Chapitre 6: Telle une vague
Point de vue de Lili
8h30 - Ranch des Brown
- Lili ? Vous enfin… Tu m’écoutes ? Déclara la belle blonde assise en face de Lili
- Oui, pardon Chloé ! Du coup tu approuves mon idée ? Nous allons d’abord essayer LA robe. Et si elle te plait, nous ferons les premiers essais photo dans le lieu choisi afin d’avoir une idée du rendu.
- C’est parfait, allons essayer cette perle rare.
L’étudiante en photographie avait aménagé la vieille grange quelques années auparavant, c’est son endroit porte-bonheur en termes de photographie car c’est ici même qu’elle créa son site internet, assise entre deux bottes de foin.
A l'époque, la grange était poussiéreuse et remplis de vieux cartons, d’anciens matériels d’équitation en piteux état ainsi que de nombreuses babioles traînant par ci , par là au milieu de toiles d’araignées.
Lili avait mis plusieurs mois avant de rendre cet endroit aussi charmant que maintenant.
Beaucoup de nettoyage, de nombreux va-et-vient chez les antiquaires et surtout de bricolages, car voila après avoir vidé l’endroit elle se rendit vite compte que des poutres devaient être renforcées et l'électricité revue.
Elle installa son matériel de photographie dans le fond avec l'éclairage et les accessoires de base pour n’importe quelle bonne photographe.
Sous la mezzanine, elle installa une cabine fermée d’un rideau tout près de plusieurs armoires et d’une coiffeuse en bois.
De l’autre côté elle garda les bottes de foin mais ajouta entre celles-ci un grand bureau pour son ordinateur auquelle elle additionna un plan de travail ainsi qu’une grosse imprimante à l’arrière.
L’ambiance y était chaleureuse, l’odeur qui émanait de cette grange apaisait Lili, la rendant confiante et plus déterminée que jamais.
- Chloé, installe toi derrière ce rideau.[...] Lève les bras. [...] Parfait je te l’attache.
La robe blanche tombait à merveille sur sa silhouette, une robe fluide mais restant près du corps dans le style bohème était le meilleur choix.
Elle avait de fines bretelles auxquelles étaient ajoutés de larges manches de voile qui lui retombaient sur les avant-bras.
Un décolleté plongeant recouvert de légères dentelles couvraient le tissu jusque sur les hanches de façon moulante pour devenir de plus en plus fluide sur la longueur.
Le dos avait comme couverture qu’un simple laçage tenu par une fine toile de dentelle.
- Regarde toi… Tu es splendide.
- Merci Lili… Je peux m’approcher du miroir ?
- Oui oui, bien sûr !
La jeune blonde de blanc vêtu se regarda et son regard s’illumina. Lili savait alors qu’elle ne s'était pas trompée en choisissant cette robe.
- Waw... Je n’ai jamais été aussi heureuse de faire un shooting ! Déclara la jeune modèle en s’admirant dans le miroir
- Bien… Pour la coiffure et le maquillage je vais te faire un wavy et un maquillage frais. Nous prendrons une décision définitive après l’essai.
- Très bien, je te laisse faire.
La jeune rouquine se mit alors au travail, tout d’abord en travaillant son teint puis son regard de manière légère avec un fard à paupière d’un rose nude et d’un peu de mascara. Terminant par ses lèvres simplement couvertes d’un gloss rosé.
Pour les cheveux se fût rapide, de belles boucles que Lili détendit avec ses doigts. Voilà Chloé était prête.
Elles s'apprêtaient alors à monter en voiture quand Matt déboula dans la grange.
- Ma chère sœur, c’est ici que tu te caches ?
- Oui Matt je suis ici, je travaille.
- Oh je dérange… bégueilla t-il perplexe ce qui fit rire la belle blonde
- Chloé je te présente mon grand frère Matt, et Matt je te présente Chloé mon modèle photo sur le thème mariage pour un cours.
- Enchanté, tu es ravissante Chloé.
- De même. Merci c’est grâce à ta sœur qui a su trouver la robe qu’il me faut.
- S’il y a bien une chose dont je suis sûre avec ma sœur, c’est qu’elle est douée dans tout ce qu’elle aime vraiment. dit il tendrement en embrassant Lili sur la joue
- Tu vas me faire rougir… Dis-moi plutôt ce que tu voulais ! ria t-elle
- C’était simplement pour te demander si tu pourrais sortir Berlioz, mais tu es occupé alors je le ferai demain.
- Non non, je vais m’en occuper… Nous allons à la plage alors j’en profiterais pour le faire un peu courir entre deux photos.
Enfin si ça ne te dérange pas Chloé ? Tu n’as pas peur des chevaux au moins ?
- Avec plaisir, j’ai toujours trouvé que c’étaient des animaux magnifiques bien que je ne m’y connaisse pas vraiment.
- En route alors ! Matt tu le fais monter dans le vann, je vais chercher les clés de la Jeep.
Un fois le vann attaché à la belle voiture rouge, elles prirent alors la route en direction de la plage. La côte était non loin d’ici mais Lili n’y allait plus aussi souvent qu’avant.
La jeune femme se gara sur le grand parking vide, et se dépêcha de sortir Berlioz qui s’impatientait déjà.
Ce beau mâle d’1m75 au garrot et d’un noir profond ne pouvait que provoquer admiration, c’était peut être dû au petit coeur blanc qui se trouvait sur son chanfrein.
Les deux demoiselles, chaussures en main, traversèrent le chemin de galet jusqu’au sable suivis du bel équidé.
Le ciel était bleu, le sable presque blanc et l’eau prenait diverses nuances selon les profondeur. Les vagues au loin étaient majestueuses, elles s’élevaient et formaient des tubes parfaits. Ce bruit lui avait manqué, celui des vagues qui viennent se briser sur le sable, cette douce mélodie salée qui change de rythme comme un battement de cœur amoureux.
Après quelques premiers clichés pris, tout en étant perchée sur le dos de Berlioz, la rouquine se pris d’une idée.
- Chloé, j’ai une proposition… Accepterais-tu d’apprendre à monter à cheval pour le shooting photo ? lui demanda t-elle un brin suppliant
- J’en serais ravie ! Mais… tu penses que je serais prête ?
- J’en suis persuadé et mon étalon noir sera ravi de t’avoir sur son dos.
La matinée se finit sur cette note positive, les photos une fois prises Lili libéra Chloé pour le reste de la journée.
La belle blonde se changea et sa photographe rangea tout dans sa jeep car elle ne souhaitait pas rentrer tout de suite.
De nouveau sur le dos de son cheval qui prenait plaisir à trottiner au bord de l’eau, Lili se prit de nostalgie si bien qu’elle ne vit pas qu’elle avançait vers le “coin des surfeurs”.
Elle s'arrêta un peu en voyant une planche au loin effectuer diverses figures, de lointains souvenirs revinrent.
L’homme dans l’eau avait une aisance incroyable et s’employait à bien prendre chaque vague.
Il prenait plaisir à passer dans les tubes.
Lili avait toujours été fascinée par cette danse entre un homme, une planche et une vague.
Tout d’un coup, au fur et à mesure que le surfeur revenait vers la plage, Lili perdit son sourire et Berlioz commença à s’agiter.
Les souvenirs se firent plus nets, les après-midi à la plage, les séances de surf, ce baiser…
Elle le regardait sortir de l’eau, sa planche sous le bras, dans sa combinaison moulante.
Ses cheveux bruns brillaient, il passa alors sa main pour se recoiffer et fit un mouvement de tête vers elle.
Comme un instant suspendu hors du temps, comme une scène mit en pause, tout s’arrêta. Plus aucun bruit ne lui parvenait aux oreilles à part le tambourinement de son cœur telle une vague qui s'écrase sur un rocher.
Et là, tout est allé très vite… Lili se crispa en le voyant tourner une nouvelle fois la tête vers elle, en croisant son regard, et sans se rendre compte elle serra les rennes. Berlioz paniqué commença à piétiner puis cabra une fois, puis deux, puis trois fois…
Jusqu'à ce que la jolie rousse finisse au sol. Le cheval s’immobilisa immédiatement et resta à côté d’elle comme pour lui montrer qu’il s’en voulait.
La rouquine resta assise à rassurer son cheval, dos à Noah. A ce moment précis, elle ne savait pas s’il fallait rester immobile, se retourner vers lui ou remonter sur Berlioz pour fuir à toute vitesse...
Après une hésitation, elle se rendit compte qu’elle ne pouvait pas l’affronter. Pas maintenant, pas comme ça. Il avait à deux reprises pris la fuite et aujourd’hui c’était à son tour.
Lili se releva à une vitesse folle et sauta sur le dos de son cheval malgré les douleurs dans son dos. Elle élança Berlioz en direction de la plage ouest où sa voiture était garée.
La cavalière lança un regard en arrière et le vit, immobile bras ballant, sa planche au sol quelques mètres plus loin. Noah était en train de venir vers elle…
Dans ses yeux la peur et l’inquiétude se mêlaient et finirent par laisser place à la tristesse.
Lili aussi était triste, son coeur battait et elle aurait voulu aller vers lui comme il avait commencé à le faire.. Elle aurait voulu qu’il se retrouve, qu’il la serre dans ses bras… Mais ce souvenir aussi doux que douloureux passait en boucle dans son esprit, comme une vague qui indéniablement finit par s'échouer sur le sable.
Elle le savait, s’il serait arrivé jusqu’à elle, il aurait de nouveau pris la fuite sans dire un mot.
Et cela, Lili ne l’aurait pas supporté.
Point de vu de Noah:
Il l’avait aperçu avant même de sortir de l’eau. Sa chevelure flamboyante étant repérable au milieu de ce paysage clair. Sa première pensée fut aussi brève que rapide. Elle le suivait. Puis il s’était mordu l’intérieur de la joue. Non. Elle ne faisait que continuer à vivre sa vie. C’était lui qui était revenu ici et qui devait avoir bouleversé les habitudes qu’elle s’était faites.
Il était alors sorti de l’eau, toute envie de surfer envolé. Alors qu’il remontait le sable, sa planche sous le bras droit, Noah avait vu l’étalon s’affoler sans raison. Au moment où il l’avait vu chuter, le jeune homme avait lâché son bien pour s’élancer vers elle, instinctivement. Avant de se stopper net en voyant le regard brisé qu’elle lui avait lancé avant de s’enfuir. Frottant ses yeux, les lèvres tordues en un sourire crispé, il avait fait demi-tour.
Revenir ici avait été la pire idée de toute sa vie. Le cœur lourd, il ramassa sa planche.
Non. Ce n’était pas sa plus grande erreur, songea-t-il avec amertume tout en s’asseyant dans le sable. Ses yeux balayant les vagues alors que le passé lui revenait en mémoire.
Ils étaient en train de finir le lycée quand tout avait basculé. C’était le nouvel an et comme tous les ans, Noah l’avait passé avec ses amis dans le chalet que possédait la famille d’Emma, à la montagne. Le cadre était idéal, ils se trouvaient au cœur de la forêt. Cette dernière était alors recouverte de neige.
Arthur et lui étaient comme les deux doigts de la main, toujours fourré ensemble à rigoler. La soirée se déroulait bien et Lili qui ne tenait pas très bien l’alcool avait fini par s’assoupir devant la cheminée une vingtaine de minutes avant minuit, comme chaque année.
Eux étaient restés assis autour de la longue table, des bières à la main et le reste des toasts à portée de bras. Des cartes étaient éparpillés entre les plats presques vides et les assiettes.
- Et si on se lançait des challenges pour la nouvelle année? avait alors lancé Emma.
- Pas encore un de tes trucs chiant Em’, avait commencé à râler Arthur.
- Fais pas ton rabat-joie Arthur. Je te parle d’objectifs étant aussi des paris, sourit-elle.
- Des paris? reprit-il en allant s'asseoir près d’elle, soudainement intéressé.
Il fallait dire que le garçon était un challenger dans l’âme.
- Comme quoi? avait demandé Noah
- Je sais pas, avait-elle gloussé en reprenant une gorgée de punch.
C’est alors que son regard était tombé sur Lili et qu’une discussion sans rapport premier s’engagea.
- Vous vous êtes jamais demandé si Lili était toujours vierge? avait-elle alors demandé à voix haute.
Comme un seul homme, le regard des garçons s’était porté sur la jeune femme endormi.
- Elle l’est… avait commencé Noah
- Plus du tout, avait enchaîné Arthur.
Un long silence avait alors fait suite, laissant la mélodie de l’enceinte résonner longuement dans le vide ambiant. S’ils n’avaient pas autant bu, Noah et Arthur se seraient sans doute pliés en deux pour rire. Seulement voilà, ils étaient loin d’être sobre. A ce moment-là, seuls leurs égaux de males et leurs hormones fonctionnaient.
Cela aurait dû rester une conversation d’ivrognes et n’aller pas plus loin. Cela n’aurait dû faire de mal à personne. Mais voilà, cela prit des proportions insoupçonnées.
- Et si l’un de vous essayait de le découvrir? sourit Emma en tendant deux bières fraîches aux garçons.
- Trop facile, rit Noah en se saisissant de la boisson. Je suis son meilleur ami, elle me l’aurait forcément dit si elle avait sauté le pas.
- Sois en pas si sûr cow-boy, rit la jeune femme. Nous autres les filles on en parle pas forcément.
- Vraiment?
- Oui. Puis on parle de Lili là, c’est la timidité incarné. Tu crois qu’elle irait te le dire à toi qu’elle s’est faite décapsulée alors que toi tu galère à sortir avec quelqu’un?
- Un point pour Emma, rit Arthur. Lili est une Marie compassion, si elle l’a fait, et je suis certain qu’elle l’a fait, elle attendra que tu te sois trouvé quelqu’un pour t’en parler!
La boisson âcre sembla soudainement amer et lourde sur le palais de Noah alors que son regard regardait les longs cils clos de sa meilleure amie. Depuis quelques mois ils n’étaient plus aussi proches qu’avant.
Peut-être s’était elle trouvé quelqu’un? Elle prenait de plus en plus soins d’elle. Cela lui prenait maintenant une heure pour se préparer le matin alors qu’avant elle avait toujours eu ce côté de petite fille jouant dans le purin et se fichant de son allure.
Bon sang, elle avait rencontré quelqu’un!
Cette révélation fut encore plus amer que l’alcool qu’il buvait. Aussi, Noah redoubla t-il d’effort dans sa descente d’alcool.
- Alors lequel de vous deux va se lancer? rit Emma en jouant avec ses sourcils.
- Et pourquoi pas toi? sourit Arthur
- Je suis une fille crétin.
- Et alors?
- Et alors Lili n’est pas de se bord crois moi!
- Et d’abord qu’est-ce que ça peut te faire qu’elle soit vierge ou non?
- Rien, je me posais juste la question.
- Ouai
- Ouai
De nouveau, un silence de plomb s’installa dans le petit chalet. Arthur rota, faisant éclater ce moment de tension. Ils se mirent à glousser bêtement, oubliant le sujet de leur discussion. Cela aurait dut s’arrêter là, mais voilà, ce ne fut pas le cas.
Le sujet travailla les garçons le reste de la soirée et alors que les coups de minuit résonnaient, ils se regardèrent avec la même idée en tête. Ils découvriraient le fin mot de l’histoire.
Noah soupira en se prenant la tête entre ses mains. Dieu qu’ils avaient été stupides. Lui, plus encore qu’Arthur. Quand ce dernier était venu le voir en mars pour lui dire qu’il avait embrassé Lili, il avait vrillé. Cela au sens propre comme au sens figuré. Il s’était mis à boire plus qu’à l’accoutumé. Il sortait dès qu’il le pouvait et ce avec n’importe qui. Mais surtout, il avait tout fait pour écarter la rousse de sa vie.
Après plusieurs secondes à regarder les vagues venant s’écraser sur le sable fin, Noah soupira et se releva. Il ramassa sa planche et remonta en direction de la cabane du vieux Joe. Perché du sommet de la plage, ce dernier avait dut tout voir de la scène. Il fallait dire que ce n’était pas la période la plus touristique de l’année. Il ne fit aucun commentaire quand le jeune homme lui tendit sa planche avec un sourire peiné.
- Reviens demain Shepperd, dit-il simplement au moment où le garçon partit en direction du parking.
Noah leva la main en signe d’assentiment, il ouvrit son coffre et entreprit de se changer laborieusement. Son esprit revoyait encore le regard de la rouquine au lieu de l’aider à se concentrer sur le fait de maintenir sa serviette autour de sa taille. Il finit les fesses à l’air et grogna en s’empressant d’enfiler un boxer puis son jean. Il jura et grimpa derrière le volant avant de démarrer en trombe. C’étaient des conneries tout ça. Jamais il n’aurait dû remettre les pieds dans ce trou perdu.
Une fois chez lui, il rentra en claquant la porte et monta dans sa chambre sans prendre le temps de saluer qui que ce soit. Il entendit vaguement son père marmonnait un “ça recommence” avant que sa porte ne se referme.
Rien ne recommençait du tout et rien ne recommencerait jamais. Lili était du passé. Il avait pris tout ce qu’ils avaient vécu ensemble et avait pris soin de les jeter au fond d’une boîte qu’il était allé enterrer dans la forêt avant de quitter ce trou à rat. Ce qu’il s’empresserait de faire une nouvelle fois après les fêtes de fin d’année. Dans un mois et demi il serait loin de tout ça. Dans un mois et demi, il reprendrait sa vie en main. Malheureusement, il pouvait se passer bien des choses pendant ce lapse de temps. il lui faudrait être vigilant et ne plus recroiser ni la rouquine ni ses anciens amis.
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