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7-Virus

Attention, chapitre long!!!

Chapitre 7 

JE RENTRE DANS LA CAFÉTÉRIA. Contrairement à ce matin, elle est remplie d'individus. Ils sont assis sur les chaises et les tables sont remplies de nourritures. Un brouhaha résonne dans la pièce tel un écho. Les Novices qui sont assis à une table dans un coin de la salle. Ils sont tous là. Les autres tables sont occupées par des personnes en uniformes blancs. Les Soldats Blancs. Ceux qui ont gagné l'Uniforme.

Les comptoirs sont ouverts et ne sont plus entourés de barrières métalliques. On se met dans la file. Je prends un cabaret gris et ouvre le petit réfrigérateur minibar près du comptoir, pour y prendre une boisson. Un jus de pomme, mon préféré.

On avance au comptoir où se tient une dame. Nina y pose son cabaret et je l'imite. La dame dépose une assiette de sauce brune sur nos cabarets. C'est un plat avec des petits morceaux de viande et de carotte. Wassa dépose à son tour son plateau devant la dame.

-Bon, alors je vais prendre des sushis, commence Wassa. Mais seulement ceux avec du homard à l'intérieur. Si vous pouvez aussi me mettre un petit plat de riz avec comme accompagnements des crevettes et des carottes. Attention, j'insiste pour que mes carottes soient émincées. Pour le dessert, je prendrais une part de gâteau au chocolat, mais attention, une très petite part, il faut que je garde ce corps de rêve.

Nina pose une main sur sa bouche. On dirait qu'elle se retient d'éclater de rire.

-Quoi, s'étonne Wassa en la toisant.

La dame de la cuisine le fixe avec un énorme sourire, comme ceux de ma mère. Ce n'est pas bon signe.

-Vous voulez d'autres accompagnements pour votre plat? demande-t-elle.

Wassa hoche la tête.

-Eh bien, si vous insistez. Je prendrais aussi des avocats, je tiens à ce qu'ils soient frais.

-D'accord, je prends ça en note et j'imagine que vous voulez que vos avocats soient aussi émincés.

-Pas aussi fin que les carottes, mais oui, renchérit Wassa. Et n'oubliez pas la sauce pour les sushis.

Le sourire de la dame s'élargit. Je suis habitué à ce genre de faux sourires. Wassa est tellement arrogant, qu'il ne se rend même pas compte qu'elle se moque de lui.

-Quelque chose à boire, poursuit la dame?

Wassa tourne la tête vers le mini-réfrigérateur. Je remarque qu'il n'a pas pris de boisson.

-Eh bien, vos boissons ne me donnent pas trop envie. Je prendrais un verre d'eau pétillante avec une pincée de jus de citron.

La dame plisse les yeux. Pendant quelques secondes elle continue de fixer Wassa, mais d'un seul coup, son sourire s'efface. Elle dépose un plat de ragoût dans son cabaret.

-Mais...

-Je ne pense pas que ça marche comme ça ici, je lui souffle tout bas.

Au Nord, à l'école, les enfants des membres de l'Élite peuvent commander le plat qu'ils souhaitent à l'heure du repas. En tant que fils du Second, Wassa a l'habitude d'obtenir ce qu'il veut. Il doit comprendre qu'ici, c'est différent. Ici, il est comme tout le monde... enfin si on veut.

-Je n'ai pas demandé ça ,rétorque Wassa.

Mais la dame ne le calcule plus. Elle sert Akan et passe au suivant.

-Allez viens, dis-je à Wassa en prenant un petit pain sur l'une des étagères près du comptoir. On cherche des tables libres, mais toutes les tables sont déjà remplies. À chaque fois qu'on avance, les gens nous dévisagent. Ils nous toisent avec un air méfiant dans le regard. Je remarque que les regards sont plus portés vers moi, plutôt que sur Akan et Wassa. Peut-être que c'est à cause de mes cheveux. C'est vrai qu'avec ma crinière de lionne on me remarque beaucoup plus. On trouve une table, près de celle où sont assis quelques Novices. Ils sont trois. Quand on arrive pour s'asseoir, ils se relèvent pour partir.

-Ouais, c'est ça, barrez-vous, commente Wassa.

Je lève les yeux au ciel. Avec son attitude, on ne risque pas de se faire des amis. On s'assoit. Wassa se place à côté de moi. À peine avoir posé ses fesses sur le banc, il place son bras autour de mes épaules.

-Non, mais sérieux c'est quoi cette merde, il lance.

Je retire son bras.

-Du ragoût, répond Nina. C'est plutôt bon. Essaie avec ça.

Elle trempe le bout de son pain dans la sauce brune et croque dedans.

Wassa ne répond pas. Il enfonce sa cuillère dans la sauce brune et la fourre dans sa bouche. Son visage se déforme par une grimace. Il n'a pas l'air d'aimer ça, vu la façon dont il s'est déchaîné sur le sac ce matin, il doit être affamé. Je jette un coup d'œil par-dessus mes épaules, les regards sont toujours posés sur nous, sur moi. Avec mon élastique, je replace mes cheveux pour les attacher en chignon.

-J'aurais préféré les sushis, râle Wassa. Pourquoi tu attaches tes cheveux? demande-t-il en se tournant vers moi.

-Parce que j'ai chaud après cet entraînement, mens-je.

Il fronce les sourcils, ils forment une sorte de traits au-dessus des yeux, comme s'il doutait de mes paroles.

-Hmmm, fait-il.

Il tourne ses yeux vers son assiette.

-C'est dégoûtant, mais j'ai vraiment faim, alors tant pis.

Il pince son nez pour arriver à avaler le ragoût. Je roule des yeux. Toujours à faire son intéressant celui-là. Je sais qu'il a l'habitude de manger de la nourriture plus raffinée au Nord. Akan enfile à son tour sa cuillère dans sa bouche. Il mastique un moment l'aliment.

-Ouais, ce n'est pas complètement dégoûtant, lâche-t-il.

Je prends à mon tour une bouchée de mon ragoût. Le goût n'est pas mauvais, mais ça ne compétitionne pas avec les bons petits plats des cuisiniers du Nord.

-Je ne sais pas pour vous, commence Nina, mais l'entraînement m'a épuisé. Les exercices sont super durs à faire je trouve. Pas vous? Heureusement que tu étais là pour m'aider dit-elle en me regardant.

-Ouais... c'était super dur pour moi aussi, mentis.

-Ah, j'ai oublié de me prendre un truc à boire. Je reviens.

Elle se lève et se dirige vers les réfrigérateurs minibar où il y a maintenant une longue file. Je tourne les yeux vers Akan, assis en face de moi. Il lève un sourcil.

-Quoi? fais-je.

Je prends une autre bouchée du ragoût.

-Tu plaisantes j'espère.

Je hausse les épaules.

-Ces exercices n'ont pas été durs pour toi. Tu connaissais déjà toutes les techniques que nous ont montrées Daniel et Mill.

-Chut, je fais.

Je regarde autour de moi, craignant qu'une personne l'ait entendue.

-Je t'ai déjà vue t'entraîner avec ton père Jam et c'était plutôt violent. Tu aurais pu combattre tout le groupe sans même trop forcer.

-C'est vraie, princesse, tu es même capable de me battre moi, ajoute Wassa. Et ce n'est pas facile de me mettre K.O.

Il fait gonfler son biceps gauche. Je roule des yeux. Son arrogance me répugne.

–Pour la une millionième fois, arrête avec ce surnom. Écoutez, tout ce que je veux, moi c'est me fondre dans la masse. Vous avez vu comment les Unions nous regardent. Je n'ai pas envie de me faire remarquer plus qu'il faut, c'est tout.

-OK, répond Akan.

Wassa n'a pas très l'air convaincu, mais il ne dit rien. Quelqu'un passe près de notre table et verse du ragoût sur mon bras.

-Oups, fait-il.

Je me retourne. Deux gars se tiennent derrière moi. Je reconnais leur visage. Ce sont les Novices de mon groupe. L'un d'eux est Derek, lui qui a marmonné le mot virus en toussant.

- Tu ne peux pas faire attention où tu marches, crétin! crie Wassa.

Il prend un papier sur la table et nettoie le liquide brun sur mon bras.

-Oh, désolé, dit Derek.

Il place une main sur sa poitrine.

-Je n'ai vraiment pas fait exprès. Pardonne-moi. Jameela, c'est ça?

Je le regarde. Il sourit. Il a peut-être vraiment pas fait exprès,  mais quelque chose me dérange vraiment dans son sourire. Je reste perplexe.

-T'as deux pieds gauches ou quoi? rétorque Wassa.

-C'est bon, ça va aller. Ça ne fait rien, réponds-je.

Je  n'ai pas envie de me disputer avec lui. Alors que je me retourne vers mon plat, pensant qu'il allait repartir, il s'approche de moi et fait exprès de pencher son assiette dans ma direction. La sauce brune dégouline sur mon bras.  Là j'en suis sure, il a fait exprès.

-Non, mais c'est ton problème, crache Wassa.

- Je n'ai aucun problème. C'est juste que ça m'étonne de vous voir là. Moi qui pensais que les sauvages ne mangeaient rien d'autre que la cervelle humaine.

-Non, mais tu as dit quoi là. Répète ça, aboie Wassa.

Il se lève d'un bond sur sa chaise et tape fort sur la table. Ma bouteille de jus de pomme manque de chavirer sur la table, mais je le retiens pour pas qu'il tombe.

-C'est qui que tu traites de sauvages?

Des têtes commencent à se retourner vers nous. Je tire sur son bras pour le forcer à se rassoir. Inutile de faire une scène. On n'a pas besoin de plus d'attention que ça.

-Arrête, l'imploré-je. Laisse tomber. Il n'en vaut pas la peine.

Pendant quelques secondes, Wassa et Derek se toisent en plissant les yeux. Le garçon aux yeux gris continue d'afficher ce petit sourire arrogant sur son visage. Il le provoque. Wassa hésite un moment, mais finit par se rassoir.

-Ouais, c'est ça, écoute ta petite chérie, dit l'un des Novices derrière lui.

Il a les cheveux bruns bouclés, avec un teint olive. Il passe ses mains par-dessus son épaule et remue ses lèvres pour faire semblant d'embrasser quelqu'un.

Les deux rient. Quelle horreur.

- Vous devriez avoir honte de venir ici, reprend le bouclé.

Il fait un pas vers moi, devançant Derek.

-C'est à cause de vous si mon père doit payer à chaque fois pour avoir l'Antidote pour ne pas crever du Virus. Votre Territoire de merde nuit au nôtre.

-Tu as raison, Charles, confirme Derek qui acquiesce de la tête.

Dans la table à côté, les autres Novices arrêtent de manger et lèvent leur regard sur nous.

- Mon père dit que c'est à cause de vous si notre Territoire tombe dans les ruines, ajoute Derek. Ce n'est pas cool que des sauvages comme vous vivez dans le luxe pendant que nous ont vit presque dans la merde, conclut Derek qui se trouve presque nez à nez que nous.

J'appuie de toutes mes forces sur l'épaule de Wassa pour l'empêcher de se relever à nouveau. Je le connais, c'est un bagarreur. Ça ne finit jamais bien pour ceux avec qui il se bat. À l'école, je l'ai vu tabasser plusieurs fois les autres élèves, juste par envie. Étant le fils du Second, les professeurs ne le punissaient jamais. Il a une haine profonde pour les Unions. J'écoute parfois ses conversations avec ses amis de la façon dont il souhaiterait que l'Élite arrête la distribution de l'Antidote sur le Territoire Sud. Il souhaite les voir mourir. Il ne voulait pas venir à l'Académie, mais son père ne lui a pas laissé le choix. S'il frappe Charles ou Derek, c'est fini. Il va les rouer de coups et on va se faire virer. Ce sera la fin du Mélange.

-Écoute, je crois que tu devrais y aller, dis-je tout bas. Je n'ai pas envie que ça dégénère.

-Ah, parce que tu crois que tu peux me dire quoi faire? lance Charles. Ici on est sur mon Territoire. Virus.

Je grimace. Je déteste ce mot. Pourquoi le répète-t-il tout le temps? 

-Les gens comme vous n'ont pas leur place ici. Tirez-vous!

Wassa se relève pour se jeter sur Charles, mais je suis plus rapide que lui. Je pousse Charles. Il heurte la table des autres Novices.

-Arrêtez, je ne veux pas vous faire de mal, dis-je.

-Ah ouais, dit Derek?

-Ouais, répond Akan, qui jusqu'ici était resté silencieux. J'admire son calme et sa réserve. Si tu continues comme ça, mon amie va te casser les dents. Et crois-moi je ne parle pas du gars là, mais d'elle.

Il me pointe du doigt. Je me tourne vers lui et lui jette un regard noir. Je n'ai pas besoin de ce genre de pression, ni plus d'attention qu'il ne faut.

Charles revient près de Derek. Ils se regardent quelques secondes avant de tourner la tête vers moi. Derek pousse d'une main le bouclé vers moi.

- Alors, montre-moi ce que tu sais faire, lance-t-il. Virus.

Il prend bien son temps pour prononcer ce mot. Je grogne. Il balance son poing sur ma face, mais je l'esquive. Il recommence et je saisis son bras et lui assène un coup de poing à la mâchoire.

Il recule et perd presque l'équilibre. Il s'affale encore une fois sur la table des autres Novices derrière lui.

Tous les Novices se lèvent d'un coup pour encercler notre table. Merde. Je n'ai pas besoin de toute cette attention.

-Arrête, soufflé-je. On peut s'arrêter là.

Charles crache un filet de sang par terre. J'ai peut-être cogné trop fort. Il prend l'assiette sur le cabaret derrière lui et le projette sur moi. Je me baisse et le ragoût atterrit sur l'un des Novices du cercle.

-Ouais, bataille de bouffe! crie le Novice.

Il attrape une assiette sur la table et le balance sur l'un de ses camarades.

C'est automatique. La nourriture commence à voler sur tous les tables de la cafétéria. Les gens crient. Hésitant au début, quelques Soldats Blancs dans la salle se mettent à balancer de la bouffe de partout. Les autres évitent les plats qui arrivent dans leur direction.

Charles me lance toutes sortes de choses. Des assiettes, des bouteilles, des petits pains. J'attrape mon cabaret pour protéger mon visage. Derek s'avance vers moi pour m'attaquer à son tour, mais Wassa le saute dessus, le plaquant ainsi au sol.

Nina revient en courant vers nous avec une bouteille de jus de raisins entre les mains.

-Mais qu'est-ce qui se passe ici? s'interroge-t-elle.

Elle se couvre la tête pour éviter de se prendre un petit pain volant en pleine tronche. Quand elle voit Charles qui fonce vers moi, elle lui balance sa bouteille à la tête. Il ralentit sans ne s'arrête pas. Il fonce les mains tendues vers moi, mais je le bloque. Une bonne droite et je colle au tapis. Mais ce n'est pas ce que je veux. À la place, j'attrape son bras. Je le passe derrière son dos.

-Aïe!

Il crie. Il ne peut plus dégager son bras. Je plaque son torse contre la table.

-Tu vas arrêter maintenant, dis-je.

-Ça suffit! hurle une voix.

Tout le monde s'arrête. Plus d'aliments qui volent. Les rares soldats qui s'amusaient à lancer la nourriture reprennent leur sérieux. Ils se taisent. On passe d'un grand brouhaha, à un silence total. Je lâche le bras de Charles. Je lance un regard à Akan et Wassa. Akan est caché sous la table et Wassa retient un Derek par la colle de son t-shirt, mais finit par lâcher son emprise sur le garçon.

L'homme qui vient d'entrer dans la salle porte la tenue des Soldats Blancs. Ses yeux s'arrêtent vers notre groupe. Il se dirige vers nous. C'est le silence total. On pourrait entendre une mouche voler. Il nous dévisage de la tête aux pieds. Il comprend, dû à nos tenues noires que nous sommes des Novices. Les Unions dans la cafétéria portent tous l'Uniforme.

-Qui sont vos Formateurs? demande-t-il d'une voix ferme.

-L'officier Mill et le Capitaine Daniel, répond l'un des Novices.

-Que tout le monde sorte! crie-t-il. Les Novices vous restez.

Il se tourne vers un des soldats.

-Va me chercher Mill, il est sûrement au quatrième.

Le soldat acquiesce et quitte la cafétéria comme le reste des autres soldats.

Je ne le connais pas, mais il a l'air très intimidant. Pas aussi intimidant que Daniel, mais assez pour que les autres soldats obéissent sans faire d'histoire. Il ne reste que les Novices. L'homme apporte son poignet vers son visage. Je vois qu'il a le même bracelet que j'avais. Il pèse sur le bouton d'appel et après trois sonneries, j'entends la voix d'une personne. Celle de Daniel. L'homme lui demande de venir à la cafétéria, que c'est en lien avec ses Novices. L'homme raccroche et croise les bras devant nous. On reste tous en silence à se regarder du coin de l'œil. Personne n'ose bouger, pas même Charles ou Derek.

Quelques minutes plus tard, Daniel et Mill entrent dans la cafétéria. Ils balaient la pièce du regard, comme pour constater les dégâts. La salle n'est pas en très bon état. En quelques minutes seulement, la bataille de bouffe a suffi pour mettre l'endroit sans dessus-dessous. De la nourriture sur le sol, de la nourriture sur les tables, de la nourriture sur les murs. De la nourriture partout. Même les poubelles sont renversées par terre.

-Qu'est-ce qui se passe ici? s'interroge Daniel en s'avançant vers nous.

Je remarque maintenant qu'il a le même bracelet que le soldat attaché autour de son poignet gauche.

-Vos Novices ont commencé à se chamailler comme des enfants, dit le Soldat Blancs.

Il est un peu plus âgé que Daniel, mais beaucoup plus jeune que Mill. Peut-être dans la trentaine.

-Elle m'a attaqué en premier, s'empresse de dire le Charles.

-Est-ce que c'est vrai me? demande Mill.

Mais je ne le regarde pas. Je regarde Daniel et il me regarde aussi. J'essaie d'articuler, mais les mots refusent de sortir. Pour une raison que j'ignore, je n'arrête pas de bégayer en sa présence. Et je n'ai pas envie de me ridiculiser devant les autres Novices. Je préfère ne rien répondre.

-Alors, insiste Mill.

-C'est lui qui a commencé, lâche Wassa. Il nous a même traités de Virus.

J'observe leur visage. La seule personne qui ait l'air choquée est le Capitaine. Mill, lui, adopte la même expression sur son visage, comme si on venait de lui donner l'heure. L'autre soldat roule les yeux et se donne un air détaché. Daniel se retourne vers le Soldat Blanc.

-Je vais prendre la relève. Tu peux sortir, Lieutenant Jill.

-Bien, Capitaine.

Le soldat hoche la tête et sort. Il l'a appelé lieutenant. Je me souviens de ce que nous a dit Ken, à notre arrivée. Les Capitaines et les Lieutenants ont eux aussi des bracelets intelligents, mais pas le reste des Soldats Blancs. Je me rappelle d'un livre à l'école qui parlait de la hiérarchie des grades à l'Académie. Si je me souviens bien, il y a tout en bas les Novices, viennent ensuite les soldats, les commandants et en haut des rangs, les Capitaines. Ça veut dire que Daniel est au sommet de la hiérarchie, mais je ne comprends pas la raison, il est très jeune comparé aux autres. Il me semble qu'il lui faudrait des années d'expérience pour obtenir ce grade. Est-ce que c'est parce qu'il est le fils du Président? Qu'est-ce qui fait qu'un soldat prend le titre de Commandant et l'autre le titre de Capitaine? Il n'y a pas ce genre de grade dans le Territoire Nord. L'Élite dirige le Nord. Ils sont les soldats et leur chef est le Leader. Mon père.

-Garde-à-vous! crie Daniel.

Tous les Novices se précipitent pour se mettre en rang. Ils adoptent une posture droite, les mains plaquées de chaque côté du corps. Je me dépêche pour faire comme eux. On se met en deux rangées l'une en face de l'autre. Je me retrouve debout entre Akan et Nina, en face de moi se tient Charles.

-Je pensais avoir déjà réglé ce problème ce matin, commence Daniel.

Il commence à marcher entre l'espace qui se trouve entre nos rangées.

-Je pensais avoir été clair en disant que ce genre de comportement ne serait pas toléré dans ce groupe.

Sa voix est extrêmement calme et c'est ce qui m'intimide le plus. Je le vois sur son visage qu'il est énervé, mais il ne le montre pas dans sa voix. Il garde son sang-froid et c'est ce qui me fait peur. Je ne sais pas ce qu'il va faire. Va-t-il nous frapper? Est-ce que les Formateurs ont le droit de frapper les Novices? Va-t-il nous renvoyer? Alors je ne serai restée que quelques heures à l'Académie. Il est trop calme et je n'aime pas ça.

-On ne sait pas ce qui s'est passé, intervient Mill. Peut-être qu'ils...

Daniel lui jette un regard noir et il se tait sur le champ. Mon père aussi à cette capacité de faire taire les gens avec un simple regard.

-Vous semblez oublier ce qui se passe en dehors de l'Enceinte, poursuit Daniel. Je vais vous rafraîchir la mémoire. Les Immortels sont de plus en plus nombreux et ils menacent nos murs à chaque jour qui passe. Le nombre d'Intouché dans le Territoire Sud n'est pas assez élevé pour les tuer. C'est la raison pour laquelle après vingt ans d'Alliance le gouvernement de l'État d'Union et l'Élite des Noirs ont décidé de procéder au Mélange pour qu'on puisse avoir une chance de combattre ces créatures. Vous les Enfants de l'Alliance, avez été sélectionné pour faire le Mélange, contrairement à ceux qui ont connu la Guerre.

Il marche au milieu du rang, les mains croisées à l'arrière du dos et nous détaille individuellement à chaque pas. C'est comme si un seul regard sur nous lui permettrait de connaître tous nos secrets. Tout le monde se tient droit, la tête haute avec les yeux rivés devant la personne en face de soi. Mes yeux sont fixés à ceux de Charles. Il les plisse, mais ne les détourne pas. Moi non plus!

Je tiens bon.

-Nina, quelle est la devise des Soldats Blancs?

-Ensemble, nous vaincrons, monsieur, répond Nina d'une voix forte.

-Oui ensemble, reprend Daniel. Ce qui se passe ici doit s'arrêter maintenant. La seule façon qu'on peut protéger l'Enceinte contre les Immortels c'est en travaillant ensemble.

Son ton n'est plus calme. Sa voix s'élève et résonne dans la cafétéria comme un écho.

- Alors peu importe le Territoire d'où vous venez. Peu importe que vous soyez une fille ou un garçon. Peu importe la couleur de votre peau. La seule chose qui compte, c'est que c'est nous contre eux maintenant. Et par eux je veux dire les Immortels.

Il insiste fortement sur le dernier mot et va se replacer en avant du rang.

-Je veux que vous regardiez la personne en face de vous.

Charles ne me quitte pas des yeux et je soutiens son regard. C'est le plus long contact visuel de toute ma vie. Mes mains tremblent. Je serre les poings pour empêcher les secousses. Je dois tenir bon.

-Regardez-la bien, parce que vous allez mourir pour cette personne. Vous allez tuer pour cette personne. Et le plus important, c'est que vous allez vous tenir au côté de cette personne et vous battre l'un pour l'autre.

Daniel hurle de toutes ses forces les trois derniers mots.  On reste comme ça pendant plusieurs secondes à se regarder l'un l'autre. Je me demande ce qu'ils voient en me regardant. Je me souviens de ce qu'il a dit plus tôt avant la bagarre. Son père est malade et doit acheter l'Antidote. Me voit-il comme la source de tous ses problèmes? La raison pour laquelle son père est malade. La raison pour laquelle son père doit payer pour l'Antidote. La raison pour laquelle le Territoire Sud est beaucoup plus pauvre que le Territoire Nord. Je comprends. À sa place, je me détesterais aussi. L'Élite fait payer aux Unions pour avoir l'Antidote et ça appauvrit la population. Papa et l'Élite ont la Formule de l'Antidote et ceux qui possèdent la Formule possèdent le monde. J'imagine que ce n'est pas tout le monde qui peut payer. Les Autres nous voient comme des profiteurs. Ils n'ont peut-être pas tort. On ne mérite peut-être pas notre place ici...

-Repos, dit Daniel après d'interminables secondes.

Tout le monde se relâche. Charles détourne le regard et je fais pareille. C'est comme s'il avait besoin de la permission du Capitaine pour détacher ses yeux sur moi.

-Vous pouvez partir.

Le rang se défait. Les Novices et Mill s'avancent vers la sortie. Derek me toise avant de les suivre. Alors que j'empêtre le chemin vers la sortie, Daniel m'arrête par le bras.  Mon cœur s'accélère. Je le sens battre très vite dans ma poitrine. Il enlève sa main quelques secondes plus tard, mais je sens encore la pression de ses doigts sur mon bras. Je ne comprend pas pourquoi mon corps réagit comme ça quand il me touche? Il m'énerve!

-Tu restes ici, Jameela.

Il se tourne vers Charles qui se trouve déjà à deux pas de la sortie.

-Toi aussi tu restes, Charles, lance-t-il d'une voix forte.

Le garçon se retourne et revient vers nous. Daniel attend que tout le monde soit parti pour parler. Akan, Wassa et Nina se retournent une dernière fois vers moi avant de sortir. Quand le dernier Novice sort, Daniel se dirige vers le comptoir où se trouve la dame qui nous a servi le repas. Je l'avais oublié celle-là. Daniel lui souffle quelque chose à l'oreille et elle hoche la tête. Elle lui tend deux chiffons. La dame descend ensuite les barrières qui sont suspendues au plafond. Elle entoure le comptoir, l'étagère de petit pain et le réfrigérateur minibar. Elle tire sur une chaise pour s'asseoir et tourne la tête vers nous.

Daniel revient vers nous et nous tend chacun un chiffon. On le prend, en se regardant du coin de l'œil.

- Madame Jessie va rester ici pour vous surveiller, commence-t-il. Vous allez ramasser la nourriture au sol, nettoyer les taches sur les murs et même décoller les chewing-gum qui sont sous les tables. Je veux que cet endroit soit si propre qu'on puisse manger sur le sol.

-Quoi, s'étonne Charles, mais les autres aussi ont lancé la nourriture, ce n'était pas juste nous.

-Les autres n'ont pas commencé la bataille, vous si.

-Mais c'est elle qui a...

-Suffit, rugit Daniel.

Charles baisse la tête, comme un petit chiot apeuré devant son maître.

-On doit tout nettoyer avec un chiffon? questionné-je. Ça va prendre tout l'après-midi.

-Vous ne manquerez à personne, rétorque-t-il, en jetant ses yeux sur moi.

- Comment fait- on pour enlever les chewing-gums sous les tables? intervient Charles.

-Vous avez vos doigts, répond Daniel.

Il tourne les talons pour partir, mais avant de quitter la salle il lance :

-La prochaine fois, vous penserez à deux fois avant de commencer à vous battre. Un autre incident de la sorte et vous êtes virés. Compris?

On hoche tous les deux la tête.

-Compris, insiste Daniel.

-Oui Capitaine, lance-t-on Charles et moi d'une même voix.

Daniel quitte la cafétéria. Madame Jessie continue de nous regarder.

Je jette un coup œil furtif vers Charles. Il pousse un long soupir. Je m'avance vers lui.

-Je... Je suis désolée pour ton père.

Je suis sincère. Il lève les yeux sur moi et respire fort. Ses narines s'élargissent à chaque inspiration. On dirait qu'il cherche ses mots. Il finit par hausser les épaules et souffle : Tu sais quoi, reste loin de moi. VIRUS.

Je dépose le septième chapitre ici. Alors dites moi ce que vous en pensez. De la punition de Daniel? La bataille de bouffe?😂😂 J'ai toujours voulu écrire une scène comme ça. Merci aux lecteurs. N'oubliez pas de cliquer sur l'étoile si vous aimez ce que vous lisez. 

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