Chapitre 8
6 avril – 18:51
« Qu'est-ce que tu vas faire ?
Jeongin ignora son aîné en se tournant vers Minho, le regard décidé... Décidé oui, mais pourquoi ? Le brun le stoppa lorsqu'il le vit s'avancer vers le cercle, le forçant à le regarder.
— Jeongin, qu'est-ce que tu vas faire ? Répéta-t-il d'une voix plus ferme.
Ce dernier osa enfin plonger son regard dans le sien, lui dévoilant toutes ses émotions si transparentes, ce mélange de peur et de tristesse, avec une pointe de regret. Son sourire fade accentua ces sentiments, et sa poigne se fit plus forte sur son bras.
— Je refuse de te laisser faire, insista-t-il en vain, comprenant enfin ce que le rose comptait entreprendre.
— Je suis désolé, je n'ai pas le choix, marmonna-t-il.
— Tu te mets en danger en faisant ça ! Et j'ai entendu ta discussion avec ton père et ton oncle, tu as promis–
— Je sais. Mais je t'ai promis que je vous sauverai tous, peu importe le prix. Et c'est ce que je vais faire.
— Jeongin, s'il te plait !
Mais Chan le savait, Jeongin avait déjà pris sa décision. Et il le confirma davantage en disant :
— Je sais ce que je fais. C'est pour ça que je te laisse le lead. Je sais que tu prendras les bonnes décisions pendant mon absence.
Il tomba des nues face à sa réponse. Il hocha lentement la tête, finalement convaincu.
Son cadet s'approcha de lui et ajouta dans un murmure :
— La seul chose que je te demande c'est de ne pas remonter le temps. Et surveille-moi si jamais je foire dans mon plan. »
Et sur ces mots, Jeongin se détacha de son emprise et s'avança à nouveau vers le cercle. Jisung et Changbin arrêtèrent naturellement leurs gestes, voyant qu'il pouvait être blessé par leur faute puisqu'il passait devant eux. Puis ils s'exclamèrent en le voyant poser un pied sur la limite du cercle, avant de crier son nom vainement.
À partir de cet instant, il n'y avait plus de possibilité de retour en arrière, se dit-il.
Un pas.
« Felix, tu peux contrôler le feu à distance ? Entendit-il derrière lui.
Jeongin laissa ses lèvres s'étirer légèrement : il semblerait que Chan, faisant tout son possible pour ne pas céder à la pression, avait enfin prit aux mots les paroles du plus jeune.
— Bah... je peux essayer, mais j'ai jamais fait ça–
— Parfait, assure-toi que les flammes des bougies ne s'éteignent pas !
Le rose se permit même de laisser son esprit divaguer quelques secondes, entendant les plaintes du petit australien face à cet ordre surprenant de la part du plus vieux.
Un pas.
— Changbin, je te laisse gérer l'eau bénite !
— ... Ça roule !
Un pas.
Lentement, Jeongin lia ses mains dans sa nuque. Ses doigts attrapèrent son collier, glissant pour retrouver l'ouverture dont il coinça le minuscule manche sous l'ongle.
Un pas.
Son pied se posa à l'intérieur du cercle central. Il se sentit traverser le mur invisible qui le surplombait.
Un pas.
Enfin, il fut rentré complètement dans le cercle. Tout se passa à une lenteur déconcertante, telle une douce torture.
À présent, c'était entre lui et Minho.
Un pas.
Ce dernier recula, ressentant sans doute la forte puissance divine qui s'échappait de Jeongin. Par on ne sait quel malheur, il avait réussi à détacher ses jambes. Il grogna et hurla des injures, son visage déformé par des grimaces horrifiques heureusement cachées sous le sceau, mais se collait en même temps contre les parois du cercle comme pour tenter de fuir.
Un pas.
Sans jamais ciller, l'exorciste continua d'avancer vers lui en l'empêchant de partir ailleurs avec son pouvoir. Minho avait beau être plus grand que lui en taille, il se sentait presque imposant en cet instant. Il n'entendait plus ce qui se passait autour de lui. Et son cerveau débitait chaque parole d'une sainte litanie qu'il avait appris par cœur dans le passé, ses lèvres suivant le cours de ses pensées.
Un pas.
Lentement, ses mains se délièrent, emportant chaque bout de son collier où se tenait son talisman.
Un pas.
Toujours aussi lentement, Jeongin se retrouva presque collé à Minho, qui était tenu immobilisé contre le mur invisible sans qu'il ne puisse plus bouger. Il ne tentait même pas de lever la main sur lui, il semblerait qu'il n'y arriverait pas. Et bien sûr qu'il n'y arriverait pas, ce n'était pas avec ses mains liées qu'il allait réussir.
Un pas.
Encore plus lentement, le rose enroula ses bras autour du cou du grisé, et attacha le collier, venant ainsi rejoindre les deux autres médailles qu'il portait déjà.
C'était maintenant que tout allait se jouer !
Jeongin lui murmura de dernières paroles avec un sourire, lui lançant un regard désolé, avant de le pousser hors du cercle avec brutalité.
Un dernier sourire fut échangé avec Chan, qui le vit s'effondrer la seconde suivante, se tenant le crâne en hurlant.
Puis sa tête se vida complètement.
Il sentit une présence indésirable en lui prendre le contrôle de son corps. Et malgré tout, il se sentait lutter contre cette entité qui voulait lui voler jusqu'à son identité.
Ses yeux embués ne virent que des images floues danser devant lui. Tout s'agitait, tous ses sens étaient altérés, et tous les sons qui parvenaient à lui lui venaient comme un écho lointain.
[Laisse tomber, Yang Jeongin, tu as perdu~]
Au loin, il avait reconnu le cri de Chan, puis celui de Hyunjin.
Ses membres bougèrent sans son consentement, cherchant à faire relever ce corps. L'effort de l'entité prit fin lorsqu'ils sentirent tous les deux une pression les pousser avec force contre le mur du sceau, suivi de gouttelettes d'une eau à la fois glaciale et brûlante.
Mais il semblerait que ce n'était pas suffisant, puisque le démon remua encore plus en lui, envahissant tout son esprit tout en contrôlant une fois de plus son corps.
[Tu ne peux pas me vaincre ! Cède-moi ton corps~]
Jamais !!
Sur ces paroles, Jeongin sentit son âme être enlacé par cet être maléfique. Il suffoquait, mais plus il tentait de s'en extraire, plus la poigne se raffermissait sur lui. Des pensées sombres lui traversèrent l'esprit, sans doute ce démon qui le faisait perdre pied pour mieux le posséder ensuite.
Il ressentit un froid glacial s'emparer de lui. Toute sa vie défila devant lui, lui montrant sa mort toute proche.
... Sa mort ? Alors il allait mourir ?
[Tu ne peux rien faire~ Abandonne-toi à moi~]
Et soudain, tous ses espoirs partirent en fumée.
Yang Jeongin cessa de lutter. Son dernier contrôle sur son corps lui permit de fermer les paupières et de relâcher son souffle.
Il avait perdu...
Pourtant, ses oreilles refusèrent de coopérer, et une voix dont il ne se souvenait plus le nom parvint à ses tympans en hurlant :
« Jeongin !
Son cerveau réfléchit lentement, cherchant à se souvenir de cette voix, qui semblait si proche et si lointaine à la fois. Le démon l'en empêcha, continuant de l'emmener avec lui aux enfers.
— Relève-toi, Jeongin ! Tu peux le faire !
Une autre voix parvint à lui...
Jeongin ? C'était donc son nom ? Et ces voix, il les connaissait, il en était certain.
Sept voix semblaient l'appeler. Sept voix tentaient de le ramener.
Oui, mais le ramener où ? Sa place était désormais en Enfer–
Un jet de cette eau étrange fut renversé sur lui. Ils hurlèrent, Jeongin de stupeur, le démon de douleur. Ses paupières s'ouvrirent brusquement, et il sentit la prise de l'entité sur lui relâcher subitement la pression.
Il tourna la tête devant lui, s'étonnant lui-même de la netteté de sa vue, et croisa le regard d'une personne qu'il ne connaissait que trop bien à présent : Bang Chan.
— Relève-toi immédiatement et recule de deux pas ! Là où tu étais avant de pousser Minho ! »
Et soudain, tous les souvenirs de son plan revinrent au galop. Sans même se poser la question, Jeongin bougea son bras pour se relever. Il ne sentait plus rien dans ses membres, mais qu'importe, il fallait qu'il le fasse. Pour Chan.
Ses bras le tenaient difficilement éloignés du sol, mais il parvint au moins à presque se relever.
Presque, car le démon reprit ses forces également et balança son corps contre une paroi du cercle. Il hurla de douleur, mais lutta à nouveau, avec plus de ferveur.
Son corps était lourd, il ne pouvait pas abriter deux esprits. Mais clairement, Jeongin refusait de le lui céder à présent. Il le devait, pour Chan.
« Lâche-moi, bordel ! Vociféra-t-il en tentant de se redresser une nouvelle fois.
[Tu es à moi !] » Répondit le démon sur le même ton, tentant d'envahir son corps encore une fois.
Il ne sut comment, il réussit à tenir sur ses deux pieds, bien que difficilement. Un pas après l'autre, il s'avança lentement comme Chan le lui avait demandé, essayant d'empêcher le démon de le posséder.
Ses yeux se posèrent sur quelque chose qui flottait dans les airs, juste au-dessus de la limite du cercle qui le retenait prisonnier, volant lentement dans sa direction. Son cerveau reconnut alors son talisman, et il força sur son corps pour rester le plus immobile possible, surtout que l'entité maléfique faisait tout pour le faire bouger.
Le collier s'ouvrit aussi lentement que lorsqu'il l'avait refermé, passa doucement autour de son cou, puis se referma aussi lentement qu'il l'avait ouvert.
Ce fut soudain comme une libération en lui. L'entité fut chassée de son corps avec violence, et Jeongin ressentit un grand vide en son corps, dont son esprit s'en empara illico. S'écroulant par terre, il ne mit pas longtemps avant de se souvenir une nouvelle fois de son plan, et il leva la tête au-dessus de lui : il voyait à présent distinctement le démon, sous forme d'un amas sombre et transparent qui tournoyait sur lui-même.
Et la seconde suivante, toujours allongé sur le sol, Jeongin lâcha un beuglement en levant les bras, l'un dans la direction du démon, l'autre face à l'un des murs. Un sceau vola rapidement vers l'amas sombre, absorbant le tout dans cette feuille si fragile. Puis de nombreuses autres feuilles volèrent et se collèrent contre l'unique sceau où le démon était enfermé à présent, avant que le fond et le couvercle d'une boîte sortie d'on ne sait où ne vole à son tour pour sceller définitivement les nombreuses couches de feuilles.
Le rose ne s'arrêta pas là, puisqu'il se releva immédiatement et sortit du cercle en titubant, la boîte fermement maintenue entre ses mains, et saisit son pinceau et son pot d'encre pour y apposer de nombreux sceaux sur les faces, puis de l'entourer de nombreuses couches de rubans adhésifs qui trainaient dans ses affaires. Ses gestes étaient tellement tremblants qu'il ne prit même pas la peine de le faire manuellement, laissant sa télékinésie faire le travail.
Et lorsqu'il fut certain que la boite ne s'ouvrirait plus toute seule, il s'effondra au sol, les autres objets qu'il faisait léviter suivant ses mouvements.
Il sentit plusieurs présences autour de lui, mais la seule force qu'il lui restait lui permit de reprendre son souffle après tant d'efforts. Une personne vint l'étreindre doucement, déposant sa tête sur ses cuisses en caressant ses cheveux roses, et il le reconnut à sa voix qui lui murmura avec douceur :
« C'est fini, maintenant. Tu nous as sauvé. C'est fini. »
Chan.
Inconsciemment, Jeongin se redressa pour être plus confortable contre Chan, et ferma les yeux, prêt à plonger dans un profond sommeil. Mais il se souvint soudainement que ce n'était pas fini, et il se mit en position assise lentement en grognant, ignorant les conseils de Minho et Hyunjin lui demandant de se reposer.
« Il faut... commença-t-il en s'interrompant de lui-même, surpris de sa voix si enrouée. On doit aller à Busan...
— Tu dois surtout te reposer, oui, objecta Seungmin. Surtout après tout ce que tu as fait.
Le rose agita la tête en tendant le bras, et reprit la boite scellée qu'il tint sans jamais la lâcher.
— Non, il faut aller à Busan, reprit-il. Pour votre sécurité, la mienne, et pour pas que ce démon de malheur s'échappe de là.
— Tu l'as scellé, non ? Demanda doucement Felix.
— Oui, mais il peut sortir à tout moment. Il faut qu'on aille à Busan maintenant.
— Et les cours, dans tout ça ? S'enquit Jisung face à son obstination. Et notre famille–
— Très bien. »
Il fut surpris de voir Chan acquiescer et l'aider à se lever. Jeongin en profita pour jeter un coup d'œil à la pièce, s'étonnant de voir Seungmin, Minho et Changbin s'occuper du rangement de tout leur bazar.
« On nettoie tout ça et on y va, déclara le plus vieux sur un ton ferme. Changbin a sa voiture, moi aussi, on devrait rapidement aller à l'aéroport avec deux véhicules.
— Et les cours, t'y as pensé ?
Le brun soupira et se tourna vers Changbin, maintenant fermement Jeongin contre lui.
— Si Jeongin dit qu'il faut aller à Busan pour notre sécurité, alors on doit y aller. Promis je t'aiderai à rattraper, mais il faut qu'on y aille. On n'y restera pas longtemps en plus, peut-être deux jours ? Ajouta-t-il en se tournant vers le rose.
— Bah... c'est pas vraiment moi qui décidera de combien de temps on doit rester...
— Peu importe, on doit y aller parce qu'on n'a pas le choix, c'est ça ?
Ils se tournèrent vers Minho qui refermait un carton, étonnés que lui aussi accepte aussi facilement. Ce dernier haussa les épaules en disant :
— J'ai décidé de faire confiance à Jeongin. Et j'ai bien fait d'ailleurs. Alors s'il dit qu'il est important d'aller à Busan, je le suivrai. »
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