La communication se coupe, et je me précipite vers la chambre de mon meilleur ami.

- Harry ! je l'appelle en frappant contre la porte. Harry, ouvre !

- Non. Va-t-en.

- Ouvre cette porte, maintenant !

- Non !

- Ouvre, putain !

- Non !

- Dis-moi que j'ai pas rêvé. C'était toi hein ? C'est toi depuis le début ! Tu t'es bien amusé à te moquer de moi ? Tu voulais que je change, c'est ça ?

- Non !

Lassé de ses « non » à répétitions, je donne un grand coup dans la porte.

- Ouvre !

- Non...

- Harry, je te promets, si tu n'ouvres pas cette porte tout de suite, je vais chercher les outils et je la démonte.

- ...

- Je compte jusqu'à 3 Harry. Un...

- ...

- Deux...

- ...

- Deux et demi...

- ...

- Deux trois quart...

- ...

- Deux......presque trois...

J'entends un peu de bruit, puis finalement la porte se déverrouille, et s'ouvre tout doucement, et voir mon Harry dans cet état me fend littéralement le cœur et fait retomber toute ma colère.

- Hazzy, je dis en me précipitant vers lui

Il a un mouvement de recul, mais je l'attrape et le serre contre moi.

- J'aime pas te voir pleurer.

- Il fallait pas insister pour que j'ouvre.

Il renifle contre mon épaule, puis, il se met carrément à pleurer et sangloter.

- J'ai jamais voulu ça, dit-il

- Quoi ?

Avec ça, j'avais oublié pourquoi j'étais venu en premier lieu. C'est vrai, il va falloir qu'on s'explique maintenant. Je le repousse et le regarde dans les yeux.

- C'était toi.

- Oui, mais je ne savais pas que c'était toi.

Il sanglote toujours, et ça me fait mal au cœur de le voir comme ça.

- Hazzou, pourquoi tu pleures ?

- Parce que... Parce que je... je croyais que j'avais enfin... trouvé quelqu'un... quelqu'un qui... quelqu'un qui...

- Quelqu'un qui te mérite, c'est ça ? Toi aussi tu suis le délire de Zayn et Niall ?

Il acquiesce silencieusement.

- Et alors quoi, t'es déçu parce que c'est moi que je moi je te mérite pas ?

- Quoi ? Mais Louis. C'est moi !

Il dit ça en se reculant et se désignant d'un geste.

- C'est moi, c'est Harry, ton meilleur ami. Pas la fille avec qui tu croyais parler. Moi.

- Et moi je suis Louis, et pas le gars avec qui tu croyais parler. Pourquoi tu pleures ?

- Parce que tout est fini. Parce que je me suis trop attaché. Parce que je croyais réellement avoir trouvé la bonne personne, et cette personne n'existe même pas.

- Et moi, qu'est-ce que je devrais dire ?

- Tu comprends pas !

Il se stoppe après cette phrase, et le reste suit comme un murmure. Comme un aveu difficile.

- Je suis tombé amoureux de cette personne. Du faux toi.

- Mais j'ai rien dit de faux moi.

Je dis ça, juste avant de percuter. Il est tombé amoureux du faux moi. Il n'y a pas de faux moi. Il est tombé amoureux de moi.

- Oh, merde, Hazzy ! Je... Je savais pas. Je sais pas quoi dire.

- Rien, dis rien, sors de là et laisse-moi seul.

- Non, je veux pas te laisser seul dans cet état.

- Mais c'est ta faute !

Il me crie presque dessus, et pleure de plus belle. Je le serre dans mes bras et il pleure contre moi sans s'arrêter.

- Hazzy, je suis vraiment désolé.

- Laisse-moi. Laisse-moi, et si tu as vraiment changé, va retrouver Eleanor.

- Quoi ? Pourquoi j'irais voir Eleanor ?

- Pour sortir avec quelqu'un de bien, pour une fois !

- Je ne veux pas d'elle.

- Et moi je t'en veux, je t'en veux d'être toi. Pars. S'il te plait.

- Non. Pas quand t'es comme ça, dans cet état.

- Mais tu fais qu'aggraver les choses.

Il dit ça en sanglotant, et je me dis qu'il a sûrement raison. Egoïstement, je reste là, alors qu'il me veut loin de lui. Alors que je suis la cause de son malheur. Alors que c'est moi, la personne à cause de qui il se torture depuis des jours.

Je devrais le laisser tranquille.

Mais je ne veux pas.

Il est mon meilleur ami. Je ne veux pas le laisser seul.

- Hazzy, arrête de pleurer. On va en parler, d'accord ?

- Non ! Non, je veux pas en parler. Je veux que tu oublies tout ce que je t'ai dit sur moi, je veux que tu sortes de ma chambre, je veux que tout ça n'ait jamais existé.

- Hazzy.

Je le serre contre moi, et m'assois sur le lit, l'entrainant avec moi. Il continue de pleurer, mais n'émet aucune résistance.

- Hazzy, même si on s'est tous les deux plantés sur l'identité de l'autre, on ne va pas tout oublier. J'ai appris beaucoup de choses, grâce à toi. Et je ne veux pas les oublier.

- T'as dit que tu voulais me baiser après tout ça.

Il dit ça en un sanglot, et j'ai un peu honte. Voir les ravages que je peux faire avec mes simples paroles idiotes, ça me fait un choc.

- Je suis désolé. Je dis des conneries. Beaucoup de conneries.

- Tu m'as pas respecté, continue-t-il en pleurant toujours

- Oui, mais j'ai changé. J'étais qu'un gros con et je le sais maintenant.

- Même quand tu baises, tu respectes pas.

- Quoi ?

- Les sextos ! Je veux jamais qu'on me fasse ça.

- Je croyais que tu étais une fille, je dis pour seule défense

- Même si j'étais une fille, je ne voudrais pas qu'on me fasse ça !

- Oh.

- Tu es dégoûtant.

- Pardon.

- Vraiment, vraiment dégoûtant.

- D'accord, pardon, mais c'est blessant.

- Tu es crade, et dégoûtant, mais c'est quand même de toi qu'il a fallu que je tombe amoureux.

- Je sais, je suis dés... quoi ?

- Sur toutes les personnes au monde et sur ce putain de site. Toi.

- Je suis vraiment désolé.

- Et je te déteste, je te déteste vraiment, mais c'est toi que j'aime.

- Haz, je suis vraiment désolé que tu sois tombé sur moi.

Il relève la tête vers moi, ancre ses yeux brillants de larmes dans les miens. Et, sans que je n'aie compris quoi que soit, ses lèvres accrochent les miennes. Elles les accrochent, c'est bien le mot. Elles prennent ma lèvre inférieure en otage, l'embrassent, et sa langue vient la caresser tout doucement.

Je pose les deux mains sur son torse et le repousse, perdu.

- Je sais, dit-il d'un air triste. Je voulais juste... juste une fois, tu vois ? C'est tout.

Il se relève du lit et s'écarte de moi.

- Maintenant, tu peux partir, s'il te plait.

Complètement perdu, je me lève, mécaniquement, et sors de sa chambre. Mes pas m'entrainent vers la mienne, alors que je ne suis plus conscient de rien. Mon meilleur ami vient de m'embrasser. Bordel. Comment on fait pour garder une amitié intacte, après ça ?

Mon meilleur ami vient de m'embrasser. Mon meilleur ami est la fille avec qui je voulais me mettre en couple pour la première fois. Mon meilleur ami est la fille que je rêve de baiser depuis... non. Pas baiser. Faire l'amour.

Putain !

Pourquoi il a fallu que ce soit lui ? N'importe qui... un mec... mais pas Harry. Non. Pas Harry.

Harry est trop bien. Harry est trop pur. Harry serait sali, si je posais le moindre doigt sur lui, si je touchais le moindre de ses cheveux. Moi, je suis dégoûtant. Moi, je suis répugnant. Lui, il est beaucoup trop pur pour que je l'approche.

Et, de toute façon, c'est un garçon.

Je soupire, j'en ai vraiment marre de tout ça. Mais, plus important, je sais que mon meilleur ami pleure à cause de moi. Et c'est la pire des choses qui pourrait m'arriver.

Alors, je sors de ma chambre, et retourne dans la sienne. J'ouvre la porte sans m'annoncer, et le trouve roulé en boule sur son lit à pleurer toutes les larmes de son corps. J'avance jusqu'au lit, et, sans attendre, je m'allonge derrière lui et me colle contre son dos en le serrant contre moi. Ses pleurs redoublent immédiatement.

- Pleure tout ce que tu as à pleurer, mais après, c'est fini. C'est la dernière fois que tu pleures à cause de moi. Je te le promets.