J'écris pour ces femmes qui ne parlent pas,
pour celles qui n'ont pas de voix
parce qu'elles sont terrorisées,
parce qu'on nous a plus appris à respecter
la peur qu'à nous respecter nous-mêmes.
On nous a appris que le silence
pouvait nous sauver, mais c'est faux.
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Je ne suis pas libre tant que n'importe quelle autre femme est privée de sa liberté, même si ses chaînes sont très différentes des miennes.
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Mais extérioriser la colère, la transformer en action au service de notre vision et de notre futur, est un acte de clarification qui nous libère et nous donne de la force, car c'est par ce processus douloureux de mise en pratique que nous identifions qui sont les allié-e-s avec lesquel-le-s nous avons de sérieuses divergences, et qui sont nos véritables ennemi-e-s.
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Et bien sûr, j'ai peur, car transformer le silence en paroles et en actions est un acte de révélation de soi, et cet acte semble toujours plein de dangers. Quand je lui ai parlé de notre sujet de discussion et de mes difficultés, ma fille m'a dit : «Raconte-leur qu'on n'est jamais une personne à part entière si on reste silencieuse, parce qu'il y a toujours cette petite chose en nous qui veut prendre la parole. Et, si on continue à l'ignorer, cette petite chose devient de plus en plus fébrile, de plus en plus en colère et si on ne prend pas la parole, un jour, cette petite chose finira par exploser et nous mettre son poing dans la figure.»
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Nous pouvons nous asseoir dans notre coin, muettes comme des tombes, pendant qu'on nous massacre, nous et nos sœurs, pendant qu'on défigure et qu'on détruit nos enfants, qu'on empoisonne notre terre; nous pouvons nous terrer dans nos abris, muettes comme des carpes, mais nous n'en aurons pas moins peur.
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Et quand les paroles des femmes crient pour être entendues, nous devons, chacune, prendre la responsabilité de chercher ces paroles, de les lire, de les partager et d'en saisir la pertinence pour nos vies. Nous ne devons pas nous cacher derrière les simulacres de division qu'on nous a imposés, et que nous faisons si souvent nôtres. Du genre: «Je ne peux vraiment pas enseigner la littérature des femmes Noires, leur expérience est si éloignée de la mienne.» Pourtant, depuis combien d'années enseignez-vous Platon, Shakespeare et Proust? Ou bien: «C'est une femme blanche, que peut-elle vraiment avoir à me dire?» Ou: «C'est une lesbienne, que va en penser mon mari, ou mon patron ?».
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Le fait que nous soyons ici ensemble, et que je prononce ces paroles, est une tentative de briser ce silence, et de construire des ponts entre nos différences, car ce ne sont pas nos différences qui nous immobilisent, c'est le silence. Et tant de silences doivent être brisés !
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