Chapitre 7-1
Même s'il fut surpris par mon geste impulsif, il ne le montra pas et me réceptionna entre ses bras avec un soulagement évident.
— Où est Connors ? lui murmurai-je à l'oreille avant de me dégager de son étreinte aussi vite que je m'y étais jetée.
— On ne sait pas, me répondit-il dans un murmure inquiet où perçait une pointe d'agacement, tandis qu'il me retenait quelques secondes supplémentaires contre lui.
Les gardes se mirent tout à coup à avancer, nous forçant à tous nous rapprocher les uns des autres, jusqu'à ce que nous soyons regroupés au centre du couloir, cernés par les quatre hommes armés. Les gardes n'étaient pas spécialement menaçant. Leurs fusils pendant à leurs côtés, ils se contentaient de rester là, droit comme des I à nous fixer de leurs regards vides. Si c'était une technique d'intimidation elle était efficace, car nous nous regardions tous sans oser émettre un son. Les secondes s'étirèrent en d'interminables minutes, jouant avec nos nerfs et effritant la dernière dose de bon sens qu'il me restait.
C'est à l'instant où j'étais sur le point de faire quelque chose de stupide, qu'une porte s'ouvrit à l'extrémité du couloir, livrant passage à une jeune femme en civil. Elle portait un simple pantalon noir assorti à un tee-shirt dans les mêmes tons orangés que ses cheveux coiffés en queue de cheval lâche. Ses yeux verts étaient chaleureux et un sourire avenant étiraient ses lèvres rosées. C'était tellement incongru dans ce décors gris et austère que nous la fixâmes tous bouche-bée.
— Bonjour. Désolée pour cet accueil si...formel, mais il faut bien se plier au protocole, nous dit-elle en jetant un coup d'œil moqueur aux deux gardes entre lesquels elle venait de s'arrêter. Venez, je vais vous conduire à vos chambres...
— À nos chambres ?
Mon exclamation limite moqueuse sembla résonner à l'infini dans le couloir vide. Non mais elle était sérieuse là ! me dis-je, résistant à l'envie de le lui dire à haute voix. Nous nous attendions à être fusillés sur place et au lieu de cela on nous envoyait un groom !
— Oui, à vos chambres, me répondit-elle d'un ton toujours aussi jovial. Je peux comprendre que vous soyez perplexe mais suivez-moi et je vous expliquerai tout en chemin.
Ça pour être perplexe ! Nous la regardâmes tous avec des yeux ronds, tourner les talons et marcher d'un pas énergique vers la porte restée entrouverte. Nous la suivîmes, hésitant à passer entre les gardes toujours impassibles qui ne bougèrent pas et nous laissèrent passer. Elle patientait devant la porte et attendit que nous soyons presque sur elle pour la franchir. Ce que nous vîmes de l'autre côté de la porte nous fit tous stopper net.
Devant nous s'ouvrait une immense baie vitrée, faisant toute la longueur du gigantesque couloir dans lequel nous venions de pénétrer. Derrière ces vitres, à perte de vue, s'étendait la ville de last city, baignée par la lueur magique du soleil couchant.
— Magnifique n'est-ce pas ? commenta la fille avec un grand sourire.
Même si la vue était saisissante et que c'était réellement la première fois que je contemplais la ville, je n'arrivais pas à profiter du spectacle. J'étais inquiètes pour Connors et toute cette mascarade ne me disait rien qui vaille.
— Où sommes- nous ? demanda Isy, visiblement sur la même longueur d'onde que moi.
— Au vingtième deuxième étages de la tour du conseil, lui répondit-elle en nous conduisant vers la droite.
— Autrement dit, dans une nouvelle prison, marmonna Lada entre ses dents, non loin de moi.
Même si elle m'exaspérait ces derniers temps, j'étais plutôt d'accord avec elle et les mines renfrognées et inquiètes de mes compagnons, me confirmèrent qu'ils n'en pensaient pas moins.
— Où est Connors ? demanda subitement Lynch d'une voix froide et suspicieuse en s'arrêtant brusquement.
— Votre ami est toujours à l'infirmerie, lui répondit-elle en soutenant son regard de ses yeux perçants, perdant son sempiternel sourire pour la première fois. Puis elle ouvrit une nouvelle porte qui nous replongea dans les entrailles grises du bâtiment.
Pour la dixième fois au moins je me demandai pourquoi nous la suivions tous comme des moutons dociles ? Elle était seule, sans arme et ici nous pouvions nous servir de nos pouvoirs. Alors pourquoi personne ne résistait ? Surtout Lynch et Blake, ça n'avait pas de sens. Une main serra brusquement la mienne et je tournai brusquement la tête vers Lynch qui me fixait d'un regard noir et accentua encore la pression manquant me faire pousser un cri.
— Ce n'est pas le moment, me chuchota-t-il précipitamment dans un murmure à peine audible avant de me lâcher brusquement au moment où la fille se tourna vers nous.
Le corridor où nous nous trouvions était de nouveau anonyme et désespérément blanc. Nous passâmes une nouvelle porte et débouchâmes dans une sorte de salon. Un parquet doré recouvrait le sol et deux canapés blancs étaient disposés au centre de la pièce autour d'une grande table-basse en verre. Les murs, dépourvus de fenêtre, étaient garnis d'étagères et de tableaux colorés.
— Voici l'endroit où vous résiderez pendant votre séjour ici, commença à nous expliquer miss rouquine. La porte de droite mène au dortoir des femmes et celles de gauche à celle des hommes. Prenez le temps de vous doucher et de vous changer, je crois que vous en avez bien besoin, ajouta-t-elle avec un petit sourire entendu.
— Qu'avez-vous fait de Connors ? lui demandai-je en m'avançant d'un pas vers elle, sa main étant déjà sur la poignée de la porte, prête à sortir.
— Votre ami avait encore des fragments de balles dans le corps. Nous les lui avons retirés et sommes en train de le traiter aux antibiotiques pour endiguer l'infection. Dès qu'il ira mieux, il vous rejoindra, résuma-t-elle d'une voix froide, avant de sortir rapidement de la pièce.
Pendant quelques instants, personne ne bougea, puis dans un même mouvement O' et moi nous précipitâmes sur le battant à présent fermé.
— Ne faites pas ça ! nous prévint Lynch d'un ton sec.
— Vérifier si nous sommes enfermés me parait une bonne idée, non ? répliquai-je sur la défensive en me tournant vers lui.
— Et ça t'avancera à quoi ? Soit elle est verrouillée et on est coincée ici, soit elle ne l'est pas et...devine...on est aussi coincé ici !
— On pourrait tenter...
— Tenter quoi ? Interrompit-il sèchement Oliver. Nous sommes au vingt deuxième étage d'une tour de verre délabrée et même si cette porte n'est pas fermée, ils nous tiennent et ils le savent. Autant nous reposer et attendre la suite des évènements ! ajouta-t-il d'un ton amère en jetant ostensiblement un rapide regard vers le plafond.
Nous étions très certainement surveillés, c'était une évidence, me dis-je en lui jetant un regard agacé qu'il eut l'air de très bien comprendre. Ce qui en était une autre, c'était que notre réaction était logique et naturelle et attirerait moins les soupçons que la docilité anormal et suspecte de Lynch. C'est donc sans hésitation que je me saisis de la poignée et ouvrit la porte qui ne me résista pas ! Je passai la tête dans l'entrebâillement et jetai un coup d'œil dans le couloir, qui était tout aussi désert qu'à notre arrivée. Tout cela était de plus en plus incompréhensible, voire limite inquiétant, me dis-je en refermant doucement le battant derrière moi.
Les autres me regardaient, visiblement partagés entre l'envie de tenter leur chance à l'extérieur et la tentation d'une douche chaude et de vêtements propres.
— Alors ? Tu es plus avancée ?
— Eh bien oui ! Pour moi c'était important de savoir, lui répondis-je sur la défensive en me dirigeant vers la porte de droite que je franchis sans un regard pour lui. À croire que les autres attendaient que quelqu'un fasse le premier pas, car à peine avais-je mis un pied dans la pièce, que les filles me rejoignirent.
Six lits étaient répartis des deux côtés de la grande chambre, faits au carré et recouvert de couvertures moelleuses qui ne donnaient qu'une envie, s'allonger dessus. Une petite pile de vêtements bien pliés, était placée au bout de chaque matelas et des basquets blanches s'alignaient impeccablement le long du mur du fond.
Tout était propre, rangé, aseptisé, à l'instar de la salle de bain spacieuse dans laquelle nous pénétrâmes ensuite. Elle était équipée de six douches, de six toilettes et de six lavabos individuels. Un cri de surprise mêlé de joie retentit lorsque Ophélia pénétra dans l'une des cabines et fit jaillir l'eau d'un des pommeaux rutilant.
— Il n'y a même pas de minuteur ! s'exclama-t-elle ébahie en commençant à se débarrasser de ses loques dégoutantes qui finir rapidement en tas sur le carrelage blanc alors qu'elle bondissait sous le jet avec un petit cri de bonheur.
La délicieuse odeur de shampoing qui se répandit bientôt dans la pièce eut raison de nos dernières réticences et c'est avec un plaisir non dissimulé que je me glissai à mon tour dans l'une des cabines, pendant que les autres papotaient et gloussaient comme des gamines.
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Un petit mot pour vous dire que "Virgin Territory" et "Isolated System" participent tous deux aux concours Ficties Hiver 2017-2018 :-) Si l'histoire vous plait et que vous voulez aller la soutenir n'hésiter pas à aller voter, ce serait super gentil ^.^ Le livre du concours se trouve dans la liste "concours" sur mon profil :-)
Des bisous et j'espère que cette histoire vous plait toujours autant ?!
Kisssss *-*
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