Chapitre 31-2
Nous nous mîmes aussitôt à courir, la moquette pourrie étouffant le bruit de nos pas. Toutes les portes étaient identiques et le couloir ne semblait jamais avoir de fin, alors que les sons s'intensifiaient, plus nombreux, plus effrayants...plus proche.
— Là ! m'écriai-je en désignant le logo presque effacé par le temps d'un escalier surplombant une porte sur notre gauche.
Sans finesse, Lynch l'ouvrit d'un coup d'épaule. Les gonds rouillés protestèrent, précisant notre position plus efficacement que n'importe quelle balise. Mon cœur s'affolait et paraissait battre jusque dans ma gorge tandis que nous nous ruions à l'intérieur de la cage d'escalier.
— Merde ! s'exclama Gabe en stoppant brutalement devant l'amas infranchissable de meubles et de débris en tout genre, encombrant les marches descendantes.
— Il faut trouver un autre accès, dis-je en me tournant déjà vers la porte qui s'était refermée derrière nous.
Nous entendîmes les bruits de courses au moment de mettre la main sur la poignée.
— Trop tard ! Nous n'avons plus le choix, il faut monter.
C'est la peur au ventre mais sans un bruit que je suivis Gabe dans les marches en béton. Nous avions beau être silencieux, l'impact de nos semelles sur le sol nous paraissait résonner horriblement dans le silence pesant et sépulcrale de l'endroit. Nous nous arrêtâmes au palier suivant, surpris et soulagés qu'aucune de ces choses ne nous aient suivi. Nous en profitâmes pour nous avancer prudemment avant d'entrebâiller la porte...et c'est le moment que choisirent les créatures pour attaquer.
Tapis de l'autre côté du battant, elles repoussèrent ce dernier sur Lynch à la seconde où il l'ouvrit. Déséquilibré, il fut projeté en arrière et ne dû son salut qu'à la rambarde en métal tordu qui stoppa brutalement sa course. L'un des monstres en profita pour se ruer sur lui tandis que l'autre se précipitait vers moi.
C'était la première fois que je les voyais réellement et leur apparence me figea. Celui ou celle qui se tenait face à moi devait avoir été un homme un jour, mais à présent sa peau était rouge violacée et son visage défiguré par des dizaines de kystes et de boutons. Ses mains abimées et déformées se tendaient vers moi comme des serres essayant de me saisir à la gorge. Je bondis en arrière à la dernière seconde dans un réflexe primaire et instinctif de survie, ses ongles noires et cassés ne faisant que me frôler. N'étant plus vraiment en capacité de réfléchir, c'est mon instinct qui prit le relai tandis que je propulsais la chose loin de moi, d'un coup de pied en pleine poitrine. Son dos alla cogner contre la porte dans un bruit mou et sourd, avant qu'il ne reparte à l'attaque presque immédiatement. Cette fois, je ne lui laissai pas le temps de m'approcher et braquant mon arme, lui tirai une balle entre les deux yeux. Ses yeux fixèrent les miens l'espace d'une seconde, avant que la lueur que je venais d'y apercevoir ne s'éteigne à jamais tandis que son corp difforme s'affaissait sur le sol. Il me fallut quelques secondes pour détacher mes yeux du cadavre avant de me tourner d'un quart de tour et de faire subir le même sort à l'assaillant de Lynch, qui lui retomba dessus, le coinçant contre le garde-corps.
— T'en a mis du temps ! maugréa-t-il en repoussant la dépouille qui glissa au sol dans un bruit mouillé et écœurant.
Je ne relevai pas, sachant que c'était sa manière à lui d'évacuer la pression. L'ironie et le sarcasme lui servaient de soupape de sécurité.
— Ne restons pas là, ils n'étaient sûrement pas seuls.
— Par où ? lui répondis-je d'une voix atone alors que mes mains se mettaient à trembler. Ils infestent certainement tous les étages...
Au même moment, un bruit de course confirma mes paroles, m'envoyant un nouveau shoot d'adrénaline dans l'organisme.
— On monte ! me cria Gabe en s'élançant dans l'escalier sans plus aucun souci de discrétion.
Je lui emboîtai le pas sans réfléchir, enchaînant les marches sans même les voir. Nous grimpâmes durant de longues minutes jusqu'à déboucher, hors d'haleine, sur le toit.
— Il faut que l'on trouve quelque chose pour bloquer la porte, vite !
Nous nous mîmes à chercher, mais la surface de béton carrée sur laquelle nous nous trouvions, n'offrait peu, voir pas de possibilité. Hormis un squelette de chaise rouillée et une vieille brouette, nous ne trouvâmes rien. Nous les empilâmes malgré tout devant la porte, tentant de la bloquer au mieux.
— ça ne tiendra pas longtemps.
— Avec un peu de chance, ils auront perdu notre trace.
— Non, ils ont certainement un plan...sont intelligents.
— Ces...choses ? Comment peux-tu dire ça ? me répondit Gabe surpris, en s'approchant du bord du toit, encerclé d'un garde-fou presque entièrement intact.
— Dans l'escalier, ils nous ont tendus un piège et puis...je l'ai vu dans ses yeux.
— Hayden, de quoi tu parles ?
— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ici, mais ces choses étaient des humains avant et...ils s'en souviennent.
J'avais parfaitement conscience que mes paroles étaient étranges mais en les prononçant, je savais qu'elles étaient vraies. Un bruit de métal raclant sur le béton vint fort à propos illustrer mes paroles lorsqu'il cessa aussi brusquement qu'il avait commencé.
— Tu as un plan B ? chuchotai-je à Gabe en le rejoignant en courant.
— Peut-être, me répondit-il légèrement paniqué, un soupçon d'excuse dans le regard, avant de se reprendre et de m'entraîner de l'autre côté du toit. Tu t'en sens capable ? me demanda-t-il en me désignant le toit de l'immeuble voisin presque collé au notre mais plus bas de plusieurs mètres.
— La rambarde va nous gêner.
— Pas si on s'en sert pour se propulser. Il n'est pas loin, à peine deux mètres les séparent.
— C'est plus la réception qui m'inquiète. Si on se casse une jambe, on est foutu.
— Et si on ne saute pas...aussi ! Alors...
Ce n'est pas l'évidence qui me décida, mais le son ténu qui me parvint lorsqu'une rafale de vent souffla dans notre direction. Ils étaient en train de nous encercler en silence. D'un signe du bras je fit signe à Lynch de se dépêcher alors que j'enjambais la barrière avec précipitation. Je m'accrochais des deux mains à la barrière, le dos collé à cette dernière. Plus qu'hésitante à me jeter dans le vide seule, je voulais attendre que Lynch m'ait rejointe, mais le monstre qui se précipita vers moi dans un grognement inhumain décida pour moi et sans réfléchir, je m'élançai.
Le cœur me remonta dans la gorge et l'air me cingla le visage. Le toit gravillonné semblait me sauter au visage et s'approcher à la vitesse de la lumière. Pour ne pas me blesser, j'essayai de me recroqueviller pour atténuer le choc qui fut rude malgré tout. Mon épaule mordit le bitume et les cailloux s'incrustèrent dans ma peau. Je retins un gémissement en reprenant mon souffle tandis que je me redressais pour voir comment s'en sortait Gabe. Il atterrit durement à son tour à peine quelques secondes après moi. Nous nous relevâmes et ne pûmes que contempler avec horreur nos poursuivants enjamber la rambarde et sauter à leur tour.
— C'est pas vrai ! s'exclama Gabe en m'attrapant par la main et en se mettant à courir.
Nous rejoignîmes la porte menant aux escaliers et nous ruâmes à l'intérieur. Nous descendîmes les marches le plus rapidement possible. Cette fois nous atteignîmes le rez-de-chaussée sans encombre mais au moment de pousser la porte palière...rien ne bougea. Lynch eut beau s'acharner, le battant ne remua pas d'un iota. Lorsque les premiers monstres déboulèrent des escaliers, Lynch me jeta un regard où se mêlait désespoir et regret, tandis qu'il brandissait son arme, malgré tout prêt à défendre nos vies jusqu'au bout.
C'est alors qu'un flash aveuglant illumina la pièce, nous surprenant et nous désorientant complètement.
— Vite, par ici ! chuchota une petite voix à l'accent étrange non loin de mon oreille, tandis que des doigts graciles enserraient mon poignet, m'attirant vers le sol.
______________
Désolée pour cette attente, mais vacances plus corrections et salon littéraire, cela faisait beaucoup à gérer en même temps ;-) J'espère que ce chapitre vous aura plus, à bientôt sur la suite ^.^
Kissssss <3
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro