Je me réveille après une violente secousse. J'ai mal au coup et lorsque je m'étire, mes bras craquent. Je remarque qu'il n'y a plus personne à l'intérieur du fourgon mis à part un garde qui me regarde avec une curiosité non dissimulée. Le reste de mon escorte attend avec impatience en dehors du véhicule.

Le policier me détache les chevilles et m'aide à me lever puis à descendre de la camionnette. Ses gestes sont doux et on voit qu'il ne veut pas me faire de mal, contrairement à ses collègues qui ont l'air de vouloir me tuer.

On me fait avancer dans un dédale de couloirs et alors que je commence à avancer, je remarque la femme qui était assise en face de moi cracher sur mon passage. Elle fait la moue puis me tourne le dos avec dédain.

On me fait d'abord passer par une petite porte de service qui accède à l'accueil de la prison. Un garde est en train de jouer sur son ordinateur tout en mâchant un chewing gum rose fluo.

Avec son autorisation et la validation de notre identité, nous passons ensuite devant une rangée de cellules et devant une grande salle qui doit servir de réfectoire.

J'atterris enfin dans un petit bureau/salle d'interrogatoire où on m'attache à une barre située sur le bureau.

Le policier claque la porte et je me retrouve seule dans cet espace clos. Dix minutes passent sans que je n'entende aucun bruit.

Le battant s'ouvre ensuite au bout de ce temps interminable devant un homme entièrement vêtu de noir.

Il est grand, sec et ses petites lunettes carrées lui donne l'air encore plus sévère. Une auréole de cheveux gris et blancs entourent son visage amaigri.

Il s'assoit en face de moi en grognant de douleur et en se tenant le dos.

"Alors Mademoiselle. Je suis là pour prendre votre témoignage au sujet de l'attaque du palais présidentiel d'Hanoi."

Je le regarde avec circonspection. Il travaille encore ? A son âge ?

En voyant ma tête, il se met à rire, rire d'un rire franc qui me réchauffe le cur. Puis, reprenant son sérieux en se raclant la gorge, il m'observe avec attention pour essayer d'apercevoir la moindre trace de mensonge en moi.

"Pour commencer, dites-moi ce que vous faisiez dehors à cette heure ?

- La fête, comme tous les gens de mon âge, dis-je avec détachement

- Racontez-moi votre soirée.

- Vers 20heures, je suis partie rejoindre mon copain en boîte et comme j'avais mal à la tête, je suis sortie me promener avec lui dehors. On s'est assis sur un banc pour s'embrasser et il y a eu les explosions.

- Comment expliquez-vous que votre copain n'est pas été retrouvé en tenue de soirée comme vous.

- Oh, hum, il est assez décontracté, je ne suis même pas sûre qu'il ait des tenues de soirée dans son armoire."

Je souris au vieil homme pour tenter de mieux faire passer le mensonge mais celui-ci se contente de prendre des notes sur son petit carnet.

"Vous ne trouvez pas que votre tenue était trop habillée, même pour une boîte de nuit ?

- C'est une amie qui me l'a offerte et comme elle était là et que je pouvais la croiser, je l'ai mise pour lui faire plaisir.

- Et comment s'appelle votre amie ?

-... "

Soupirant, il enchaîne directement avec une autre question, comme s'il savait d'instinct que je ne lui répondrai pas.

"Quel est le nom de la boîte de nuit ?

- Je ne sais pas, je n'ai fait que suivre mon copain.

- J'ai une dernière question pour vous. Personne ne sait comment vous vous appelez et quel est votre nationalité.

- Je m'appelle Emma Thomas et je suis anglaise.

- Bien. Ce sera tout pour aujourd'hui."

Il se lève et quitte la pièce sans même un regard vers moi. Quelques minutes plus tard, un nouveau garde vient me chercher et me fait traverser de nouveaux couloirs pour m'amener à ma cellule.