Chapitre 5
Chapitre 5.
𝕷𝖊𝖘 dernières semaines de l'année scolaire s'écoulèrent à une grande vitesse. Tom ne revint que très peu souvent dans la salle sur demande. Petit à petit, Grisha le voyait s'éloigner d'elle et des autres héritiers. Ça lui déchirait le cœur. Il passait de plus en plus de temps avec son journal et avec un livre mystérieux qu'il lui avait dit avoir trouvé dans la réserve. Elle l'avait également vu passer beaucoup de temps avec le professeur Slughorn. Quand elle l'interrogeait à ce propos, il évitait la question. Lazarus ne lui parlait plus énormément depuis ce qui c'était passé, la saison de quidditch était terminée et ses notes continuaient de dégringoler au grand dam de ses parents qui espéraient qu'elle soit la fille parfaite et l'élève modèle. L'année prochaine, Wiglaf ne serait plus là. Elle n'aurait plus personne. L'héritière de Gryffondor avait l'impression que son monde volait en éclats.
Elle retournerait passer l'été en Russie avec ses parents. Elle assisterait à de grandes réceptions, jouerait de longues sérénades au piano pour sa mère, resterait le dos droit à table, un sourire figé sur le visage et elle se tairait. Peut-être que ses parents inviteraient Lazarus à venir à la maison pendant le mois d'août. Elle savait qu'elle leur ferait plaisir en l'épousant. C'était un bon parti, il était l'héritier d'Helga Poufsouffle et il était de sang-pur. Ses parents n'auraient jamais voulu qu'elle épouse Tom, malgré tous ses talents et son attitude charmeuse, il restait un sang-de-bourbe. Aurait-elle seulement été heureuse en épousant Tom ? Et le serait-elle si elle finissait par épouser Lazarus ? Les choses lui paraissaient si compliquées.
Quand elle reviendrait à Poudlard, rien ne serait plus comme avant.
La jeune fille lançait des galets dans l'eau, devant une des serres au pied de l'école, rêvant d'y plonger à son tour et de ne plus remonter à la surface.
— Si tu ne vas pas faire tes bagages maintenant, tu vas manquer le train.
Grisha se retourna pour faire face à Tom qui venait d'arriver au bas de l'escalier.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je suis préfet en chef, je dois m'assurer que tous les élèves montent à bord du train.
Elle lança le dernier galet qu'elle avait dans la main. Elle avait accumulé tellement de détresse dans les dernières semaines que tout éclata d'un seul coup.
— Pourquoi est-ce que tu fais ça, Tom ? Qu'est-ce qui ne va pas chez-toi ? Qu'est-ce qui ne va foutrement pas avec toi ?
Il avait l'air étonné. Il ne comprenait pas. Pas plus qu'il ne comprenait l'amour.
— Je te demande pardon ?
— On dirait que tu prends plaisir à voir le monde s'effondrer autour de toi.
Il resta silencieux – il restait toujours si foutrement silencieux –, alors elle poursuivit.
— Il faut toujours que tu gâches tout ! Lazarus, Wiglaf et... moi ! Et moi... Je t'aime, Tom.
— Je te l'ai déjà dit, mais je ne peux pas t'aimer. Je ne ressens pas... l'amour. Wiglaf et moi nous ressemblons sous certains points, alors il est normal que nous ne nous entendions pas et que nous ayons des différends. Quant à Lazarus... il aboie plus qu'il n'agit, il n'est pas dangereux, il poursuivra son chemin et je poursuivrai le mien...
Grisha tremblait. Elle serra son foulard en laine rouge et or contre elle, ne pouvant plus empêcher les larmes de glisser le long de ses joues.
— Mais... et moi, Tom ? Qu'est-ce que tu fais de moi ? Quelles réponses as-tu à me donner ?
Il réfléchit pendant quelques secondes.
— Tu es une attrapeuse, non ? Tu dois chasser et attraper le vif d'or pour que la partie se termine, mais il ne s'arrête jamais et va à une vitesse fulgurante. Tu dois te concentrer uniquement sur lui parce que si tu penses à autre chose, tu seras déconcentrée et tu ne pourras pas l'attraper. Pendant ce laps de temps, il n'y a ni future ni passé, juste le moment présent. C'est ce sur quoi tu dois te concentrer, car la vie est courte, Grisha, trop courte.
— S'il n'y a ni future ni passé... alors... qu'est-ce que tu fais de ce journal que tu traînes toujours avec toi ?
Elle respirait bruyamment.
— Les souvenirs sont faits d'une matière qu'on ne peut pas toucher. Essayer de les attraper peut être dangereux ; les bons sont les plus difficiles à attraper et les mauvais, d'un autre côté, sont encore plus difficiles à tenir à distance.
— Tu évites encore les questions ! Tu ne réponds jamais ! Tu ne fais que détourner les réponses. Et... tu prévois de t'enfuir, hein ? Tu vas disparaître. Je le sais. C'est dans ta nature ! Tu vas m'abandonner, c'est tout ce que tu sais faire ! Mais tu ne peux pas fuir de qui tu es réellement... dis-moi qui tu es, Tom. Tu ne peux pas fuir ton passé !
Exténuée, elle reprit lentement son souffle après sa tirade. Les larmes coulaient sur ses joues. Tom la regarda longuement. Il la regardait toujours comme ça. Il prit une courte inspiration. Son visage ne changea pas. Elle savait, tout au fond d'elle-même, que c'était la dernière fois qu'elle le voyait.
— Prend soin de toi, Grisha.
Puis, juste comme ça, il tourna les talons et remonta l'escalier.
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