Chapitre 4
5 avril – 17:57
Il devait être dix-huit heures.
Jeongin descendit doucement les escaliers, guettant la position de son père qui se trouvait toujours au rez-de-chaussée : il était dos à lui, toujours attablé dans le salon. La voie était libre.
Il lança un dernier regard vers sa chambre, où la tête de Hyunjin et de Chan dépassait de l'embrasure, lui lâchant des pouces en l'air pour lui donner courage. Il les accueillit dans son cœur avec joie puis fonça à pas de loup en direction du grenier.
Cependant, ses espoirs tombèrent à l'eau lorsqu'il appuya sur la poignée de la porte : verrouillée. Refusant d'abandonner en si bon chemin, il saisit la poignée à pleine main et rappuya à nouveau dessus, sans succès.
Ses yeux fixèrent très brièvement le dos de son père, toujours aussi concentré sur son travail, avant de balayer les alentours rapidement. La clé devait forcément traîner quelque part !
Pas sur le porte-clés de l'entrée... Pas sur la commode... Le petit panier de bibelots non plus...
Commençant à paniquer, il fouilla dans un tiroir, puis deux, puis trois, souleva plusieurs piles de papiers, de classeurs, décalant même la commode pour voir si elle n'était pas tombée derrière.
Aucune trace de ces fichues clés.
« Qu'est-ce que tu cherches ?
Jeongin sursauta brusquement alors qu'il remettait en place une pile de dossiers dont il ne savait le sujet. En se retournant, il vit son père se tenir non loin de lui, un classeur entre les bras.
Qu'allait-il lui dire ? La vérité ou une déformation de la vérité ?
Ça risquait d'être compliqué dans les deux cas, Yang Jeongin était tout bonnement incapable de mentir à ses parents.
— Ah, Monsieur Yang !
Le rose sursauta à nouveau et fit volte-face : Hyunjin se tenait sur les dernières marches des escaliers, un sourire persuasif sur le visage...
Oui, persuasif, mais pour quoi ? Aux dernières nouvelles, Jeongin était certain que le noiraud était un aussi piètre menteur que lui.
— Innie voulait me montrer un truc qui se trouvait dans sa cave, s'exclama-t-il sur un ton un peu trop euphorique.
— A-Ah oui ! Le– euh– le vieux Walkman que Tonton m'avait offert pour mes dix ans ! Débita automatiquement le plus jeune.
— Oh, je me souviens ! Fit le père de Jeongin joyeusement. Tu adorais le montrer à tes camarades quand t'étais gosse. Tu es sûr qu'il n'est pas dans ta chambre ?
— Pas du tout ! Je l'ai pas trouvé !
Heureusement que son père se contenta de hausser les épaules, parce que la situation dépassait Jeongin, qui avait très rarement menti à ses parents. Et ça se voyait à sa tronche qu'il se retenait d'afficher un quelconque tic pouvant le trahir.
Son géniteur ouvrit un tiroir dont il en vida tout le contenu, puis appuya sur les angles de la planche de bois, qui se souleva.
Un double fond ?
— Depuis quand il y a un double fond ? Demanda son fils en observant attentivement tous ses faits et gestes.
— Depuis que nous sommes ici. Je l'ai fait poser pour ne pas que tu accèdes au grenier sans notre accord, surtout pour éviter que tu touches aux affaires de ton frère. Ou même à ton carton.
Il lui lança un regard ennuyé, puis sortit la petite clé qu'il enfonça dans la serrure de la porte, et l'ouvrit en se tournant vers lui.
— Mais comme ça fait quatre ans qu'on a quitté Busan, et que je considère que tu es assez grand, je pense que tu es suffisamment mature pour ne pas retoucher à tout ça.
Jeongin figea un faux sourire sur son visage si honnête. Son cerveau était en pleine ébullition : deux mensonges en moins d'une demi-heure, il aurait fait fort.
— Faites attention à la poussière, prévint son père en les laissant passer. L'interrupteur est sur la gauche quand vous descendez, mais la lumière est assez faible. Et ne restez pas trop longtemps. »
Les deux adolescents acquiescèrent vivement et s'empressèrent de descendre les quinzaines de marches qui les séparaient du sous-sol. Prenant les devants, Jeongin alluma la lampe de son téléphone, puisque l'ampoule censée éclairer la pièce était trop faiblarde. En regardant par-dessus l'épaule du rose, Hyunjin émit un cri admiratif.
Le grenier de la maison Yang était petit, mais il y avait de l'espace puisqu'elle était très bien rangée. Des étagères ornées de nombreux cartons étaient collées contre le mur. D'autres boites, en carton et en plastique, étaient empilés devant les étagères et les murs vides, comme pour décorer davantage les façades. Seules les toiles d'araignée et la poussière accumulée durant toutes ces années témoignaient de l'identité de cette pièce cachée.
« Alors, c'est quel carton ? Demanda doucement Hyunjin en se penchant sur chaque boîte pour en analyser le contenu.
En réalité, Jeongin n'en avait aucune idée, il n'avait jamais mis les pieds dans le grenier depuis son emménagement. Ses parents le lui avaient interdit, car ils avaient découvert par hasard le fameux carton surprise que leur fils aîné comptait garder en secret dans sa chambre.
Il secoua la tête pour chasser ces souvenirs qui remontaient, se reconcentrant sur sa quête.
— Fouille les cartons, si tu vois des bougies, c'est celui-là, guida-t-il simplement en commençant à chercher de lui-même.
— Et si c'est scellé par un de ces sceaux que tu sais faire ?
Jeongin fronça les sourcils et vint rejoindre son ami pour constater ses propos.
Parmi tous les cartons, un seul était fermé avec du scotch, et un sceau était apposé sur toute une face. Vraiment, ses parents avaient tout fait pour l'empêcher d'y toucher.
— Bon bah au moins, on l'a trouvé facilement, déclara-t-il. J'ai trouvé une autre boîte, mais ce sont les affaires de mon frère. Merci Hyunjinnie !
— Pas de soucis ! Je te dois bien ça ! »
Le propriétaire du carton se pencha sans réfléchir pour le prendre à pleine main, mais à peine eut-il posé ses doigts sur la surface qu'il reçut une violente décharge, le faisant reculer de quelques pas.
« Qu'est-ce qu'il se passe ?
Hyunjin s'apprêta à saisir la boîte, mais Jeongin s'exclama brutalement :
— Non ! Ne la prends pas !
— Pourquoi ? Fit-il en reculant ses mains, incrédule.
Il indiqua le sceau rouge sur le haut de la boîte.
— Ils ont mis un sceau de protection dessus, si tu y touches, tu vas recevoir une décharge. Je peux le transporter avec mon pouvoir à la limite, mais on risque de se faire cramer par mon père.
— Il est où, ton Walkman ? Comme ça, tu prendras d'autres trucs avec.
— Oh, pas bête ! »
Ils s'activèrent pour chercher un autre carton pouvant contenir des cassettes, ou mieux, tout autre ancien joujou de Jeongin quand il était plus jeune. Et c'est ainsi qu'ils finirent par dénicher trois boîtes supplémentaires, contenant le fameux baladeur et des cassettes pour le premier, de nombreux cahiers et feuilles gribouillées pour le deuxième, et quelques petites maquettes pour le troisième.
D'un accord commun, ils firent deux piles de deux cartons, et Jeongin les fit se soulever lentement, se concentrant pour qu'ils restent collés les uns aux autres. Puis il indiqua à Hyunjin d'ouvrir la voie, remontant les marches sans oublier d'éteindre la lumière.
Une fois dans le salon, son père, qui les avait entendu remonter, se retourna pour observer quatre cartons flotter dans les airs.
« Je croyais que vous ne cherchiez que le Walkman ? Fit-il sur un ton suspect.
— On est tombé sur d'autres trucs qui datent, et je voulais les montrer à Hyunjinnie, répondit Jeongin du tac-au-tac.
La seconde suivante, il feignit l'indifférence, mais dans sa tête, il était surpris de la rapidité de son mensonge. Son paternel hocha la tête en verrouillant à nouveau la porte du grenier, et fit signe aux deux adolescents de déguerpir.
— Allez répandre de la poussière dans ta chambre, pas ici, argumenta-t-il. Et ne faites pas trop de bazar !
— T'inquiète ! »
Les deux se ruèrent presque dans les escaliers, les cartons juste devant eux. Et Jeongin eut le temps d'entendre son père râler d'ennui avant qu'il ne claque la porte de son antre secret.
« Ah ouais, ça rigole pas l'exorcisme, chez vous ! Commenta Chan face aux nombres de cartons.
Jeongin lui fit signe de se taire immédiatement, indiquant la porte. Il recolla à nouveau le sceau contre celle-ci pour bloquer tous les sons, et s'approcha à nouveau des boîtes.
— C'est celui-là ?
En même temps de poser la question, Chan accompagna son geste en tentant de l'ouvrir. Le rose n'eut pas le temps de l'interrompre qu'il le vit tomber au sol en criant de douleur.
— C'est quoi, cette boîte ?! S'exclama-t-il en reprenant contenance.
— Mes parents ont apposé un sceau dessus, pas moyen de le toucher.
— Je comprends mieux pourquoi vous avez pris tout ça, alors... »
Jeongin fit un geste de la main, et la petite boîte contenant son pinceau, ses feuilles et l'encrier sortit de sa cachette en volant. Il l'attrapa au vol et l'ouvrit, déballant son matériel sur son bureau. Il saisit le pinceau, le trempa longuement dans l'encrier avant de le sortir, et le laissa flotter dans les airs jusqu'au carton. Et le pinceau traça une ligne droite sur le sceau déjà apposé, le barrant entièrement.
— C'est bon, vous pouvez l'ouvrir, normalement, déclara-t-il en ramenant le pinceau à lui.
— T'es sûr ? J'ai pas envie de me refaire électrocuter à nouveau, grommela le brun.
— Okay, je m'en charge ! Flipette.
— Eh ! Je te permets pas ! »
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