Chapitre 19
Bien malgré moi, un sourire fendit mon visage. Des réponses ! Nous aurons enfin avoir des réponses aux milliers de questions qui s'étaient imposées à nous durant la quête. J'étais vraiment content, parce que, depuis mon réveil, j'étais tourmenté par mes questionnements. Et je n'étais pas le seul ; le visage du blond se para du même sourire, trop heureux d'aller voir celui que l'arrivant avait nommé « Le Boss ».
Je le connaissais maintenant assez bien – eh oui, sinon il ne serait pas mon meilleur ami ! – pour savoir que, ce qui l'intéressait, c'était de voir « le Boss », juste pour son statut. J'étais presque sûr qu'au vu de ce qu'on avait vécu, il s'imaginait qu'on verrait un genre de super héros, tout en muscles, tout droit sorti de livres ou de dessins animés. Je savais aussi qu'il aimerait rencontrer cet homme en l'imaginant doté d'une surpuissance, d'un arsenal d'armes toutes plus impressionnantes les unes que les autres, ou à la tête d'une armée de dix milles hommes. Il avait de l'imagination, quand même !
Quant à moi, qu'imaginais-je ? Eh bien... C'est vrai que je pensais rencontrer un homme robuste, à la hauteur d'un général, un vétéran, qui se serait retiré pour vivre à la tête d'une organisation secrète. Je l'imaginais un peu bourru, avec une grosse barbe, qu'il tâtonnerait toutes les deux minutes, pendant qu'il réfléchissait avant de nous répondre, d'une voix ferme. Voilà comment j'imaginais cet homme que notre guide nous avait présenté.
Cela faisait maintenant deux minutes que nous marchions dans le jardin, sur l'allée de pavés pour nous rendre dans le bureau. Le soleil se tenait fièrement au-dessus de tout et il faisait assez chaud. Je me demandais bien comment il faisait avec sa tenue pour supporter la chaleur... Quelle idée ! Je trouvais ça un peu étrange...
Au début, aucun de nous trois ne semblait vouloir parler, de peur de casser un silence profond. J'étais, à vrai dire, assez distrait, préférant de loin l'observation des lieux et leur mémorisation. L'idée qu'ils soient nos ennemis n'était pas encore sortie de ma tête, d'autant plus que le garçon qui nous accompagnait paraissait savoir beaucoup de choses. Alors, je préférais de loin être prudent et tenter un repérage des lieux, surtout si nous devions nous enfuir.
Il aurait été dommage de se retrouver coincé pour une simple erreur de parcours. Et je profitai de ce moment de quiétude pour me concentrer... Mais c'était sans compter sur la curiosité presque maladive de mon compagnon, qui s'amusait à poser plein de questions sur tout ce qui nous entourait, comme un enfant qui questionne ses parents :
– Il est comment, le Boss ?
– Tu verras bien, répondit notre guide. C'est un homme très secret. Tout ce que je peux vous dire dessus, c'est de bien vous comporter avec lui.
– Ah. Et tu le connais depuis combien de temps ?
– Un petit moment déjà.
– En tout cas, tu tires vachement bien. C'est lui qui t'a entraîné ?
– Oui. C'est un très bon professeur.
Tout en répondant aux questions de Lucas, il passa doucement sa main sur son arc, et je devinai un sourire se former sur son visage. À y regarder de plus près, son arme dégageait vraiment quelque chose d'extraordinaire :
– Et ton arme... elle est... d'origine magique... ? le questionnai-je, une pointe d'appréhension dans la voix.
– Oui. Mon arme est magique. Et tu n'as pas besoin d'hésiter, Thomas. Je sais que ça peut paraître déroutant, mais chez nous, la magie est aussi normale qu'un ciel bleu.
– Je vois. Parce que je me disais qu'un tir aussi précis et puissant, tel que celui que tu as tiré tout à l'heure, c'était anormal.
– Et tu as raison. Mais je reste quand même un excellent archer, même sans magie.
– Et ta magie, c'est quoi ? lança Lucas.
– Tu la verras en temps voulu.
Il sembla alors se désintéresser totalement des questions de Lucas et de ma présence. Il avança sans même reposer les yeux sur nous, se concentrant uniquement sur le chemin qu'il empruntait. La discussion était close, et il nous le fit bien sentir. Il ne voulait pas trop en dire sur lui, et ça se voyait, tant dans sa façon de marcher que dans sa façon de parler.
– On est arrivé.
Cet éclat de voix me sortit de mes pensées ; nous venions d'atterrir devant la porte d'une pièce construite en retrait par rapport au reste de la demeure. Notre guide nous regarda, l'un après l'autre, avant de reporter son attention sur la porte, fermée, qui donnait dans le bureau du Boss. Il s'approcha de cette dernière d'un pas décidé. Il tendit la main. Une aura entoura la porte et apparut clairement.
– Un champ de force ? questionnai-je.
– Oui. C'est une sécurité pour approcher le patron. Même s'il n'a pas besoin de ça pour se défendre.
Il approcha sa main du champ de force et toucha ce dernier. Il murmura quelques mots et le bouclier protecteur autour de la porte se tordit, avant de se dissiper rapidement. Sa main retomba mollement le long de son corps. Il se retourna alors vers nous.
– Je vous préviens, vous devrez vous tenir correctement.
– N'est-ce pas, Thomas ? me lança Lucas.
Ah bah tiens ! Je l'attendais, celle-là. Il n'avait vraiment pas honte de me dire ça ! Je recadrai mon ami d'un bon coup de coude dans les côtes, et, tandis qu'il poussa un couinement plaintif, je fis signe à notre nouveau compagnon. Il toqua de trois coups puissants et attendit quelques secondes :
– Entrez ! résonna une voix derrière la porte.
Il ne se fit pas prier et ouvrit la porte. Cette dernière donnait sur un bureau, décoré de manière très sobre et impersonnelle. Des murs gris, un meuble où s'amassait une pile de papiers. Et en face, assis sur un grand fauteuil royal, un homme nous fixait, bras croisés.
Quand notre guide nous avait dit qu'il était spécial, au début, j'eus beaucoup de mal à le croire. Pourtant, la vérité était en face de moi, et maintenant que je rencontrais celui qui était selon toute vraisemblance le Boss, je devais admettre qu'il avait raison. L'aura qu'il dégageait était complètement différente que celle de notre accompagnateur. Sa dangerosité était à des lieues de celui de l'archer, qui s'abaissa platement face à notre futur interlocuteur dans un mouvement de profond respect. Comment puis-je décrire l'énergie que dégageait cet homme ? Elle entourait ce dernier d'une brume d'autorité, de prestance, de classe et de calme impérial. Lorsque je le vis pour la première fois, une horrible impression de puissance me glaça le sang. Il pouvait sûrement nous pulvériser tous les trois du revers de la main. Le démon d'il y a une semaine était bien plus faible que lui...
– Ah, te voilà enfin, Constantin. Je vois que tu as apporté nos deux invités. Bon travail.
– Merci, monsieur, répondit-il.
– Attends, il s'appelle vraiment Constantin ? me glissa Lucas en chuchotant, un fin sourire pendu aux lèvres.
– La ferme, répliquai-je sur le même ton.
– Je t'entends, tu sais, petit con ?
Ils se fusillèrent tous les deux du regard. Je levai les yeux au ciel. Ces deux-là ne s'entendraient pas facilement... Comme si j'avais à m'occuper de leurs gamineries ! Ils commencèrent à se chamailler, tandis que je soupirai d'agacement. Le Boss jeta un regard rapide à Constantin puis s'attarda sur Lucas un instant, le détaillant de la tête aux pieds. Les deux garçons tournèrent le regard vers l'observateur, qui, ayant gagné leur attention, déclara simplement :
– Ça suffit.
Un silence de mort s'en suivit. Le temps sembla se figer. Une goutte de sueur perla au coin de nos tempes respectives. Même si je n'étais pas impliqué, le Boss dégageait une énergie si intimidante que j'en avais des sueurs froides. Les deux garçons cessèrent tout de suite cette dispute si futile. Constantin s'abaissa presque et déclara :
– Excusez-moi, monsieur.
Il s'adossa au mur et croisa les bras, préférant maintenant de loin le silence. Lucas, plus insolent que son adversaire, détourna simplement le regard. Mais je le connaissais suffisamment pour voir ses remords. Il savait qu'il avait eu tort, mais il avait encore du mal à le reconnaître. À ce moment précis, il avait l'air d'un enfant pris en faute. Il murmura quelques excuses. Son air boudeur me fit sourire. Le Boss secoua la tête lentement, aussi désespéré que moi tant du comportement de mon ami que de Constantin. Il posa ses coudes sur son bureau et ramena ses mains en dessous de son visage pour s'en servir comme repose-tête. Il sourit.
– Vous n'êtes tout de même plus des enfants, cessez d'être aussi puérils. Et maintenant que c'est réglé, nous allons passer au plus important, n'est-ce pas ? Nous n'avons pas de temps à perdre. Constantin, peux-tu nous laisser, s'il te plaît ?
– Mais enfin, Monsieur... Ce n'est pas raisonnable...
– Je sais parfaitement me débrouiller tout seul. Tu es bien mignon, mon petit, mais tu n'as que dix-sept ans. Alors prends un bonbon et file dehors.
Le Boss prit un sac, dissimulé derrière sa pile de papier, et le tendit à Constantin. Il contenait des petits crocodiles en gélatine. En jetant un coup d'oeil à Lucas, je vis qu'il salivait, mais surtout qu'il dut se retenir de ricaner. Et ce n'était pas notre guide qui ricanait, serrant des dents et des poings, face à l'affront et l'humiliation qu'il était en train de subir.
Je repensai alors à ce que le vieux avait dit. Constantin avait vraiment dix-sept ans ? Il ne les faisait vraiment pas. Et cela voulait surtout dire qu'il était moins vieux que nous. Une autre question vint à moi : à quel point était-il puissant ? Leur relation impliquait une grande confiance. Le Boss semblait lui faire confiance... Est-ce que c'était un génie ou quelque chose dans le genre ?
– Bien, monsieur.
Ravalant toutefois sa fierté, il prit un bonbon et tourna les talons en nous jetant un regard en coin. Il était rouge de colère, ou de honte, je ne savais pas trop. La porte claqua. Aussitôt, le visage de notre interlocuteur s'éclaircit. Il désigna les chaises d'un petit coup de menton :
– Asseyez-vous, ce sera peut-être long.
Après l'avoir remercié, on put s'asseoir. Étrangement, mes pieds pesaient extrêmement lourds. Lucas poussa un soupir de soulagement. Je ne comprenais pas l'étrange fonctionnement de mon corps ; pourquoi s'amusait-il à monter puis descendre en flèche mon énergie ? C'était incompréhensible.
Je remerciai intérieurement une bonne dizaine de fois le patron, parce que je sentais désormais que mon corps était sous tension, malgré cette impression de chaleur qui se dégageait du personnage. Devant nous, l'homme souriait, et mâchouillait tranquillement une friandise. Il nous tendit la pochette et dit :
– Vous en voulez ? Prenez-en, il y en a plein. J'adore les bonbons, c'est vraiment une invention extraordinaire.
– Ah, ça, je suis bien d'accord ! répliqua Lucas en piochant dans le sac.
Je soupirai devant l'attitude nonchalante de mon camarade, et, avec plus de retenue que lui, je pris deux petits crocodiles. Le boss reposa le sachet et se recala dans son siège. Ce fut là que je me rendis compte que je ne l'avais pas encore vraiment regardé.
C'était un homme de taille moyenne, peut-être était-il un peu plus petit que moi. Mais ce n'était pas parce qu'il n'était pas particulièrement grand qu'il ne dégageait pas une impression de force, due en partie grâce à sa musculature. Le boss était trapu, et la veste parme qu'il portait soulignait la forme carrée de ses épaules. Mais ce qui lui permettait de dégager cette puissance venait de son visage.
Le Boss avait sûrement atteint la cinquantaine. Des cheveux noircis coiffés en arrière et attachés en un chignon encadraient une tête carrée, au menton pointu et au nez retroussé. Quelques petites rides décoraient son front, en contraste parfait avec des yeux chocolats et rieurs qui trônaient fièrement. Il était assez amusant de constater qu'un homme, étant capable de faire plier des combattants chevronés par de simples mots, puisse avoir un regard si vivant et si intense.
C'était pourtant le regard avec lequel il nous observait, lorsque nous sommes entrés, ou même une fois que Constantin avait été prié de nous attendre dehors. C'était ce regard captivant qui m'avait intrigué quand j'avais posé un pied dans son bureau. Et c'était avec ce même regard qu'il nous fixa une fois de plus, avant de demander :
– Que voulez-vous savoir ?
– Et si on commençait par faire les présentations ? Parce que, vous surnommer « Boss », c'est bien gentil, mais si vous nous servez des crocodiles sans nous dire votre vrai nom, ça va être difficile de vous faire vraiment confiance, dis-je.
– Tu n'as pas tort, Thomas.
– Comme si ça ne coulait pas de source...
– Je vais donc me présenter en bonne et due forme, continua-t-il sans tenir compte de mes propos. Je m'appelle John Davis et je suis le patron d'une entreprise d'informatique. Officiellement, disons. Officieusement, je m'occupe de Genesis, sur lequel j'ai une place de choix.
– Une place de choix... ?
– Oui. Je suis Modérateur.
J'écarquillai les yeux. Lui, un Modérateur ? C'était assez étonnant. Déroutant, même, puisque, si je l'avais croisé ailleurs, je n'aurais jamais pensé qu'il puisse être un modérateur. Sur un forum, les Modérateurs occupaient une place essentielle et se chargeaient soit de donner des missions, soit de faire régner l'ordre selon leur poste. Ils n'avaient, techniquement, de supérieur que le Maître du Jeu.
Il cachait bien son jeu, le vieux, me dis-je en fronçant les sourcils. Mais c'était parfait. Maintenant, je savais qu'on pouvait lui faire assez confiance pour qu'il ne nous trahisse pas du premier coup. Cela voulait dire qu'on pouvait aussi tirer profit de son statut pour évoluer. C'était exactement ce dont on avait besoin pour avancer. Je devais pourtant être sûr qu'il ne mentait pas. Et je savais exactement comment j'allais procéder pour qu'il me prouve cela. Un sourire franchit mes lèvres :
– C'est bien, John... Vous permettez que je vous appelle comme ça ? Bon, donc, vous êtes Modérateur... Mais les Modérateurs ont un pouvoir incroyable : celui d'altérer la magie. Prouvez-moi que vous êtes bien un modérateur.
– Tu essaies de me provoquer pour que je puisse te montrer exactement ce que tu souhaites ? Intéressant, gamin. Tu es vraiment sûr ? C'est épuisant, surtout pour celui qui subit cette altération.
– Oui.
– Thomas, arrête ! S'exclama Lucas en se levant brusquement. Ce n'est pas prudent !
– Sauf que sans ça, on ne pourra pas savoir s'il nous ment.
– Bien vu, gamin, déclara l'aîné. Alors essaie d'utiliser un sort. N'importe lequel.
– Cinquième éclair... poing foudroyant !
Le poing foudroyant était un sort plutôt facile à réaliser. Je fermai les yeux, cherchant à capter tout le flux de magie à l'intérieur de moi. Pourtant, quand je me retrouvai dans l'obscurité, et que j'allais m'approcher de l'origine de mon orage mental pour capter l'énergie et réaliser mon attaque, un mur se dressa contre moi. C'était une grande barrière entre mon flux de foudre et mon corps. Je m'approchai de ce mur titanesque. Peut-être pouvais-je passer au travers ?
Lorsque je touchai cette dernière, je sentis qu'on tentait de me faire reculer, que je reculais sans que je ne puisse résister. Je tentai une deuxième, puis une troisième approche, cette fois-ci en frappant la paroi qui me bloquait. Et à chaque fois, le recul était plus violent encore. La quatrième fois, en mettant toute mon énergie, je réussis à ralentir mon recul. Mais la cinquième fois, plus violente encore que les précédentes, me fut presque fatale. Je me sentis rejeté de mon espace mental.
Quand je rouvris les yeux, je regardai mon bras. Il était vierge d'énergie. Aucun éclair n'était apparu dans notre réalité. J'avais échoué, alors que quelques minutes auparavant, j'étais prêt à affronter Lucas. Mais plus étrange était ce manque cruel d'énergie, cette perte de force qui m'accabla avec violence. Je fermai les yeux, étourdi, avant de soupirer et de me masser le crâne.
– Ça va, Toto ? s'inquiéta le blond. On dirait un fantôme, sérieusement !
– Ouais. J'ai juste un peu forcé, je crois. Je n'ai pas réussi à invoquer ce sort...
– C'est normal, Thomas, intervint John. J'ai utilisé un sort réservé à la classe des Modérateurs, qui empêche l'utilisateur d'accéder à sa puissance en imposant une barrière magique autour de la magie de celui qu'on veut piéger. Cela dit, tu as un potentiel extraordinaire. J'ai dû augmenter la puissance de la barrière à son maximum, tout en prenant garde de ne pas te blesser. Tu es déjà très puissant. À quel niveau se situe ton Alter ?
– Il me semble qu'il est au niveau 30... Oui, c'est ça. Revenge est au niveau 30.
– Au niveau 30 ? C'est impressionnant. C'est un excellent palier.
L'homme se leva, puis s'étira longuement, en étouffant un bâillement retentissant qui ferait sûrement pâlir les plus grands participants aux concours de bâillements. Je dus me mordre l'intérieur de la lèvre pour éviter de rire, en pensant que c'était exactement une remarque que Lucas aurait pu faire.
– Bon, et maintenant, lâcha-t-il, j'espère que tu me crois, quand je te dis que je suis un modérateur. Je ne vois pas ce que je gagnerais à te mentir.
– C'est vrai. Excusez-moi.
– Ce n'est rien. J'imagine que vous avez de nombreuses questions. Allez-y, je vous écoute.
– Où sommes-nous ? hésita Lucas.
– Dans ma propriété. Vous êtes au cœur de mon domaine, qui se situe à plusieurs kilomètres de la ville.
– Ouais, à vue, comme ça, les démons peuvent nous attaquer, c'est bien ça ? questionna mon ami.
– Ils ne pourront pas passer. De l'extérieur, il s'agit juste d'une exploitation, et une barrière entoure le domaine. Non, vraiment, vous n'avez rien à craindre. Et nous sommes bien armés, et en mesure de nous défendre.
Il marqua une courte pause, prit un bonbon, le mâchouilla, l'avala, inspira un bon coup, puis reprit :
– De toute façon, ils ne viendront pas. Ce serait beaucoup trop dangereux pour eux.
– Pourquoi ?
– Réfléchis, Lucas, intervins-je. Si ce qu'il nous dit est vrai, nous avons quasiment une armée avec nous. Un Modérateur a aussi des fonctions de liaison, je me trompe ?
– Non, dit John.
– Alors, ils ont un réseau d'Alter qui devrait être assez impressionnant. En plus, s'ils font l'erreur de nous attaquer, un modérateur peut se servir d'un lien d'énergie pour remonter à la source.
– C'est un peu plus compliqué que ça, mais tu as raison, Thomas. Ils seraient stupides, s'ils venaient à commettre cette erreur. Nous pourrions alors facilement amputer la menace d'une partie de leur puissance.
L'épéiste acquiesça d'un petit sourire rassuré.
– Et comment sommes-nous arrivés ici ?
– Nous vous avons transportés jusqu'au domaine. Vous vous êtes évanouis après avoir tué ce démon. C'était d'ailleurs un combat intéressant. Vous vous êtes bien débrouillés.
– Eh bien... Merci ? répondis-je en même temps que Lucas.
– Cette équipe de démons était terriblement forte. Même certains de mon équipe auraient peut-être eu des difficultés. Surtout le dernier, leur chef. Mais ils étaient tous puissants. Nous étions sur place, au cas où vous n'étiez pas parvenus à les battre. Heureusement, vous avez réussi. Nous avons ensuite décidé de vous ramener au domaine. En fait, on craignait qu'une troupe de démons ne vienne finir le travail.
– Et vous nous avez transporté comment ?
– En voiture ! ricana John. C'était beaucoup plus sûr qu'une possible téléportation. D'ailleurs, c'est Constantin qui est venu vous chercher.
– Vraiment ? s'exclama Lucas.
J'étais aussi surpris, mais dans un sens, je me dis alors que ce n'était pas franchement étonnant, vu ce qu'il m'avait dit en premier. Il se demandait quand j'allais me réveiller... Pas étonnant.
– Oui. Constantin n'en a pas l'air, mais c'est un de nos meilleurs éléments. C'est un fin stratège et un archer très compétent, en plus d'être un mage doté d'une énergie plus grande que la moyenne.
Pendant que Lucas abreuvait notre guide de compliments tels que des « Wah, trop balèze ! » ou des « Sérieux ? Trop chouette ! », je me mis à repenser à tous ces événements. Comment en étais-je arrivé là, exactement ? C'était tout simplement incroyable...
– Quand il vous a retrouvés, il a hésité à intervenir. Il souhaitait vous voir à l'action, et il a eu raison. D'après son rapport, vous avez un bon potentiel. Mais vous êtes encore jeunes et vous êtes surtout faibles.
Les images, amères et difficiles, de ce combat me revinrent en mémoire. À plusieurs reprises lors de ce dernier, j'avais été complètement submergé. Sans compter le fait que j'ai été blessé.
– C'est vrai... D'ailleurs, quand nous avons fini le combat, pourquoi nous sommes-nous évanouis ? demandai-je.
– Parce que vous avez fait une overdose magique. Vous avez utilisé trop de sort pour votre potentiel actuel. Les conséquences peuvent être désastreuses, telles que le coma ou la perte de magie pour un temps donné. La plupart du temps, le corps se met en sommeil pour récupérer. C'est exactement ce qui vous est arrivé, les garçons.
– Je vois...
– Cela veut aussi dire que vous ne devez pas vous surmener et respecter un temps de repos entre l'utilisation de sort tant que vous n'avez pas un niveau suffisant pour les employer consécutivement, est-ce clair ?
– Très.
– Bien, sourit notre boss.
– Au fait... avez-vous vu le professeur Quinn ? Comment va-t-il ?
Le regard du Boss brilla un court instant, comme surpris par ma question. Mais son éclat ne dura pas, comme s'il s'attendait finalement à ce que je lui demande où était Quinn.
– Le professeur... ? Ah, Ninuq.
– Vous le connaissez ?
– Oui, c'est un vieil ami. Nous avons reçu un message de sa part, pour nous avertir qu'il avait des recherches à faire. C'est lui qui nous a chargés de nous occuper de vous deux.
– Tant mieux... soupira Lucas, les yeux illuminés par le soulagement.
– Tant mieux ? s'enquit Davis, surpris.
– Nous avions peur de le savoir mort, révélé-je. Alors c'est bien de savoir qu'il est vivant.
– Ninuq, mort ? rigola-t-il. Oh, non. Il n'est vraiment pas du genre à mourir facilement, ne vous en faites pas, les garçons. En revanche, on ne le reverra pas avant un moment. Quand il est en charge d'une enquête... Il ne refait surface qu'une fois la solution trouvée. C'est pour ça qu'il vous a envoyés ici. Nous nous occuperons de vous pendant un moment, pendant votre traque des démons.
Les mots « traque des démons » s'illuminèrent dans mon esprit comme de petites étoiles, clignotant et s'agitant. J'espérais vraiment qu'on allait reprendre ce travail particulièrement compliqué, dangereux mais surtout, je dois l'avouer, passionnant. La colère et la haine que je portais pour ces démons me permettaient d'avoir du courage et de supporter la pénibilité ainsi que la dangerosité de notre tâche.
– Nous allons traquer les démons ? Quand ? m'exclamai-je, heureux de reprendre notre quête.
– Pas tout de suite, mais oui, vous allez trouver les démons pour retrouver votre guilde. Mais d'abord, nous allons faire quelque chose de moins dangereux et de plus intelligent.
La tension qui était montée dans mon corps venait de redescendre de trois étages. Il était sérieux ? Comme si nous avions du temps à perdre ! J'étais clairement déçu, mais pour éviter de trop perdre du temps, je ne dis rien. Je soupirai, prêt à écouter notre Boss, qui nous fixait sérieusement.
– Je ne veux pas que vous soyez confrontés encore une fois à un surmenage magique, ce serait dangereux pour votre corps et votre esprit. Alors nous allons, dès aujourd'hui, prendre en charge votre entraînement.
– Notre entraînement ?
– Oui. En terre Neutre, l'utilisation de la magie est différente et moins aisée qu'en terres magiques. C'est une évidence. Mais c'est dangereux, alors nous apprendrons à nous en servir. Je vais vous assigner à un entraîneur.
Il commença à fouiller dans ses papiers, en marmonant des « Non... », « Pas lui... », « ... En mission... ». Une bonne minute s'écoula, durant laquelle il se désintéressa complètement de nous. D'un seul coup, sa mine s'éclaircit, avant de s'assombrir de nouveau. Il hésitait. Je le voyais. Un sourire se forma au coin de ses lèvres :
– Je sais qui je vais vous attribuer. Je ne sais pas si ça va lui faire vraiment plaisir, mais c'est le seul qui puisse vous aider, et c'est le seul qui soit disponible. Faites en sorte que tout se passe bien.
– Qui est-ce ? demanda Lucas.
– Je pense que vous savez déjà qui vous entraînera. Il vous attend dehors...
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NDA : Oh, oh, oh ! :D Aujourd'hui, nous sommes le 24 décembre... Alors... Joyeux Noël ! Le chapitre est publié avec un peu d'avance, je me suis dépêché à le terminer juste pour vos beaux yeux. Je voulais vous faire un petit cadeau, alors j'espère que le fait d'avoir publié mon chapitre en avance vous fera plaisir ! :D
Mais ce n'est pas tout ! Aujourd'hui, je prends ma grosse voix de vieux bonhomme rouge et blanc, et... Je vais vous offrir un cadeau.
Je vous donne le droit de poser deux questions. Non pas à moi, mais... A Thomas et Lucas. Oui, ce seront EUX qui vous répondront. Je choisirai 5 questions pour Thomas, 5 questions pour Lucas, et j'y répondrai un jour (quand j'aurai ces questions).
Sinon, j'espère que ce chapitre vous aura plu, on y apprend pas mal de choses... Que pensez-vous du Boss ? De Constantin ? Quinn enquête... Mais sur quoi ? Comment va se passer l'entraînement avec Constantin ? A voir au prochain chapitre...
Je vous aime fort <3
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