trente secondes, il y avait une femme, juste ici.
-Qu'est-ce que tu racontes ?
-Je te jure que c'est vrai. Elle n'avait pas l'air d'être du coin.
-C'est exact..., déclara Aiko en se montrant aux deux hommes face à elle.
-Bonjour. On peut faire quelque chose pour t'aider ? Tu t'es égarée ?
-Non merci, ça ira.
Au moment même où elle prononce ces mots, la migraine se relance. Elle grogne de douleur et se retient de nouveau la tête. Les deux hommes s'avancent vers elle, tandis qu'elle ferme les yeux.
-Tu es toute pâle.
-Ça va aller..., murmure l'Hyuga.
Soudain lorsqu'elle se fait violence pour rouvrir les yeux: sa vision se trouble et le son ne parvient plus à ses oreilles. Alors qu'elle sent son corps tomber à la renverse, l'un des deux hommes la rattrape et décide de la porter. Il hurle quelque chose d'incompréhensible à son compagnon et Aiko lutte pour garder les yeux ouverts.
***
Angoissée, l'Hyuga bouge tout son corps puis, se rend compte qu'elle est coincée dans une épaisse couverture.
-Au secours !
-Chut !, la sermonne une voix.
Elle lance un regard noir à son interlocuteur. Celui-ci lui répond par un sourire. Aiko se rend compte que son sac est ouvert et ses affaires sorties.
-De quel droit fouillez-vous mes affaires ?!, s'insurge-t-elle.
-Je vais prendre ça comme un merci pour t'avoir ramenée ici.
-Je ne vous ai jamais rien demandé !
-Quelle reconnaissance, dis donc... C'est comme ça qu'on éduque les enfants à Konoha.
-N'osez même pas prononcer le nom de ce village...
-Sinon quoi ?, demande l'homme. Tu t'en fiches pas mal de ce que je peux dire sur Konoha, n'est-ce pas ? Tu n'étais pas en train de le fuir, ce village ?
Aiko laisse sa tête retomber sur le coussin. Elle n'essaie plus de se débattre pour sortir de la couette. Son cœur la fait souffrir et c'est une douleur bien plus terrible que celle de la migraine qu'elle traîne depuis quelques semaines. L'homme s'approche d'elle et tenant une tasse fumante dans les mains.
-Je ne sais pas ce que tu as précisément mais un thé devrait te faire du bien. Ça va t'hydrater.
-Où suis-je ?
-À la frontière du pays du Feu. Je dirai que nous ne sommes qu'à quelques minutes de là.
-Et vous êtes qui ?
-Tutoie-moi.
-D'accord... Tu es qui ?
-Je m'appelle Dan, je suis médecin.
-Vraiment ?
-J'ai étudié beaucoup d'ouvrages de médecine et j'ai travaillé avec quelques personnes qui m'ont formé.
-Comme qui ?
-Peu importe. Dis-moi plutôt qu'est-ce qui t'arrive ?
-Depuis quelques jours, je traîne une migraine terrible. Elle me réveille la nuit.
-Je vois. Tu as de la fièvre ?
-Je transpire toutes les nuits.
-Alors tu dois en avoir. Avant ça, tu avais eu d'autres soucis de santé ?
-Je dois dire que non. Je ne suis habituellement jamais malade. Mais ça m'embête beaucoup. Je suis en voyage loin de chez moi et je n'ai nulle part où rester alitée.
-Tu es donc bien de Konoha ? Qu'est-ce qui t'amène ? Une mission ? Des vacances ?
Aiko ne répond pas. Elle se contente de froncer les sourcils en ressentant de nouveau une vague de douleur la submerger.
-Je vais aller te préparer un remède. Ça risque d'être long, en attendant tu es la bienvenue ici. Mais je te conseille de rester couchée.
Elle regarde Dan quitter la pièce. Ses yeux finissent par se perdre sur la tasse de thé fumante qui se trouve à côté d'elle. Doucement elle plie ses bras et ses jambes et arrive à s'extirper de la couette. Elle tend son bras vers la tasse et boit d'une traite. Une large fenêtre surplombe la pièce mais elle est condamnée par des dizaines de planches en bois. La pénombre entoure la jeune femme et elle sent un frisson la parcourir. Elle distingue trois ombres qu'elle ne connaît que trop bien et elle sent l'angoisse la tétaniser. Sa gorge se noue avant qu'elle sente son déjeuner remonter. À la hâte, Aiko saisit un bol qui traîne et recrache tout ce qu'elle avait avalé. Ses yeux sont remplis de larmes qui se déversent lentement sur ses joues. Dan pousse brusquement la porte de la pièce et se précipite vers elle.
-J'ai entendu de l'agitation, qu'est-ce que...?
Il découvre le bol et une expression de dégoût se dessine sur son visage. Aiko est toute désorientée. « Comment se fait-il qu'il m'ait entendu ? Depuis combien de temps suis-je là ? », se demande-t-elle.
-J'ai à peine eu le temps de rassembler du matériel..., se lamente-t-il. Mais vraisemblablement, je ne vais pas pouvoir te laisser seule. Il vaudrait mieux que quelqu'un reste ici pour veiller sur toi.
Dan se lève, sors de la pièce et reviens à peine quelques secondes plus tard.
-Je vais rester là. J'ai envoyé quelqu'un chercher les produits dont j'ai besoin.
Il passe une main sur le front d'Aiko qui frissonne. Un sourire tendre se dessine sur le visage de Dan.
-En attendant, tu devrais essayer de dormir.
L'Hyuga hoche la tête tandis qu'elle se pose de nouveau confortablement dans le lit. Ses yeux se ferment et elle finit par s'endormir.
***
Une odeur de fumée réveille Aiko. Quand elle ouvre les yeux, elle ressent une chaleur étouffante qui recouvre son corps. Elle touche son front: elle n'est pourtant pas fiévreuse. Des cris retentissent à l'extérieur de la maison. Elle se lève d'un bond, va vers son sac et récupère des kunai. La jeune femme ouvre la porte brusquement et sors. Toutes les autres maisons sont envahies par les flammes. Elle regarde tout autour d'elle: c'est le chaos.
-Dan ?, appelle-t-elle.
-Je suis là...
Aiko court jusqu'à l'endroit où elle a entendu la voix du médecin. Il est ensevelis sous des planches en bois qui se consument avec les flammes.
-Je vais t'aider attends !
-Tu devrais être en train de te reposer...
-C'est impensable !
Elle attrape le bras de Dan et tente de le tirer en vain. La jeune femme ne voit qu'une solution. L'Hyuga recule tandis que ses yeux changent de couleur.
-Poing souple !, s'écrit-elle en s'élançant vers Dan.
Elle frappe de toutes ses forces les planches de bois qui s'envolent et se brisent dans les airs. Rapidement, Aiko saisit le médecin et l'envoie plus loin pour éviter qu'il ne se prenne les amas de bois par accident.
-Tout va bien ?, demande l'ancienne ninja alors que ses yeux retrouvent leurs couleurs.
Dan lui lance un grand sourire. La jeune femme le lui rend. Elle se rapproche de lui, passe son bras sous l'aisselle du médecin et le soulève. Elle le traîne ensuite un peu plus loin et l'allonge au sol.
-Alors tu es vraiment une ninja ?
-Quoi ?
-Ils cherchaient une ninja.
-Qui... Qui cherchaient une ninja ? Ceux qui ont mis le feu ici ?
-Notre petite communauté n'a jamais recueilli de ninja alors sur le coup, je n'ai pas compris de qui ils pouvaient bien parler.
-Je ne suis pas une ninja.
-Ils disaient qu'ils savaient qu'une renégat de Konoha se cachait là. Quand ils ont parlé de Konoha, j'ai fait le rapprochement...
-Pourquoi ils recherchaient ce ninja ?, coupa Aiko.
-Je n'ai pas bien compris, je crois que c'était à cause de leur haine pour les ninja de Konoha ou quelque chose du style...
-Et quel bandeau portaient-ils ?
-Je ne m'y connais pas très bien... Je dirai celui de Suna peut être...
Aiko soupira. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu d'ennuis. Depuis son départ de Konoha, elle avait déjà voyagé dans tout le sud du pays du Feu: d'abord à l'est et elle avait longé toute la côte le long de la mer pour arriver jusqu'ici. Sur sa route, elle avait croisé des tonnes de personnes. Et quelques fois, l'Hyuga avait combattu auprès de paysans recherchant seulement un peu de paix pour eux et leur famille. Maintenant, la jeune femme savait ce qu'il lui restait à faire.
-Il va falloir soigner rapidement ma migraine, expliqua-t-elle au médecin. Tu peux faire ça ?
-Oui bien sûr mais...
-Ils vont revenir. S'ils ne m'ont pas trouvée, ils vont revenir. Je ne sais même pas pourquoi ils sont partis, ni même pourquoi ils n'ont pas touché à ta maison.
-Un ninja est intervenu de justesse.
-Un ninja ? Tu l'as reconnu ?
-Non, mais c'était un ninja parce qu'il a utilisé des techniques de Ninjutsu. Alors les autres l'ont poursuivi.
-Je vois. Bon, je vais t'aider à te relever et à faire mon médicament.
Elle tendit sa main à Dan qui la saisie sans hésitation. Ils s'enfoncèrent dans la forêt à la recherche d'herbes spécifiques. Quand ils eurent tout ramassé, ils rentrèrent à la maison. De nouveau la violente migraine s'abattit sur Aiko et celle-ci se trouva de nouveau paralysée par la vision des trois ombres. Son visage se figea en voyant ceux de Mirio, Toshinori et Arekusandoru-sensei. Un spasme la fit vomir. La mine désolée qui se dessinait sur les trois visages de ces camarades décédés la tétanisa encore une fois.
-Reprends-toi !, hurla Dan.
Aiko se rendit compte que ce n'était qu'un mirage. Le traumatisme causé par la mort de ses camarades la hantait. Dan la fit s'assoir et lui demanda ce qu'il s'était passé exactement. Elle décida alors de tout lui confier.
-Tes migraines ne sont pas anodines. Vois-tu, je crois qu'elles sont liées à ton traumatisme. Pour ça, il te faut un remède bien plus puissant.
Il se leva et fouilla dans les placards. Là il trouva d'autres flacons remplis de produits étranges. Il fit une autre préparation et quand elle fut finit, il l'agita fièrement sous le nez d'Aiko.
-Fais-tu des cauchemars récurrents ?
-J'en fais tous les soirs. Je rêve de mes camarades.
-Ces pilules t'empêcheront de faire de nouvelles crises d'angoisses et feront cesser tes maux de tête. Tu dois les prendre tous les jours. Les effets devraient vite te guérir mais, tu devrais continuer de prendre le traitement pour éviter que cela revienne. Bien sur, tu risques d'en refaire. Normalement elles devraient être moins forte et durer moins longtemps.
-Merci beaucoup.
-Il n'y a pas de quoi.
Aiko prit une des pilules et l'avala. Ça n'avait pas vraiment bon goût, mais elle était certaine qu'elle s'y habituerait. En attendant, elle plaça le flacon contenant les pilules à l'intérieur de son sac et pria Dan de fuir loin d'ici. Si les ninja revenaient, ils n'auraient plus d'égard à l'épargner cette fois. Ce combat: elle devait le mener seule.
-Je dois prendre mes responsabilités..., se chuchota-t-elle à elle-même en quittant la maison.
Elle s'assit en tailleur pendant des heures, face aux débris des autres maisons brûlées. La plupart des habitants de la communauté avaient fuit en voyant les ninja s'approcher. Elle entendit un bruit qui attira son attention. Trois ninja arborant le bandeau du village de Suna apparurent devant Aiko. Elle se redressa lentement.
-J'ai entendu dire que vous étiez à ma recherche.
-Tu es bien renseignée..., lâcha un des ninja.
-Les ninja de Konoha nous dégoûtent du plus haut point..., ajouta un autre avec un air médisant.
-Je ne suis pas une ninja, répondit Aiko légèrement irritée.
« Jamais, au grand jamais, je ne redeviendrais une ninja de Konoha... J'en suis incapable... Défendre le village est une charge trop lourde pour moi... », pensa la jeune femme un peu triste.
-Non, c'est vrai. T'es une lâche.
-Une lâche qui tue ses camarades, ajouta le seul qui n'avait pas encore pris la parole dans le groupe. On connaît ton histoire.
-Les personnes comme toi ne mérite pas de rester en vie.
-Et vous, vous êtes à l'intérieur du pays du Feu, alors que vous n'avez rien à faire là.
Aiko tentait tant bien que mal de se contenir. Elle était surprise que l'histoire de sa dernière mission soit parvenue à des ninja de Suna. Peut-être les ninja qu'elle avait affronté s'en était vanté. Mais comment pouvait-on savoir qu'elle était encore en vie, elle, qui était censé être morte en se suicidant face à cet acte atroce ?
-Tu peux remercier les gens de ce minable village qui t'ont hébergée malgré tout. Mais le voyage s'arrête là pour toi !
Ils se jetèrent tous les trois sur Aiko qui s'envola aussitôt dans les airs. Elle se posa sur le toit de l'unique maison encore debout. L'Hyuga attrapa un kunai et se mit en position. À ce moment-là un ennemi se plaça face à elle. Ils s'affrontèrent en combat rapproché tandis que les deux autres formaient une attaque combinée. La jeune femme les évita de justesse. Ses yeux changèrent de couleur. Utiliser les Byakugan était une issue, mais seulement de courte durée. Seule face à trois ennemis avec un grand désavantage, Aiko savait qu'elle ne ferait pas l'enfeu. « Je vais payer de ma vie pour mon crime: aujourd'hui ! », cria la voix à l'intérieur de sa tête. Tandis que les trois ninja se déchaînaient contre elle, Aiko sentait qu'elle allait abandonner. Subitement, une sentie une immense patte la saisir et l'emporter au loin. Relevant les yeux, elle découvrit un crapaud monstrueusement grand.
-Un crapaud !, s'écria-t-elle. Ça ne peut être que...
Elle tourna la tête alors que le crapaud continuait d'avancer. De là où elle se trouvait, elle voyait un homme avec une longue chevelure blanche et un manteau rouge. Aucun doute possible: c'était bien Jiraya l'ermite aux crapaud, l'un des trois ninja légendaires. Une seule question traversa l'esprit de la jeune femme: que fait-il ici ? Des explosions se produisaient en masse. Pourtant Aiko n'avait aucune crainte concernant Jiraya. Au bout d'un certain temps, tout le tumulte se tut et une ombre se rapprocha à toute vitesse du crapaud qui tenait la jeune femme. Ce dernier lâcha Aiko qui tomba sur les fesses. Elle vit une main se tendre vers elle, et la saisit. L'Hyuga se sentait incroyablement bien pour la première fois depuis des semaines.
-Merci beaucoup. Je suis très honorée de vous rencontrer et surtout que vous ayez sauvé ma vie..., dit-elle en se penchant.
-Il n'y a pas de quoi ! Je secours toujours les demoiselles en détresse ! Et si elles sont belles, ça vaut encore plus le coup !
-Mais... Comment avez-vous su que j'étais là ? Est-ce que vous me connaissez ?
-J'ai entendu vent d'une jeune femme qui avait quitté Konoha et qui explorait le pays du Feu. Si c'est un hommage envers mon travail: j'en suis extrêmement flatté ! D'ailleurs...
Il lui tendit son premier opus et Aiko le prit, un peu fébrilement. Elle n'avait jamais lu un ouvrage du grand Jiraya. La jeune femme le remercia de nouveau. Ensuite, il courba la tête rapidement, un grand sourire sur le visage, les joues un peu teintées de roses, et monta sur la tête du crapaud.
-Tu devrais aller chercher l'homme qui t'as sauvé la vie, la première fois.
-Mais ce n'est pas vous qui avez fait fuir ces ninja ?
Les yeux de l'ermite s'étant perdu sur le corps d'Aiko, il ne répondit pas. Finalement, il lui leva seulement son pouce avec un clin d'œil, avant de disparaître sous une épaisse fumée. Un peu chamboulée par sa rencontre, la jeune femme secoua la tête pour retrouver ses esprits. Elle avait maintenant une autre mission: retrouver Dan et l'aider à reconstruire le petit village de la communauté.
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