Bonsoir les amis!! 

Je suis de retour, et avec le sourire !! ^-^

J'espère sincèrement que ce chapitre (mouvementé ;3) vous plaira!!

Bonne lecture à tous et à toutes !! ~ ♥

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"Non. J'en ai marre qu'on ne me dise rien Jungkook. J'ai besoin de réponses !"

Je gardai la tête bien baissée, les épaules voûtées. Cela faisait bien une vingtaine de minutes que nous étions rentrés. Nayung ne cessait de hausser le ton sur Jungkook, qui répondait à peine. A la place, il envoyait de nombreux regards vers son père, debout non loin de moi, les bras croisés, comme s'il était aussi surpris que son fils de ce qui venait d'arriver.

"Nayung, ça suffit." Intervint le plus vieux de la pièce.

Je me raidis en entendant sa voix. J'avais la sensation d'avoir fait une horrible bêtise. Je savais bien que ce n'était pas entièrement de ma faute, mais je n'avais ni le droit de parler, ni de me défendre. Et je n'oserais clairement pas le faire. Encore moins si c'était pour rejeter la faute sur la jeune femme ; j'avais conscience qu'elle ne pensait pas à mal. Je ne voulais en aucun cas la blâmer.

En réalité, ce n'était ni de sa faute, ni de la mienne.

Mais monsieur Jeon ne semblait pas du même avis.

"Il faut le punir. Il faut qu'il apprenne."

Nayung écarquilla les yeux. Jungkook me lança un vif coup d'oeil, et je sus qu'il était surpris lui aussi, quand bien même son visage restait toujours aussi fermé.

Quant à moi, mon coeur s'était vivement emballé.

Madame m'avait déjà puni un bon nombre de fois. Mais je ne savais pas si son ex-mari avait les mêmes méthodes de punition.

Aller à la cave, les livres confisqués, pas de visite de Jimin...

Je repensais à une punition en particulier, et reculai d'un pas, effrayé rien qu'à cette idée.

Mais, brusquement, une main attrapa ma nuque et la pressa. Je criai de douleur et me mis à gesticuler dans tous les sens, tentant d'attraper la main ferme de monsieur Jeon, qui ne m'accordait même pas un regard.

"Vous lui faites mal ! S'exclama Nayung, en sanglots.

-Je vais le mordre. Sortez de la pièce."

Mes yeux se rouvrirent brusquement.

Mon coeur, cette fois, avait cessé de battre. Etrangement, mes yeux s'étaient ancrés dans ceux de Jungkook, qui avait les dents serrées.

"Pitié, n-non..." Le suppliai-je, comme s'il avait le pouvoir de changer la donne.

Monsieur Jeon m'approcha de son visage, et je vis ses crocs se dévoiler sous ses lèvres.

Alors je me mis à hurler, sous la surprise des trois vampires. Je hurlai et me débattis comme si ma vie était menacée. Je donnai même des coups involontaires au plus vieux, qui ne bougeait pas d'un pouce, probablement sous le choc de mes cris.

Je me tordis même en arrière, repoussant le corps du père de Jungkook comme je le pouvais, mais c'était peine perdue. Il était bien plus fort que moi.

"Pitié ne faites pas ça..." Sanglota Nayung, à la fois médusée et paniquée de ma réaction.

Je criai, me contorsionnai dans tous les sens, les yeux fous. Seule la peur me guidait.

Mais, soudain, une main se posa sur mes yeux. Je me figeai lorsque le noir m'envahit. On me bloquait la vue pour me calmer. Je cessai de crier en sentant la main dure autour de ma nuque se faire enlever.

"Père. Ça ne sert à rien." Entendis-je, tout près de moi, d'une voix calme.

Un autre parfum que celui de monsieur Jeon s'infiltra dans mes narines, et tout mon corps se détendit dans l'instant.

"Tu oses me contredire ?! Il doit apprendre à obéir, à nous respecter.

-Ca ne sert à rien de faire ça." Répéta Jungkook.

Sa main contre mes yeux fermés était douce. Je le sentais juste derrière moi, tout près. Son souffle s'échouait sur ma nuque meurtrie par les doigts de son père.

"Nous n-nous sommes perdus, ça arrive à t-tout le monde." Tenta alors Nayung à son tour, sur le point de pleurer.

Il y eut un silence pesant. Les secondes s'écoulaient, mais je m'en fichais à présent. Je me sentais en sécurité. Je ne m'étais jamais senti aussi bien depuis...

"Bien. Si vous souhaitez le traiter comme un égal, n'oubliez jamais qu'il causera notre perte. N'oubliez jamais que le simple fait qu'il respire nous met tous en danger."

...Depuis ma naissance, je crois.

Des pas se firent entendre, et je sus que le plus vieux avait quitté la pièce. J'entendais la respiration courte de Nayung, et la mienne.

Je n'avais même pas le coeur et l'énergie à réfléchir à ce qu'il venait de dire. Mon existence mettrait en danger des vampires ? Ca n'avait aucun sens pour moi. Aucune logique.

Je sentais, même sans le voir, que le couple se regardait. Je pouvais ressentir l'étrange tension dans l'air. Cela m'échappait car je n'avais pas assez d'informations pour comprendre les choses, mais je pouvais déduire que Nayung avait compris quelque chose. Dans l'instant qui suivit la réflexion que je venais de me faire, la jeune femme avait quitté la pièce à son tour.

La main autour de mes yeux resta encore un instant, et je savourai chaque seconde jusqu'à ce qu'elle ne s'en aille.

Lentement, je rouvris les yeux, et me tournai immédiatement.

Jungkook était juste devant moi.

Mes pupilles chamboulées et curieuses remontèrent dans les siennes, et je découvris des yeux d'un rouge parfait. Ils n'étaient pas brillants. Ils étaient seulement d'un intense vermillon. C'était la couleur qui les définissait. Elle était belle, et se mariait merveilleusement bien avec sa peau pâle.

Pourquoi est-ce qu'il semblait apaisé, lui aussi ? Ou est-ce que je me faisais des idées ? Avant qu'il n'entre en contact avec moi, lorsque son père avait annoncé vouloir me punir, il avait plutôt un air surpris. Il n'était pas aussi calme qu'il en avait l'air en ce moment précis.

Je déglutis en me rendant compte qu'il m'observait également.

Et puis, de cette manière, il tourna les talons, attrapa sa veste posée sur la table, et disparut à l'étage, là où venait de s'échapper Nayung.

Une fois seul, je me laissai aller contre un mur, le dos collé à ce dernier, la tête posée contre, sans m'asseoir. Je fixai un point vide devant moi.

Tout était allé si vite. Cette soirée. Cette altercation. J'arrivais à peine à réaliser ce qui venait de se passer, ce à quoi j'avais échappé. D'abord à la mort, puis à une morsure.

Je clos violemment les yeux à cette idée, mon ventre s'en était retourné d'angoisse.

Madame me manquait.

On réalise ce que l'on perd seulement lorsqu'on l'a perdu. J'ai lu ça, une fois. Je me demandais ce que ça signifiait, puisque je n'avais jamais rien perdu. En tout cas pas consciemment.

Maintenant je le savais.

Madame ne m'avait jamais offert une vie aussi agréable que celle de Jimin. Ni aussi agréable qu'un personnage de roman. Mais je savais à présent qu'il était possible de vivre pire encore. Madame ne me haïssait pas, maintenant je pouvais le comprendre. Elle ne m'avait jamais détesté.

Monsieur Jeon, lui, au-delà même de me haïr, méprisait mon existence.

Je me demandais soudainement pourquoi personne ne me tuait.

Finalement, ne serait-ce pas la solution à tous leurs problèmes ?

**

Ce matin, ce sont des échos d'une voix féminine qui m'ont réveillé.

Je grimaçai et me frottai les yeux des deux poings, avant de m'étirer, de me redresser et d'enfiler mes chaussettes.

Est-ce que c'était Nayung qui parlait aussi fort ?

J'ouvris doucement la porte de ma chambre et, sur la pointe des pieds, me dirigeai vers la barre d'escaliers. Je restai à cet endroit, plus ou moins caché, et écoutai comme je le pus ces exclamations colériques.

"Tu n'as donc pas jugé bon de me le dire plus tôt ?!" Cria-t-elle.

Je ne l'avais jamais entendue en colère, du peu que je la connaissais. J'entendis Jungkook parler mais je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il disait. Il parlait trop bas. Comme d'habitude.

"Et moi dans tout ça ? Je me suis mariée avec un vampire déjà-

-Tais-toi." Éleva la voix de Jungkook.

Il n'y eut soudainement plus de bruit, et mon coeur s'emballa en comprenant.

Ils me sentaient.

Je pris une grande inspiration, tournai les talons et courus m'enfermer dans ma chambre. Je claquai la porte et fermai le verrou, avant de poser une main sur mes lèvres.

Je n'étais qu'un imbécile.

Mais bon sang, j'aurais tant aimé qu'elle termine sa phrase. Pourquoi étaient-ils en train de se disputer ?

Frustré, je me pris la tête dans les mains, avant d'attraper mes cheveux entre mes doigts fermes.

Une nouvelle journée en Enfer.

Je lançai un coup d'oeil au planning que monsieur Jeon m'avait fait. Je devais m'occuper du grand jardin aujourd'hui. L'heure tournait et je m'étais réveillé tard, il était déjà dix heures et j'avais jusque midi pour le faire. Il fallait que je m'active.

Fort heureusement, il y avait une salle de bain à l'étage. Je fis ma toilette en me dépêchant un peu, tout en appréciant le luxe de l'endroit. La salle d'eau était vraiment jolie. Tout était dans les tons bleus foncés, qui se confondait parfois avec du noir. C'était très agréable de s'y laver.

J'enfilai aujourd'hui un pantalon très serré, et un t-shirt à manches longues. C'était très doux. J'aimais beaucoup la manière dont ça épousait mon corps. A vrai dire, après la tunique horrible que j'avais dû porter pendant des années, n'importe quel nouveau vêtement me comblait.

Je séchai mes cheveux et me coiffai correctement, avant de sortir, de ranger mon pyjama dans ma chambre, et de descendre. Il n'y avait plus personne.

Dans la cuisine, je trouvai du pain sur un plateau. Je cachai ma déception et croquai dans un des deux morceaux, mais me figeai lorsque le goût arriva.

Quel était ce... Cette délicieuse sensation ?

"Du nutella." Fit une voix.

Je me tournai vivement vers Nayung, et me courbai bas.

"Bonjour madame Nayung. Dis-je rapidement, surpris de la voir maintenant.

-Bonjour." Fit-elle.

Oh.

Quelque chose avait changé.

Je me redressai doucement, et observai la jeune femme attraper dans le réfrigérateur une poche de sang. Elle m'ignora et la but au-dessus de l'évier, avant de la jeter, d'en attraper une autre et de sortir de la cuisine, comme si je n'existais pas.

Je déglutis, blessé et inquiet, avant de finir mon petit-déjeuner et de sortir à mon tour.

Je me dirigeai vers le jardin, et poussai la porte vitrée. Je posai un pied, puis un autre, sur la pelouse parfaite, et constatai les nombreuses feuilles mortes, ainsi que les arbustes et les plantes non entretenues. Je connaissais bien le jardinage grâce à madame. Restaurer tout ça allait être pour moi très simple, mais assez long.

Je jetai un oeil à l'horloge du salon, avant d'entrer définitivement dans le jardin.

En regardant autour de moi, je découvris une petite cabane, et c'est là-bas que je pus récupérer des gants, et tout le matériel nécessaire pour nettoyer et restaurer l'endroit.

J'avais un peu froid, mais c'était supportable. En réalité, faire du jardinage était comme une pause pour moi. Une pause où je n'écoutais que le bruit du vent, des feuilles et des oiseaux chanter. Pas d'ordre, de pression, de regards appuyés.

Je crois bien que ça m'avait pris une heure et demi à tout faire. Malheureusement, avec le temps imparti, je n'avais pas eu l'occasion de me détendre réellement. Mais c'était suffisant pour me faire du bien. J'avais repensé à ce qui s'était passé hier soir, et beaucoup de questions m'avaient envahi l'esprit.

Pourquoi Nayung n'a pas pu me retrouver quand elle a compris que j'étais perdu alors que Jungkook a pu me retrouver depuis la maison ?

Etrangement, la réponse m'échappait. Je réfléchissais à ce que j'avais lu dans les livres sur les vampires. J'avais beaucoup d'informations sur eux. Mais la seule chose que je savais des humains et des vampires c'est que les vampires s'en servaient comme nourriture et objets sexuels. Rien de plus.

D'un autre côté, comprendre me faisait peur. Avec toutes les allusions que faisaient Jungkook et son père depuis que j'étais arrivé ici, avec le comportement de Nayung depuis qu'elle semblait avoir appris quelque chose ce matin, la vérité avait tout l'air d'être inquiétante.

J'avais la sensation, de plus en plus, d'être important pour quelque chose.

Mais quoi ?

"Taehyung."

Mon dos souffra d'un frisson dévastateur à l'entente de la voix ferme de Jungkook. Je m'étais raidi et ma respiration s'était coupée contre ma volonté.

Lorsque je me tournai, j'aperçus les yeux noirs du vampire sur moi. Je me courbai, réalisant par ailleurs qu'avec Jungkook, je me courbai bien plus bas qu'avec Nayung.

"Bonjour. Soufflai-je, angoissé et gêné.

-Il y a une réception ce soir chez un ami de mon père. Tu es également invité. On part à vingt heures."

Je clignai plusieurs fois des yeux, incrédule.

"Moi ? In-invité ? Mais pourquoi ?"

Il me sondait. Je haïssais ça, quand ses yeux ne me lâchaient pas. Ca m'oppressait bien plus que ça ne devrait, et j'en avais conscience. Je me sentais à la fois... Comme enfermé, mais librement. C'était ridiculement paradoxal.

"S'ils te posent des questions sur la nature de notre relation, tu diras que je t'ai déjà mordu. Qu'on ne se lâche plus l'un l'autre. A tout le monde, tu répéteras la même chose.

-Mordu... ?"

Son regard se durcit, comme pour me faire comprendre qu'il était très sérieux.

"D'accord m-monsieur Jungkook.

-Tu diras que rien de spécial ne s'est passé après la morsure."

Il approcha d'un pas.

"Que tu as d'ailleurs détesté ça. Que tu te sens souffrant quand je te mords."

Puis d'un autre.

"Et tu acquiesceras à tout ce que je vais leur dire. Est-ce que je suis clair ?"

Il me surplombait, probablement dans le but d'appuyer ses propos. Je baissai la tête, et la hochai sans regarder autre chose que le sol.

"Ca m'étonnerait que tout le monde y croit dès ce soir, mais si c'est le cas, tu pourrais très vite retourner chez ma mère. Et toi et moi, on ne se verra plus jamais."

Je relevai vivement la tête vers la sienne. Il était proche de moi. Mais je m'en fichais. Cette dernière phrase m'avait... Surpris.

"Jamais ?" Répétai-je dans un souffle.

Il fronça les sourcils face à mon insistance, mais avant qu'il n'ait répondu quoi que ce soit, Nayung entra dans la pièce. Elle se figea face à notre proximité, nous observant l'un et l'autre, et j'avais l'impression qu'elle était blessée.

Je voulus dire quelque chose, mais elle tourna vivement les talons et s'en alla, une main sur les lèvres.

Jungkook m'accorda un dernier regard, puis disparut à son tour.

Il se passait définitivement quelque chose que je ne comprenais pas. Nayung avait été mise au courant de quelque chose, oui, c'était certain à présent. Je pensais qu'elle allait être mon seul refuge, ici. Mais je me rendis bien vite compte que ce n'était pas le cas. Qu'est-ce que j'avais espéré ? En tant qu'humain, on ne peut rien attendre d'un vampire. Il privilégiera toujours sa nature. Mais elle m'avait semblé si différente... J'avais naïvement cru qu'elle ne se considérait pas comme supérieure à moi.

J'avais fait erreur.

La suprématie physique des vampires les aveuglait du reste, de toute humanité.

Car les vampires étaient des humains, après tout. Des humains avec des capacités supérieures.

J'ai lu une fois que, derrière les frontières, il en était de même pour les femmes et les hommes. Ici il n'y avait pas réellement de différence. Mais à l'extérieur, les hommes étaient physiquement plus forts que les femmes. Ils ont alors transformé cette suprématie physique en suprématie mentale.

Je ne savais plus le mot exact.

Sexisme ? Je crois que oui, je crois que ça s'appelait comme ça.

Je replaçai correctement mes cheveux et me dirigeai vers la cuisine pour nettoyer le matériel de jardinage, les pensées ailleurs. Je lavai chaque instrument machinalement, les yeux figés sur l'eau qui coulait, les gestes mécaniques.

Etait-ce ainsi que le monde avait décidé de se construire ?

Pourquoi est-ce que les plus forts écrasaient les plus faibles plutôt que de les protéger ?

Si j'avais été un vampire, j'aurais protégé chaque humain qui aurait croisé ma route.

**

Malheureusement, la dernière bouchée arriva, et je savourai une dernière fois, comme je le pus, ce chau... chausson... Comment est-ce que madame Nayung avait appelé ça, sur le petit mot qu'elle m'avait laissé ?

Un "chausson aux pommes", je crois. Je n'avais au début pas compris de quel chausson elle parlait. J'avais même regardé au sol, en me demandant ce que la pomme avait à faire là-dedans.

Mais j'avais vite compris que c'était une pâtisserie que je ne connaissais pas. J'avais voulu remercier la jeune femme, mais elle n'était pas à la maison. J'avais cru comprendre qu'elle était allée acheter une nouvelle robe pour la réception de ce soir.

Je jetai un oeil à l'horloge après avoir avalé ma dernière bouchée. Dix-neuf heures quarante-cinq. Je pris une petite inspiration, et, sans trop savoir pourquoi, étirai mes bras sur la table avant de poser le front sur l'un d'eux. Je clos les paupières un instant, épuisé.

"Taehyung, on va bientôt y aller.

-Oh !"

Je me redressai vivement, debout sur mes deux jambes à présent, et me courbai devant monsieur Jungkook.

"Pardon, je- J'étais-

-On part dans quinze minutes. Tu devrais te changer avec une des tenues que ma mère t'a payées, il y en a qui sont exprès pour ce type de réception.

-Heu... Je..."

Je relevai la tête vers lui. Il avait les bras croisés et l'épaule gauche appuyée sur l'encadrement de la porte. Son aura était écrasante. Il était si grand, si imposant, bon sang, j'aimerais tant lui ressembler.

Comment pouvait-on soumettre des humains quand on avait cette carrure ? C'était... C'était...

"Bien, monsieur Jungkook."

...Détestable.

A l'instant même où ce mot me vint à l'esprit, une drôle de sensation m'envahit. J'avais eu un frisson étrange, une drôle de boule au ventre. Mes bras étaient engourdis. Je ne comprenais pas.

"Tiens."

Je fronçai les sourcils lorsque j'aperçus le paquet que le noiraud me tendait. Je le pris à deux mains, sans croiser son regard probablement neutre.

Il n'attendit pas plus longtemps, et s'en alla vers le salon. Je fus étonné de le voir partir si vite.

Je restai figé un instant, car j'avais compris ce que c'était.

Oh, bon sang, était-ce réel ?

Je me retins de sauter de joie et courus me rassoir sur la chaise, là où j'étais plus tôt pour manger le chausson aux pommes. Je déchirai le paquet brusquement, et mon coeur s'emballa en découvrant l'ouvrage.

"La traite des vampires au XXème siècle"

Le livre était assez long, plus de quatre-cents pages. Mais j'étais infiniment heureux. Je serrai le bouquin contre moi, les lèvres pincées, le coeur emballé.

Il savait que j'avais déménagé. C'était mon ange gardien, j'en étais sûr. Je ne savais pas qui il était, mais je savais que je le rencontrerais un jour. Il était la raison pour laquelle je tenais le coup, la raison pour laquelle j'arrivais à affronter chaque journée.

Il m'avait enfermé dans la prison du savoir, certes, mais grâce à lui, je pouvais rêver.

J'aimerais tant avoir quelqu'un à qui parler de tout ça.

Je perdis mon sourire en me rappelant que Nayung ne m'appréciait plus, pour une raison qui m'échappait. Je crois qu'inconsciemment, j'avais projeté de lui en parler, de lui dire que grâce aux livres, je pouvais réfléchir, je pouvais me poser des questions, hypothétiser. Mais je me souvins qu'elle ne m'aimait plus, maintenant.

Il y avait pourtant bien quelqu'un avec qui j'allais un jour pouvoir discuter, n'est-ce pas ?

Les humains vivaient jusqu'à quatre-vingt ans en moyenne. J'avais vingt ans, seulement vingt ans ! Il y avait bien quelqu'un que j'allais rencontrer avant de mourir.

L'espoir me donna un sourire excité, et je m'empressai de nettoyer mon assiette et de la ranger avant de me précipiter dans ma chambre et de mettre mon livre sous mon oreiller.

J'avais hâte d'être ce soir pour le commencer.

**

Nayung me regarda de haut en bas, dans l'entrée de la maison.

"Viens là." Me fit-elle.

Sa voix froide me fit déglutir, mais je m'approchai tout de même. Elle ajusta mon col de chemise -je n'arrivais pas à croire que je portais une chemise-. Madame avait mis dans ma valise quelques tenues très classes de ce genre. Je n'en avais jamais porté avant. Les seules fois de ma vie où j'avais pu voir ce style de tenues, c'était sur des invités ou des amis de madame.

J'avais un pantalon à pinces noir, une chemise blanche, et un pull sans manches orangé. J'avais même mis mes nouvelles chaussures noires, qui étaient très jolies avec le reste. Je ne connaissais pas grand chose à la mode, mais madame avait mis chaque tenue dans un sac différent, pour ne pas que je mélange les vêtements entre eux.

"M-merci." Bégayai-je, surpris que la jeune mariée m'adresse la parole.

Elle ne répondit rien, et rejoignit Jungkook à l'extérieur, déjà installé dans la voiture à l'avant, côté passager.

"Tâche d'être obéissant." Me menaça presque le père du noiraud, qui me poussa légèrement pour me faire avancer.

Je hochai la tête et me précipitai à l'extérieur. Nayung s'était installée à l'arrière de la voiture. J'entrai à côté de la jeune femme, et m'attachai correctement avant de poser les mains sur mes cuisses.

Monsieur Jeon arriva ensuite derrière le volant, après avoir fermé la porte de la maison. Il démarra, et sans un mot de qui que ce soit, s'engagea sur la route.

Je me pinçai les lèvres. Le silence était pesant. Je n'avais pas beaucoup pensé à cette soirée dans la journée, car je ne réalisais pas réellement l'enjeu de cette dernière. De ce que j'avais compris ce serait juste un repas chez un ami de monsieur Jeon.

Alors pourquoi tout le monde était si... Silencieux ?

Je jetai un oeil à la petite glace, au centre en haut de la voiture. Je pouvais voir les yeux de Jungkook. Ils avaient un peu de maquillage noir. Madame en mettait à une époque, du maquillage. Mais ça faisait longtemps que je ne l'avais plus vue en porter.

Il était très beau. Comme Nayung et sa robe menthe. Ils formaient un couple magnifique, et c'était peu dire.

Je ne m'inquiétais pas trop pour cette réception parce que j'en avais déjà fait avec madame ; en général, je restai juste de côté toute la soirée, et parfois même on me laissait discuter en chuchotant avec l'autre humain de la maison.

Plongé dans le fil de mes pensées, je ne me rendis compte que trop tard que Jungkook me regardait également à travers le petit miroir. Je détournai violemment les yeux vers la fenêtre, profondément gêné de l'avoir ainsi dévisagé.

Le trajet se déroula dans la même ambiance calme, et pesante. Je ne sais combien de temps cela nous prit pour arriver chez les hôtes, mais je dirais une demi-heure. Monsieur Jeon se gara dans une grande allée, et je m'émerveillai devant ce jardin immense.

Et puis, petit-à-petit, je fronçai les sourcils.

Lorsque l'on s'arrêta, je remarquai des dizaines d'autres voitures, et en levant les yeux vers une grande bâtisse, je me figeai.

"Attendez, c'est... C'est q-quel genre de r-réception... ?" Osai-je, la panique me gagnant.

Jungkook et son père échangèrent un regard.

"Père, Nayung, sortez de la voiture. Je vais m'occuper de Taehyung seul." Articula Jungkook, la voix sombre.

Comme si une alarme se déclenchait dans ma tête, tout mon corps s'anima. Ils sortirent tous les trois de la voiture assez vite pour que je ne puisse pas avoir le temps de les suivre, et tandis que Nayung et monsieur Jeon s'éloignaient du véhicule, Jungkook y entrait à nouveau, juste à mes côtés.

Il verrouilla les portes, alors même que j'étais en état de pure sidération.

"Qu'est-ce q-qui se passe..." Bégayai-je, et je savais qu'il avait pu entendre le sanglot étranglé dans ma voix.

Le noiraud serra les dents et ne me répondit pas. Il me fixa un instant, les yeux étrangement incertains, le visage fermé.

Puis, sans ménagement, ses mains attrapèrent mes poignets. Je compris vite que j'étais en danger, même si je ne savais pas encore pourquoi, et me mis à crier et à me débattre.

"Putain Taehyung arrête de bouger." Grogna-t-il.

Je secouai la tête, les larmes roulant sur mes joues. Malgré sa force de vampire, j'arrivais à me débattre, et je me demandais si c'était parce qu'il ne mettait pas toute sa force dans sa prise.

"Non j-je vous en s-supplie, pas ça !" Hurlai-je, la peur me dévorant l'estomac.

Il se redressa un peu, posa un genou sur son siège pour me surplomber, et soudain, il pressa d'un coup sec mes poignets et je me tus tant la douleur m'avait envahie. Mon dos se fit coller contre la portière. Il était proche de moi. Horriblement proche. Je le fixai en suffoquant, les yeux écarquillés et mouillés.

"Le p-plan-

-Je ne vais pas boire ton sang."

Un semblant d'espoir naquit en moi, bien vite anéanti lorsqu'il reprit la parole.

"Mais je vais devoir te mordre."

A nouveau, je voulus me débattre, mais il lâcha un de mes poignets pour attraper ma mâchoire afin que mon visage reste en face du sien. Mon cou était ainsi dégagé et je n'avais plus l'occasion de me recroqueviller sur moi-même.

"P-pitié-

-Parmi les gens de cette soirée, certains vont t'examiner. Il y en a beaucoup qui sont venus juste pour ça. S'ils ne voient pas de morsure sur toi, ils vont comprendre. Le but du plan est que l'on agisse comme si je t'avais mordu, tu l'avais entendu chez ma mère. Alors cesse de bouger."

Mais je n'en avais que faire. J'estimais être un humain très docile, obéissant et je m'effaçais sans cesse de la vie des autres. Mais je refusais catégoriquement de me faire mordre. C'était ma limite.

"Bon."

Il maintint ma mâchoire plus fort encore, et je me crispai de terreur lorsque ses yeux changèrent de couleur.

"Si tu n'arrêtes pas de bouger je vais vraiment te faire mal."

Sa main était trempée de mes larmes. Je pleurai comme un enfant, non, pire ; comme un chiot. J'en avais vu un, une fois, au coin d'une rue. Il émettait des petits sons aigus, et il avait de grands yeux globuleux et brillants de larmes. J'avais la sensation d'être exactement ce petit chiot, perdu dans la nuit.

"Tout mais pas ç-ça, s'il vous plaît m-monsieur Jungkook..." Le suppliai-je.

Il clôt les paupières un instant, sans me lâcher, puis les rouvrit.

Ses yeux n'étaient plus rouges.

"Tu dois l'accueillir.

-Q-quoi ? Murmurai-je, la voix tremblante.

-La morsure. Accueille-là."

Il s'approcha davantage.

"Accueille-moi."

Je secouai la tête de droite à gauche, les lèvres pincées. Il me surplombait toujours, et j'avais tellement reculé que j'étais à présent quasiment allongé sous son corps puissant. Sa poigne sur ma mâchoire s'était adoucie, car dans cette position, je ne pouvais plus réellement me débattre.

"Je vais juste te mordre sur quelques millimètres. Ne te crispe pas." Souffla-t-il.

Je tremblai comme une feuille, alors même que son visage se glissait dans mon cou.

"Monsieur J-Jungkook... Non...

-Ne bouge pas."

Mes paupières recouvrirent mes yeux. Mon coeur battait à tout rompre. J'avais la sensation qu'il n'en avait pas envie non plus, qu'il aurait voulu éviter ça.

Je me raidis en sentant la pointe de ses dents contre ma peau.

"N-Non..."

Il ne perdit pas de temps et, lentement, ma chair se fit pénétrer par le bout de ses dents acérées, d'un petit coup sec.

Mon corps cessa de bouger.

La douleur me fit pleurer davantage, mais je ne criai pas. Il n'était vraiment pas allé profond, et il ne buvait pas mon sang ; chose qui avait été la plus douloureuse lorsque madame m'avait mordu quand j'étais jeune pour me punir. Sentir son sang se faire aspirer de ses veines, c'était la sensation la plus ignoble que l'on pouvait connaître.

Jungkook retira ses dents de ma peau, et je sentis un léger soupir de sa part, inaudible, mais qui avait heurté mon cou.

Lentement, il se redressa. J'étais immobile, sous le choc. Ma main vint tâter la plaie, là où déjà, quelques petites gouttes de sang tentaient de s'échapper. Mes lèvres tremblaient encore.

Lorsque je relevai les yeux, je rencontrai une sorte d'expression de tiraillement et de choc sur le visage du noiraud.

Il avait les mains crispées, et ne cessait de regarder ma gorge. Il ne la lâchait plus des yeux.

Ses pupilles jonglaient entre le noir et le rouge.

Oh, mon dieu.

Il était en train de lutter...

"Monsieur J-Jungkook... ?"

...De lutter pour ne pas me vider de mon sang.

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Une morsure légère, donc... ;) 

Ne vous en faites pas ; vous aurez des réponses à toutes les questions que, probablement, vous vous posez concernant la morsure et tous les autres aspects de l'histoire ! ^-^

J'espère sincèrement que ce chapitre vous a plu, j'ai beaucoup aimé l'écrire, il y a du croustillant qui arrive ! Quelques théories sur la morsure ? ;)

Je vous remercie pour les presque 40K de vues, c'est FOU !! Déjà plein de petits lecteurs ici aussi, j'espère que la suite vous plaira tout autant!! ♥

Je vous fais plein de bisous, bon week-end, prenez soin de vous, et tenez le coup malgré le confinement (ma région est concernée...), on espère qu'il ne durera pas trop longtemps... A vendredi prochain!!! (Noir arrive!!) ♥♥♥