La rencontre
Le soleil se couche sur la forêt. Les éclats reflètent les arbres sombres glacés par l'hiver. Quelques nuages vont et viennent avant que la lune n'apparaisse. Le vent souffle comme pour chasser le soleil et engloutir le bois dans l'obscurité. Sur le sol noirci, une créature recroquevillée brille de mille feux, ses prunelles violettes regardent la boule de feu s'évanouir ; à la naissance des étoiles, un léger brouillard vient s'immiscer dans ce beau tableau.
Déployant lentement ses longues ailes, tel un aigle. Cette créature est surprenante, voire intimidante. Toutes ses plumes planent au grès du vent. Elles semblent aussi tranchantes qu'une lame, qu'une feuille de papier. Nue sur l'herbe d'un vert tantôt clair, tantôt foncé, selon le vas et viens des nuages, elle se recouvre de ses ailes pour se protéger de l'air froid. Cette fois, ses plumes semblent aussi douces qu'un pétale de rose, qu'un baisé.
Fasciné, dissimulé entre deux arbres bruns, l'homme observe la scène silencieuse. Un sac sur le dos, à peine une veste pour le réchauffer, il paraît ne pas vouloir s'échapper de ce tableau poétique. Il respire doucement, timidement de peur que la créature s'éclipse. Il se pince la cuisse pour s'assurer que tout est bel et bien réel.
Son regard caresse les cheveux de l'être, sa peau blanche délicate tatouée d'étranges symboles. L'homme respire chacun de ses mouvements. Pourquoi reste-t-elle là sans bouger ? A-t-elle mal quelque part ? Il voulut se rapprocher un peu plus près, mais se ravise. Une fois auprès de cette femme tombée du ciel, que va-t-il dire ?
L'être relève la tête et regarde dans la direction de l'homme. Il se plaque contre l'un des deux arbres. Elle m'a vue ! Il pose sa main sur sa bouche pour masquer sa respiration haletante. Il devait avoir du résidu sur les mains, car sa gorge commence à le chatouiller. Il se retient de toutes ses forces pour ne pas tousser. Quelques seconds plus tard, il se racle la gorge en essayant de faire le moins bruit que possible. Des petites gouttes de sueur perlent sur son front, il avale sa salive pour faire passer l'envie, mais tout l'inverse se produit. Sa salive, Ses bouffées d'air frais viennent mettre un dernier cloué à sa tombe. Il se met à tousser, encore et encore sans pouvoir s'arrêter.
L'ange se relève aussitôt, l'homme essaye de reprendre son souffle en restant caché. Il se sent soudainement idiot, il ressemble à un éléphant rose caché derrière un arbre. Un éléphant fumeur de cigarette qui crache ses poumons. Elle va finir par le trouver, quoi qu'il arrive. L'être se rapproche doucement de la naissance du bruit. Il peut sentir l'odeur de la créature ou sa propre peur. Son cœur bat à tout rompre.
Il souffle un grand coup, il y a deux choix qui s'offrent à lui : soit courir aussi vite que possible ou faire face à cette créature. Il agite doucement la tête, en se disant, quitte à mourir aujourd'hui, au moins j'aurais vécu quelque chose d'incroyable. Il sort de sa cachette en faisant face à l'ange. La lune éclaire leurs visages. L'être mystique est d'une beauté incroyable, à couper le souffle. Sans bouger, ils se scrutent, ses yeux violets brillent dans les siennes. Son corps ressemble à celui d'un être humain ; à une femme. Elle a les seins nus. Sa poitrine généreuse, il doit se concentrer pour ne pas dévier son regard.
Les mains tremblantes, il refrène son envie de la toucher. La main de la créature hésite elle aussi. Voyant, des petits boutons causés par le froid, il jette son sac sur le sol puis retire sa veste en cuir noir, et la lui tend. Elle observe la veste un petit moment avant de s'en emparer. Elle recouvre son corps ailés. Un sourire se dessine sur leurs deux visages. Le cœur de l'homme s'apaise. La voix un peu roque à cause de sa crise de toux, il décide de rompre le silence.«
— Comment t'appelles-tu ? Tu comprends ma langue ? »
La créature remue les lèvres plusieurs fois. Elle semble tenter de parler, mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle reste muette à sa question. Il observe son corps nu, parfait, cacher sous sa veste noire. Il reprend. «
— Moi, je m'appelle Jhayson. Si tu me comprends, agite la tête.
L'ange baisse la tête, l'air soudainement triste.
— Qu'est-ce que tu as ? dit doucement Jhayson.
Elle ouvre la bouche en montrant le fond de sa gorge toute en tirant la langue. Elle émet un sorte de " a " étouffée. Jhayson met un peu de temps avant de comprendre qu'elle essaye de parler.
— Tu ne te rappelles pas ton prénom ? C'est ça ?
Elle agite doucement la tête en souriant, contente d'avoir été comprise. Jhayson réfléchit un moment sans quitter ses prunelles de ses yeux.
— Que penses-tu de Violette ? »
Elle est surprise de la proposition, et de la spontanéité de Jhayson, puis explose dans un sourire. Elle saute de joie si bien que ses ailes s'ouvrent un grand à chacun de ses sauts. Elle fini par flotter au-dessus de lui. Jhayson doit se couvrir les yeux pour ne pas recevoir de la poussière. Violette, ce nom est fait pour elle...
Subitement, les pieds de Jhayson se décollent du sol, il ne panique pas. Il est entraîné dans les airs. Il essaye de se faire le plus petit possible pour ne pas être un poids pour elle. L'odeur de la violette envahit l'homme. Une fois à une hauteur convenable au dessus des arbres, violette met ses mains sur son ventre, se contact déclenche en lui un petit frisson de plaisir. Le sourire aux lèvres, il pose ses mains sur les siennes et laisse son corps planer au-dessus des arbres parmis les étoiles. Le vent souffle, mais la chaleur de Violette le protège. Il se sent en sécurité dans ses bras malgré les mètres de distance qui le sépare du sol. Il regarde le défilé des paysages, tout se passe si vite, peut-être même trop vite.
Tout à coup, tout lui semble clair comme de l'eau de roche dans son esprit. « Tu es mon ange gardien ? ». Violette ne réagit pas, mais Jhayson en avait la certitude.
Brusquement, trempé de sueur, la bouche sèche l'homme se réveille. Perdu, il observe l'environnement qui l'entoure. Sa respiration se calme peu à peu, il cligne ses yeux rapidement. Il est dans sa chambre. Que s'est-il passé ? Il se lève d'un bond. Comment est-il arrivé là ? Jhayson perdu regarde autour de lui. Presque en se précipitant, il examine chaque pièce de sa maison, personne. Perplexe, Jhayson ne bouge plus et porte sa main à son front. « Non ! Ce n'était pas un rêve ! », dit-il presque en criant « Tout cela ne pouvait pas être un rêve, ma veste ! », s'exclame t-il avant de courir à sa recherche. Elle est là ,devant lui impossible. Il la touche du bout des doigts. Une douloureuse envie lui traverse le corps, la déchirer, la brûler ! Il soupire en secouant la tête et la repose sur le porte-manteau. « Violette », murmure t-il désespéré. « Alors j'ai tout inventé... ». Il se laisse tristement choir sur son canapé marron cuivré.
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