Prologue
"Yeonji, je... Je n'ai même pas de quoi te payer un cadeau pour tes quarante-cinq ans la semaine prochaine."
Yeonji fronça les sourcils et attrapa le visage aux traits fatigués et de plus en plus vieillis de son mari.
"Je me fiche de mon anniversaire. Nous allons vendre la maison s'il le faut. Mais nous paierons la taxe.
-Mais... Et s'il était... Enfin-"
Là, la femme se releva, furieuse.
"Est-ce que tu es en train de me demander d'abandonner notre fils ?
-Chérie, je t'en prie, écoute-moi. Ca fait treize ans maintenant. Qu'est-ce qu'on devrait faire, hein ? Tu veux qu'on paie encore cette taxe mensuelle ? Celle qui nous plonge dans la pauvreté depuis toutes ces années ? Pour rechercher notre enfant, certes, mais notre enfant probablement mort !" Cria-t-il.
Silence. Larmes. Poings serrés.
Le tiraillement entre lui donner raison ou lui hurler dessus ; c'était le dilemme de Yeonji après ce que son mari, Hanbul, venait de lui envoyer à la face.
Alors elle recula d'un pas, comme si un mur s'était formé entre elle et lui, soudainement.
"Yeonji...
-Il en est hors de question, tu m'entends ?! Il est hors de question d'arrêter de payer la taxe."
Ils se disputèrent encore de longues minutes. L'un comme l'autre avait tort. L'un comme l'autre avait raison.
La taxe, comme beaucoup la nommaient, était celle requise pour que l'armée continue les recherches pour son proche, son ami, ou toute personne portée disparue le jour de la création de la ville. Si cette taxe n'était pas payée, alors l'armée jetait le dossier de la personne que le payant avait demandé de rechercher. Elle a été créée il y a treize ans. Elle était adaptée à chaque salaire, mais horriblement élevée.
"Comment est-ce que tu veux qu'on continue à la payer ?! Elle bouffe littéralement nos deux salaires ! Nous gâchons notre vie !
-Je n'abandonnerai pas mon fils !" Cria-t-elle, en larmes.
L'homme secoua la tête, consterné.
"Ça fait treize ans qu'il est enfermé là-bas ! Ils ont retrouvé le corps de-
-Ne le dis pas. Ne le dis pas. Souffla-t-elle, effarée.
-Si, je vais le dire. Tu as besoin de revenir à la réalité, Yeonji. Notre fille est morte ce jour-là, pourquoi pas son petit frère ? Où as-tu la tête ?! Il faut que tu ouvres les yeux, on ne peut pas continuer à débourser cette somme !
-Si Taehyung était mort, ils auraient aussi retrouvé son corps !!" Hurla-t-elle cette fois, renversant un vase dans ses mouvements agités.
Ce dernier, comme un écho à sa voix cassée, se brisa en mille morceaux aux pieds des deux adultes.
Yeonji se tourna, fit deux pas, et s'arrêta, les yeux clos, une main sur les lèvres pour étouffer ses sanglots.
L'homme, à bout de force, de travail, d'épuisement, s'écroula sur une chaise, la tête dans les mains.
"Je suis désolé. Je ne sais juste plus ce que je dois faire. Je ne sais plus." Murmura-t-il.
Kim Yeonji et Kim Hanbul avaient perdu leurs deux enfants, il y a de ça treize années entières. Taehyung, leur fils, affaire de disparition classée sans suite -jusqu'à ce qu'ils paient la taxe-, et Haeri, leur fille, dont l'armée avait confirmé la mort ; son corps avait été retrouvé sous des ruines d'un bâtiment, détruit par le feu. Car ce jour-là, la Corée du Sud entière s'était mobilisée pour attaquer la ville nouvellement créée. Personne ne savait comment il était possible que malgré les centaines et centaines d'attaques de l'armée coréenne presque toute entière, la ville était restée intacte.
Mais voilà encore plus étrange ; à chaque tentative de l'armée, seuls les vivants revenaient, en piteux état. Mais les morts n'étaient jamais retrouvés. Seulement des centaines de milliers d'hommes disparus, qu'on considérait comme morts.
C'était le plus grand mystère du pays jusqu'à ce jour. Chaque année, ils tentaient des attaques plus grandes, mieux travaillées, avec des soldats entraînés durement, tout ceci payé par la taxe demandée aux familles des disparus qui souhaitaient que l'on cherche encore et toujours leurs proches. Mais ça ne donnait rien. Personne n'avait été retrouvé. Jamais. Pas une personne disparue, ni un cadavre de soldat.
Ou si, à une exception près ; il y a de ça sept ans, une légende était née.
Celle d'un homme, qui avait réussi à s'échapper de la ville. Un homme jeune, autour des vingt-cinq ans. Il avait réussi à se faufiler jusqu'aux portes de Séoul, un jour où l'armée était distraite, il n'avait donc pas été recueilli et soigné par cette dernière. La rumeur, qui a rapidement tourné dans tout le pays, dit que :
"L'homme est venu jusqu'aux portes de Séoul, qu'il a hurlé des mots incompréhensibles. Et seuls deux personnes ont pu l'entendre, deux jeunes filles, de qui on tient cette rumeur. La phrase aurait été, selon les dires des étudiantes :
" Il y a quelqu'un ?! Vous, écoutez-moi ! P-Pitié ! Ce sont... Ce sont des... Des v-"
Et il aurait été abattu par l'armée elle-même avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Les soldats qui l'avaient tué auraient ensuite questionné les jeunes filles, pour savoir si elles avaient entendu ou vu quoi que ce soit. On dit qu'elles ont menti, et ont pu s'en aller. Mais elles ont tout raconté, et les gens y croyaient si peu qu'on en parlait comme d'une légende.
C'était vrai, après tout pourquoi l'armée elle-même aurait tué la seule personne capable de donner des informations ? Ça n'avait aucun sens, n'est-ce pas ?
... N'est-ce pas ?
La vie, après le jour de l'invasion de la ville qui était maintenant lourdement barrée par des frontières, était devenue difficile pour tous. Entre la taxe à payer pour beaucoup de familles qui souhaitaient revoir leurs proches, la crainte d'un jour savoir ce qu'il y avait vraiment au sein de cette maudite ville et la pression de voir l'armée omniprésente partout dans les rues coréennes, le peuple souffrait.
Les sujets de conversation n'étaient qu'à ce propos, les informations à la télévision et à la radio ne parlaient plus que de ça depuis treize ans, chaque jour on entendait le nom de la ville au moins une fois.
Atlantide. Un nom bien arrogant, sorti tout droit du mythe.
Personne ne savait. Personne ne comprenait. Cette ville prise d'assaut, il y a treize ans, c'était Busan. Mais plus personne ne l'appelait comme ça. On l'appelait seulement l'ancienne Busan, ou l'Atlantide.
La nouvelle s'était évidemment mondialement répandue. Partout dans le monde, femmes et hommes se questionnaient. Chaque jour, on espérait avoir une nouvelle information, quelque chose de croustillant pour celles et ceux pour qui tout ceci s'apparentait à un drôle de jeu, une nouveauté dans cette vie monotone, et pour les autres...
Une lueur d'espoir. Quelque chose à quoi se tenir pour espérer l'anéantissement de ces murs.
Ce qui était tout-à-fait étrange, la plus grande question qui régnait dans les esprits de chacun, c'était la manière dont cette ville avait été créée. Car oui, la ville était en fait entourée de murs. Pas d'hélicoptères, d'avions ou de drones ; ils se faisaient tous anéantir mystérieusement à chaque fois qu'ils tentaient de survoler l'endroit.
Ainsi, les années s'étaient écoulées. Avec quelques tentatives de l'armée, une petite dizaine de fois par an. Mais ces mêmes tentatives diminuaient au fil des années car aucune d'entre elles n'avait été un succès. Les pertes humaines dans l'armée de terre ou l'armée de l'air augmentaient considérablement à chaque attaque. La marine s'était jointe également, en vain. Les autres pays, effrayés par le nombre de morts à chaque opération, n'avaient pas souhaité aider le pays.
Bien entendu, il y avait eu la mise en place de très grosses opérations. La Corée avait été aidée de quelques pays les premiers mois seulement, mais la conclusion suivante avait vite été affirmée : il faudrait des centaines de milliers de soldats en même temps pour tout anéantir. Et encore, on ne savait même pas si c'était possible, même avec ce nombre d'hommes.
Partout dans les villes de Corée, les murs étaient tagués par les jeunes, les murmures affluaient, les chuchotements, les regards, les pensées, tous et toutes avaient les mêmes questions qui tournaient en boucle, sur des affiches, sur les réseaux sociaux, partout où l'on dirigeait les yeux :
Qui sont-ils ?
Comment ont-ils fait pour créer des frontières ?
Qu'est-ce que cachent ces murs ?
Mais surtout...
Pourquoi ?
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Bonsoir les amis ! ^-^
Voilà le prologue de Vermilion ! J'espère que ça vous met un peu l'eau à la bouche, je vous remercie pour l'accueil que j'ai reçu sur les réseaux sociaux et ici rien que pour le message de l'auteur ! ♥
Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir cette aventure par la suite ! Le premier chapitre sera posté demain soir à 21h !
Au niveau des publications : pour commencer je vais essayer de poster un chapitre par semaine, et tenir un maximum de temps de cette manière. On verra par la suite ! Les chapitres seront postés tous les vendredis soirs à 20h ! ♥
Une très bonne soirée à vous, en espérant sincèrement que vous allez apprécier cette histoire qui vous réserve de nombreuses surprises... Accrochez-vous bien ;) A demain ! Je vous aime de tout mon coeur ♥♥♥
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