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Chapitre 2

Pour un mois de juin, il faisait vraiment beau, et, heureusement, ce n'était pas un temps pluvieux, comme la météo l'avait prédit. L'été n'avait pas encore pointé le bout de son nez, mais il faisait assez chaud pour que l'on s'habille de manière estivale. Aussi, j'avais décidé de mettre un short noir, un tee-shirt classique vert et une casquette.

Quand je sortis de chez moi, je réajustai ma sacoche où je rangeais mes clés, mon portable, mon porte-monnaie ainsi que deux ou trois objets plus ou moins utiles. Je descendis les quelques marches du perron avant de me mettre en route. Le café n'étant pas très loin de chez moi, je décidais de profiter du beau temps pour marcher un peu, le casque bien vissé sur la tête.

Après tout, j'avais un peu de temps devant moi. Ne pouvais-je pas me permettre de traîner un peu avant de rejoindre notre point de rendez-vous ... ? En plus, je connaissais bien Lucas. Il avait... comment dire ? Oui, il a un petit soucis avec sa montre. Il est très souvent en retard, alors je peux bien le faire attendre, non ? Et non, je ne suis pas un mauvais ami, je lui rends juste la pareille !

Il ne fallait que très peu de temps pour y aller. C'est pour ça que j'aimais ralentir un peu, observer ce qui m'entourait, le tout en écoutant les paroles de Dernière danse de Kyo. J'aimais beaucoup ce groupe, et cette chanson était une de mes préférées, sinon ma préférée. Je me souviens encore de la première fois que j'ai écouté cette musique, comme si c'était hier.

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J'étais au lycée, en première, précisément. On était au mois de février, il faisait froid et il pleuvait. Je sortais de mon cours de maths, et j'avais une heure libre. Comme toujours, et encore plus parce qu'il pleuvait, je me rendis à la bibliothèque. Ma passion des livres date de plusieurs années. Je passais le plus clair de mon temps à lire, principalement des bandes dessinées. Du coup, je voulais aller lire, calmement, avant d'aller en cours d'histoire. Seulement, ça ne se passa pas comme prévu.

Quand j'arrivai, je trouvai les portes closes et une annonce déclarant que les lieux étaient fermés aujourd'hui. Et, bien évidemment, je n'avais pas lu cette annonce plus tôt. Soupirant, je me dirigeais vers une salle d'étude pour être tranquille, et surtout, pour ne pas subir la pluie qui devenait de plus en plus forte.

Je descendis les escaliers, en quête de cette fameuse salle. Un coup d'oeil à ma montre me dit que cela faisait huit minutes que le cours s'était terminé. Presque un sixième de mon temps libre venait de s'écouler. Dégoûté, et énervé, je finis par trouver cette maudite pièce.

Et croyez-moi, elle n'était pas maudite uniquement parce qu'elle m'avait agacé.

Alors que j'allais entrer, j'entendis quelques sanglots émaner du fond de la pièce. Jetant un regard hasardeux, je vis un de mes camarades, effondré sur sa table. La tête appuyée contre son cartable, il soupirait. Il avait des écouteurs dans les oreilles, et semblait totalement perdu. Il avait l'air d'un animal blessé, d'un fantôme. Du peu que je me souvienne, il avait le teint pâle. Il était brun, et semblait plus jeune que les autres. C'est du moins ce qu'il me sembla quand il releva la tête en me regardant.

– Salut... Désolé, fis-je, un peu gêné par l'état pitoyable du gars, mais aussi parce que je savais que je m'étais trompé de salle. Ça n'a pas l'air d'aller. Je vais peut-être te laisser...
– Non, c'est bon, dit-il en reniflant. Reste, ça ne me dérange pas.
– D'accord.

Il gémit, quand je m'assis, à deux tables de lui. C'était un long soupir, comme une plainte étouffée.

– De toute façon, plus rien ne peut me déranger plus que ça... Marmonna-t-il.

Malheureusement pour lui, j'avais une oreille très développée, disons. Donc, j'ai entendu. Mais, n'en faisant pas trop cas, je commençais à sortir mon nouveau livre. Je le regardai du coin de l'œil, et, franchement, il me faisait vraiment de la peine. Je me tournai vers lui :

– Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, mais si tu veux en parler à quelqu'un, je veux bien t'écouter.

Il ne me répondit qu'en grommelant et un faible sourire se dessina sur son visage. Je commençais alors à plonger le nez dans ma lecture, avec mon casque sur les oreilles. Je n'aimais pas spécialement lire dans un silence total, et encore moins dans un silence aussi lourd que celui-ci. Je ne trouvais vraiment pas agréable de lire alors que ce pauvre gars sanglotait encore à moitié dans son coin, tout en soupirant.

Pourtant, j'éprouvais comme une certaine... culpabilité. Pourquoi ? Je n'en savais rien. Aujourd'hui encore, quand j'y pense, je me dis que c'est très étrange comme sentiment. Je n'arrivais pas à le voir pleurer. Je n'aimais pas le voir dans un tel état, même si ce n'était vraiment pas mon problème. C'était comme si je n'y étais pas habitué. J'étais tiraillé entre l'envie de l'aider et le fait de le laisser, parce qu'il n'avait pas vraiment besoin de moi.

Et malgré tout ça, c'était peut-être notre destin. Je sentis qu'on me tapait sur les épaules. J'enlevais un écouteur et me tournais vers lui. Ses yeux rougis, reniflant, il me regardait.

– En fait... Ouais, je veux bien en parler... Euh... Comment tu t'appelles, déjà ?
– Thomas. Et toi ?
– Louis.
– Alors explique-moi.

Louis sortit son téléphone, pianota quelques secondes et me montra une photo. Une adolescente aux cheveux dorés se prenait en photo dans une pose que la mode voulait être « tendance ». Bouche pulpeuse, maquillage relativement marqué, vêtements de marque, des yeux bleus magnifique, cette fille était le symbole même de cette mode des adolescents et de leur goût prononcé pour les photos et pour le physique.

– Tu connais Camille ?

Si je la connaissais ? Bien sûr que oui. Tout le monde connaissait Camille. C'était, en quelque sorte, la fille la plus populaire du lycée. En quelques mois, elle avait gagné le cœur de tous les élèves, et elle avait réussi même à se faire aimer de certains de mes amis. Malgré tout, Camille avait la particularité d'avoir un comportement très capricieux, et, comme tout lycéen populaire, elle avait aussi des ennemis, à qui elle faisait des coups assez bas. Je ne la trouvais pas très méchante, mais je ne l'aimais pas plus que ça.

– Ouais.
– Quelle question en même temps, soupira-t-il. Bah... Je sortais avec et...

Il se reprit à temps, mais je sentais qu'à chaque fois que ce souvenir lui revenait en mémoire, il était sur le point de craquer. Louis soupira encore une fois, avant de reprendre :

– Et je viens d'apprendre qu'elle veut me quitter. Je l'ai mal pris, et tu sais pourquoi ? Hein ?

Je ne dis rien, attendant avec patience la suite. C'était courant, ce genre d'histoire, mais je trouvais toujours que c'était assez tragique. J'étais triste pour lui...

– Pour finir dans les bras de mon meilleur ami ! Mon meilleur ami, putain de merde quoi ! S'étrangla-t-il entre deux nouveaux sanglots. J'avais des doutes, mais là, je viens de me rendre compte que ça va faire deux mois que ça dure... Alors qu'on allait fêter nos cinq mois...
– Je vois... C'est vrai que c'est abusé... Personnellement, si tu veux mon avis, je n'aime pas vraiment Camille. Ce que tu viens de me dire vient juste confirmer mes impressions.

J'essayais de le réconforter du mieux que je pouvais, en lui expliquant que ce n'était pas si grave que ça, qu'elle ne le méritait pas...

– Le pire... C'est ça. Elle m'a laissé cette chanson... Notre chanson en souvenir... Pour nous dire que c'était cool mais que tout est fini.

Et c'est ainsi que j'entendis pour la première fois les paroles de Dernière Danse de Kyo, grâce à Louis, pour qui je mis bien de l'énergie à consoler...

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Les dernières notes de cette chanson résonnèrent dans mon casque. Finalement, Louis avait déménagé l'année d'après dans une ville à une bonne centaine de kilomètres – raisons familiales selon ce que je savais. Depuis, on s'envoyait quelques messages par Facebook, mais rien de plus. On n'était pas devenus vraiment amis, c'était une connaissance. Au lycée, il m'était arrivé plusieurs fois de le croiser dans les couloirs, de discuter avec lui. J'avais même réussi à l'inclure dans notre groupe. Je souris en repensant à cette époque-là. Ça faisait déjà trois ans que j'avais quitté le lycée... Cela me rendait, j'avoue, relativement nostalgique.

Quand la musique s'acheva, je relevai la tête de mon téléphone et constatai que j'étais arrivé devant le bar-café, un établissement datant d'une bonne vingtaine d'années maintenant. Quelques tables et chaises étaient alignées pour accueillir quelques clients aux tenues légères. J'aimais cet établissement ; c'était souvent là que je venais avec des amis pour passer le temps quand plusieurs cours étaient annulés. Au lieu de rentrer, je préférais rester un peu en ville. C'était un établissement un peu vieillot mais plutôt confortable, et il avait le luxe de n'avoir que peu d'activité au moment où l'on s'y rendait.

Je tournais la tête à gauche, puis à droite, avant d'étouffer un chapelet de jurons. Lucas n'était toujours pas arrivé, malgré le fait qu'il habite à quasiment deux rues d'ici. Ah, celui-là ! Il était véritablement incorrigible. Tu penses qu'il est impossible d'arriver en retard à son propre anniversaire ? Détrompe-toi ! Monsieur s'est pointé une demi-heure en retard en nous sortant toute une liste d'excuses plus stupides les unes que les autres. Bien sûr, on avait fait semblant d'y croire, bien que personne ne soit vraiment dupe. Sa phrase fétiche ? Les héros savent se faire attendre !

Du coup, en attendant, je me posais contre le mur et remis en route la sélection aléatoire de musiques que j'écoutais. Chandelier de Sia. Chouette, j'aime bien cette musique. Cela me fera passer le temps en attendant que le roi des escargots se montre enfin... Enfin, dire de mon meilleur ami qu'il est le roi des escargots serait un mensonge sans précédent. Mais vous verrez...

Et, alors que je désespérais, au bout de la troisième musique, je tournai la tête à droite, puis à gauche pour la centième fois – et non, je n'ai pas compté le nombre de fois que je l'ai fait, mais j'atteignais aisément ce chiffre. Un adolescent courait dans ma direction, en me faisant un petit signe de la main.

Comment pourrais-je décrire Lucas... ? C'est le genre de gars que tu n'oublies pas facilement, et ce, dès la première fois que tu le rencontres. De taille et de corpulence moyennes, il avait pourtant une allure athlétique. Quand on voyait son visage angélique, quasiment toujours orné d'un sourire, on a beaucoup de mal à croire qu'il ait dix-neuf ans. Ses cheveux blonds et coupés courts ainsi que ses yeux d'un vert pomme lui donnaient un air « mignon » et enfantin. Il était habillé d'un short bleu nuit et d'un tee-shirt rouge, sur lequel était imprimée la mascotte de Pokemon, Pikachu. La petite souris crachotait des éclairs jaunes, qui formaient un slogan : « Rapide comme l'éclair ! ».

Et si vous pensez que son tee-shirt est une image de sa personnalité... Bingo ! Vous avez raison. Lucas avait cette capacité à attendrir et à agacer quiconque le laissait agir et parler suffisamment de temps. Il m'a avoué, un jour, que ses parents pensaient qu'il était hyperactif. Mais il n'aime pas vraiment en parler. À chaque fois que je le taquine dessus, il se referme comme une huître. Alors j'ai appris à faire sans. De toute façon, mis à part quelques sujets fâcheux, mon meilleur ami était un vrai moulin à paroles. Et même s'il était le plus bavard, c'était aussi le gars le plus cool, le plus gentil et le plus loyal que je connaisse. Malgré ses petits, et nombreux défauts...

Me voyant soupirer et froncer les sourcils, Lucas grimaça. Je détestais attendre, et là, il se foutait clairement de moi. Quant il arriva près de moi, on se fit une accolade.

– Salut, Toto. Désolé, j'ai été retardé par Claire. Désolé, désolé, désolé ! S'exclama-t-il, en se donnant un air « mignon ».

Je lui ébouriffai les cheveux avec désinvolture, juste pour l'embêter. Je savais qu'il n'aimait pas trop ça, sous prétexte que c'était pour les gamins... Pourtant c'est un gamin ! Bon, de mon âge, certes... Mais tout de même !

– C'est bon, Lucas, mais par toutes les couleurs des Power Rangers, essaie de faire plus vite la prochaine fois. J'ai failli enraciner.

Oui, nous avions d'étranges manières de jurer pour des gars de dix-neuf ans, je sais.

– Ah ah ! C'est vrai que t'as l'air d'être une vieille branche... Ricana-t-il.
– Et du coup, elle te voulait quoi, Claire ?
– Tu la connais ?
– Lucas... T'écoutes que d'une oreille quand on te parle je crois. T'as vraiment oublié que c'était ma voisine, jusqu'à il y a quelques mois ? En plus, elle était avec moi au cours de théâtre. Donc, oui, je la connais bien. Et, donc ? Insisté-je.
– Bah on a parlé de tout et de rien, répondit-il en haussant les épaules. Rien de spécial, en tout cas. Elle m'a parlé de son spectacle, tu sais, celui qu'elle va faire avec ta chère Roxane.
– Lucas !

Je lui décochai un regard noir. S'il y avait bien un sujet qui m'énervait, c'était bien mes relations amoureuses... Surtout quand il s'agissait de Roxane ! Je savais qu'il plaisantait, mais j'avais encore cette histoire en travers de la gorge. C'était ma petite amie, mais nous nous sommes quittés il y a quelques mois. Je l'ai connue quand j'étais encore au lycée, en terminale. C'était la fille la plus mystérieuse et pourtant la plus incroyable du lycée, loin de Camille, de ses manipulations et de sa popularité. Son physique n'avait rien de particulier : ses cheveux bruns et ses yeux noisettes ne la démarquaient pas des autres. Elle avait pourtant une attitude de rebelle, malgré tout un peu paumée. Et je crois, ouais, que c'est ça qui m'a attiré. Nous sommes rapidement devenus amis, puis nous avons eu des sentiments.

Tout alla bien pendant notre dernière année de lycée, même si nous avions des problèmes personnels. Je l'ai aidée. Elle m'a soutenu. Puis, petit à petit, le fil de l'amour commença à se rompre. Je ne ressentais plus de sentiments pour elle. Roxane commençait à se séparer de moi. Alors, je me demande encore parfois pourquoi nous avions encore ces pincements de jalousie.

Et ce qui devait arriver, arriva. Nous nous quittâmes, dans un silence total. Sans vraiment d'explications, nous avions mis fin à cet idylle qui aurait pu renaître. Je ne l'ai plus revue depuis des mois, maintenant. Et bien que je garde la tête haute, je ne pouvais pas ignorer le pincement qui rendait mon cœur douloureux.

C'était mon péché.

Mais l'entendre, même de la bouche de mon meilleur ami, me hérissait les poils. Je détestais qu'on en parle. Certains sujets étaient interdits. Lucas rougit jusqu'aux oreilles, honteux, et je savais qu'en ce moment, il ne savait plus où se mettre. Sans m'en rendre compte, j'avais haussé le ton, ce que je n'aimais pas faire. Je me mordis la lèvre inférieure. Je ne voulais pas l'engueuler, ni même qu'on se dispute pour un simple prénom. Et je savais que lui aussi.

– Dé...Désolé, Thomas. Je suis vraiment un gros gaffeur.
– Non, ne t'inquiète pas. On aurait juste jamais dû en parler.

Je soupirais, puis me forçais à lui sourire. Je devais reprendre consistance avant d'exploser. Je sentais que mon cœur battait plus vite. Je tournais la tête vers le bar en songeant que l'on avait l'air un peu stupides de rester ici sans vraiment commander une boisson. Je désignais une des tables dehors à Lucas et lui dit :

– Va t'asseoir, je vais aller commander. Comme d'habitude ?
– Comme d'habitude, chef ! Me répondit-il avec son petit sourire habituel.

Sans savoir si, oui ou non, il s'était assis, je me tournais vers l'établissement. Avec un tintement, j'ouvris la porte. Comme l'extérieur le suggérait, l'établissement était assez vieillot, le style un peu rétro se mariant avec plus ou moins d'aisance au côté moderne offert par les deux ordinateurs présents au fond de la pièce. Aujourd'hui, il n'y avait que très peu de clients, et, quand je suis entré, les derniers clients à l'intérieur venaient juste de partir.

Aussitôt que la porte se referma et que le son de la cloche se dissipa, je vis que le serveur avait levé le nez de son occupation. Il avait le teint hâlé, des yeux magnifiquement bleus et une chevelure un peu en bataille. Après avoir haussé un sourcil, il m'offrit un grand sourire en posant un verre sur le comptoir.

– Salut, Jordan, fis-je en souriant.
– Thomas ! S'exclama-t-il en me serrant la main. Tu vas bien ?
– Très bien, et toi ?
– Très bien aussi.
– Eh bah, ça fait un bail, finis-je par dire. Quoi de neuf ?
– Ah ah, oui, c'est clair. Bah je travaille ici pour cet été.
– C'est cool !
– Ouais, grave.
– T'es tout seul ? Lui demandais-je. Il est pas là, Phi, le tyran ?
– Non, notre tyran m'a laissé seul, pour m'occuper du service pendant quelques heures, en me précisant que je n'avais pas intérêt de faire n'importe quoi, ricana-t-il. Il avait, apparemment, une affaire à régler. Et en me disant ça, il m'a planté et m'a laissé.

Philippe, le propriétaire du bar, ou renommé Phi le tyran, se considérait comme le seigneur tout puissant de son établissement. Il avait beaucoup de mal à s'entendre avec Jordan. À presque vingt ans, mon ami, à l'allure de beau gosse, n'était pas l'employé ni l'élève le plus sérieux que je connaissais. Nous nous sommes rencontrés quand il passait son bac, alors que je passais les épreuves anticipées. On avait discuté une bonne vingtaine de minutes puisqu'il était le frère d'une de mes camarades de classe, à l'époque. C'est pour ça que j'avais pu discuter avec lui. Depuis, on a continué à se voir, puis nous sommes devenus amis.

– Ah, c'est bien, s'il commence à te faire confiance, commentais-je. Je suis sûr qu'il n'est pas si méchant que ça, au final.
– Si tu le dis. Et du coup, je te sers quoi ?
– Hum... Ah, oui, j'avais oublié. Un Coca Cola pour moi et un Orangina pour Lucas, s'il te plaît.
– Lucas est là ? Vraiment ? Cool, j'arrive, je vous sers tout de suite ! Soyez prêts à être servis par le meilleur barman de tous les temps ! Ricana-t-il.
– D'accord.

Je ne pus m'empêcher de sourire, avant de faire demi-tour et de ressortir. Assis à une des tables, Lucas pianotait sur son téléphone, et daigna relever les yeux lorsque je m'assis en faisant grincer la chaise. Mon meilleur ami était véritablement attaché à son téléphone. Il y a des gens qui pensent profiter de la vie réelle, mais qui parfois passent à côté de belles rencontres. Et d'autres se payaient le luxe d'ignorer la distance. Je pensais sincèrement que les plus belles rencontres se faisaient sans les apparences, et Lucas était de mon avis.

Puisque Lucas n'avait vraisemblablement pas décidé de lâcher son portable, j'en profitais pour, moi aussi, profiter du mien et terminer une partie que j'avais commencée il y a quelques heures...

– ... Et voici le meilleur serveur de l'univers, qui arrive à la table de ses VIP préférés ! Messieurs, soyez prêts à être servis par le meilleur serveur de toute la ville... Non, de tout l'univers !

Derrière nous, Jordan arriva avec nos deux boissons, qu'il posa avec délicatesse sur notre table, avant de saluer Lucas :

– Hey, Lulu ! Ça fait un bail !
– Carrément, Jordan ! Sérieusement, ça fait un siècle qu'on s'est pas vus. Alors ? Tout va bien ?
– Super, affirma-t-il. Je travaille un peu, comme tu peux le voir. Ça me permet de passer le temps entre les entraînements.
– Je comprends. D'ailleurs, comment ça s'est passé ?
– On a perdu la finale, quatre-vingt trois à soixante quinze, soupira-t-il. L'entraîneur a été surpris. Du coup, il réorganise l'équipe. J'espère ne pas perdre mon poste...
– Normal, soupira Lucas. Il va analyser les erreurs de cette finale pour proposer un meilleur schéma.

Jordan hocha la tête. Après tout, il était capitaine de l'équipe de basket de notre ville. Ce n'était pas un très grand club, mais il était tout de même reconnu pour avoir un bon niveau.

– Et tu es au courant de sa stratégie ? La dernière fois... Commence mon meilleur ami.
– Il m'avait averti qu'une semaine avant le match. C'était frustrant. Mais cette fois...

Je toussai, peut-être parce que j'avais un truc coincé dans la gorge, ou bien peut-être parce que je n'aimais la tournure que prenait la discussion ? Oui, j'avais un peu l'impression de me retrouver comme un figurant au milieu d'un film. Un fantôme. Et ça ne me plaisait pas trop...

Moi, jaloux ? Mais de quoi parlez-vous ? Je ne le suis pas, voyons ! Bon, peut-être un peu... Après tout, ce n'était pas amusant pour moi. Lucas me proposait de sortir et il parlait avec Jordan. Bon, j'avoue. Je suis jaloux. Heureusement, Jordan se rappela que son travail l'attendait. Une jeune femme venait d'entrer dans le bar. Je décidais de lui régler tout de suite les boissons avant qu'il ne s'en aille. Il prit l'argent, hocha la tête et commença à s'éloigner.

– Bon, bah, je vais y aller, moi, on dirait que le devoir m'appelle ! À plus, les amis !
– Ouais, à plus.

Je reportais alors toute mon attention sur Lucas. Ce dernier sirotait tranquillement son verre d'orangina, en regardant de temps en temps son téléphone. Il leva les yeux vers moi :

– Au fait, de quoi voulais-tu me parler, Lucas ? Lui demandé-je alors.
– Eh bien, vendredi prochain, Clément et Marie vont organiser une grande fête. Il y aura pas mal de monde de notre promotion, et Marie m'a demandé si tu voulais venir.

Une fête ? Oh... Je détestais ça, ou plutôt, la dernière fête à laquelle j'avais été n'avait pas été un très bon souvenir.

– Euh... Je ne sais pas trop, Lucas. Je ne suis pas très fêtes alcoolisées, ce genre de trucs... La gueule de bois, très peu pour moi.
– Oh, allez, s'il te plaît ! Tu pourrais passer du bon temps avec nos anciens collègues qu'on voit moins ces derniers temps. Puis, je te connais. Tu vas finir sur ton canapé, avec une pizza devant la saison 2 d'Owari no Seraph. Je me trompe ?

Oh mon dieu, le cliché parfait du geek doublé d'un pro-manga. Bon, c'est vrai, j'adorais regarder des animés et lire des mangas. Mais ce n'était pas ce que je voulais faire... Ceci dit, il n'avait pas tort pour un point. Je n'avais rien de prévu pour ce vendredi-là, et, en y réfléchissant bien, cela ne pourrait pas me faire de mal pour oublier un peu tout ce que j'ai à faire. Je soupirai :

– Très bien...
– Allez Tho... Hein ? Sérieux, t'acceptes ?
– T'as très bien entendu.
– Oh, c'est cool, alors ! J'étais sûr que tu allais refuser, en fait, dit-il en souriant tristement. Dans ce cas, je passerai te chercher à 20 heures. Sois pas en retard, tu sais comment Clément est lourd avec ça !

Il explosa de rire. Parfois, je me demande pourquoi Lucas rit si souvent. Par envie ? Parce que sourire lui procure quelque chose ? Au fond de moi, je me dis qu'il ne devrait pas falloir beaucoup de raisons pour éclater de rire, comme s'il était possible de rire et de s'éclater sans la moindre raison. Mais je ne suis pas stupide, je me suis déjà fait une raison...

Je hochais la tête, et finis mon verre. Je souris en regardant le ciel. On est en juin, mais il fait vraiment beau. L'été pointe le bout de son nez, et avec lui les nuages disparaissent progressivement. Quelle belle journée, n'est-ce pas ? On ne se doute pas que derrière l'horizon, les nuages d'orage nous attendent...

– Bon, on y va ? Me demanda Lucas.
– Ouais, ouais.

Il était déjà debout, et il s'étirait. Il était un peu moins grand que moi. C'était assez amusant de le voir comme ça. Mais il avait l'air assez impatient. Il était comme ça, Lucas, surexcité. Parfois, c'était amusant. Le reste du temps, c'était pénible, mais on s'y faisait. Je me levais donc, avant de le raccompagner chez lui. En partant, je fis un petit signe à Jordan, et lui souhaitais bonne journée. Il me répondit de la même façon.

Le chemin jusque chez Lucas ne prit pas beaucoup de temps, mais cela suffit à me donner mal à la tête. Parce qu'il est bavard. Très bavard. Pendant le trajet, il n'a pas réussi à se taire plus de quinze secondes... Heureusement, nous sommes vite arrivés chez lui. Il habite une petite maison avec sa mère, sa petite sœur, Émilie, et son petit frère, Maxime.

Je connais bien cette maison, puisque j'y passe très régulièrement. Et devinez qui est le partenaire de « concours de pizza » que Lucas organise à chaque fois que le reste de sa famille n'est pas là ? Ouais, j'ai pris six kilos depuis le début de l'année à cause de lui...

Lucas frappa à la porte, puis entra en criant qu'il était rentré. La maison semblait plus ou moins animée, avec un bruit de fond, sûrement causé par la télévision. Il commença à enlever ses chaussures, mais, voyant que je restais à l'entrée, il se retourna :

– Bon bah tu fous quoi ? Viens !
– Euh, Lucas, fis-je en fronçant les sourcils, je voulais juste te raccompagner. J'ai plein de choses à faire.
– Mais raconte pas n'importe quoi ! Ils seront contents de te voir, ça fait un bon bout de temps que t'es pas venu. Depuis les partiels, je dirais.
– Oui, mais...
– Y a pas de « mais », insista-t-il en me tirant par le bras.

À ce moment-là, je vis une femme sortir de la cuisine, un peu à droite de l'entrée. Jessica, la mère de Lucas, était ravissante. Sa robe blanche et ses cheveux blonds attachés en chignon lui donnaient un air chic. Lucas avait les mêmes yeux verts qu'elle, et son élégance était décuplée par l'éclat de son sourire. Elle me fit un sourire, et s'exclama :

– Thomas !
– Bonjour, madame.
– Oh, pas de ça entre nous, me dit-elle avec un clin d'oeil.
– Sérieux, mec, me fit Lucas avec un petit coup de coude, c'est si difficile que ça, d'appeler ma mère par son prénom ?

À ce moment, j'avais envie de le frapper. Comme souvent, d'ailleurs. En fait, pour être précis, les moments où je n'avais pas envie de l'assommer étaient tellement rares qu'ils se comptaient sur les doigts d'une main. Mais bon, c'était sa spécialité, aussi...

– L'habitude, grommelais-je.
– Enfin, je suis content de te voir, poursuivit Jessica après m'avoir fait la bise. Tu resteras bien pour manger quelque chose ?
– Euh...
– Tu veux quoi ? J'ai fait des gaufres. Et j'ai même acheté de la chantilly, je sais que vous adorez ça.

Je souris. Non, vraiment, la mère de Lucas est vraiment attentionnée.

– Bon, pourquoi pas... ? J'ai encore un peu de temps devant moi.

– Super. Venez vous installer dans la cuisine.
– Au fait, maman, demanda Lucas, Maxime n'est pas là ?
– Si, il est dans sa chambre.
– D'accord, je vais le chercher.

Et sur ces mots, il brailla le nom de son frère en montant quatre à quatre les marches de l'escalier. Je m'installais tranquillement dans la cuisine, en posant sur le dossier de ma chaise mon sac à dos :

– Tu sais ce que tu comptes faire pendant les vacances, Thomas ?
– Eh bien, je n'y avais pas encore vraiment réfléchi... Je pense que je vais profiter de ces vacances pour lire, avancer sur le programme de l'année prochaine, et m'amuser un peu quand on partira en vacances avec mes parents et ma sœur.
– Tu comptes vraiment t'avancer sur le programme ? Tu es vraiment sérieux, Thomas. Lucas devrait prendre exemple sur toi... Dit-elle en soupirant.
– Et vous allez faire quoi ? Demandai-je.
– On part en vacances dans un pays d'Amérique du Sud, répondit-elle en souriant. Je ne sais pas encore lequel. Mais je veux leur faire plaisir. J'ai une petite idée de la destination, peut-être ...

Alors qu'elle allait me dire où ils partaient cet été, j'entendis les marches craquer. Je tournais la tête et vis les deux frères arriver, à moitié en courant. Quand Maxime me vit, il fit un grand sourire. Ce gosse m'a toujours fait craquer, en me rappelant que je n'avais pas de petit frère. Il ressemblait quasiment trait pour trait à Lucas, en plus jeune. La seule différence qu'il y avait était qu'il portait des lunettes, contrairement à mon camarade qui avait toujours eu une très bonne vue. Il me sauta presque au cou. C'était presque un petit frère pour moi, et c'est vrai qu'il me considérait comme un grand-frère. Il s'approcha, et on se tapa les poings en guise de salutations.

– Salut, Max. Ça va ?
– Au top, mon pote ! Répondit-il en souriant. J'étais en train de tuer des zombies quand vous êtes arrivés ! Tu veux voir ça ?
– Pourquoi pas ? Je viendrai après avoir fini ma gaufre.
– Et tu ferais bien de manger la tienne rapidement, Max ! Ricana Lucas. Tu sais à quel point je n'ai pas de pitié pour elles...

Max fit le tour de la table et fit semblant de frapper son frère.

– D'accord, je te la laisse. Drapeau blanc ! J'abandonne. Dit Lucas en levant les bras.

Fier de sa victoire, le petit frère de Lucas commença sa gaufre. Jessica but une gorgée de son thé et reposa sa tasse en regardant son fils :

– Mais n'oublie pas, t'as tes devoirs mon poussin.
– Maman ! Je les ferais après...
– Tu ferais mieux, oui, répliqua-t-elle.
– Sinon, couic, la console ! Ajouta Lucas en mimant une paire de ciseaux coupant un fil.
– Lucas, n'en rajoute pas.

Il soupira, et Maxime, de son côté, boudait. Mis à part ça, je profitais d'une bonne après-midi, avec mon meilleur ami et sa famille. D'ailleurs, il faudrait sérieusement que je demande à sa mère de me donner la recette de ses gaufres-chantilly, j'ai bien failli y laisser mon estomac après ma troisième. La recette de Jessica était vraiment la huitième merveille du monde.

Une demi-heure plus tard, après avoir joué un peu avec Maxime et après avoir discuté avec Lucas et sa mère, je décidais de partir. Après tout, je ne voulais pas les déranger plus que cela. Mais aussi et surtout parce que j'avais quelque chose à faire. J'ai regardé discrètement mon téléphone, et une notification avait attiré mon attention. Je me levai avant de saluer la mère des frères surexcités, la remerciant chaleureusement pour ses gaufres. J'ébouriffai les cheveux de Maxime – qui ronchonna – avant de retourner à l'entrée avec mon meilleur ami :

– Bon, bah finalement, ce n'était pas si urgent que ça, commençai-je en soupirant.
– Ouais, mais j'avais pas le choix, sinon tu ne serais pas venu. Je te connais, t'aurais dit de me le dire par téléphone.
– C'est ce que j'ai fait.
– Ouais, grommela-t-il. Ah. Au fait. J'ai monté de niveau.
– Oh, cool ! Niveau 30, c'est ça ? D'ailleurs, j'ai reçu un message. Il faut absolument que tu vois ça, fis-je en joignant le geste à la parole.
– Hum... Ah ! Sérieusement ? Ça va devenir intéressant, alors. Bon, bah je vais me connecter. Tu ferais mieux d'y aller, ça commence bientôt, Thomas.
– Oui. Bon, bah, à plus, Lucas.
– A peluche, fit-il en riant. Et n'oublie pas pour vendredi, hein. 20 heures, pas une minute de retard !

Je poussai un soupir, et la porte se referma derrière moi. Je pris donc le chemin de la maison... Bon, après tout, même si j'étais en repos, c'était une très bonne après-midi.

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NDA : Tadam ! Le deuxième chapitre est là ! J'espère qu'il vous a plu, et que vous avez passé un bon moment à le lire. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Vous pensez quoi de Jordan ? Des frères surexcités ? De leur complicité avec Thomas ?

Je vous aime fort. A bientôt, pour un prochain chapitre ~

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