Chapitre VII
Plus tard dans la soirée au couvent...
- Milena raconte moi ton histoire maintenant ! Exclama Asli en se couchant sur le lit à baldaquin qui leur était présenté.
Elles se tenaient dans un petit dortoir de peinture bleue turquoise.
- Tu sais, je suis née et j'ai grandi en Sicile, commença Milena
Elle inspira puis expira.
- Ma famille était modeste et mes parents très humbles malgré leurs maigres gains.
Ma mère Rosalba était tombée enceinte de moi à 20 ans, elle était un vrai cordon bleu. Mon père Valdo avait eu une fille d'une précédente relation, elle s'appelait Mia.
-...
- Après ma naissance mes parents ont travaillés durement pour ouvrir une pizzeria qui est aujourd'hui au nom de ma tante. Mon père travaillait dans la cordonnerie familiale et ma mère gérait la pizzeria, continua Milena
Asli était attentive au dires de Milena de peur de manquer un détail .
- À mes deux ans ma mère donna naissance à une petite fille du nom de Lizzy. Dans la même année la mère de Mia rendit l'âme, celle ci fut donc recueilli par notre mère. Ma mère aimait Mia de tout son cœur nonobstant cette petite était remplie de ressentiments.
Elle déchirait de l'argent et m'acusait, elle cassait quelque chose et la faute me revenait, ma mère disait que je devrais être plus douce avec elle.
N'était-elle pas mon aînée malgré tout ?
- Moi et Lizzy nous étions très proches.
Les soirs dans nos chambres on s'imaginaient nos vies futures.
Lizzy et moi voulions dominées le monde, ma mère nous disait toujours "l'argent ne fait pas le bonheur" et c'est aujourd'hui que je comprends le sens de cette phrase tant entendue dans notre enfance.
Le temps s'était figé.
Le temps était glacé.
Le temps était propice aux larmes.
- Mia elle était très rebelle et préférait rester seule, elle ne nous adressait nullement la parole à moi et à Lizzy.
Elle disait que la raison de leur abandon de la part de notre père était parce ma mère me portait dans son sein.
Elle me détestait du plus profond de son coeur.
Milena claqua les doigts.
Elle se racla la gorge pour mieux continuer son récit.
- Un soir maman nous annonça que nous serions grandes sœurs, nous étions toutes très contentes et surexcitées.
- Même Mia ?
- À ton grand entendement oui, Mia était si heureuse à cette annonce, le temps l'avait finalement attendrie.
Neuf mois plus tard, le petit Lorenzo était né, c'était le chouchou de toute la famille, il avait un sourire époustouflan et de grosses joues qui fesaient fondre toute personne qui le voyait.
Milena essuya les quelques larmes qui coulaient sur son visage avant de poursuivre.
- Plusieurs années plus tard, nous avons découverts que Lorenzo était gravement malade. Son traitement coûtait une fortune, et l'opération était en Inde.
- De quoi souffrait t-il?
- De cardiopathie ischémique.
Malgré les cotisations de tout le quartier, les dettes prises, nos parents n'ont pas réussis à réunir la somme possible.
Même s'ils avaient vendus la pizzeria qui était leur principale source de revenus ils auraient été encore bien loin de la somme demandée.
Ils ont fait appel à des ONG, mais ils y avaient de nombreuses personnes qui avaient demandés de l'aide et ce bien avant nous.
Asli tendait grandement les oreilles.
Elle ouvrait grandement les yeux.
Son corps restait immobile guettant la suite du récit de sa nouvelle amie.
- C'est le 19 avril que Lorenzo mourru après avoir souffert pendant des mois. Le 30 septembre de la même année notre mère le rejoignit, dit Milena tristement
- De quoi était-elle morte ?
- Elle était morte de chagrin. Lorenzo était le rayon de soleil de toute la famille. Le couple de nos parents battaient de l'aile et sa naissance était venu le restaurer je dirais même le renforcer.
- Ton histoire est bien triste, dit Asli en prenant un mouchoir pour essuyer ses larmes
- Et bien ce n'est pas encore finie.
Des années plus tard après avoir travaillé à la sueur de son front pour envoyer Mia à l'université polytechnique de Montréal, notre père découvrit qu'elle avait abandonné l'école et s'était adonné à la prostitution.
Il mourut d'une crise cardiaque sur le champ.
Milena marqua une pause.
De sa main, elle plaça les quelques mèches de ses cheveux qui dérangeait sa vue derrière ses oreillesavant de continuer son triste récit.
Le récit de la tragédie.
Le récit de la vie.
Le récit de sa vie.
- On l'enterra à côté de maman et Lorenzo.
Je venais à peine d'avoir mon Baccalauréat avec une bourse pour étudier à Havard.
Juste avant mon départ j'ai juré sur leurs tombes, que je ne manquerai jamais d'argent, c'est la pauvreté qui avait emporté mon petit frère chéri, cette mort qui avait aussi emportée ma génitrice bien aimée, et une rumeur qui avait tué notre père.
- Comment ça une rumeur ? Mia ne se prostituait-elle pas réellement ?
- Non, c'était les mauvaises langues du quartier qui avaient divulguer cette fausse information, Mia fesait des dépôts d'argent régulièrement à notre père et refusait de lui dire la source et lui trouvant cela suspect a fait une conclusion hâtive en entendant cela et son cœur a lâché
- D'où sortait t-elle cet argent alors ?
- Mia fesait du mannequinat à ses heures oisives, elle l'avait caché à notre père car pour lui ce métier conduisait à la débauche.
J'ai juré d'avoir une fortune considérable, en travaillant chaque seconde où je respirerais.
C'est donc ainsi que moi et Lizzy nous nous sommes rendues en Amérique, mais quelques années plus tard Lizzy s'est mariée et a suivi son époux en Angleterre.
Après avoir appris la nouvelle de ma future mort, j'ai décidé de me réconcilier avec mon passé et d'abandonner ma quête pécuniaire. C'est ainsi que j'ai appris que Lizzy souffrait de perte de mémoire et que son mari avait choisi de ne pas lui parler de moi car je ne l'avais plus revu après son mariage et elle en avait souffert.
- C'est vraiment triste ce que tu me dis là Milena, dit Asli entre des gémissements
- Oui mais c'est en quelque sorte le prix à payer pour mon avidité
- Et Mia que lui ai t-il arrivé ?
- Elle vit maintenant à Abu Dhabi, mariée à un multimilliardaire et a un fils du nom de Lorenzo.
- Et toi tu es mariée ? Tu as des enfants ?
- Ça c'était mon rêve, mais je n'ai pas pu le réaliser, je préfère passer mon temps à voyager que d'aller me traiter, je n'ai plus le temps.
- Viens là ma belle tu as tellement souffert! Exclama Asli en l'étreindant
- Alors ton histoire ?
-...
- Asli ?
- Moi par contre, j'étais une faiseuse d'ange, commença t-elle en s'éloignant de Milena
Milena remarqua les yeux embués d'Asli qui présageaient un orage de larmes.
- Ma grande mère m'avait toujours dit qu'ôter la vie d'innocents embryons était ignoble.
Je suis née dans les bidonvilles d'Istanbul, contrairement à toi je n'étais pas le fruit d'un amour mais d'un viol. Ma mère me detestait au plus haut point, elle avait tenté d'avorter mais à son grand malheur j'avais résisté.
En grandissant elle me disait toujours qu'elle aurait aimé que je ne sois jamais née, qu'elle aurait préféré que cet avortement m'emporte.
- Mais ce n'était pas de ta faute, répliqua Milena en lui prenant la main pour signifier qu'elle était avec elle.
- Hélas elle ne l'a jamais compris. À mes 18 ans, ma meilleure amie Zeyneb était tombée enceinte, une grossesse indesirée.
Elle était donc allée avorter mais y a laissé sa vie.
Tout cela m'a poussé à créer une association pour les femmes qui ont tentés un avortement et celles qui ont perdues des proches à cause de ces avortements, c'est comme ça que j'ai rencontré une jeune fille de 14 ans, elle avait été violée et ses parents ne pouvait pas porter plainte car c'était un très grand cadre du pays.
- La loi doit être appliquée à tous, riche ou pas.
- Oui mais malheureusement il y aura toujours des personnes corrompues jusqu'à l'os. Cet enfant elle le haïssait de toute son âme.
Alors j'ai décidé de l'aider en devenant faiseuse d'ange. Pour moi j'étais sa sauveuse.
Je me voyais en tout ces enfants non-désirés et je voulais leur éviter la haine et le mépris de leur propre mère.
Si celle qui vous a porté et vous a mit au monde vous exècre qui pourrait bien vous aimer ?
DIEU, dit-on !
Asli soupira, en même temps qu'elle se souvenait de son douloureux passé, le poids de sa culpabilité s'allégeait.
Elle essuya ses larmes, regarda Milena dans les yeux puis continua.
- Des années plus tard, une femme du nom d'Esma est venue me voir, elle m'a dit qu'un docteur lui avait fait une insémination artificielle sans son avis alors elle voulait avorter.
- Comment un médecin peut faire cela ? Demanda Milena sous le choc
- J'étais autant choquée que toi, je voulais l'aider alors je l'ai fait sans savoir qu'elle était l'epouse d'un mafieux et qu'elle avait décidé d'avorter car elle ne voulait pas déformer son corps.
- Elle a donc menti cette peste !
- Vraisemblablement, ce mafieux m'a retrouvé, il a envoyé ses hommes mettre le feu à ma maison pendant que je dormais.
Je m'en suis sortie sauve mais sûrement pas saine.
Ces cicatrices sont mon châtiment pour avoir voulu défier le bon DIEU.
- Ce n'est pas de ta faute ? Mais comment ça se fait que tu sois chrétienne ?
- J'ai toujours été attirée par cette religion tout comme le fer est attiré par l'aimant. J'ai donc décidé de m'y convertir, une belle manière de repartir à zéro.
- Tu sais tu es une bonne personne,tu as eu une bonne intention mais tu as posé le mauvais acte.
- Oui je le regrette amèrement.
Milena se leva et ouvrit sa valise et en sortit une enveloppe.
Asli la regarda en silence
- Tiens ceci !
- Qu'est ce qu'elle contient ?
- Un chèque et le numéro d'un très bon chirurgien.
- Non merci Milena, Vois-tu à chaque fois que je me regarderais dans un miroir je me souviendrai de ces enfants, du sang que mes mains ont faites coulés. Cela me rappellera de ne jamais commettre de telles atrocités !
- Je te comprends, accepte au moins cette somme d'argent pour pouvoir te reconstruire.
Milena lui prit les mains et y déposa l'enveloppe avec un regard insistant.
- Je ne te remercierai jamais assez Milena. Vraiment merci
Asli la serra contre elle.
- Bon je dois y aller, ces aveux m'ont fait pensés à un endroit où je devais m'y rendre depuis belles lurettes.
- J'ai une petite idée de cet endroit
- Ah bon ?
- Oui j'ai deviné, tu souhaites te réconcilier avec ton passé.
- Je dois vraiment y aller Asli, voici mon numéro tu pourras m'appeler en cas de besoin
- J'espère te revoir Milena
- J'espère aussi te revoir, avant que la maladie ne m'emporte
- Je suis convaincue que tu mourras mais pas maintenant, je te souhaite de trouver l'amour et de construire cette famille dont tu rêves tant
- Il n'est pas trop tard pour ça ?
- Il n'est jamais trop tard Milena, jamais !
Saisis cette nouvelle chance que l'univers t'offre !
Elles se couchèrent en silence, Asli prit la peine de s'étirer pour enteindre la lampe à son chevet.
Le doux chant de la nuit la berça.
À son réveil, il n'y avait plus de Milena.
Elle s'était volatilisée.
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Ma plume ma force,votre silence mon handicap.
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