Chapitre 31
On pourrait penser que ce voyage serait en même temps de magnifiques vacances gratuites, qu'on profiterait du soleil et de l'été au pays des taureaux, du flamenco et de la chaleur. Pourtant, j'aurais nettement préféré aller en Espagne pour une autre raison. Une mission qui met non seulement ma vie mais aussi celle de mes amis et de ma famille en danger n'était pas la meilleure des façons pour nous pousser à aller dans le sud de l'Europe...
Je m'enfonçai dans mon siège, situé au côté fenêtre, et portai mon regard sur les nuages qui filaient sans nous attendre. Le jet était assez sympathique et on ne se retrouvait pas à l'étroit. C'était déjà ça, au moins... Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'ils aient un jet privé, et Lucas non plus. Assis juste à côté de moi, le blond sirotait un soda en regardant tout autour de lui. Ses yeux semblaient vouloir enregistrer chaque détail et il ne voulait rien rater.
Je pouvais facilement le comprendre. Ce n'était pas tous les jours qu'on se retrouvait dans un avion juste pour nous. Certes pour faire quelque chose qui nous paraissait pénible. Néanmoins, on avait au moins la chance de monter dans cet appareil assez attirant...
– Thomas ?
Je tournai la tête vers Aurore qui me regardait d'un air blasé. J'haussai un sourcil pour lui montrer que je l'écoutais :
– Tes doigts.
Quoi ? On peut savoir ce qu'ils ont, mes doigts ?
– Tu veux bien arrêter de taper sur le siège, s'il te plaît ? C'est agaçant.
– Oh, oui, excuse-moi.
Je regardai mes doigts que j'agitais depuis bien au moins cinq minutes. J'arrêtai alors. Je ne m'en étais même pas rendu compte. Un soupir franchit mes lèvres. Aurore me fit un petit sourire :
– Tu sais, c'est normal de s'inquiéter. Ça nous fait tous ça, lors de notre première mission. Mais ça devrait bien se passer.
– Je sais, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça peut échouer, qu'il y a des risques. J'espère que tout se passera bien.
– Il y a toujours des imprévus, me répondit-elle en haussant les épaules.
Sans plus de cérémonie, elle se replongea dans son livre, me faisant comprendre que la discussion était close. Un peu plus loin, la tête plongée dans un petit tas de papiers, Nathan restait immobile et contemplatif. Il poussait parfois une feuille, la regardait une petite minute, puis se reconcentrait sur une autre après avoir écarté celle qui le gênait. Une petite mêche tombait sur son front, alors qu'il la recalait certaines fois en faisant claquer sa langue sur son palais.
À l'avant de l'appareil, le basané regardait la route céleste et échangeait moins de mots que d'habitude. Sûrement parce qu'Ethan était beaucoup plus concentré à gérer l'appareil que le groupe. Je n'avais fait aucune remarque sur le fait que c'était étrange que ce soit lui qui conduise et non Nathan, comprenant bien évidemment que la moindre remarque était particulièrement mal venue en raison de la situation, et que ces mots ne seraient pas impunis. Laura discutait tranquillement avec lui, tandis qu'elle était assise sur le siège à sa droite. On pouvait entendre quelques ricanements discrets, mais pour être tout à fait honnête, c'étaient des rires qui sonnaient creux.
La bonne humeur était assez superficielle, surtout du côté de Jake. Ce dernier regardait l'horizon, la tête appuyée contre le hublot, et il ne bougeait plus depuis une bonne demi-heure déjà. Parfois, ses mains s'agitaient, mais c'était bien là le seul signe montrant qu'il n'était pas endormi. Il ne décrochait pas un mot et demeurait terriblement silencieux.
Je n'avais pas encore une grande expérience, puisque c'était ma première mission, mais je me doutais que ce silence allait être compromettant. Les rares fois où John Davis était venu nous voir, il glissait toujours une petite phrase sur le fait d'être coordonné. Il n'y avait qu'à voir sa manière de regarder les fautifs chaque fois qu'il y avait un conflit. Un grondement étouffé plus tard, les coupables se tenaient généralement à carreau jusqu'à son départ.
Quand je pensais à cette équipe, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il était préférable que ce soient nos alliés, plutôt que nos ennemis. Même s'ils paraissaient nonchalants, je savais qu'ils pouvaient se montrer redoutable... En fait, je ne les avais jamais vus se battre sérieusement. Mais le simple fait d'imaginer ce dont ils étaient capables – s'ils étaient du même niveau que Constantin – me donnait quelques frissons.
Ce qui n'était clairement pas le cas de Lucas... qui somnolait à moitié sur mon épaule. Je jetai un coup d'oeil pour le regarder dormir. Presque mignon, s'il n'était pas un poids encombrant sur ma pauvre omoplate, qui, elle, n'avait rien demandé... Je n'osais pas bouger, parce que si je le réveillais, j'étais sûr de devoir supporter ses bavardages pendant tout le reste du voyage.
Je sentais sa respiration régulière chatouiller mon torse mais je n'en fis pas vraiment cas. Mes pensées vagabondaient et se perdaient entre ma famille et ma mission. Dire que j'étais assez préoccupé relevait de l'euphémisme. D'un côté, j'étais tiraillé entre l'inquiétude qu'avait laissé planer ma dernière conversation avec mes proches. De l'autre, il y avait l'ombre de l'inconnu, de l'incertitude et du danger qui semblait vouloir me capturer entre ses griffes.
Je pouvais bien me consoler en me disant que j'étais bien accompagné et qu'au moins, Lucas était avec moi ; je pouvais bien me consoler en me disant que tout se passerait bien et que je pourrais même trouver des réponses à mes innombrables questions. Et je pouvais bien me rassurer en me disant que, chez nous, notre famille ne risquait pas grand-chose – en tout cas, moins que nous.
Malheureusement pour moi, je n'étais pas aussi insousciant que mon camarade. Dès mon plus jeune âge, je me posais des questions sur tout et n'importe quoi. Et, bien évidemment, puisque ce n'était pas amusant sinon, j'aimais imaginer le pire. Tous les pires scénarios dansaient dans un coin de mon esprit.
– Ne... t'inquiète... pas.
Je trésaillis en sentant un contact glacé sur mon bras. Lucas, à moitié ensommeillé, avait posé sa main sur mon bras, faisant lentement parcourir ses doigts sur mon bras. Il me fit un petit sourire en me scrutant :
– Tu te fais du soucis... me demande-t-il à moitié, même si ça sonnait plus comme une affirmation.
– Un peu.
– Non, tu stresses carrément, ça se voit. N'oublie pas, je suis une éponge à émotions, fit-il, un peu plus réveillé.
Un soupir franchit mes lèvres. Qu'est-ce que c'était agaçant... Et à la fois réconfortant. C'est paradoxalement étrange, je sais.
– Ne t'inquiète pas. Je comprends ce que tu ressens. Mais tout va bien se passer, je t'assure, continua-t-il d'une petite voix.
– Facile à dire, répondis-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu.
Aussitôt, je m'en voulus. Les doigts du blond s'immobilisèrent. Et aussitôt, je regrettai de ne plus sentir sa main parcourir mon avant-bras.
– Je suis assez inquiet. On ne sait pas ce qui nous attend.
– C'est vrai. Mais on est fort. Alors tout ira bien. Profite du voyage.
Il désigna le ciel d'un petit coup de menton avant de se blottir à nouveau au creux de mon épaule. Lulu leva les yeux vers moi et me dit :
– Eh, ça ne te dérange pas si je profite de mon meilleur ami comme d'un coussin ?
– Fais-toi plaisir, ricanai-je, mais tu me revaudras ça.
– Carrément...
Ce furent ses dernières paroles. Il s'était rendormi et reposait paisiblement sur mon épaule. Je me recalai contre mon siège en faisant bien attention à ne pas le déranger, pour porter toute mon attention sur le ciel et sur le flottement paisible de l'appareil qui ronronnait doucement.
Le véhicule était plongé dans un silence assez troublant. Je n'étais pas habitué à ça, maintenant que l'équipe A faisait partie de ma vie et un peu de mon quotidien. Les moments de calme étaient exceptionnels. On ne trouvait un instant de répit surtout lorsque la nuit était tombée. Et encore... Parfois, la nuit était agitée ; les soirées-jeux pouvaient durer longtemps. Un peu trop, selon les cernes qui trônaient sous nos yeux le lendemain. Néanmoins, on passait de bons moments, et on ne pouvait pas dire qu'on s'ennuyait. Il y avait au moins ça de positif.
Cette quiétude sonnait étrangement. Comme les quelques secondes durant lesquelles l'écho du son de cloche se répercute dans l'air, de moins en moins fort. Un son qui laisse un goût étrange dans la gorge. Un son différent des autres. Un son mélancolique. Un son qui sait ce qui va se passer, mais qui ne peut rien dire. Tragique. Silencieux. Reposant.
C'était une petite mélodie qui nous poussait dans les contrées absentes de nos esprits. Je l'écoutais sans l'entendre, perdu dans mes pensées, pensées qui m'emmenèrent quelques minutes avant notre départ pour l'Espagne.
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Le soleil brillait, il faisait assez chaud. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que voir un appareil volant débarquer n'était pas dans nos habitudes. En tout cas, pas dans les miennes ni dans celles de mon meilleur ami. Les autres semblaient un peu étonnés, mais sans plus. Un peu plus loin, le vieil homme nous offrait un petit sourire satisfait.
« Nous décollons bientôt. », avait-il dit.
Pour l'Espagne. Pour réussir une mission que des mages n'avaient pas réussi à accomplir ou qui, pire, avaient été blessés. Pour stopper des « corridas magiques », comme l'avait si bien dit le basané. C'était une mission nécessaire, un peu suicidaire aussi. Et je n'arrivais pas à croire que ça me plaisait.
Parce que oui, quand le jet se posa au sol, la première chose qui me traversa l'esprit était que l'on aurait un peu d'action en arrivant là-bas. Le genre d'action qu'on ne peut vivre qu'une fois dans une vie. Le genre d'action qui donnerait des frissons à n'importe qui. C'était ce genre de frisson-là qui me parcourut ; c'était le goût du risque, l'amour de l'aventure parcourant un de ces héros de roman qui me saisissait de toute part.
John Davis claqua des mains pour nous inciter à nous presser. Je grimpai les escaliers quatre à quatre, suivi de Lucas qui souriait. Lorsque nous parvînmes jusqu'au couloir, je me retournai vers lui :
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– C'est génial, non ? Moi, j'ai trop hâte de prendre l'avion !
– Tu n'as jamais pris l'avion ?
– Si, une fois, répondit-il. Mais j'étais trop petit pour m'en souvenir.
– Pourquoi, tu as grandi ?
Il grimaça avant de me bousculer gentiment. Je levai les yeux au ciel en lui rendant son coup d'épaule. Il me fit un grand sourire provocateur, et ce petit jeu dura pendant les quelques mètres qui nous séparaient de notre chambre. Lorsqu'on y entra, je pris Lucas par les épaules avant de le pousser sur son lit. Il s'y laissa presque tomber en ricanant.
Sauf que ce que je n'avais pas prévu, c'était qu'il tenait mon poignet... Le salaud ! Je dus plier les genoux pour éviter de perdre totalement l'équilibre mais je finis par m'asseoir – ou essayer de ne pas m'allonger pitoyablement – sur le lit, à côté de lui. Je me dégageai de sa prise rapidement d'une torsion du poignet. On se regarda. D'abord comme des cow-boys sur le point de régler leurs comptes. Puis, une lueur joueuse éclaira ses petits yeux. Comme un orage, ça allait éclater. J'en avais la profonde certitude.
Et sans crier gare, on éclata de rire.
D'après beaucoup de personnes, être honnête est une qualité. Alors je vais l'être. Oui, ce petit jeu de bousculades entre petits oursons m'a fait du bien. Ce ne serait pas très honnête de dire le contraire. À chaque fois que le blond était avec moi, je sentais comme une petite chaleur rassurante au creux de ma poitrine. À chaque fois qu'il se trouvait à mes côtés, j'avais l'impression qu'on redevenait enfants. Il est parfois pénible d'être adulte. Lucide sur tout ce qu'on voit, sur tout ce qu'on ressent. Et notre seule échappatoire reste les effluves innocentes et joueuses de l'enfance.
Beaucoup de personnes n'ont pas la chance d'avoir un meilleur ami. Moi, j'avais trouvé en Lucas un véritable trésor d'amitié, de gentillesse, de loyauté. Un compagnon de jeu. Un compagnon parfois agaçant, mais tellement amusant et attachant que je ne pouvais pas m'en passer. L'impression d'avoir cette personne qu'on ne veut sous aucun prétexte perdre, même quelques minutes, cette impression que votre allié tenait un bout de votre âme et que vous lui donnez volontiers, était bien ancrée en moi, comme une certitude absolue et incontestable. Personne ne pourra jamais remplacer Lucas.
Et c'est sur cette belle et parfaite certitude qu'on prépara nos affaires, puisque le voyage durerait sûrement un petit moment. Les mains fourrées dans ma valise, je ne pouvais m'empêcher de lorgner par-dessus mon épaule, , le monstre d'acier qui reposait tranquillement à une centaine de mètres de nous. Ses grands bras immobiles fendaient l'espace et son nez, fier, pointait vers l'horizon, impatient de percer le vent à toute vitesse. Un monstre métallique allait nous offrir les portes du sud dans un petit moment.
– Ça y est, tout est prêt ?
Un sourire plus tard, Lucas me confirma qu'en effet, nous pouvions partir, ce qui m'enchanta. J'étais intrigué par cet avion, même si évidemment, j'évitais de trop le montrer à mon camarade : sinon j'étais prêt à subir des remarques pendant un sacré petit moment.
– On fait la course ? me lança le blond, un sac sur l'épaule.
Et sans attendre ma réponse, il s'élança vers la sortie. Sachant pertinemment que je ne serai pas gagnant, puisque Lucas courait bien plus rapidement que moi et que je n'étais de toute façon pas très partant pour traverser la maison en courant, je pris tranquillement mes affaires et descendis en bas d'un pas appuyé et pressé. J'enchaînai les marches pour me rendre dans la pièce principale, où m'attendaient les filles et Lucas.
– T'as perdu, me railla mon ami. Tu me dois deux barres de chocolat.
Je haussai les épaules, signe que j'acquiesçais sans vraiment y prêter une attention particulière, avant de me tourner vers Aurore :
– Où sont les garçons ? ai-je demandé.
– Nathan est dehors avec le Boss, ils discutent. Ethan est parti se préparer, le connaissant, il ne va pas tarder. Je ne sais pas où est Jake par contre.
Un hochement de tête et approximativement cinq minutes plus tard, le basané arriva, posant une main sur chacune des épaules des filles, nous regardant d'un œil peu vif. Les filles sursautèrent mais aucune ne dit quelque chose. Dans l'entrebâillement de la porte, John Davis nous faisait un signe de la main pour nous inviter à venir. Ethan ouvrit la marche, et on lui emboîta le pas. Le Boss n'attendit pas de voir si on le suivait ou non, et retourna terminer sa discussion avec Nathan. Ils achevaient les dernières directives de la mission, à voix basse, si bien qu'il était impossible d'entendre ce qu'ils disaient.
– C'est bon, Boss, nous sommes prêts, déclara Aurore en s'approchant des deux hommes.
Le Modérateur hocha de la tête en prenant un air solennel. Lucas me lança un petit coup de coude et me glissa dans l'oreille qu'on pouvait presque avoir l'impression que nous partions pour une mission désespérée. Je me retins de rire, mais je lui offris un petit sourire complice.
Les deux chefs nous invitèrent à avancer vers l'engin pour monter dedans. Nous dûmes marcher pendant deux petites minutes. De près, la machine se révélait être impressionnante. Elle dégageait une aura assez intimidante, si toutefois on admettait qu'un oiseau de métal puisse dégager une quelconque aura.
Arrivés devant les portes, John nous appela. Un cercle se forma rapidement autour de lui. Tout le monde était là. J'avais aperçu Jake, qui observait, bien plus silencieux que d'ordinaire et posté en retrait. Il croisait les bras et semblait vraiment impatient de commencer le voyage. Impatient... À le regarder de plus près, sa mâchoire crispée, ses sourcils froncés, le mouvement incessant de ses doigts tapotant sur son avant-bras, ses lèvres finement pincées et ne laissant échapper que des soupirs d'agacement, il n'était pas qu'impatient ; il était contrarié. Ce qui n'était pas étonnant, à cause de notre altercation quelques minutes plus tôt.
– Jake est assez extrême, m'avait confié Nathan, il réagit toujours de manière exagérée, de manière grossière. C'est dans sa nature. Après tout, tu ne le connais pas encore. Vous n'êtes pas encore des membres de ce groupe, toi et ton ami. Vous ne savez rien. Et même entre nous, il y a des non-dits. C'est normal. « Il est sage de ne pas chercher à savoir un secret, et il est honnête de ne pas révéler celui qu'on sait. », a écrit Guillaume Penn.
– Mais...
– Médite là-dessus, Thomas.
Et sur ces mots, il m'avait laissé pantois, avec une citation d'un auteur du dix-huitième siècle et des questions auxquelles je n'aurais sûrement jamais de réponse.
J'y avais longuement pensé au cours de la préparation de nos affaires, mais j'avais aussi décidé de ne pas en parler avec Lucas. Je ne voulais pas casser son enthousiasme. C'est pourquoi je gardais le silence à propos des quelques mots de Nathan. Ce dernier m'adressa un regard entendu au moment où on se réunit autour de John. Comme s'il avait deviné... Bien sûr, j'évitai de faire le moindre commentaire.
– Bien. Vous allez partir pour une mission qui n'est pas évidente. Elle sera longue et périlleuse. C'est une mission qui sera sûrement compliquée, et nous ne sommes à l'abri d'aucun imprévu, surtout que la formation de l'équipe n'est pas habituelle. Votre but est d'obtenir des informations et de régler le problème. Pas de zèle, pas de décisions inutiles et incapacitantes. Votre travail d'équipe est important. Votre équipe est importante. Vos vies sont importantes. Toutes, dit-il en appuyant sur ce dernier mot.
Il aggripa son grand sac beige, ouvrit la fermeture éclair et glissa la main à l'intérieur. Il nous tendit quelque chose. Lorsque vint mon tour, il me donna une boite de métal. Froide et pourtant réconfortante. Un peu plus grande que ma poche, mais toutefois rassurante. Je la tins précieusement, en la serrant contre ma hanche. C'était certes aussi stupide que la promesse d'une sucette ou d'une sucrerie pour un enfant s'il est sage, mais ça avait au moins le mérite de fonctionner.
– Qu'est-ce que c'est ? questionna Lucas.
– Du matériel qui vous sauvera sûrement la vie, répondit laconiquement John. Gardez-le précieusement.
On acquiesça. Il n'y avait plus rien à dire ; en tout cas, c'était probablement le cas pour nous. Le vieil homme nous regarda gravement, mais l'esquisse d'un sourire se forma sur son visage, aux coins de sa barbe blanche.
– Je vous souhaite à tous bonne chance. Faites ce que vous avez à faire.
On fit un sourire bienveillant. On allait réussir. En choeur, on lui répondit d'un magistral et royal « oui » aux portes de l'appareil, qui s'apprêtait à décoller. Tout était dit.
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Un grésillement résonna dans l'appareil, comme si un test de son était effectué, coupant les airs de piano qui flottaient doucement dans l'appareil. Ce brusque silence suivi des parasites suffirent à attirer l'attention de tous les passagers, qui levèrent la tête, à l'exception de Lucas qui dormait encore assez profondément :
– Votre attention, mesdames et messieurs, dit une voix dans le micro ! Ici votre cher pilote qui vous parle.
Je compris que c'était Ethan qui utilisait les hauts-parleurs. Aurore se passa une main sur l'oreille la plus proche de l'origine du message en fermant un œil d'agacement, en marmonant un « pas la peine d'utiliser les micros pour ça, imbécile, t'as qu'à lever tes fesses de ton siège ! ».
– Désolé Aurore, répondit Ethan, c'est trop fatiguant, se plaignit-il faussement. Tout va bien de votre côté ? La vue est bonne, j'espère ! Moi, je suis un peu trop concentré sur mes commandes.
– Viens en aux faits, Ethan, réclama le capitaine, un peu excédé par les gamineries de son équipier.
À côté de moi, je sentis le blond s'agiter tranquillement, ouvrir ses paupières lourdes en se redressant. J'en profitai pour me masser l'épaule. C'est qu'il pesait son poids, quand même ! Je sentais mes muscles un rien endoloris par la charge subie pendant, je dirais bien au moins une bonne vingtaine de minutes. Il me regarda, puis bâilla, avant de s'étirer.
– Enfin, c'est pas trop tôt, dis-je. Mon épaule allait finir par lâcher.
– Pardon, j'avais besoin de sommeil, je crois, répondit Lucas en se grattant l'arrière du crâne. Qu'est-ce qui se passe ?
– Ethan est en train de parler.
– Ah.
On tendit l'oreille, tandis que derrière les hauts-parleurs, on sentait que notre pilote prenait une inspiration.
– Veuillez attacher vos ceintures, les amis, parce que le pays de la paëlla et des taureaux est juste devant nous !
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NDA : Salut à tous. Je m'excuse pour cette longue pause de presque deux mois, j'ai eu une période de vide avec mes examens et d'autres trucs qui me sont arrivés. J'espère que vous allez bien !
Voilà, cette pause faite, on peut reprendre. L'Espagne tend les bras à nos protagonistes... Que vont-ils y découvrir ? Que va-t-il arriver ? L'équipe va-t-elle réussir cette mission ?
J'espère que vous avez passé un bon moment à lire ce chapitre... Je voulais aussi profiter de cette NDA pour vous annoncer que je vais participer aux Wattys 2017 avec cette histoire.
Vous connaissez la chanson, on se retrouve ou en commentaire, ou dans le prochain chapitre. D'ici là portez-vous bien, à plus tard !
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