Chapitre 32-2
Dès que le bruit de ses pas se fut évanoui, Lynch se précipita sur la porte, la testant pour éprouver sa solidité.
— Gabe, ça ne sert à rien, lui dis-je d'une voix tremblante d'épuisement en me laissant tomber sur le lit de fortune posé dans un coin.
Maintenant que nous étions en relative sécurité, le contrecoup de tout ce qu'il venait de se produire me tombait dessus avec une force prévisible. J'avais froid, je me sentais gelée jusqu'à la moelle des os, tandis qu'une torpeur à laquelle mes tremblements m'empêchaient de céder, m'envahissait.
— Se laisser enfermer était une mauvaise idée ! Pourquoi je t'ai écouté ? On ne sait pas où sont les autres, ni si cette fille sait véritablement ce qu'elle fait ! Et si ces...monstres arrivaient jusqu'ici ?
— Au moins, la grille...nous protégerait.
Le ton de ma voix dû l'interpeller car il se retourna brusquement dans ma direction, ses yeux s'écarquillant d'inquiétude alors qu'il se précipitait vers moi.
— Tu es blessée ?
— Non, juste...j'ai tellement froid tout à coup.
— C'est normal, c'est le contrecoup. Tu as raison, reposons-nous et reprenons des forces. Je trouverais un moyen d'ouvrir cette porte plus tard.
— Tu ne lâches jamais rien, toi.
— Me laisser enfermer en attendant que des personnes que je ne connais pas décide de mon sort...ce n'est pas trop mon truc, désolé ! me répondit-il avec un petit sourire alors qu'il dépliait la couverture posée au pied du matelas et la déposait sur mes épaules. Yliée a dit qu'il y avait de quoi manger ici, voyons si elle a dit vrai !
Trop exténuée pour bouger alors que je n'y étais, pour une fois pas contrainte par une quelconque urgence vitale, je me contentai de regarder Gabe fouiller dans les deux caisses disposées dans l'ombre du mur.
— Bon, ce ne sera pas un festin mais, il y a du pain, de l'eau, des pommes et un morceau de fromage douteux, énuméra-t-il, essayant de me faire sourire tandis qu'il revenait vers moi, les victuailles dans les bras.
Il s'assit à côté de moi, rompit un morceau du pain brun et racorni et me le tendit. Je me redressai et m'adossai au mur terreux et friable avant de m'en saisir et de mordre dedans sans grande conviction. Malgré son aspect repoussant, son goût était correct et combiné à la petite pomme flétrie mais juteuse, donnait un en-cas tout à fait passable. Nous mangeâmes en silence, nos regards plongés dans le vide, mon esprit me repassant en boucle les horreurs que nous venions de traverser.
— Tu penses que les autres s'en sont sortis ? demandai-je d'une voix sans timbre.
— Je ne sais pas, me répondit-il dans un souffle. Sans l'aide d'Yliée nous serions morts, alors...
— J'ai vraiment cru que c'était fini...tout à l'heure, chuchotai-je alors que les tremblements reprenaient de plus belle.
— Moi aussi, m'avoua Gabe en m'entourant de ses bras, avant de m'attirer contre lui.
Je ressentis ses propres tremblements à la seconde où il me toucha. Il m'attira, mon dos contre son torse et enfoui sa tête dans mon cou. Ce n'était pas une étreinte séductrice ou ambiguë, non, simplement un besoin brut de contact humain et de réconfort. Je me laissai aller contre lui, m'enveloppant de sa chaleur réconfortante et rassurante.
Je compris que je m'étais endormi, à l'instant où je rouvris les yeux. Je me trouvais en position allongée, recouverte de la couverture, seule et sans aucun souvenir de ce qu'il s'était passé. Les yeux bouffis et la tête lourde, je me tournai maladroitement en m'entortillant les jambes, cherchant Lynch du regard. Je le repérai assez vite dans l'espace étroit, à genoux devant la porte cadenassée.
— Tu n'as pas dormis ? lui demandai-je d'une voix pâteuse en m'asseyant doucement.
— Non, être enfermé dans un endroit inconnu et hostile a tendance à avoir un effet négatif sur mes facultés d'endormissement, me répondit-il de sa voix grinçante et ironique. En plus, le lit est un peu étroit pour deux et...je pense que tu n'aurais pas apprécié de me trouver à tes côtés à ton réveil, ajouta-t-il en se relevant.
— Pas dans ces conditions et tu le sais...tu as changé de vêtements ? m'étonnai-je alors qu'il se rapprochait et entrait dans la faible aura lumineuse de la torche.
Et pas seulement, constatai-je alors qu'il s'arrêtait près de la caisse. En plus d'être à présent vêtu d'un pantalon beige et d'un pull bleu informe, sa peau était propre et ses cheveux humides.
— Tu as trouvé un passage magique vers une salle de bain, ou j'ai la berlue ?
— Ni l'un, ni l'autre ! Un jerricane d'eau, un morceau de savon et une vieille bassine cabossée. Rien de si exotique, ni de très folichon mais pour me débarrasser de cette odeur de charogne, j'aurais été prêt à tout, ou presque. Il reste quelques vêtements, moches mais propres, si tu veux en profiter.
En guise de réponse, je me levai et pris aussitôt les nippes qu'il me tendait, avant de gagner le petit renfoncement obscur, à droite des caisses. Même dans cette pénombre, presque rien ne nous séparait et me déshabiller devant lui...c'était hors de question.
— Retourne-toi !
Il s'exécuta instantanément en partant d'un rire ironique.
— On ne voit rien Hayden. Et même si cela avait été le cas, je n'aurais pas regardé.
— Ta parole ne me suffit pas, lui rétorquai-je en versant de l'eau dans le récipient bancal avant de commencer à me dévêtir.
L'eau était glacée et je dus réprimer le cri qui voulut sortir de ma gorge, lorsque les premières gouttes touchèrent mon épiderme. Cela ne m'empêcha pas de me frictionner avec vigueur, espérant bêtement que mes gestes vifs et rapides contreraient la froideur du liquide. Je me lavai même sommairement les cheveux avant de m'essuyer tout aussi rapidement avec une serviette humide et rapiécée avant de me rhabiller.
— Je crois que c'est la douche la plus rapide que je n'ai jamais vu ! entendis-je Lynch persiffler.
— Tu n'es qu'un goujat ! Tu...
— Hé ! Je ne me suis pas retourné, ce n'était qu'une façon de parler ! J'ai compris que tu avais terminer en entendant la fermeture éclair. Tu ne me fais vraiment pas confiance ?
— Si, non...ça dépend pourquoi !
— Pourquoi es-tu si mal à l'aise en ma présence ?
— Je te l'ai déjà dit ! Tu souffles le chaud et le froid en permanence, je ne sais pas sur quel pied danser.
— Il y a autre chose ! affirma-t-il alors qu'il retournait près de la porte et recommençait à tenter de crocheter la serrure du cadenas.
— Ce doit être la différence d'âge, lui balançai-je sans réfléchir alors que j'allais m'envelopper dans la couverture, ne parvenant pas à me réchauffer.
— Pardon ? s'esclaffa-t-il en se détournant une nouvelle fois de son entreprise inutile. Tu penses que j'ai quel âge ?
— Trente ans.
— Ouille ! ça fait mal ! J'ai l'air si vieux que ça ?
— Trente ans, ce n'est pas vieux.
— ça a pourtant l'air de l'être pour toi, si cela te dérange ! Hayden, j'ai vingt-quatre ans, me sortit-il dans un ricanement légèrement amer tandis que je le fixai bouche-bée.
Tellement habituée à le considérer comme un professeur, je ne m'étais jamais vraiment interroger sur son âge. Pour moi, il représentait l'autorité et...la maturité.
— Arrête de me voir comme un prof ! Je ne l'aijamais été en plus, ce n'était qu'une couverture...Ah ça y est ! s'exclama-t-ilalors qu'un petit clic retentissait en même temps qu'un raclement lointain,vite suivi de bruits de pas se rapprochant rapidement.
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Désolée pour ce énième contretemps :-/ Corrections, sortie de Chimère et problème d'ordinateur :(
J'espère que ce chapitre vous aura plus malgré tout ?! A très vite sur la suite ^.^
Kissssss <3
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