Je rentre après ma journée de cours. Je vois que la porte n'est pas fermée à clé mais je n'y fais pas attention. Peut-être que pour une fois mon père est rentré tôt. Mais je n'y crois pas, il ne pense qu'à son travail. Je n'entends aucun bruit. Je vois plusieurs feuilles éparpillées le long du couloir mais ce qui m'inquiète le plus, c'est que la porte du bureau "interdit" est ouvert. Je n'ai jamais eu le droit d'y entrer, il y aurait des papiers top secret sur l'état. Mon père m'a toujours dit que si j'y voyais quelqu'un, je devais le chasser au péril de ma vie.
Il n'a jamais fait attention à moi, pour lui, je suis simplement la gardienne de la maison, pas sa fille. Il est ministre de l'intérieur mais il est surtout absent. Je le vois plus souvent à la télé qu'à la maison.
Voilà pourquoi à dix ans, je me retrouve à me faire à manger seule et pourquoi je suis précoce mais solitaire.

J'entre lentement dans la pièce en résistant à l'envie de partir à toutes jambes.
Un homme cherche dans les dossiers de mon père. Il semble m'avoir entendu mais ne se préoccupe pas de moi. J'ai quelques notions de boxe alors je me mets en position de combat, prête à frapper. Je le détaille pour déterminer son point le plus sensible.
Il est grand et entièrement vêtue de noir. La seule chose qu'on distingue sur lui sont ses incroyables yeux verts.

"Je sais tout de toi, petite. Sans même te regarder, je sais que tu as dix ans, que tu as de longs cheveux qui vont du noir au châtain, légèrement ondulés et que tu as les yeux aussi verts que les miens."

Je sursaute, surprise. Je ne m'attendais pas à ce qu'il sache tant de choses sur moi.
Il se tourne vers moi, ses yeux exprimant... de la bienveillance ?

"Je cherche un dossier concernant le meurtre du président libanais, sais-tu où il est?"

Pourquoi est-ce que mon père ou l'état aurait un dossier sur un meurtre dans un autre pays? Devant mon incompréhension, l'homme éclata de rire. Un rire chaud et réconfortant.

"Je crois que tu ne sais pas. J'ai pour mission de ramener ce dossier et toi dans mon pays. Veux-tu venir? Tu devrais, sinon ton père te feras des remontrances de m'avoir laisser entrer."

Moi? Mais pourquoi? Je sais que je ne devrais pas partir mais c'est trop tentant, je pourrais avoir une autre vie, une vie secrète où personne ne me reconnaîtrait à cause de mon père.

Pendant ce temps, l'homme sembla avoir trouver ce qu'il cherchait. Je prends sa main et nous sortons de la maison. La rue est sombre car la nuit était tombée pendant que nous discutions. À environ un kilomètre, il monte à bord d'une voiture noir et je le suis. Après quelques minutes, je m'endors.