Quarante-huitième virage.

Quand ils trouvèrent la motivation de sortir du lit et de remonter leur pantalon, Virus défit le lit et conduisit Knife à la salle de lavage du QG. Il avait trottiné sur le chemin, persuadé que les membres des Gun se feraient forcément des idées s'ils les voyaient se diriger vers la buanderie avec tous les draps de son lit. C'était forcément suspect !

Dans la pièce, trois machines à laver et un nombre égal de sécheuses s'alignaient contre les deux côtés du mur.

— Je prends la peine de laver les draps. Tu as intérêt à dormir ici ce soir, dit Virus en déposant les couvertures à l'intérieur du rond de la machine.

En plus, il avait un lit double dans sa chambre. Ils n'auraient pas besoin de se serrer comme des sardines pour y tenir à deux. Non pas qu'il détestait se serrer contre Knife... mais quand il dormait seul, Virus était plutôt du genre à faire l'étoile de mer au milieu du lit.

Knife l'attrapa par la taille et posa son menton dans le creux de son épaule.

— Je peux faire cet effort, mais je ne promets pas de me retenir si je dois partager ton lit...

— Tu es vraiment impossible !

Virus se demandait si c'était Amaël qui laissait transparaître ses désirs à-travers Knife.

— Ce n'est pas ma faute : tu me rends fou. Dès que je pose les yeux sur toi, j'ai envie d'arracher tes vêtements.

Le jeune homme frissonna en appuyant sur le bouton de la machine à laver. Il ignorait si son corps pourrait tenir le coup face aux assauts répétés de Knife.

— Il va vraiment falloir que je demande à Danger de me coacher, gémit-il.

Son petit-ami fronça les sourcils, agacé.

— Qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ?

— Si je veux suivre ton rythme, il va falloir que j'améliore mon cardio et mon endurance. Danger est doué avec tout ces trucs et toutes ces machines.

À chaque fois qu'ils faisaient l'amour, il avait l'impression que c'était lui qui avait fait un tour dans la machine à laver au lieu des draps. Parce qu'il se sentait totalement lessivé !

— Tu n'as pas besoin de lui, rétorqua Knife. Si tu veux commencer à t'entraîner, je peux te montrer comment.

Son regard s'éclaira.

— Vraiment ?

— Viens courir avec moi demain matin.

— Tu es sûr ? Je vais forcément te ralentir, le prévient-il. Je suis nul, hein.

Il détestait le sport. L'entraînement de groupe au combat bi-annuel obligatoire était une vraie torture.

Deux fois l'an, ils étaient obligés de participer à un entraînement groupé pour évaluer leurs compétences et s'assurer que tout le monde était toujours apte. Même s'il ne prenait jamais part aux missions sur le terrain, Virus devait tout de même se plier à l'exercice avec tout les autres. Chaque fois, il en ressortait avec des courbatures et des bleus qui restaient bien une semaine durant.

Virus préférait de loin les entraînements en jeux vidéo. Or, pour la première fois, il avait une motivation supplémentaire pour améliorer sa forme. Le sexe avec Knife était incroyable, mais s'il voulait être en mesure de continuer à faire l'amour autant qu'il voulait tout en étant à la hauteur des ardeurs de son homme, il allait devoir travailler son cardio.

Jamais il n'aurait imaginé que le sexe lui donnerait un jour envie de se mettre au sport.

— Comment veux-tu apprendre à suivre mon rythme si tu abandonnes avant même la ligne de départ ?

Virus baissa les yeux.

— C'est vrai, mais...

— Dans tous les cas, je ne te laisse pas entre les pattes de Danger, rétorqua Knife sur un ton sec sans le laisser parler. Et ne crois pas que je serai indulgent avec toi juste parce que tu es mon petit-ami... je serai aussi intransigeant que le serait notre chef.

Virus n'avait étrangement aucun doute là-dessus. Knife était déjà intransigeant quand ils faisaient l'amour, lui laissant à peine le temps de souffler, il imaginait sans mal qu'il serait pareil durant l'entraînement physique.

— Tu me laisseras une chance quand même.

Knife sourit avec amusement.

— Ça dépendra de mon humeur.

Virus se retourna brusquement pour faire face à Knife, échappant à son emprise.

— Hé ! s'exclama-t-il en croisant les bras sur son torse. Si tu m'épuises trop, il n'y aura pas de sexe.

Son interlocuteur plissa les yeux, l'air perplexe :

— Quelle incohérence... Je croyais que tu voulais t'entraîner pour que nous ayons plus de sexe.

— Pour que je sois moins épuisé quand on le fait, oui, idiot !

Knife tilta.

— Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Virus se tut immédiatement en regrettant tout de suite ses mots. Auparavant, Knife l'effrayait tellement qu'il n'aurait jamais osé le traiter d'idiot. Là, c'était sortit tout seul.

Avec un rire nerveux, il fit mine de jouer les innocents en levant les yeux au ciel :

— Hahaha... rien du tout. Tu as entendu quelque chose, toi ?

Les yeux de Knife ne riaient pas.

— Ris tant que tu veux, microbe. Je vais te dévorer cette nuit. Et te faire souffrir à la course demain.

Knife se pencha et déposa un baiser sur sa tempe. Virus était blême, ne sachant pas s'il devait redouter davantage la nuit ou la course... Il secoua la tête.

Naaan. À bien y penser : sûrement la course.