24-Le Président
Chapitre 24
-RÉVEILLEZ-VOUS! HURLE UNE VOIX.
J'ouvre mes yeux à moitié endormis. Autour de moi, les Novices se précipitent tous hors de leur lit. Ils viennent se tenir debout devant leur couche, immobiles, le dos droit et les bras placés le long du corps.
-Capitaine, font-ils d'une seule et même voix.
Je tourne la tête vers la porte du Dortoir et vois Daniel qui se tient à l'entrée de la chambre. Je me dépêche à adopter la même posture que les Novices. Daniel marche doucement dans l'espace qui se trouve entre les deux rangées de lits. Son regard croise le mien. Je détourne les yeux. Il a dit quelque chose de bizarre hier quand je lui ai présenté mes excuses pour l'avoir mordu. Il m'a dit qu'il aurait peut-être la chance de se venger dans un autre contexte. De quel contexte il voulait parler? Qu'est-ce qu'il a voulu dire par là. Il y a une drôle de façon de me regarder et de me toucher. Parfois, j'ai l'impression qu'il...
Non!
Je secoue la tête, comme si je voulais m'enlever cette idée dans la tête. Le Capitaine ne pense pas à moi de cette façon. Je dois juste essayer de ne pas avoir l'air d'une idiote devant lui.
-Alors comme ça, vous avez décidé de faire la grasse matinée, commence Daniel, d'une voix dure.
Je jette un coup d'œil sur l'horloge au-dessus du mur de la porte. Il est passé midi. On a dormi toute la matinée.
Merde!
Personne ne sait se réveiller. Le Capitaine nous a déjà punis pour être arrivé en retard de quelques minutes seulement à l'entraînement une fois, je ne sais pas ce qu'il va faire maintenant qu'on a manqué tout l'avant-midi de cours.
-Je vous ai attendu ce matin dans la salle d'armes et vous n'êtes jamais arrivé! crie-t-il.
Quelques Novices sursautent au son de sa voix.
-On... on est désolé... Capitaine, balbutie un Novice.
-Silence! aboie Daniel.
Il se met à avancer dans le Dortoir avec un air menaçant. Son visage est dur et ses sourcils froncés. Il s'arrête au milieu de la pièce et commence à nous dévisager un par un. J'attends qu'il nous donne sa punition. Il va peut-être nous faire courir pendant plusieurs heures, pour remplacer celles qu'on a manquées ce matin ou il nous forcera sûrement à nettoyer toutes les salles d'entraînements. J'attends qu'il nous donne sa punition, mais il ne dit rien. Au contraire, il continue de nous observer et d'un coup, son visage s'illumine. Il sourit et je dois avouer que ça le rend plus beau.
-Je plaisante, rigole-t-il en voyant nos têtes.
Pendant quelques secondes, on n'entend rien d'autre que le son de son rire dans la chambre. Un son grave et doux à la fois. Tous les Novices se regardent du coin de l'œil, étonnés de la scène qui se présente sous leurs yeux. Ça doit être la première fois qu'ils voient le Capitaine rire de cette façon. La première fois qu'il rit tout court. Je l'ai déjà entendu rire une fois, quand je l'ai croisé une fois dans la salle de sport avec Veronica, mais je suis moi aussi surprise de le voir comme ça.
Nina me lance un regard perplexe, elle est bouche-bée elle aussi.
-Je sais qu'après la nuit dernière, vous devriez tous être fatigués, reprend-il plus sérieusement. Et je ne suis pas venue pour vous gronder, au contraire. Je suis venue vous présenter mes excuses.
-Vos excuses, mais pourquoi? s'étonne Nina.
-Pour la façon dont je vous ai traité ces derniers jours lors des entraînements. J'ai été trop dure avec vous, surtout avec toi Nina.
Mon amie ouvre de grands yeux, comme la plupart des Novices. Ils semblent surpris des propos du Capitaine, moi y compris.
-J'étais en colère, après ce qui est arrivé au Capitaine Luke, ajoute-t-il.
C'est le Capitaine qui est mort pendant l'embuscade organisé par les Immortels plus évolués, il y a quelques jours. Je me souviens que le Lieutenant Gate nous avait raconté ce qui lui était arrivé. C'était tout juste après que Daniel a humilié Nina devant le reste du groupe.
-J'ai perdu un grand ami, cette nuit-là et je ne voulais pas que la même chose vous arrive. Je ne voulais pas avoir votre mort sur la conscience, alors je suis devenue plus sévère avec vous. Je vous ai poussé à dépasser vos limites alors que la plupart d'entre vous n'étaient pas prêts. Un bon Capitaine doit être à l'écoute de ses soldats et ces derniers jours, je ne l'étais pas et pour cela, je m' excuse.
Pendant un moment, personne ne parle. Tous les pairs d'yeux dans la chambre sont braqués sur Daniel, alors que son regard à lui est fixé sur le sol. C'est la première fois qu'il s'ouvre à nous comme ça.
-Vous n'avez pas à vous excuser, Capitaine, commence Nina. C'est grâce à vos entraînements qu'on a trouvé le courage de participer à la bataille la nuit dernière.
-Oui, approuve Charles. Maintenant, on comprend pourquoi vous êtes aussi dure avec nous. À vu pu voir ce qu'il y avait de l'autre côté du Mur. Les Immortels sont plus dangereux que l'on pensait et vous nous formez à être de bon soldat pour les combattre. Alors merci, Capitaine.
-Merci, Capitaine répète les autres Novices.
Un autre sourire apparaît sur le visage de Daniel.
-Je suis content de vous entendre dire ça, car après ce qui s'est passé cette nuit, je vais devoir être encore plus dure avec vous. Je vais augmenter l'intensité des entraînements. Ce qui signifie que vous allez commencer plus tôt, finir plus tard. Vous aurez moins de temps libre et vous aurez plus de Simulation dans la Cage. Il faut vous habituer de plus en plus à être face à face avec ces charognes.
Charles pousse un soupir, comme s'il regrettait ses propos, mais il ne dit rien.
-Préparez-vous, ordonne Daniel, je vous attends à la salle d'armes dans une heure.
On hoche la tête.
-Jameela, tu peux t'habiller et me rejoindre dehors, me souffle Daniel tout bas.
Je fais oui de la tête. Il tourne les talons et quitte la pièce en fermant la porte du Dortoir. Je file à la salle de bain pour me brosser les dents, me faire un chignon et enfiler mon uniforme d'entraînement. Les autres Novices, eux, se couchent dans leur lit. Même Nina s'affale dans ses draps. Après tout, ils ont encore une heure devant eux, avant de rejoindre Daniel dans la salle d'armes.
Je sors du Dortoir pour rejoindre Daniel près des escaliers.
-Capitaine, dis-je en arrivant près de lui. Qu'est-ce qui se passe?
-Mon père et le Conseil veulent te voir.
Mon cœur manqua un battement.
-Pourquoi? Ils me veulent quoi, demandé-je d'un air bête.
Il ouvre les yeux surpris de mon ton.
-C'est juste que la dernière fois qu'ils m'ont vu, ils n'avaient pas l'air d'apprécier ma présence, alors.
-Pour leur défense, tu venais quand-même de poignarder le fils d'un de leurs membres, réplique-t-il en souriant.
Merde! Il est vraiment plus attirant quand il sourit et on dirait que ça commence à devenir une habitude.
-Écoute, ils veulent sûrement te parler de ce qu'il s'est passé la nuit dernière et de ton renvoie.
-Je ne vais pas leur supplier pour rester ici. Alors s'ils pensent...
-Et du calme, plaisante-t-il en levant ses mains dans les airs comme pour se rendre. Personne ne va supplier personne. Ils veulent juste te parler, Jameela.
Il m'observe un moment et laisse rapidement glisser sa langue sur ses lèvres.
-C'est bon, on finit de se chamailler? demande-t-il avec un sourire au coin des lèvres.
Je pousse un soupir.
-Peut-être que si tu souries un peu, ils seront moins durs avec toi.
Je finis par feindre un sourire.
-Je crois que tu peux faire beaucoup mieux que ça, m'encourage Daniel.
Je lève les yeux au ciel et fait la moue, mais Daniel sourit encore plus et je vois toutes ses dents. J'essaie de paraître bête, parce que je ne veux pas aller voir le Président et les membres de son gouvernement, mais devant ce visage, c'est plus compliqué que je le crois.
Je souris davantage.
-C'est mieux?
-Oui, affirme Daniel en riant.
Il m'énerve.
-Allez, suis-moi.
On monte les escaliers jusqu'au quatrième étage. Il m'entraîne vers une porte au fond du couloir, qu'il ouvre sans frapper. À l'intérieur se trouve une immense table ronde en bois. Les membres du Gouvernement de l'État de l'Union sont tous assis autour de la table, y compris Sir William. Ils portent des sortes de longues vestes noires qui balaient le sol. En me voyant arriver, le Président, qui est le seul qui est vêtu d'une longue veste rouge, se lève de sa chaise.
-Jameela, lance-t-il d'une voix grave.
- Merci, Daniel, tu peux nous laisser, dit-il en se tournant vers son fils.
J'ai envie de crier non, mais je me retiens. Je ne veux pas qu'ils pensent que j'ai peur d'eux.
Daniel se retourne vers la porte.
-Ça va bien y aller, chuchote-t-il à mon oreille avant de quitter la salle.
Je frissonne et je ne sais pas si c'est parce que j'ai ressenti son souffle sur ma peau ou si c'est parce qu'il me laisse seule avec le Président et ses membres du Gouvernement. Quand il referme la porte, son père s'avance vers moi, les doigts entrecroisés.
-Alors, commence-t-il, mon fils nous a dit que lors de l'attaque des Immortels hier soir, tu as sauvé la vie de beaucoup de soldats et de Novices, lui y compris.
Je hoche la tête.
-Il a aussi dit que tu l' as aidé à empêcher que d'autres Immortels ne traversent le Mur. C'est vrai aussi?
Je hoche une seconde fois la tête. Je n'ai même pas envie de les parler. Qu'est-ce que je fais ici?
-Comment une simple Novice a-t-elle réussi à vaincre autant d'Immortel? demande un membre.
C'est une femme aux cheveux gris avec d'énormes sourcils de la même couleur. Samantha Union. Son visage est sur les billets de vingt Hitchie.
-Oui, comment? poursuit le Président.
-Je... Mon père m'a appris quelques trucs avant de venir à l'Académie.
-Tu seras un bon atout pour les soldats Blancs, commente un autre membre.
-Vous n'êtes pas sérieux! explose Sir William. Ce Virus a agressé mon fils.
Je serre les poings. Encore ce mot.
-Votre fils n'est pas précieux pour ce Conseil, réplique le Président. Vous l'êtes, mais je vous conseille de ne pas jouer avec ma patience Sir William.
Il fait le tour de la table pour se rapprocher de moi.
-Nous avons débattu longtemps ce matin pour décider de votre renvoi et compte tenu de vos capacités de combat, nous avons décidé de fermer les yeux sur votre comportement de sauvageonne.
-Vous pouvez rester à l'Académie, déclare le père de Daniel.
-C'est trop d'honneur que vous me faites, soufflé-je entre mes dents.
-Je te conseille de changer de ton, petite, rétorque le Président. Avant que je change d'idée.
-Et pour Wassa, m'empressé-je de le demander, sans m'attarder à sa remarque.
-Qui?
-Wassa.
-C'est qui ce Wassa, se questionne un membre?
-Le garçon que vous avez renvoyé, il y a quelques jours.
-Ah, l'autre Virus qui a attaqué mon fils, les informe Sir William.
Je serre les dents.
-Je vous interdis de l'appeler comme ça! me surpris-je de crier.
Ils font presque tous le saut.
-Comment oses-tu nous parler sur ce ton, espèce de...
-Sir William! crie le Président.
Le Vice-Président me fixe avec les mêmes yeux que son fils. Ce même regard gris rempli de dégoût. Je le lui renvoie avec plaisir.
-Qu'est-ce qu'il a ce Wassa? reprend le Président.
-Je veux qu'il revienne à l'Académie.
Tous les membres se mettent à rire fort dans la salle, surtout le père de Derek.
-Si tu crois qu'on va faire revenir ce petit Virus, tu te mets les doigts dans l'œil, petite, ricane celui-ci.
-Wassa se bat très bien, mieux que la plupart des Novices. Il serait un bon atout pour les Soldats Blancs.
-Ce sauvage ne mérite rien d'autre que de se faire bouffer par ces saloperies d'Immortels, rugit William en frappant la table de ses points. Si tu n'avais pas sauvé les soldats et le fils du Président de l'attaque hier, tu serais déjà loin petite, alors n'abuse pas de notre générosité.
-Bon, je crois qu'on est tous d'accord, affirme le Président. Ce Wassa ne reviendra pas. Tu peux...
-Attendez, l'interrompé-je. J'ai quelque chose à rajouter.
-Quoi encore? râle Sir William.
-Je suis...
Je déteste faire ça. Citez le nom de mon père pour avoir des privilèges. Après ça, les gens se servent de moi pour se rapprocher de mon père et ainsi obtenir des faveurs de ma part. Mais je dois le faire pour Wassa. Il mérite sa place ici lui aussi. En tant qu'ami, s'est de mon devoir de l'aider à revenir.
-Je suis la fille du Leader.
Un silence envahit la salle. Je sens tous leurs yeux sur moi. Il me fixait déjà avant, mais là, leur regard est différent. Avant, ils me regardaient avec dédain et maintenant c'est comme s'ils voyaient en moi un trésor. Un gain qu'ils pourraient utiliser. Même Sir William me regarde avec une expression différente. Le Président s'avance vers moi avec un léger sourire sur le visage.
- J'ignorais qu'on avait affaire à la royauté des Afrox-Dex, dit-il en faisant une petite révérence.
Je grimace. J'ai horreur de ça quand les gens font des révérences devant moi ou mes parents.
-Écoutez, Wassa est le fils du Second du Leader. Mon père n'a surement pas apprécié que le fils de son second soit renvoyé seulement quelques semaines après son arrivée à l'Académie.
Ils me regardent d'un air paniqué. Ils viennent de mesurer les propos de mes paroles. Ils savent ce que cela peut impliquer si mon père est en mauvais termes avec le Gouvernement d'États d'Unions. Il risque d'augmenter le prix de l'Antidote auprès des Autres contaminés par le Virus. Ceux qui n'ont pas l'argent nécessaire risquent de mourir du Virus. Je me maudis intérieurement de faire ça, mais je le fais pour Wassa. Lui aussi mérite une seconde chance.
- Je suis sûre que vous ne voulez pas être en désaccord avec le Leader. N'est-ce pas? les questionné-je.
Ils font tout non rapidement de la tête.
-Écoute, Jameela, commence Sir William...
-Ah maintenant, je ne m'appelle plus Virus, dis-je en croisant les bras.
Il ouvre ses yeux grands et sa bouche forme un grand «o».
-Écoutez, je peux parler à mon père et lui dire que c'était un malentendu. Je peux même lui demander de vous donner de l'argent pour réparer les dégâts qu'ont causés les Immortels à l'Académie la nuit dernière, si vous décidiez de faire revenir Wassa. Je suis sûre qu'il va...
-On n'a pas besoin de l'argent du Leader, crache le Président.
Il reprend son expression dédain. Comme si seulement prononcer le mot Leader lui procurait un goût amer dans la bouche.
-Alors, vous voulez quoi?
Il jette un regard autour des membres de la table. Les autres semblent savoir de quoi il parle. Il se retourne vers moi avec ce même sourire que je hais tant.
-La Formule, déclare-t-il.
Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.
-C'est impossible, mon père n'accepterait jamais de vous donner la Formule de l'Antidote et vous le savez.
-Monsieur le Président, peut-être qu'il serait mieux de demander quelque chose de plus abordable, ajoute le père de Derek.
Pour une fois que je suis d'accord avec lui. Papa préférerait mourir plutôt que de leur donner la Formule et je commence à comprendre pourquoi. Ils nous méprisent tous, chacun des membres. Je le vois à leur façon de me regarder. Malgré l'Alliance et le Mélange, la plupart nous voient comme des sauvages, pire comme un Virus.
-Bon, alors je voudrais que la prochaine distribution d'Antidote soit gratuite, reprend le Président.
Une fois par mois, un membre de l'Élite apporte une grosse caisse en bois remplie de petites fioles qui contiennent l'Antidote à la Frontière. Lorsqu'une personne est contaminée par le Virus, c'est pour la vie. Les personnes contaminées doivent prendre l'Antidote chaque mois pour ne pas mourir du Virus, car même si la prise du remède diminue les symptômes, ils finissent toujours par réapparaître après quelques semaines. C'est comme ça que mon père et l'Élite s'enrichissent. Chaque mois, les Autres doivent payer pour avoir l'Antidote.
-D'accord, je peux demander à mon père. Si vous me donnez l'autorisation d'aller au Territoire Nord, je lui ...
-Tu n'as pas besoin d'autorisation, me coupe le Président d'un ton sec. Tu peux le parler d'ici.
Il pitonne sur les quelques boutons de la petite manette blanche qui se trouve sur la table. D'un coup, un grand hologramme bleu en forme humaine apparaît au milieu de la salle. L'image d'un homme flotte au-dessus de la table. Et cet homme, c'est papa. Il est tout en bleu, comme l'hologramme, mais je reconnais ses traits.
-Je peux savoir pourquoi vous m'appelez! s'écrie papa. On n'avait pas de rendez-vous à ce que je sache, vous ne pouvez pas me...
Il continue de parler, mais s'arrête quand ses yeux se posent sur moi.
-Jameela, reprend-il d'une voix douce. Qu'est-ce que tu fais là? Il y a un problème, tu vas bien?
-Je... oui, soufflé-je tout bas.
-Nous venions d'apprendre que nous avions l'immense honneur de compter parmi nos Novices, votre fille, déclare le Président, d'une voix forte. Je ne savais pas qu'elle allait venir à l'Académie.
Il vient se positionner derrière moi et pose ses deux mains sur mes épaules. J'ai envie de m'arracher la peau. Je n'aime pas qu'il me touche, même si le tissu de mes vêtements sépare ma peau de sa chair. Je me décale et ses doigts se glissent le long de son corps.
-J'espérais la dissuader, crache papa.
Son ton redevient dur et je sens le mépris dans sa voix.
-Vous avez surement appris que la nuit dernière, l'Académie a subi une attaque des Immortels, poursuit le Président avec une voix extrêmement calme.
-Jameela, tu vas bien, tu n'as rien? reprend papa sans prêter attention à ce que dit le Président.
-Votre fille va bien, elle a même aidé nos soldats à repousser ces créatures.
-Qu'est-ce qui s'est passé à ton bras? me questionne papa en continuant d'ignorer le père de Daniel.
Je regarde mon bras, là où Daniel m'a fait un bandage.
-Je me suis fait mordre par un Immortel, lui expliqué-je.
Je vois papa qui fronce les sourcils à travers l'hologramme.
-Ce n'est rien papa, le rassuré-je. Je vais bien.
-Tu n'as pas mis en pratique ce que je t'ai appris, me gronde-t-il. Et tous ces entraînements, ils ne t'ont servi à rien.
-Non, c'est justement grâce à tes entraînements que je suis encore en vie papa, grâce à ce que tu m'as appris.
Ses sourcils sont toujours froncés, formant un trait au-dessus de ses yeux.
-Alors, je disais, reprend le Président, il y a eu des blessés au sein de mon équipe.
-Si vous avez besoin d'une caisse d'Antidote de plus, je peux préparer ça, lâche papa, d'une voix grave. Vous connaissez les prix, alors...
-Oui, à propos de ça, votre fille voulait vous demander quelque chose.
Le Président se tourne vers moi.
-Jameela.
-Je... papa, je voulais... heu.
Je me racle la gorge, je crains tellement sa réaction.
-Je voulais te demander un service.
-Évidemment, ma chérie.
C'est dingue, si je ferme les yeux, j'ai l'impression de parler à une autre personne. Sa voix est différente quand il me parle et lorsqu'il s'adresse au Président.
-Les prochaines distributions de caisses d'Antidote sont pour bientôt non?
-Oui, pourquoi? Toi tu n'en as pas besoin, tu es une Intouchée.
-Oui, je sais, mais je voulais savoir si...
Je regarde les autres membres du Gouvernement, tous les yeux fixés vers moi.
-Si les prochaines distributions peuvent être gratuites.
Papa plisse les yeux, comme s'il essayait de comprendre ou je voulais en venir.
-Juste pour cette fois, m'empressé-je d'ajouter.
-Et pourquoi est-ce que je ferais ça? me questionne-t-il.
-Papa, s'il te plaît. Ce serait ma façon de remercier les Unions de m'avoir...
J'avale ma salive de travers. Je n'arrive pas à croire que je vais dire ça.
-Si bien accueilli.
Mon père ne répond rien, il m'observe. Il doit se douter que je mens. Wassa lui a peut-être raconté tout ce qui nous était arrivé depuis notre arrivée ici. À commencer par la bagarre dans la cafétéria, les regards, les chuchotements dans notre dos, le rejet des autres Novices. C'est obligé, il doit savoir que je mens.
-Alors, tout s'est vraiment bien passé? demande-t-il?
J'ouvre de grands yeux. Je ne comprends pas, Wassa ne lui a donc rien dit.
-Oui...enfin, oui, bafouillé-je.
-Alors pourquoi Wassa est revenue au Nord? Il ne m'a rien dit, juste qu'il en avait marre et qu'il a voulu rentrer par lui-même.
Je tourne la tête vers le Président. Il croise les bras, attendant ma réponse.
-Il s'est battu. Il a attaqué un Novice pour rien, lancé-je.
-Pour rien, hein?
C'est au tour de papa de croiser les bras.
Il ne me croit pas. Il faut que je trouve une raison, vite.
-Heu, tu sais comment est Wassa. Il n'a pas vraiment besoin de raison pour se battre. Il a le sang chaud.
Ce n'est pas complètement faux.
Je vois papa qui décroise les bras. Il me croit. Il sait comment peut être Wassa. Je me sens mal de parler de lui de cette façon, surtout devant les membres du Gouvernement de l'État d'Union, mais je le fais pour une bonne raison.
-Si tu es d'accord pour leur fournir la prochaine distribution gratuitement, le Président acceptera de le reprendre, malgré sa mauvaise conduite.
Papa me fixe. Il essaie de lire en moi. En général, il y arrive assez bien, mais après quelques semaines passées ici à mentir, je crois que je suis devenue une experte pour faire semblant.
-Alors tout s'est vraiment bien passé, confirme papa.
Je lui mens, mais je ne pense pas qu'il soit bête. Je le fais pour Wassa. Il mérite de revenir.
-Oui, affirmé-je.
Un moment de silence. Les membres du Gouvernement regardent papa, à travers l'hologramme. Ils attendent tous sa réponse.
-Très bien, lâche-t-il. Pour une fois seulement. La distribution sera... gratuite.
Il a dit le dernier mot en faisant une grimace.
-C'est très généreux de votre part, Leader, le remercie le Président.
Une autre grimace de la part de papa.
Ses yeux se tournent vers moi. Je voudrais tellement qu'il me serre dans ses bras. J'en ai besoin.
-Je t'aime ma chérie.
-Je t'aime aussi papa.
Et puis plus rien. L'hologramme se referme et l'image de papa disparaît.
-Bon, tu es contente de toi, ton petit copain va pouvoir revenir, résume le Président.
-Wassa n'est pas mon...
Je m'arrête. Je n'ai pas envie de parler davantage avec eux.
-Quand ?
-Quand la prochaine distribution sera livrée.
Je réfléchis, les distributions se font dans la dernière semaine de chaque mois et on termine ce mois çi dans quelques jours, alors Wassa devrait revenir bientôt.
-Ok, dis-je en m'efforçant de sourire.
-Tu peux partir maintenant, m'ordonne le Président. Tu es libre de retourner à tes occupations.
Je me dirige vers la porte. Au moment de l'ouvrir, j'entends le Président ajouter :
- POUR L'INSTANT.
Coucou, alors voilà le chapitre 24. Jameela révèle enfin son secret, que pensez-vous qui va se passer après ça?
Wassa va-t-il vraiment revenir?
Que pensez-vous des excuses de Daniel? Sa façon de plaisanter avec Jameela?
Merci des lecteurs et n'hésitez pas à voter si vous avez aimé ce chapitre.
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