Le couple se dirigeaient main dans la main vers le lieu de leur rendez-vous. Kakashi avait pris un jour de congés. Shikamaru s'était montré plutôt compréhensif.

-Allonge-toi.

Aiko prit place sur le lit à côté d'elle. Elle était remplie d'appréhensions. Sakura souleva le vêtement de la femme du Hokage et ausculta sa patiente.

-La cicatrice a presque complètement disparue. Je ne peux pas en dire autant pour celle sur ton visage. Je doute qu'elle s'efface un jour.
-Si la cicatrice sur mon ventre s'en va, c'est que je n'ai plus aucun risque de ce côté-là.
-Tu as été mise hors de danger à partir du moment où tu as été soignée à Konoha. Je préfère juste m'assurer que tes organes internes se remettent parfaitement du choc que tu as reçu. Mais ne t'en fais pas, l'opération commence à dater maintenant, ce n'est qu'un contrôle de routine.
-Tant mieux..., souffla Kakashi soulagé.

Pile à ce moment là, Sakura s'arrêta net. Elle appuya un peu plus sur une partie du ventre d'Aiko.

-Un problème ?, demanda la kunoichi un peu inquiète.

L'expression faciale de la ninja médecin ne la mettait pas vraiment en confiance. Sakura se concentra davantage. Finalement, elle s'excusa auprès du couple et s'éclipsa de la pièce sous les regards interrogateurs de l'Hokage et de sa femme. La jeune femme revint quelques minutes plus tard, accompagnée d'un autre médecin ninja qui ausculta à son tour Aiko. Il hocha la tête en regardant Sakura. Un sourire se dessina sur le visage de la femme aux cheveux roses.

-Qu'est-ce qui se passe ?, questionna Aiko en fronçant exagérément les sourcils.
-Je vous explique ça dans quelques secondes.

Elle prit à part l'autre ninja médecin et lui adressa quelques mots à l'oreille. Le médecin quitta la pièce et Sakura se rapprocha du couple. Elle se plaça entre son sensei et son amie.

-J'ai quelque chose de très important à vous annoncer.
-Je croyais que ce n'était qu'un examen de routine...
-En effet, rien d'anormal à ce niveau là, comme je l'expliquais toute à l'heure. Non, il s'agit d'autre chose.
-Un problème de santé par rapport à ses techniques ?, s'enquit Kakashi qui connaissait parfaitement les risques liés à ces dernières.
-Aiko est enceinte.

Le silence s'abattit sur la salle. Kakashi échangea un regard avec Sakura qui souriait de plus belle.

-Tu devrais accoucher pour la fin d'année, précisa Sakura avec un clin d'œil.

Des larmes s'écoulèrent sur les joues d'Aiko. Kakashi les sécha de ses doigts.

-Je vais être maman..., murmura Aiko sous l'émotion.
-Félicitations, lâcha Sakura à l'encontre des futurs parents.

Kakashi aida Aiko à se relever du lit sur lequel elle était allongée. Sakura prit son amie contre elle. Quand elle se défit de cet étreinte, elle se dirigea vers Kakashi. Il la prit dans ses bras, ce qui étonna Sakura. Aiko éclata de rire face à la réaction de la femme aux cheveux roses. Finalement le couple quitta l'hôpital et se rendit à leur domicile.

-Pour fêter ça, je vais nous préparer du curry, s'exclama Aiko avec un large sourire.
-Laisse-moi cuisiner, tu dois être fatiguée.
-Eh ça va ! Je suis enceinte, pas mourante !, rit la kunoichi.

Elle commença à s'agiter dans la cuisine. Kakashi ne la quittait pas des yeux. Désormais, il n'était plus chargé uniquement de la protection de sa femme, mais aussi de celle du petit être qui grandissait en elle.

                                             ***
-Alors, les dossiers se rempilent de nouveau ?
-Maître Tsunade ?, demanda Shizune en s'approchant du cinquième Hokage.

La ninja médecin déposa ses affaires à côté du bureau du Hokage. Elle soupira quelques secondes et déplaça une pile de feuilles d'une telle habilité que Kakashi en fut un peu surprit.

-J'ai appris qu'Aiko était enceinte. Félicitations.
-Merci beaucoup.
-Pour quand est l'accouchement ?
-Dix jours tout au plus.
-Pas trop stressé ?

Kakashi ne répondit pas à cette question. « Évidemment que je le suis. Et encore, stressé c'est un euphémisme ! », pensa le sixième Hokage.

-Ne t'en fais pas, va !, lâcha Tsunade en tapant fort dans le dos de Kakashi. Je suis venue exprès pour l'événement.
-Comment ça ?
-Je ne raterai pour rien au monde le moment où Kakashi Hatake deviendra papa !, rit la ninja légendaire.
-Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?, demanda le Hokage un peu contrarié.
-Tu n'as pas vraiment l'étoffe d'un père, avec ton air nonchalant...
-Excusez-moi, j'ai besoin de calme pour travailler, la coupa Kakashi un peu contrarié. En plus, j'ai Shikamaru qui doit passer me voir dans pas très longtemps. Si vous pouviez nous laisser nous entretenir seul à seul, ça m'arrangerait.

Tsunade et Shizune quittèrent aussitôt la pièce, laissant Kakashi seul. Lui même ne se sentait pas à la hauteur. Il n'avait pas vraiment eu très longtemps une image paternelle. Il ne savait pas comment se comporter avec des enfants. Il doutait du fait de réussir à devenir un bon père. Kakashi avait la pression. Tsunade avait sans doute raison, il n'avait pas l'étoffe d'un père. Comment allait-il faire alors ? Avait-il seulement encore un peu de temps avant de se préparer à ce grand changement ? Il n'eut pas beaucoup de temps pour y penser davantage: Shikamaru venait de faire son entrée dans le bureau.

                                             ***
Aiko marchait tranquillement dans les rues de Konoha. Elle entendait des murmures derrière son dos dès qu'elle passait. Tout le village était au courant que la venu d'un enfant Hatake était pour bientôt. Et pour cause, le ventre bien rond d'Aiko ressortait de plus en plus. Inquiète d'accoucher en compagnie de parfaits inconnus, Aiko avait fait appel à Tsunade. Sakura étant en congé pour le moment, la femme du Hokage souhaitait avoir la ninja légendaire près d'elle dans ce moment si important. La jeune femme était impatiente de découvrir si son enfant serait une fille ou un garçon. Elle était impatiente de savoir si le bébé ressemblerait plus à Kakashi ou à elle. Elle était impatiente de savoir quelles capacités cet enfant aurait en tant que ninja. Tant de choses restaient à découvrir, et cela excitait et angoissait la future maman. Aiko se demandait si elle serait une bonne maman. Sa mère étant morte jeune, elle n'avait jamais eu de modèle à suivre. Serait-elle s'y prendre ? Serait-elle faite face ? Qu'en serait-il de Kakashi ? Pour éviter de s'angoisser davantage, Aiko se dirigea vers la maison où vivait son père.

-C'est moi !, cria la jeune femme en enlevant ses chaussures.

Elle se dirigea vers le salon, mais ne trouva pas son père. Elle sortit alors dans le jardin et se rendit compte que son père était allongé sur l'herbe. Aiko accourut vers lui, pensant qu'il avait eu un problème.

-Aiko ? Qu'est-ce que tu fais là ?, demanda Tooru surprit.
-Je suis venue te voir, comme d'habitude. Depuis quand tu t'allonges dans le jardin ? J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose !

Elle tendit sa main à son père qui la saisit pour se relever. Il serra sa fille contre lui, comme à son habitude. Puis il s'écarta et la contempla.

-Je n'arrive pas à croire que bientôt je serai grand père.
-Tu n'es pas tout seul...
-Tu es angoissée à l'idée de devenir maman ? Tu ne devrais pas, j'ai pleinement confiance en toi. Et je suis sûr que Kakashi saura t'aider à t'en rendre compte. L'éducation des enfants est assurée entre vos mains. Je n'en doute pas une seconde.
-Merci papa.
-Ça fait plusieurs fois que je sens que ça te tracasse mais la date butoir approche... C'est important que je te rassure. C'est mon rôle après tout.
-En tout cas, j'espère être une maman aussi incroyable que toi. J'aimerai tellement que mes enfants soient aussi fiers de moi, que je le suis d'être ta fille.
-Tu vas me faire pleurer..., lâcha Tooru en séchant les larmes qui se formaient dans ses yeux.

Pile à ce moment là, Aiko sentit une vive douleur dans le bas de son ventre. De plus, en regardant ses pieds, elle découvrit une petite marre d'eau.

-Le bébé arrive..., murmura-t-elle visiblement choquée de ce qu'il était en train d'arriver.
-Je vais te conduire à l'hôpital.

Étrangement, Tooru faisait preuve d'un calme que lui seul maîtrisait. Il prit sa fille de ses deux bras et la souleva.

-Papa, tu vas te faire mal...
-Fais moi confiance.

Bien que Tooru soit à la retraite depuis un certain moment, il n'en restait pas moins un ninja. Et il n'allait certainement pas laisser sa fille se débrouiller toute seule. En chemin vers l'hôpital, il se souvint de cette nuit tragique où Momoko avait perdu la vie. En regardant Aiko, il se dit que cette fois-ci, il ne portait pas quelqu'un qui perdait la vie mais plutôt quelqu'un qui allait la donner. Le visage de sa fille et de sa femme se confondaient et des larmes coulaient sur les joues du père d'Aiko.
Quand ils arrivèrent, les médecins prirent Aiko des bras de son père et l'amenèrent vers une salle exprès pour les naissances. Tooru attendait devant la porte. Un autre souvenir lui traversa l'esprit: celui du jour où Aiko était venue au monde. Ce jour là, l'univers aurait bien pu exploser, rien n'existait plus pour lui. Il n'y avait plus que sa femme et leur bébé. Il revoyait le visage ravi mais épuisé de Momoko qui tenait fermement leur fille dans ses bras.

-Aiko est dans cette salle ?, demanda une voix que Tooru ne reconnut pas tout de suite.

Il sursauta et remarqua enfin la femme en face de lui. Tsunade venait d'arriver, en compagnie de Shizune. Les médecins furent plus rapides à répondre et les deux ninjas rentrèrent dans la salle.

-Vous êtes là..., lâcha Aiko soulagée par la présence des deux femmes.
-Kakashi a été prévenu, il ne devrait pas tarder à arriver.

Tsunade procéda à un petit examen. Shizune disait quelques paroles réconfortantes à Aiko pour que cette dernière ne soit pas trop stressée. Kakashi fit une entrée fracassante dans la pièce.

-Désolé, j'ai fait aussi vite que j'ai pu. Je n'ai rien raté, j'espère.
-Non, mais quelques minutes de plus et ça aurait été le cas.
-Ton père attend devant la pièce, précisa Kakashi à Aiko.
-Je sais, c'est lui qui m'a emmenée ici. Je t'expliquerai plus tard.

Le visage d'Aiko se tordait sous les coups qu'elle ressentait dans le bas de son ventre. Kakashi lui tint fort la main. La jeune femme avait beau essayé de se retenir d'hurler, c'était bien difficile pour elle.

-Nous allons pouvoir commencer dès maintenant. Tu as de la chance, pour certaines femmes, il faut attendre des heures et des heures avant que le bébé puisse sortir mais là, il est déjà près..., expliqua Tsunade. Tu es prête ?

Aiko se contenta d'hocher la tête. Les médecins à côté d'elle la préparèrent afin qu'elle se place dans la bonne position. La ninja légendaire lui donna ses instructions et Aiko commença à les suivre. La kunoichi broya la main du Hokage qui fit une grimace. Elle ne put retenir un dernier hurlement de douleur qui disparut au profit du premier cri du bébé. Tsunade prit bien soin de nettoyer le nourrisson avant de le tendre à Aiko.

-Qu'est-ce que c'est petit..., chuchota la maman en passant une de ses mains sur celle du nourrisson.
-Félicitations, c'est un petit garçon ! Vous avez déjà une idée de prénom ?
-On s'était dit que s'il s'agissait d'un garçon, on l'appellerait Hideo.
-Hideo ? Vous gardez ce prénom ?

Kakashi adressa un regard à Aiko. Elle lui sourit en secouant la tête d'un air favorable.

-Ça sera Hideo.
-Ça lui va très bien, conclut Aiko.

La maman fit signe à son mari de prendre le bébé. Kakashi tendit les bras et se retrouva avec son fils contre lui.

-C'est la meilleure sensation du monde..., murmura le Hokage.
-Est-ce que mon père peut entrer ?
-Tu dois être fatiguée, je pense que tu as besoin de repos. On va lui dire de repasser demain.
-Je voudrai qu'il voit Hideo maintenant, s'il-vous-plaît.

Tsunade partit ouvrir la porte et demanda à Tooru de bien vouloir entrer. Il ne se fit pas prier. Le père d'Aiko s'approcha timidement du nourrisson et un immense sourire se dessina sur son visage, une fois qu'il se trouva bien près de lui.
Après quelques minutes, Tsunade, Shizune, Tooru et les autres médecins quittèrent la pièce pour laisser un peu d'intimité aux nouveaux parents. Kakashi tendit Hideo à Aiko. Les yeux du sixième Hokage passaient de sa femme à son fils, sans arrêt. Son cœur battait très vite. Toutes ses inquiétudes disparurent. Il venait de découvrir quel était le vrai bonheur.