JE M'APPROCHE DE SON LIT, MON OREILLER ENTRE LES MAINS. Derek est toujours inconscient, ce sera plus facile cette fois. Mon oreiller est à présent à quelques centimètres de son visage. Je l'approche, un peu plus, mais au moment de plaquer le coussin sur sa face, je me fige. Pourquoi j'hésite autant?

Allez, va s'y, Jameela!

Akan est dans cet état à cause de lui. Tout ça, c'est de sa faute. Je serre le coussin si fort entre mes doigts, que s'il était en verre, il serait déjà brisé. J'avance un peu plus, le tissu frôle maintenant son nez.

Non!

Qu'est-ce que je fais? Je balance l'oreille à l'autre bout de la pièce. Je ne peux pas faire ça. Je ne suis pas une meurtrière. Je recule jusqu'à mon lit et colle mon dos contre la barre. Cet endroit me pousse à faire des choses insensées. Papa avait raison. Je n'aurais jamais dû venir ici. Je pensais que l'Alliance avec les Unions signifiait que les rancunes du passé étaient oubliées et que le Mélange se passerait bien. Mais ce n'est pas le cas. Les Unions ne voudront jamais de moi. Parce que je ne suis pas comme eux. Pour eux je serai toujours qu'un Virus.

Mes mains tremblent de nouveau. J'étouffe un sanglot au fond de ma gorge. Je dois quitter cet endroit et je ne parle pas seulement de l'infirmerie, mais de l'Académie. J'en ai assez! Je m'approche du lit d'Akan, toujours inconscient. Est-ce qu'ils ont prévenu ses parents? Est-ce qu'ils savent que leur fils se trouve dans cet état. Sûrement pas. Je dois le leur dire. Je dois retourner chez moi. Je pose un baiser sur le front de mon ami et essuie une larme qui coule sur ma joue.

-Je vais les prévenir, Akan, soufflé-je.

Je me tourne vers la porte. Au moment de l'ouvrir, je tombe nez à nez avec une femme. Elle porte un petit ensemble bleu et a un stéthoscope autour du cou. C'est une infirmière, elle est plus jeune que celle qui m'a piqué avec la seringue plus tôt. Il a une bouteille en verre dans la main droite. On dirait que quelqu'un a passé du bon temps ce soir.

-Où est-ce que vous allez? me demande-t-elle en buvant une gorgée de sa bouteille.

Son haleine empeste l'alcool. Je fronce les sourcils, elle est censée travailler là?

-Je pars, marmonné-je en sortant de la pièce.

-Mais vous n'avez pas le droit de quitter cette salle, lance-t-elle en me poursuivant dans le couloir.

Je marche plus vite, espérant qu'elle arrête de me suivre, mais j'entends toujours ses pas derrière moi.

-Mademoiselle! crie-t-elle.

Elle m'agrippe le poignet et me force à me retourner vers elle.

-Qui a détaché vos menottes?

Je dégage brusquement mon poignet de sa main. Elle commence à m'énerver celle-là. Je m'apprête à lui répondre que ce n'est pas de ses affaires, mais un bruit m'en empêche. Le son d'un grognement je dirais. De l'autre côté du couloir, il y a une porte. C'est là d'où provient le bruit.

-Vous avez entendu ça? demandé-je à l'infirmière.

Je n'attends pas sa réponse et je me dirige vers la porte. Quand je l'ouvre, je vois qu'elle mène à une terrasse qui fait face au Mur Protecteur. Le mur qui sépare physiquement l'Enceinte des deux Territoires de l'extérieur. Il fait plutôt sombre dehors. Seule la lune éclaire le ciel et c'est assez pour que je constate que l'endroit est désert. Il n'y a pas un chat, ici, mais j'ai bien entendu ces grognements. L'infirmière arrive derrière moi, elle pose sa bouteille près du rebord de la fenêtre du couloir et sort sur la terrasse. D'un coup, je vois une personne courir, plutôt qui s'enfuit de la place. La personne porte un sweat à capuche noir sur la tête et même s'il fait assez sombre, j'arrive à le distinguer. 

Un Afro-Dex!

Pourquoi se trouve-il ici? Est-ce que cela a un lien avec la porte-x? Ce n'est pas la première fois que je vois un Afro-Dex à l'Académie. Qu'est-ce qui se passe ?

-Qu'est-ce que c'est que ça, s'interroge l'infirmière en pointant le Mur Protecteur.

Je suis son regard et je vois des cordes qui partent du sommet du Mur et qui s'étendent sur le sol devant nous. Les bouts vont jusqu'à l'autre côté du Mur. C'est comme si quelqu'un les avait attachés là pour s'échapper de l'Enceinte. Mais pourquoi?

Soudain, un cri jaillit de nulle part. Je sursaute et tourne la tête vers l'infirmière, mais elle ne se trouve pas derrière moi comme je m'y attends. Non, elle se débat par terre avec un Immortel. Je m'apprête à aller l'aider, quand une autre charogne surgit devant moi. Mais d'où est-ce qu'ils sortent? Je n'ai pas le temps de bouger que l'animal se jette sur moi. Il attrape mon bras et ouvre la bouche, mais je le retiens en l'agrippant par le cou. J'arrive à peine à le maintenir, il est très fort. Ses dents sont maintenant à quelques centimètres de ma chair. Puis, je glisse sur quelque chose et je m'effondre sur le sol. Le monstre essaie toujours de me mordre. J'essaie de le retenir du mieux que je peux, mais sans arme, ce n'est pas gagné. Qu'est-ce que je donnerais pour avoir ma dague. Oui, c'est ça, il me faut une arme. Qu'est-ce que disait le Capitaine déjà? Si on ne possède pas d'armes, lors d'un combat avec un Immortel, on doit l'immobiliser d'abord. Je regarde autour de moi. Avec quoi je peux l'immobiliser.

À ma gauche, l'infirmière se débat encore plus. Elle crie, elle hurle et tend la main vers moi. La charogne arrache la moitié de sa gorge avec ses dents. Son sang glisse jusqu'à mes pieds, puis, plus rien. Elle ne crie plus, elles ne résistent plus. Elle est morte, mais ça n'empêche pas la bête de continuer de la dévorer. Il faut que je sorte d'ici, si je ne veux pas finir comme elle.

La créature m'arrache un cri de douleur quand je sens ses griffes s'enfoncer dans mon bras droit. Je tends la main gauche pour attraper la roche qui se trouve près de moi. Ma main droite sert à retenir la bête par le cou. J'étire le bras, plus loin. Allez, encore quelques centimètres et je l'aurai. Ses dents se rapprochent dangereusement de ma poitrine. J'attrape enfin la roche et la fourre dans la gueule de la charogne. J'utilise mes jambes pour pousser le monstre sur le côté et je me précipite sur lui. J'enlève la roche de sa bouche, la soulève de mes deux mains et l'abat violemment sur sa tête. Un seul coup me suffit à lui fracasser le crâne. 

L'Immortel qui dévorait l'infirmière lève les yeux vers moi avec un bout de chair dans la bouche, mais je ne lui laisse même pas le temps de se relever que la roche s'enfonce déjà dans sa cervelle. L'infirmière est méconnaissable. Ses vêtements sont tachés de sang. Ses intestins s'étendent sur le sol, ses poumons ont disparu, son cœur est à moitié dévorée et sa tête est séparée du reste de son corps. Seul son stéthoscope reste intact, sans aucune égratignure.

Mon estomac se tord et je me penche en avant pour vomir un liquide verdâtre. Ça me rend malade de voir ça. Mais comment ces créatures ont fait pour entrer dans l'Académie? Plusieurs grognements résonnent sur la terrasse. Je lève les yeux et je vois d'autres charognes qui descendent sur les cordes accrochées sur le Mur Protecteur. Maintenant je comprends. La personne qui a mis ces cordes ne l'a pas fait pour s'échapper de l'Enceinte. Non, c'était pour que les Immortels puissent passer le Mur et je suis presque sûre que c'est cet Afro-Dex qui a fait ça. Ils sont au moins une dizaine d'Immortels qui glissent sur les cordes. Mon rythme cardiaque s'accélère quand je les vois se précipiter vers moi. Je cours en direction de la porte. Quand je passe l'entrée et que j'essaie de la refermer, je n'y arrive pas.

Ils sont déjà là.

Dos collé contre la porte, je l'a maintiens pour empêcher les charognes de rentrer. Ils sont trop nombreux. Mes pieds glissent, je vais lâcher. D'accord, tu dois te procurer une arme, Jameela.

Maintenant!

Mes yeux se posent alors sur la bouteille qu'avait l'infirmière avant de se faire dévorer par l'Immortel. Il est posé sur le rebord de la fenêtre. Ça peut le faire. Je décolle mon dos de la porte pour l'attraper. Ces quelques secondes suffisent à l'une des créatures de passer la porte. Je le frappe avec la bouteille de verre dans la face. Son visage décomposé. L'un de ses yeux est arraché et pend sur sa joue. 

C'est répugnant.

 Il recule, je le repousse avec ma jambe. Il tombe sur les autres monstres derrière lui. J'arrive enfin à refermer la porte, mais je les entends toujours. Ils la cognent, comme s'ils voulaient la démolir. Soudain, une main agrippe mon épaule. La bête a réussi à passer son bras à travers la porte. Ils vont finir par la défoncer au complet, c'est sûr. Je dégage les doigts gluants de l'animal sur moi et cours en direction de la salle d'armes.

Durant ma course, j'entends un bruit lourd. Sans besoin de me retourner, je sais que la porte vient de tomber. Je rentre en panique dans la salle d'armurerie. Vite une arme. N'importe lequel fera l'affaire. Parmi les armes qui se trouvent sur la table en métal, je trouve la dague de papa. Je la prends avec ma main droite, mais je sais qu'elle ne me suffira pas à elle seule à me battre contre ces charognes. J'attrape une autre dague. Elle est de la même grandeur que celle de papa.

Je ressors dans le couloir. À quelques mètres de moi se tient une dizaine d'Immortels. J'inspire profondément, même si mon cœur menace de sortir de ma poitrine. Ils sont là. Ne panique pas Jameela. Il suffit que tu te souviennes de TES ENTRAÎNEMENTS.

Coucou, alors je sais que ça fait longtemps, mais voilà le chapitre 22 qui sera divisé en deux parties. Alors qui  a fait entrée les Immortels à l'Académie, selon vous? Pourquoi? Est-ce que Jameela va réussir à les combattre? La suite au prochain chapitre.

N'hésitez pas à voter si vous avez aimé ce chapitre. Merci aux lecteur.