Chapitre 18
Musique : Phum Viphurit- Lover boy
PDV Owen :
Octobre est partie et je reste comme un con à réfléchir sur ce qui vient de se produire. Je me suis sacrément bien mordu la langue quand j'ai reçu son coup de genou, mais c'était quand même drôle de la voir si mal-à-l'aise. Octobre doit penser qu'elle tiendra, qu'avec ses copines, elles parviendront à ne pas céder, mais contrairement à elles, je sais comment se déroule vraiment le jeu. Je pourrais me dire que c'est injuste, qu'aucune ne mérite ça, comme les filles se plaisent si souvent à le dire, mais la vérité, c'est que je m'en fous.
J'ai bien essayé de me mettre à leur place à ma première année à Princeton quand j'ai vu les anciens joueurs faire, mais c'est tellement facile. Tellement facile de jouer, de faire comme si quelque chose importait alors que dans le fond, depuis trois ans, plus rien n'importe dans ma vie. Je m'arrête de penser. Je sais que ça ne me mène à rien, je finis toujours par ruminer des idées sombres. Pour les chasser, je nage jusqu'à la rive, jusqu'au seul endroit éclairé où je mets la main sur une serviette et m'essuie. D'une oreille distraite, j'écoute les jeux que proposent Aaron et Matthew, tandis que les filles gloussent et s'exclament fortement.
Sauf qu'Octobre n'est pas parmi eux, alors je préfère marcher un peu à l'écart de la berge, de façon à ce que la nuit m'enveloppe pleinement. Quand les éclats de voix deviennent à peine audibles, je remarque qu'à quelques mètres, Théo s'est installé avec Mathilde. Je souris tout seul à l'idée qu'il la baratine comme il sait si bien le faire, puis mon regard dérive sur le côté. Sur le coup, je crois rêver, alors je regarde à nouveau avec plus d'attention jusqu'à être bien sûr de moi. Après quelques secondes, il n'y a plus aucun doute. Mes lèvres s'étirent dans le noir, mais qu'est-ce que fout Octobre accroupie derrière un rocher qui la cache tout juste ? J'entreprends de continuer de quelques pas ma balade de façon à pouvoir l'aborder par surprise. Une fois que je suis assez proche, je me racle la gorge, Octobre sursaute.
— Alors comme ça on est une petite voyeuse ? je roucoule, déjà hilare de la voir se rattraper pour cacher en vain les plus petites parcelles de son corps nu.
— Je peux te renvoyer la pareille, ça va pas de m'épier comme ça ?!
Le timbre de sa voix m'excède légèrement. Même si je suis un peu déçu de ne pas distinguer plus clairement son expression, je songe au fait que cracher son venin de la sorte ne l'aidera pas. À ce jeu, elle perdra.
— Arrête de t'emballer princesse, je marche, je vois une nana à poil, normal que ça m'interpelle.
Je souris aussitôt, certain de l'avoir touchée. Elle doit se dire que je suis sacrément naze, comme toujours, mais ça m'amuse plus qu'autre chose.
— Si j'avais un caillou à portée de main, tu peux être sûr que tu te le prendrais dans la gueule.
— Au risque que t'en trouves un, je vais bouger, mate bien le spectacle, tu me diras si Théo finit par serrer Mathilde, je lance sarcastique, tout en me reculant de quelques pas.
Octobre pousse un petit soupir comme si elle se rappelait soudain la situation.
— Owen, attends !
Je fais mine de revenir vers elle, le sourire aux lèvres.
— Un problème Octobre ?
— Oui. Je... Enfin, tu penses que tu pourrais me ramener une serviette ?
Sa voix s'atténue doucement, elle murmure un «s'il te plaît» à peine audible qui me fait sourire intérieurement.
— Bien sûr, je m'en occupe.
Ma réponse semble la surprendre. Je remercie mes yeux de s'être habitués à l'obscurité pour me permettre de voir son regard. Saisissant. Je lui tourne le dos, me dirige vers le barbecue. Quand je mets la main sur une serviette, je jette un coup d'œil vers le lac. Aaron en sort, nos regards se croisent, le sien est presque méprisant. Je pense que le bain va toucher à sa fin. Je reprends mon chemin, retrouve facilement Octobre qui semble plus détendue à mon arrivée.
— Ah t'es là, chuchote-t-elle, merci, je commençais vraiment à geler.
Quand je m'approche et baisse les yeux sur son visage, c'est la première fois qu'elle me regarde avec autant de sincérité. Le temps d'une seconde, un sentiment étrange me saisit au niveau du plexus et comme la première fois que j'ai ressenti ça en sa présence, je m'empresse de l'écraser, puis tends la serviette dans sa direction. Octobre s'apprête à tendre son bras, mais il s'avère que la distance est trop grande pour qu'elle l'atteigne.
— Tu sais, c'est dommage parce que je te trouve vraiment bien, moi, comme ça.
Je ramène la serviette contre mon torse. Son sourire disparaît, je sens que mon comportement l'exaspère. Et c'est ça que j'aime.
— Sérieusement ? Siffle-t-elle, les dents serrées.
— Si tu la veux, t'as qu'à venir la chercher.
J'esquisse un sourire en coin, adopte une posture plus assurée et guette sa réaction. Elle est presque similaire à celle que je m'étais imaginée. Son visage se décompose, elle se rembrunit, arque un sourcil.
— Arrête de te foutre de ma gueule et passe moi cette serviette, s'il te plaît.
Je vois bien qu'elle tente de maîtriser le ton de sa voix. C'est tellement plus facile d'avoir le contrôle d'une situation. Et même si son regard m'arrache un je ne sais quoi qui brûle mes entrailles, je ne le laisserai pas raviver mes plaies.
— Attends, t'arrêtes pas de me rabâcher que je suis un connard, alors autant que je prenne ce rôle au sérieux.
Sa mâchoire se crispe. Octobre baisse la tête, m'insulte, puis se redresse d'un seul coup. À dire vrai, je pensais qu'elle finirait presque par me supplier et dans ce cas-là, je lui aurais donné la serviette. Bien que je sois surpris, je n'en montre rien et ne baisse même pas les yeux sur son corps nu. Dans ces conditions, ça ne vaut rien.
— T'es une belle enflure en effet, crache-t-elle tout en s'emparant de la serviette.
Puis sans que je m'y attende, elle me gifle tout aussi froidement.
— Avant de dire quoi que ce soit, ne considère pas qu'on soit quitte.
Ses iris se plantent sur les miens, les ombres qui se dessinent sur son visage la rendent soudain magnifique. La familiarité de ses traits m'éveille un frisson, comme la fois où je l'ai vue seule au café. Des souvenirs flous émergent et s'effritent aussitôt lorsqu'elle s'éloigne, la serviette enroulée autour de son corps. Une réplique acerbe me brûle la langue, mais je ne fais rien pour l'interpeller. Si elle pense que me tourner le dos suffit pour m'échapper, elle fait une bien belle erreur. Qu'elle soit mon pion ou non ne change absolument rien à mes plans et je finirai par bien vite lui faire comprendre.
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Hello mes ptits chats !
Alors, qu'est-ce que vous pensez d'Owen ?!
Héhé balancez vos avis, moi j'vous fais des bisouuuuus d'amouuuur !
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