9 mars – 08:42

Le jeune danseur s'engouffra dans l'amphithéâtre, sa nouvelle coloration sur la tête. Ses cheveux désormais grisés voletèrent autour de lui tandis qu'il marchait d'une démarche fière.

Car en plus de sa nouvelle coloration, sa tenue vestimentaire était on ne peut plus classe, malgré la simplicité des vêtements choisis : un tee-shirt blanc, un pantalon en similicuir noir, une veste en cuir de la même couleur et une paire de basket bleue. Il s'assit à sa place habituelle, sortit son ordinateur prêt à prendre des notes, puis coucha sa tête dans ses bras, dans l'espoir de rattraper les deux heures de nuit ratées. Il ignora même son téléphone qui ne cessait de vibrer dans sa poche.

Étant le premier arrivé, la salle était encore vide. Une deuxième personne s'y engouffra également, montant une à une les marches.

L'amphithéâtre était vide. Il y avait plein de places partout autour de lui. Alors pourquoi diable cet individu avait décidé de s'installer à côté de lui, sans même se décaler d'un siège ?

« Oh, joli couleur.

Ah, ce n'était que Changbin. Le désormais grisé releva lentement la tête, plantant son regard neutre dans celui de son voisin.

— Ah ouais, t'as sorti le grand jeu, beau gosse.

Par contre, il lui semblait beaucoup trop familier avec lui...

— Merci. Tu fais quoi, là ?

— Bah je m'installe, ça se voit pas ?

Minho grommela quelque chose d'incompréhensible, avant de soupirer.

— Au fait, Minho, désolé pour hier...

— Chan s'est déjà excusé hier.

— Ouais, mais moi, je m'excuse surtout au nom de Jisung. Il t'aime bien, tu sais. Il ne voulait pas te blesser. Et disons que les câlins, c'est un peu sa marque de fabrique. Comme Chan, mais en moins insistant.

— C'est oublié, t'inquiète. »

Le noiraud lâcha un sourire, rassuré par ses paroles.

Agacé par les vibrations dans sa poche, Minho sortit son téléphone, observant qui l'embêtait de si bon matin. Et visiblement, ce n'était pas une, mais deux personnes qui le spammaient de message depuis ce matin.

De Hyunjin

Mec, t'avais dit que tu garderais le violet au moins un an !
Ça fait même pas cinq mois :(
T'as intérêt à envoyer une photo, ou je fais une descente chez toi !!
Minhoooooo
J'te cause, ducon !
Envoie la photooooooooooo

Alors comme ça, Con n°1 voulait une photo ? Bon, il la fera plus tard.

À Hyunjin

Ta gueule, tu l'auras ta photo, mais pas maintenant

Réponse envoyée. Passons au Con n°2 :

De Seungmin

Minhooooo
Montre ta tête
Askip t'as refait une colo
Je veux voir ta tronche
Je suis sûr que tu portes tellement bien la colo qu'elle brille plus que ton cul inexistant
Montre-moi, imbécile

Ils sont vraiment chiants, ma parole, pensa-t-il en tapant sur le clavier.

À Seungmin

Uniquement quand tu avoueras que mon cul bien rembourré est plus beau que le tien

Hop, réponse envoyée.

« Ce sont tes potes ? Demanda Changbin qui avait observé par-dessus son épaule.

Minho émit un mouvement de recul discret, mais ne dit rien de plus dessus, posant plutôt son téléphone sur la table.

— Hyunjin et Seungmin ? Ouais.

— Oh, ils sont dans quoi ?

— Encore au lycée, comme Jisung. Mais question orientation, Seungmin pense faire des études de lettres. Et Hyunjin veut se lancer dans la mode.

— En fait, à part Chan, tous tes potes sont plus jeunes que toi, fit remarquer Changbin avec un sourire.

Le grisé se tourna vers lui, surpris.

— On a le même âge, non ?

— Nan, j'ai dix-huit ans. T'as redoublé au collège, nan ? C'est ce que tu m'as dit hier.

Le constat qu'il n'avait que des gamins comme amis le fit grimacer. Pour la première fois, le visage de Minho ne reflétait plus l'impassibilité. Un O s'était formé sur ses lèvres tandis que ses sourcils étaient légèrement froncés alors qu'il hochait vaguement la tête. Son cadet d'un an éclata d'un rire fluet, le surprenant une nouvelle fois.

— Putain, si tu voyais ta tronche ! S'exclama le noiraud en se tenant le ventre.

— Oh ça va !

— Ça veut dire que t'es plus con que moi du coup.

— Pas autant que toi, je te rassure. L'âge ne fait pas tout, je te signale.

— Eh ! »

Changbin râla légèrement face au répondant de son aîné, et s'apprêtait à lui donner une frappe amicale. Mais il s'arrêta brusquement dans son mouvement, se rappelant ce que Chan lui avait dit : pas de contact physique jusqu'à ce que Minho ne stipule le contraire. Et puis, il avait vu ce dernier se raidir alors que ses doigts étaient à dix centimètres de le toucher.

Le rappeur ramena sa main, sous le regard perçant du grisé. Il passa une main gêné derrière sa nuque et bredouilla un « désolé ». Au fond, Minho appréciait son attention, alors il sourit doucement en lâchant un remerciement gêné mais sincère, sorti du fond du cœur. Il était conscient que ça lui demandait énormément d'efforts pour limiter les contacts physiques avec lui, alors il fallait qu'il fournisse un effort aussi de son côté.

Le cours d'histoire de la musique se déroula lentement. L'un comme l'autre n'aimait pas spécialement l'histoire, et ce n'était pas en étant dans une filière musicale que ça allait changer.

Au bout de deux heures, leur supplice prit fin, et tous les étudiants sortirent en trombe pour aller prendre l'air avant d'entamer leur prochain cours.

« Je vais au distributeur, déclara Minho en farfouillant dans son sac. Tu veux quelque chose ?

— S'il y a du Coca, je veux bien. Sinon, du jus d'ananas suffira.

— Ok. »

Pourtant, il ne bougea toujours pas, cherchant quelque chose. Il soupira, puis se leva finalement, abandonnant sa recherche.

Il déambula dans les couloirs avant de tomber enfin sur un distributeur. Distributeur déjà occupé par un jeune blond familier, qui s'était penché pour prendre son dû.

« Bonjour Jisung.

— Aaaaaahh !

Le lycéen sursauta brutalement en retombant sur les fesses, son paquet de chips et son portefeuille volant avant de s'écraser piteusement au sol. Minho ramassa le tout d'une main, puis tendit l'autre à Jisung pour l'aider à se relever, un sourire amusé sur les lèvres. Ce dernier observa sa main, surpris, mais l'accepta bien vite. Et son air content laisse vite place à la gêne.

— Merci, marmonna-t-il en reprenant ses biens.

— T'inquiète, j'aurais dû attendre que tu te redresses. »

Le grisé en profita pour commander ce dont il avait besoin, sous le silence tendu qui s'était installé.

« Je suis vraiment désolé pour hier, prononça le blond. Je ne voulais pas te blesser. J'ai juste eu peur que tu t'en prennes à Chan alors...

— Je ne t'en veux pas, Jisung, ta réaction était légitime.

Le blond hocha lentement la tête, peu convaincu. Son regard se posait partout sauf sur son aîné.

C'est qu'il était adorable, tout de même.

— Mais je t'avoue que ça m'a fait un mal de chien, sur le moment, ajouta Minho en riant légèrement. Il est vachement puissant, ton pouvoir.

— Sérieux ? Putain, j'étais sûr de l'avoir contenu, même un peu. Comme je peux envoyer des ondes de chocs, j'ai dû mal à réguler ma puissance, surtout avec la peur... Vraiment désolé.

— T'inquiète, je te dis. Je vais mieux maintenant. »

Nouveau silence. Il est vrai que Jisung était quelqu'un de très attachant, mine de rien.

« Sinon, tu as le droit de te servir au distributeur comme ça ?

— Je me sers que quand je viens ici pour une bonne raison. Et là, je vais voir Chan pour bosser sur une nouvelle prod. Et toi ?

— Mouais, j'y crois moyen. Dans dix minute, je reprends les cours. Mais tu ne travailles jamais ou quoi ?

— Laisse tomber, mon lycée fait des journées pédagogiques presque tout le temps.

— Je vois ça. Je te laisse, Changbin attend sans doute sa canette.

— Yes ! À plus tard, bro ! »

Ils échangèrent un sourire cordial avant de repartir chacun dans la direction opposée.

Une fois revenu à l'amphithéâtre, Minho posa la canette devant le noiraud qui le remercia avant de se rasseoir à sa place, sa tasse de café fumante en main. Puis il reprit ses recherches, fouillant dans tous les recoins de son sac.

Sans rien trouver, il se tourna vers Changbin, un air concis sur le visage.

« T'as un chargeur d'ordi ?

Comme pris d'un intérêt soudain, le rappeur se redressa, masquant comme il le put son sourire. Que Minho ne pouvait que voir, bien évidemment.

— Ça dépend. Ton chargeur nécessite combien de puissance pour ton ordi ?

— De puissance ?

— Combien de watt, si tu préfères.

Le grisé fronça les sourcils, puis entreprit de chercher le modèle de son ordinateur sur Internet.

— Quarante-cinq watts. Pourquoi ?

Changbin saisit son propre ordinateur puis le tendit à son aîné, sous son regard d'incompréhension.

— Je te passe le mien pour que tu prennes des notes, pendant que je prends le tien pour le charger.

Comprenant alors ce qu'il allait faire, Minho accepta l'échange en analysant tous les faits et gestes du noiraud. Une fois l'échange effectué, Changbin trouva assez facilement le conductible nécessaire pour le chargement. Il retira son téléphone et sa montre, qu'il posa sur la table de Minho, puis il glissa le bout de son doigt sur la fente. Et de petits éclairs jaillirent de son doigt, pas assez puissant pour causer des dégâts, mais visiblement assez pour charger son ordinateur convenablement.

Subjugué, Minho l'observa en posant sa tête sur sa main.

— Tu ne m'avais pas dit que tu manipulais l'électricité.

— Surprise.

— Mais tu peux le charger plus vite, non ?

— Sauf si tu veux que je casse la batterie de ton ordi, on va éviter. C'est d'ailleurs pour ça qu'il ne faut jamais utiliser un chargeur différent du sien pour n'importe quel appareil, même le téléphone.

— Je vois. Ça doit être pratique un pouvoir pareil.

Il s'arrêta de parler quelques instants le temps de créer le fichier et d'écrire le titre du chapitre et du cours.

— Surtout quand on se bat, ajouta calmement Changbin. C'est extrêmement pratique. Mais ça, ne le dit pas à Chan ou il va me trucider.

— Parce qu'il y a vraiment des gens qui cherchent à se battre avec un mec comme toi ?

— Des tonnes, tu veux même pas imaginer !

— Si j'avais d'aussi gros muscles, à ta place, je me sentirais intouchable.

— Tu l'es déjà. Qui voudrait frapper un si joli visage ?

— C'est moi ou tu me dragues, là ?

— Peut-être, tu veux tenter l'étape supérieure ? »

Ils éclatèrent de rire, perturbant Changbin dans sa tâche. Et le cours reprit, à leur plus grande déception.

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