Chapitre 4
Le chemin jusque chez Clément ne dura pas très longtemps, tout au plus une vingtaine de minutes. Il avait emprunté la maison familiale, à l'écart du centre-ville. C'était une très belle maison, avec beaucoup d'espace... Elle était même dotée d'une piscine ! Je n'en revenais pas. En fait, c'est la première fois que j'allais chez lui. La dernière fois que j'avais été à une soirée comme celle-là, ça remontait à la disparition des dinosaures ! Bon, certes, peut-être pas. Mais j'exagère à peine.
Quand nous arrivâmes, je descendis de la voiture en consultant mon portable. J'avais reçu plusieurs messages, mais qui n'avaient rien d'important. Voyant que je trainais un peu, Lucas me fit un signe pour me dire d'avancer.
– Viens, espèce de loup, ricana-t-il. Ils vont pas te manger.
– C'est ça, grommelais-je en accélérant.
La porte s'ouvrit alors en grand, laissant passer quelques morceaux de musique, qui résonnaient dans le silence de la campagne. Sur le perron, un jeune adulte nous attendait. Aussi grand qu'une montagne, et non, je n'exagère pas, il me dépassait de plus de dix centimètres, il arborait une tenue décontractée. Il passa alors la main dans ses cheveux blonds cendré, qui contrastaient avec ses yeux noisettes.
Clément nous fit un petit sourire et s'exclama :
– Thomas, Lucas, Alice !
– Salut, Clément, avions-nous dit en même temps.
– Tu vas bien ? Dis-je.
– Oui, ça va, répondit-il. Et vous ?
– Très bien aussi.
Alors, il nous regarda tour à tour avant de tapoter sa montre et de soupirer. Ah oui, j'avais oublié à quel point il était à cheval sur les horaires...
– Je croyais que vous vous étiez perdus. Eh bien, on a longuement désespéré, avec les autres.
– Les autres ?!
– Bah oui, dit Clément, vous êtes sûrement dans les derniers.
Je faillis m'étrangler, et Lucas par la même occasion. Le salaud ! Faux frère ! Retardataire de malheur ! Ô, rage ! Ô, désespoir ! Pourquoi avais-je toujours des envies de violences sur mon meilleur ami ?
Après cette énième scène d'amour et de câlins mortels, Clément s'écarta pour nous laisser passer une fois qu'on lui avait fait une accolade. La maison, qui paraissait déjà impressionnante à l'extérieur par ses deux étages, son jardin et sa piscine, était encore plus spatieuse et intimidante quand on entrait à l'intérieur. Après avoir longé un long couloir blanc dans lequel trois rhinocéros pouvaient loger, nous entrâmes dans un grand palace... Ah, pardon ! On me dit à l'oreillette qu'il s'agit juste du salon. Très moderne, comme pièce.
Plusieurs canapés entouraient un immense écran plasma. Plusieurs tables étaient collées, sur lesquelles étaient disposés plusieurs boissons et quelques apéritifs. Au bout du salon, une grande baie vitrée donnait sur le jardin et sur la piscine. Je jetai un regard dans toute la pièce, qui semblait déjà très animée.
Effectivement, comme l'avait dit Clément, on était quasiment les derniers à être arrivés. Certains groupes s'étaient formés, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. À la musique de fond se mêlait alors un capharnaüm de rires. Parmi tous ceux qui étaient présents, j'essayais de voir lesquels je connaissais. Je reconnus quelques anciens collègues.
– Si vous cherchez Marie, dit Clément, elle est à l'extérieur, vers la piscine.
– D'accord.
Sur cette phrase très éloquente, nous nous éloignâmes alors. En regardant de tous les côtés, je reconnus quelques uns de mes camarades. Ici, Sophia discutait avec John, l'américain venu étudier un an dans notre pays. Quelques mètres plus tard, un beau brun ténébreux, Loïc, me semble-t-il, abordait Clara, une des rares filles à être inscrite dans le cours de criminologie. Quelques autres de mon groupe de travaux dirigés prenaient une bière devant le match de foot, en criant alternativement des « oh ! », des « allez ! » et des « putain ! » en fonction du jeu.
Quand ils me virent, ils me firent un signe pour venir les rejoindre, mais je leur dis rapidement que le match ne m'intéressait pas. Quelques haussements d'épaule plus tard, ils se remirent dans l'ambiance de la soirée. Prenant un petit gâteau apéritif, j'entrai dans le jardin.
Comme la maison était presque à la campagne, le jardin était très étendu, comme une mer, un océan de verdure. Sur une bonne centaine de mètres, l'herbe et les fleurs s'enchaînaient dans de nombreuses vagues successives. Au-delà des fleurs, et entourée d'arbres, une grande piscine se présentait. Autour du bassin, une dizaine d'étudiants s'étaient assis en tailleur pour discuter, et rire. Quelques uns s'amusaient même à nager le plus rapidement.
L'eau de la piscine explosa soudainement, en des ondes circulaires. Des perles argentées volèrent dans tous les sens. Suspendues dans les airs, les gouttes formaient un ballet. L'eau et le ciel se rencontraient alors. Je dus mettre les mains devant mon visage pour faire face à cette attaque si soudaine, mais ce fut inutile.
Je soupirai en constatant que mon tee-shirt était tout mouillé. Je ne pus m'empêcher de crier un chapelet de vulgarités que je ne prononcerais pas. Dans la piscine, après quelques bulles, le coupable de cet incident sortit de l'eau. Et le coupable n'en était en réalité pas un, mais c'était une coupable. J'en tenais pour preuve sa longue chevelure brune, qui, sous l'effet de l'eau s'emmêlaient et se collaient sur ses épaules, son corps fin pareil à celui d'une sirène, et ...
– Pervers, me chuchota Lucas, arrête de regarder Jeanne. On sait qu'elle a un bon bonnet.
– La ferme.
Bah quoi ? Je ne suis pas pervers ! C'est faux ! Je suis un honnête homme, moi. Mon regard a naturellement été attiré par celle qui m'avait arrosé. C'est normal... Non ? Jeanne ricana, bientôt suivie par ses amis. Elle écarta une mêche qui cachait ses yeux bleus, et m'accorda un petit signe de la main, pour s'excuser. Je lui fis un petit sourire avant de continuer à chercher Marie.
Quelques secondes plus tard, je sentis quelqu'un tapoter mon épaule. Je me retournai un peu vite, avant de me rendre compte que ce n'était que Clément. Il pointa du doigt en direction d'un groupe de jeunes gens qui fumaient :
– Marie est là-bas, fit-il.
Je le gratifiai d'un mouvement de la tête avant de me diriger vers le groupuscule. Ils étaient quatre.
La première avait une robe de soie blanche et des escarpins noirs. Elle était plutôt grande et faisait d'amples mouvements avec ses bras pour parler, tout en replaçant une mèche de cheveux rebelle, dévoilant un visage rieur et heureux. Le deuxième, un garçon assez petit, à l'air bourru et entêté, avait des lunettes et les nettoyait en approuvant les dires de ses compagnons. Le troisième était la représentation parfaite d'un ours qui serait devenu humain. Grand, colossal, titanesque, monstrueux, le capitaine de l'équipe de rugby de la ville souriait et offrait sa main pour aider son amie à se relever.
Et ai-je besoin de présenter la quatrième ? Marie était le genre de fille que l'on peut pas oublier dès lors qu'on a commencé à la côtoyer. Elle avait de beaux cheveux bruns, bouclés, qui descendaient jusque dans son dos. Sa taille de guêpe s'alliait parfaitement avec sa tenue, qui faisait elle-même sortir des yeux d'un bleu glacial. Elle était plutôt grande... Mais est-ce une option lorsqu'on est vice-capitaine de l'équipe de volley-ball de la ville ?
Mais elle n'était pas grande seulement par son corps mais bien par son cœur. Combien de fois l'ai-je vue s'occuper de tout, de prendre des initiatives pour nous faire plaisir ou pour nous éviter des peines inutiles ? Combien de fois l'avais-je vue nous remonter le moral quand l'un de nous était triste ? Elle souriait toujours, et avait toujours de très bonnes idées. Je pense sincèrement, d'ailleurs, que c'était à cause de Marie, ou grâce à elle selon notre point de vue, que nous nous retrouvons tous ici. C'est assez étrange de se dire que quelques folles idées peuvent nous amener à ressentir la vie dans toute son intensité.
Quand elle finit par nous voir, un grand sourire illumina son visage, et elle se dirigea vers nous en faisant un petit signe à ses amis. Cliché ou non, je vous jure qu'elle s'est jetée aux bras de Clément. Ce dernier sourit et l'embrassa... Oh ! Attendez... J'ai sauté le temps, ou je rêve ? Je ne savais pas qu'ils étaient en couple ! Et pourtant, ce n'était pas si étonnant que ça. Comme ils vont bien ensemble, je suis heureux. Marie est tellement gentille tandis que Clément est très intelligent et très doux. Je suis sûr que tout ira bien pour eux.
Lorsqu'elle quitta enfin les bras de son tendre, Marie tourna la tête vers nous et fit un immense sourire.
– Les amis ! Je suis heureuse de vous voir ! J'ai cru que vous ne viendrez jamais, fit-elle en souriant.
– Désolé, fis-je, tout simplement.
– On a failli se faire enlever par des extraterrestres, plaisanta Lucas.
Marie lui décocha un regard en coin, l'air sévère. À ce moment, ses yeux pouvaient cracher des éclairs. « Au chocolat », selon Lucas.
Mon meilleur ami, ce pauvre gosse persécuté par la Terre toute entière, leva les bras en guise de défense, en se retenant d'éclater de rire. Poussant un soupir, elle se tourna vers Alice et elles se prirent dans leurs bras. Ah... Je peux savoir combien d'épisodes j'ai manqués ? Elles parlèrent quelques instants, à grands coups de « oh, ça fait longtemps ! Alors ? Ça va ? » et de « T'as lu le nouveau tome de La Tombe des Magiciens ? ». Sentant le débat arriver, je fis semblant de tousser. Alice et Marie se tournèrent... Et même si je sentais l'influence de Lucas, j'ai envie de dire « comme un seul homme », parce que c'est exactement ce qu'elles firent.
– Salut, Thomas ! Ça me fait vraiment plaisir de te voir, me dit Marie. La dernière fois...
– La dernière fois, je n'avais pas pu venir, ouais.
– Effectivement. Il t'a convaincu ? Ricana Marie en désignant Lucas du menton, qui, sous le regard de la colombe, redressa son torse comme un fier mâle.
– Ouais, et ce n'était pas facile, informa ce dernier.
– T'es vachement dur à convaincre, remarqua Tristan, celui portant des lunettes.
– J'ai de bons arguments, répondis-je.
– Et Lucas, de meilleurs.
– Peut-être, répliquai-je en haussant les épaules.
– En tout cas, tu ne peux pas nier que c'est rare que tu viennes, dit le rugbyman, Kevin.
– Ouais.
Je finis par sourire, de bon cœur cette fois. Après tout, qu'est-ce qui m'empêchait de profiter de ce moment ? On discuta ainsi pendant une bonne dizaine de minutes, profitant que nous soyons tous là pour débattre de la sortie de l'album d'un groupe que nous écoutions, du beau temps, de la chance que nous avions d'être ici, à profiter de la piscine de la grande maison de Clément et du début des vacances, qui annonçaient un nouveau départ pour beaucoup d'entre nous. Nous profitions de cette fête pour « célébrer la vie », comme nous l'a dit Amandine, notre danseuse vêtue de sa robe de soie et, accessoirement, petite dernière du groupe.
– À notre année, et à la prochaine qui commencera !
Une phrase. Un serment. Des non-dits, des sourires, et la Lune qui brille dans le ciel crépusculaire. À ce moment, qu'est-ce qui nous empechaît d'être heureux ? Rien, absolument rien. Nous avions juste à profiter des mille étoiles qui apparaissaient, de l'odeur de l'alcool, de la brise qui ondulait et qui filait dans nos cheveux et de notre soirée entre amis. Je regardai tour à tour chacun de mes amis : le sourire de Marie, la force calme de Clément, les manières d'Alice, de Kevin et d'Amandine, le talent de Tristan, le plongeon de Jeanne, et surtout, l'éclat de rire pur de Lucas éveillèrent en moi cet étrange sentiment que, peu importe les épreuves à venir, nous étions invincibles.
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NDA : Et voilà le chapitre 4, les amis ! J'espère qu'il vous a plu. C'était un chapitre assez cool, où il ne se passe pas grand-chose... Et pourtant ! On va passer aux choses sérieuses bientôt, je vous le promets, il faut juste que je prépare bien le terrain, et un ou deux chapitres ne sont pas de trop pour préparer ça.
On découvre donc une bonne partie des amis de nos héros. Qu'en pensez-vous ? D'ailleurs, on va rentrer dans le vif du sujet, bientôt. Qu'attendez-vous de cette histoire ? Cela m'intéresse grandement.
J'espère que vous avez passé un bon moment, parce qu'on rentrera dans le vif du sujet très bientôt.
En attendant, je vous dis à bientôt les amis, je vous nem (au poulet), et comme dirait Squeezie, "peace" !
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