Bonsoir les amis ! ^-^

Voici la suite de Vermilion ! J'adore ce chapitre, j'espère sincèrement qu'il vous plaira également ;)

Bonne lecture ~ ♥

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J'émergeai dans un cocon qui fut vite remplacé par l'épineuse réalité.

Hôtel. Jungkook. Colère. Guerre.

Ces quatre mots me recontextualisèrent avec violence. Je me redressai jusqu'à atteindre une position assise, puis regardai autour de moi.

"Jungkook... ?" Soufflai-je.

Je poussai la couverture. Mes pieds rencontrèrent le sol frais, et je découvris mes vêtements, encore au sol, mais ne les enfilai pas. Inquiet, j'arpentai la chambre, la pièce adjacente, et même le balcon, pour finalement entendre du bruit dans la salle de bain.

Jungkook...

Je retournai m'asseoir sur le lit et glissai mes mains sous mes cuisses en fixant la porte de la salle d'eau. Le vampire en sortit quelques minutes plus tard, seulement vêtu d'un jean et de ses chaussettes, le haut du corps complètement nu.

Il ancra ses yeux dans les miens et mon estomac se tordit lorsque je n'y vis que de la froideur.

Il se détacha de mon regard et marcha comme si je n'étais pas là. Je le vis saisir un t-shirt dans son sac ainsi qu'un pull. Il les enfila et mes yeux dérivèrent sur les marques plus ou moins cicatrisées de son corps, rapidement couvertes par les vêtements.

"Où- Où vas-tu ?"

Il renifla nonchalamment, puis reposa son sac dans un coin de la pièce. Il se dirigea vers la deuxième partie de la chambre et je le suivis, empressé d'obtenir une réponse. Cette seconde pièce était composée d'une table et de chaises, ainsi que d'un grand canapé, d'une télévision et de la baie vitrée qui donnait sur le balcon.

Le noiraud prit place sur une des chaises modernes pour enfiler ses chaussures. Je me positionnai dans l'encadrement de porte.

"Jungkook ? Murmurai-je d'une toute petite voix, car je ne voulais pas le mettre en colère ou le brusquer.

-Je vais commencer ce pour quoi nous sommes sortis."

Surpris, je laissai mes yeux curieux parcourir son visage incliné vers le bas tandis qu'il faisait ses lacets.

"C'est-à-dire... ?

-Trouver des vampires. Les rallier à notre cause."

Oh, bon sang.

"Je- Je viens avec toi ! Je dois juste me douch-

-Non."

Je cessai de m'affoler pour pivoter de nouveau vers lui. Il était maintenant debout, chaussures aux pieds, prêt à s'en aller. Ses yeux étaient absolument impénétrables.

"Tu restes ici.

-Quoi... ?"

Il me contourna pour se diriger vers son sac, qu'il empoigna après avoir vidé le contenu inutile comme des sous-vêtements propres ou des provisions.

"Si tu as faim, mange ça. J'achèterai de la nourriture en rentrant.

-Jungkook, s'il te plaît, attends... Attends..."

Il soupira, tourné vers l'entrée de la chambre d'hôtel. Je tremblai un peu de froid à cause de mon faible accoutrement. Quand il me sonda de nouveau, je crus me noyer sous ses yeux noirs d'autorité.

"On peut discuter... ? S'il te plaît, juste cinq minutes...

-Non. Je n'ai pas de temps à perdre."

Il s'approcha de la porte.

"Tu ne risques rien ici. Et charge ton téléphone, ça ne vaudra pas le Lien, mais c'est toujours un plus pour me prévenir.

-Jungkook !"

Il ne m'écouta pas.

Je courus jusqu'à lui et attrapai son bras. Il grogna et me regarda en jetant ses yeux par-dessus son épaule.

Ma joue fondit désespérément contre son dos.

"S'il te plaît ne f-fais pas ça..."

Il serra les dents.

"Je fais ça pour gagner la guerre à laquelle tu veux que je me batte.

-Ne te bats plus ! N'y allons pas, enfuyons-nous comme tu le voulais, a-allons dans une forêt, près d'un lac, dans une maison reculée... !"

Il clôt les paupières.

"Tae, c'est trop tard.

-Non ! Jin a dit qu'il n'y aurait pas de représailles !"

Sa main effleura la poignée.

"Tu t'en voudrais à vie, et tu le sais."

Je fermai les yeux à mon tour.

"Peu importe, tant que... Tant que tu restes avec moi.

-...Je reviens ce soir."

Il me fit le lâcher et ouvrit la porte. J'écarquillai les yeux.

"Je... Je m'enfuirai !" Criai-je.

Jungkook se figea, un pied dehors.

"Si tu t'en vas... Je m'enfuis !

-Je comptais fermer à clés.

-Il y a un balcon. Et m-même si tu comptes verrouiller la baie vitrée, je la briserais." Murmurai-je.

Il y eut un long silence.

Puis Jungkook claqua violemment la porte en revenant dans la chambre. Je reculai, apeuré, tandis qu'il fit trois grands pas vers moi.

Ses mains englobèrent mes joues et il colla violemment son front contre le mien.

"Qu'est-ce que tu veux, hein ?!"

Je fermai les yeux avec dureté, les mains tremblantes glissant sur ses poignets.

"J-Jungkook-

-Tu veux me rendre fou ? Tu veux que je devienne taré, Tae ?!"

Il me secoua.

"Parce que t'es sur la bonne voie, crois-moi. Je suis capable de foutre le monde en l'air pour toi, tu comprends ?! Je serais capable de tuer toutes les personnes qui vivent sur cette planète si ça me permettait de te garder en vie, je tuerais n'importe qui, n'importe quoi !" Hurla-t-il.

Deux larmes roulèrent sur mes joues. Nos nez s'effleurèrent. Ses mains sur mes pommettes me maintenaient avec force.

Et je crois que mon coeur n'avait jamais battu aussi fort.

"Et toi tout ce que tu fais c'est me rendre dingue ! Tu le fais exprès, hein ?! Tu sais à quel point tu peux me-

-Je t-t'aime."

Jungkook cessa de parler, son souffle frappa mon visage de lourdes secondes durant lesquelles je ne vis pas son expression, car je n'osais pas ouvrir les yeux.

Sa respiration restait saccadée, ses mains continuaient de s'accrocher à mon visage et son front se mêlait toujours au mien.

Mais, brusquement, il s'écroula sur moi.

Je le réceptionnai comme je le pus, surpris, tandis qu'il laissait son visage s'enfoncer dans mon cou et que ses mains accrochaient maintenant mes épaules. Je dus reculer un pied pour avoir un meilleur appui.

Mais, finalement, je décidai de me laisser glisser sur le sol, avec douceur.

Mes genoux entrèrent en contact avec le tapis, Jungkook se laissa entraîner, jusqu'à se retrouver allongé, sa tête enfouie dans mes cuisses, le reste de son corps étalé sur la moquette. Je tentai de lui faire relever le visage, attendri et peiné, mais il resta en position, ses mains encerclant mes poignets à l'aveugle.

Mais même s'il me tenait, je forçai doucement sur mes bras pour glisser mes doigts dans ses cheveux.

J'étais à genoux, sur le sol, avec le front du noiraud collé à une de mes cuisses nues.

Il ne fit aucun bruit. J'aurais pensé l'entendre pleurer, ou même renifler, mais rien. Il relâcha doucement mes poignets et laissa ses mains joncher sur le sol.

"Jungkook..." Murmurai-je.

Je laissai le bout de mes doigts frôler sa nuque blanche, exposée à mes yeux inquiets.

"Viens sur le lit, avec moi..." Lui demandai-je.

Je me redressai mais il accrocha ma taille, sans lever la tête.

"Viens..." Insistai-je, la voix basse.

Il laissa s'écouler quelques secondes, puis me libéra. Je me levai et lui tendis la main.

Son visage était...

Oh, mon Dieu.

"Jungkook... Viens, s'il te plaît..."

Il se releva sans mon aide. Je tirai les couvertures et m'y installai, lui laissant la place de me rejoindre.

Il fixa l'espace vide en poussant sur ses pieds, l'un après l'autre, pour que ses chaussures le quittent. Son expression fermée et pâle me fit déglutir.

Je voulais hurler. Il m'était insupportable de le voir ainsi.

Mais j'avais une solution.

Moi. Ma présence.

J'allais le guérir de la trahison de Jin, peu importait le nombre d'heures, de jours, de semaines que ça devait prendre.

Ses genoux glissèrent sur le matelas. Il ne retira pas ses vêtements. J'attrapai doucement son bras et le tirai vers moi. Il se laissa entraîner comme une poupée articulée, et cela me brisa davantage encore. Son regard ne reflétait rien d'autre qu'une sombre nuit de solitude.

Mais il n'était pas seul. Il ne l'était plus. Il fallait qu'il le comprenne, même si ce serait dur. Un jour, il comprendra.

Je soupirai discrètement quand son visage s'échoua sur mon torse.

Ce fut la première fois qu'il adopta une position pareille. Il remonta la couverture sur nous, jusqu'à recouvrir la moitié de son visage.

Sa joue était posée sur mon cœur.

J'attrapai sa main gauche et, de ma droite, caressai avec lenteur la peau de sa joue.

Il ferma les yeux. Je l'imitai.

Nous restâmes ainsi de longues minutes, peut-être une trentaine, mais je savais qu'il ne s'était pas rendormi. Moi non plus. C'était seulement un moment de calme après la première tempête.

Parce qu'il y en aura d'autres, peut-être pas provenant de sa colère, mais d'autres facteurs.

Ma main était figée dans ses cheveux depuis un moment. Mais de l'autre, j'avais toujours mes doigts liés aux siens.

"Jungkook..." Chuchotai-je.

Il remua. Je le regardai se relever doucement en prenant appui sur ses deux mains qu'il enfonça dans le matelas. Son visage magnifique me fit face. Il me surplombait.

Je tentai un timide sourire.

Mais je le perdis lorsqu'il se pencha, et m'embrassa.

Mes yeux se firent border par mes paupières et je soupirai dans le baiser. Jungkook mordit ma lèvre inférieure avec douceur et je glissai mes mains sur sa nuque. Les siennes montèrent lentement pour se retrouver à la hauteur de mon visage. Elles attrapèrent l'oreiller sur lequel ma tête reposait.

Puis sa jambe gauche passa au-dessus des miennes.

Sa langue ne batailla pas avec la mienne puisque je le laissai tout le loisir de se réconforter à jouer avec moi. Il chatouilla mon palais, lécha mes lèvres, enroula ma propre langue, alla profondément, puis resta en surface, pour replonger plus intensément.

Mais je posai une main sur son torse avec douceur pour l'écarter de moi, sans trop l'éloigner.

"Est-ce qu'on peut... Discuter ?"

Il resta stoïque, les yeux figés sur mes lèvres, puis il soupira. Sans lassitude ou agacement, seulement un soupir de courage, je crois.

Il attrapa délicatement mes poignets et les épingla, toujours avec lenteur, des deux côtés de mon visage. Je rougis, un peu surpris et intimidé par ses yeux intenses.

Je connaissais ce regard, maintenant.

Mais je ne voulais pas qu'il noie sa peine dans un moment charnel. Ce serait temporaire. A la seconde même où l'on aurait fini, elle le regagnerait avec violence.

"Tu m'en veux ?" Fut la première chose qu'il me demanda.

Je secouai la tête.

"Non... Jamais."

On chuchotait presque, les souffles mêlés, les yeux perdus dans ceux de l'autre et parfois sur la bouche de l'autre. Ses doigts caressèrent le creux de mes deux poignets emprisonnés.

"Tu sais, je... Je comprends Namjoon." Murmurai-je.

Il continua de me fixer, attendant la suite.

"C'est étrange, mais malgré le traitement que Jin lui fait subir, du peu qu'on a vu de leur relation, je ne me suis pas un instant questionné sur pourquoi Namjoon n'essayait pas d'échapper à Jin ou ne lui montrait aucune résistance.

-Peut-être qu'il a peur de le faire.

-Je ne pense pas. Tu as vu son visage ? Namjoon a l'air de quelqu'un qui a vécu pire. Qui n'a plus rien à perdre."

Mes yeux se perdirent sur le plafond.

"Et pourtant il reste auprès de Jin. Je me sens horrible, mais j-je n'ai pu que le comprendre. J'aurais fait pareil, Jungkook, même si tu étais mauvais avec moi je n'aurais pas pu... Je...

-Shh."

Il embrassa promptement mes lèvres pour me couper.

Il retrouvait son comportement habituel. J'osai espérer que sa soudaine possessivité maladive d'hier ne revienne pas.

"Tae, si tu devenais un monstre sanguinaire qui tuait des innocents, je serais toujours à tes côtés." M'avoua-t-il soudain.

J'écarquillai les yeux.

"Mais-

-C'est pour ça que je ne te dirais jamais assez à quel point le Lien est dangereux. Je ne te parle que du Lien dans sa définition primitive."

Il s'approcha de moi.

"Tu es moi. Je suis toi." Murmura-t-il, son front contre le mien.

Je clos les paupières.

"Si tu décidais de tuer par plaisir, je resterais. Si tu tentais de me tuer, je te laisserais faire." Chuchota-t-il.

Je secouai la tête, le coeur battant à tout rompre.

"Tu n-ne peux pas dire une chose pareille.

-Et pourtant ce n'est que la vérité. Je te dissuaderais de faire tout ça, bien entendu. Je t'engueulerais, je passerais le restant de mes jours à te dire que ce que tu fais est mal, mais je ne partirais pas. Je continuerais de dormir avec toi, de coucher avec toi, de t'embrasser, de te câliner..." Continua-t-il, ses lèvres glissant sur la peau de ma joue, jusqu'à mon oreille.

Il libéra mes poignets quand je les tortillai pour attraper ses joues et le remettre face à moi.

"C'est pour ça que Namjoon reste avec Jin... ?

-Oui. Le Lien le rend dépendant.

-Mais j'ai l'impression que Jin... Qu'il n'aime pas Namjoon...

-J'ai peur qu'il se serve de lui." Murmura Jungkook.

Il se redressa suite à ses mots, et s'assit au bord du lit, les coudes sur ses cuisses, penché en avant. Je le rejoignis timidement, glissant à ses côtés, à genoux, une main sur son épaule.

Parler de Jin devait être compliqué, pour lui. Mais je crois qu'il savait aussi bien que moi que nous n'avions pas le temps pour nous morfondre. Pour autant, je me jurai de veiller à ce qu'il guérisse de cette trahison au plus vite, malgré notre mission.

A cette pensée, j'embrassai doucement sa nuque en me positionnant derrière lui. Il se laissa faire et je le sentis frissonner. J'enroulai mes bras autour de ses épaules et posai la joue entre ses omoplates.

"J'y ai pensé toute la nuit.

-Tu- Tu ne dormais pas ? M'étonnai-je.

-Pas une minute."

Je me pinçai les lèvres.

"Et je crois que j'ai deviné. Son aura, sa domination sur les autres -même Yoongi, bon sang-, son regard..." Souffla-t-il.

Ses muscles se tendirent.

"...Je crois qu'il utilise le Lien à mauvais escient.

-C'est-à-dire ?

-Il utilise Namjoon. Il le considère davantage pour son utilité que pour le fait qu'il soit lié à lui. Jin ne doit pas lui témoigner d'affection. La preuve du Lien dans sa forme uniquement dépendante : il boit son sang, ça s'arrête là."

Je me figeai.

Oh, mon Dieu, Namjoon...

"Namjoon semblait attaché. Renchéris-je immédiatement.

-Oui. Il m'a fait penser à toi."

Je rougis.

"Il ne voulait pas que Jin boive uniquement son sang, il s'est collé à lui, tu as vu ça ? Renchérit-il.

-Oui... Il quémandait un contact physique."

Jungkook hocha doucement la tête. Je gardai la mienne contre son dos, mais levai une main pour la glisser dans ses cheveux. Il se laissa faire, et je l'entendis expirer. Je souris doucement.

Il se retourna vers moi après quelques secondes. On s'observa un long moment. Je voulus dire quelque chose, mais il se pencha pour sceller nos fronts.

"Pardonne-moi, Tae, je... Hier, je ne me sentais pas comme d'habitude.

-Je ne t'en veux pas." Soufflai-je.

Mes mains glissèrent sur ses joues.

"Jungkook, oh mon Dieu, j'ai oublié !" M'exclamai-je soudain.

Il rouvrit les yeux, surpris, puis recula.

"Quoi ?

-Tes yeux !"

Il fronça les sourcils.

"Hier soir, t-tes yeux, tes yeux étaient blancs..."

Il mit du temps à comprendre.

"Tu es sûr de toi ?

-Oui ! Quand... Quand tu étais en colère, il y avait des veines partout, et tes yeux étaient tout blancs. Ca a été si rapide, mais c'était bien là, j'en suis sûr."

Son regard confus se perdit sur mes cuisses nues. Il y posa une main distraite, mais je voyais bien qu'il était plongé dans ses réflexions.

"Je n'avais jamais entendu parler de ça...

-Vraiment ? Murmurai-je, inquiet.

-Non. Mais ça explique bien des choses."

Il me regarda de nouveau.

"Je me sentais vraiment différent, hier. Avoua-t-il.

-Comment ?"

Il hésita.

"Jungkook, dis-moi, je veux savoir..."

Il se leva du lit. Je m'approchai du bord du matelas à quatre pattes, pour ensuite poser mes fesses sur mes talons. Il reste près de moi, mais debout. J'attrapai l'une de ses mains de peur qu'il ne s'éloigne.

"Tu ne préfères pas savoir, Taehyung."

Le fait qu'il emploie l'entièreté de mon nom me fit frémir d'inquiétude.

"Je veux savoir. On doit tout se dire. S'il te plaît, tu sais à quel p-point c'est bénéfique pour nous deux."

Il clôt de nouveau les paupières. Je restai stoïque, les pupilles figées sur son visage de profil, pendu à ses lèvres. Quand il baissa les yeux sur moi, sa main libre se posa sur ma joue.

"Tu as pensé à m-me faire du mal, ou-

-Non. Jamais." Répondit-il immédiatement.

Je fus secrètement soulagé, même si je n'avais pas douté.

"J'ai seulement... Je voulais..."

Il soupira. J'attendis patiemment. Ses yeux se noircirent.

"Je voulais te posséder. Entièrement."

Mon coeur s'emballa.

Entièrement ?

"Que veux-tu dire... ?

-Moi-même je ne le sais pas. Je me demande si c'est pas ce foutu Lien. Si tu savais comme je lutte..."

Je me poussai en arrière quand il se rassit sur le matelas, cette fois en me surplombant. Il me fit m'allonger sur le dos et ses mains s'écrasèrent de nouveau près de mon visage. Ses lèvres embrassèrent les miennes en surface, je soupirai de doux plaisir. Mais il se détacha assez vite.

"Pour quoi est-ce que tu luttes... ? Chuchotai-je.

-Pour ne pas être trop brusque avec toi."

Arrêt du coeur, cette fois.

"Le Lien me force chaque jour à t'enfermer et te garder comme un précieux trésor. J'ai sans cesse envie de t'enchaîner..." Grogna-t-il.

Ses dents glissèrent sur ma gorge.

"...T'enchaîner sur le lit, pour que tu ne puisses plus t'enfuir. J'ai envie de te serrer contre moi jusqu'à ce que tu t'étouffes. J'ai envie de boire ton sang jusqu'à ce qu'il ne te reste que le minimum pour survivre."

Sa voix n'était que torture interne.

"Et je m'en veux tellement... J'y pense sans cesse, parfois c'est sur le bout de mes doigts, j'ai envie de presser ta chair, j'ai des images horribles, Taehyung... Des images où je ne suis qu'un barbare, qu'une brute.

-Jungkook..."

J'ignorais tout cela. Mes yeux écarquillés fixaient le plafond, tandis qu'en se confiant, Jungkook continuait de survoler mon épiderme de ses canines.

Quand je posai mes mains sur ses bras, je sentis qu'il tremblait.

Oh, bon sang.

"Je suis triste." Murmurai-je seulement.

Il se redressa quelque peu.

"Pourquoi ? Souffla-t-il contre mes lèvres.

-Je pensais... Je pensais qu'en étant a-avec moi, tout le temps, tu serais enfin heureux. Je ne savais pas que t-tu souffrais encore."

Ses yeux s'adoucirent.

"Tu te trompes. Je ne souffre pas en ta présence."

Je le fixai avec espoir.

"Ne mens pas... Le suppliai-je.

-Je ne mens pas. Ce que je te raconte ce sont des envies, des désirs ancrés dans mes entrailles. Ca ne me fait pas souffrir, ça me rend juste dingue, parfois.

-Alors fais-le."

Silence.

"Taehyung." Me prévint-il immédiatement, la voix dure.

Je me pinçai les lèvres.

"Fais-le, fais-moi ce que le Lien te dit de faire, peut-être que ça déclencherait quelque chose, peut-être que c'est une étape à passer-

-Tais-toi. S'il te plaît."

Je vis une étincelle de folie éclairer son regard.

Mon estomac en fut tout retourné, et je me demandai pourquoi.

Pourquoi je n'avais pas peur.

"Fais-le. Même si ça fait mal. Je veux savoir, je veux comprendre.

-Tais-toi, ne m'incite pas, je ne pourrais pas... Je..."

Ses bras tremblèrent davantage. Les deux iris me perçaient d'un regard affreusement assombri, prêt à basculer dans le mal. Ou plutôt de ce qu'il considérait comme étant mal.

Moi, je ne pouvais m'empêcher d'être curieux.

Est-ce que la curiosité me tuera ?

"Si tu ressentais ça hier et que tes yeux sont devenus blancs, alors c'est peut-être une nouvelle étape.

-Et si on déclenchait cette forme-là et que je devenais un monstre ?" Murmura sa voix tremblante.

Je souris.

"Il y aura toujours mon Jungkook à l'intérieur."

Je l'embrassai. Il ferma les yeux et fronça les sourcils, comme si mon baiser lui faisait mal.

"Ne m'incite pas. J'ai peur de ne pas savoir m'arrêter.

-Le Lien ne nous mettrait jamais en danger l'un l'autre."

Il se figea après mes mots. Je savais que ce que j'avais dit était pertinent. Ses yeux clairement paniqués jonglèrent dans les miens.

"Est-ce que ça peut exploser, là, tout de suite ? Lui demandai-je tout bas.

-Ca peut exploser n'importe quand. Je le retiens depuis un moment, mais c'est comme si c'était au bord de mes lèvres. Je n'ai qu'à lâcher prise et je... Je te ferais des choses q-que...

-Jungkook."

Il me dévisagea, et je sus qu'il hésitait.

Mais, brusquement, il se redressa, me faisant sursauter.

"Non !"

Il se tourna et se prit la tête dans les mains, debout au milieu de la chambre.

Je me levai à mon tour.

"D'accord, excuse-moi. Soufflai-je.

-Je ne suis pas prêt." Laissa-t-il échapper.

Je hochai la tête lentement même s'il ne pouvait pas le voir.

"Ce n'est pas grave. Pardonne-moi, je ne voulais pas te forcer à quoi que ce soit...

-Tu ne m'as pas forcé. Mais tu m'as incité. Ne le fais plus.

-D'accord, pardon, Jungkook je suis désolé."

Il se crispa quand j'osai toucher son dos.

Tout ceci me fit réaliser à quel point il était compliqué de vivre lié à un autre.

Mais c'était si doux, aussi.

Je glissai mes bras autour de son ventre. Il attrapa mes mains à l'avant et les pressa. Je déposai mes lèvres sur son dos, au-dessus de son vêtement.

"Tu veux manger quelque part avec moi ?" Lui demandai-je.

Je le sentis se détendre quand il comprit que j'acceptais d'éviter le sujet pour l'instant.

Et cela me fit me questionner sur tout ce qui se passait, dans sa tête, que je ne savais pas encore.

**

"Je veux que ce soit toi qui choisisses." Souris-je.

Il fronça les sourcils.

"Quoi... ? M'inquiétai-je.

-Pourquoi tu ne veux pas choisir ? Il n'y a rien qui te plaît ? Tu veux changer de quartier pour-

-Jungkook."

Malgré les nombreux humains dans la rue, je pris discrètement sa main.

"Je veux juste que ce soit toi qui choisisses cette fois.

-Pourquoi ?" Demanda-t-il, confus.

J'arquai les sourcils à mon tour.

Est-ce qu'il pensait que ce qu'il voulait n'avait pas d'importance ?

Mon coeur se serra. Il avait vraiment l'air de ne pas comprendre pourquoi je voulais le laisser choisir.

"...Parce que je t'aime." Lâchai-je alors avec fermeté, pour que ça soit clair.

La surprise peignit son visage sans qu'il ne puisse la retenir. Fier de mon petit effet, je me remis à marcher en faisant mine de l'ignorer, mais le tirant à ma suite.

"Alors, où veux-tu aller ?"

Au bout de trente secondes de marche, je m'étais de nouveau tourné vers lui, et avais constaté avec tendresse que, pendant tout ce temps, il m'avait fixé de dos. Était-il encore chamboulé par mes mots ?

"...Là-bas." Fit-il en pointant l'entrée d'une devanture beige.

Je hochai la tête.

C'était un petit endroit chaleureux, qui sentait le chocolat chaud et les pâtisseries.

"Bonjour messieurs !

-Bonjour." Répondis-je, tout sourire.

Jungkook regarda les vitrines alléchantes qui renfermaient des-

Oh, mon Dieu.

"Vous avez des muffins... ? Murmurai-je.

-Bien sûr ! C'est la spécialité de la maison. Chocolat, coco, nature...

-C-Comment je suis censé choisir..."

Mon coeur tambourina dans ma poitrine.

Comment font les humains pour chaque jour avoir une préférence parmi tous ces choix ?

Jungkook me regarda.

"Prends-en un de chaque si tu-"

Il se coupa quand je le regardai vivement, les yeux illuminés. Je vis un mince sourire se former sur son visage.

"Un de chaque, s'il vous plaît. Demanda alors le vampire.

-Haha, très bien ! Et pour vous ?"

Je cessai de saliver sur mes biens pour apprécier la vue d'un Jungkook en pleine réflexion face à ce qui me semblait être des cookies.

Je m'approchai de lui.

"C'est quoi que tu voudrais le plus ? Souris-je doucement.

-Ton sang."

J'écarquillai les yeux.

"J-Jungkook enfin, haha..."

L'expression de la vendeuse se décomposa.

"Il p-plaisante." Bégayai-je, le visage crispé.

Jungkook ne désamorça pas ses mots le moins du monde, toujours concentré, comme s'il ne venait pas de dire devant tout le monde qu'il voulait boire ce qui me tenait en vie.

"Je vais prendre le cookie au chocolat blanc. Et mettez deux chocolats chaud."

Oh, oui.

La jeune fille eut du mal à nous servir, le regard confus sur sa collègue qui elle aussi avait tout entendu. Je ne pus m'empêcher de pouffer derrière l'épaule de Jungkook.

"Imbécile. Grognai-je.

-Oh, une insulte." Répondit-il.

Je me pinçai les lèvres.

"Tu n'auras pas mon sang pendant une semaine pour la peine. Chuchotai-je quand on marcha le long du café, le plateau de nos pâtisseries en main.

-A voir qui craquera en premier."

Je le fusillai du regard lorsqu'on s'installa.

Cette ambiance soudain déchargée et légère me fit du bien. A lui aussi, je pouvais le voir sur son visage et à ses épaules relâchées.

Juste une pause dans le sérieux de la situation.

"Je peux me montrer très têtu. Répondis-je, faussement confiant.

-J'ai remarqué." Susurra-t-il.

Sa voix rauque me fit perdre tout semblant de confiance en moi.

Il était bien trop fort.

"Jungkook, je voulais savoir..."

Il reposa son chocolat duquel il avait avalé une longue gorgée.

"Mmh ?

-... Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?"

Son expression redevint sérieuse et je m'en voulus, mais il fallait que je sache.

"Je vais me battre, Tae."

Je pris une inspiration.

"Tu es sûr ?

-Tu le voulais.

-Et si je ne le veux plus ?

-Je ne retire pas mes paroles de ce matin. C'était ta décision, c'est devenu la mienne."

Il était impératif. Il ne plaisantait pas.

"Si tu ne veux pas, alors tu feras de moi le vampire le plus chanceux du monde, je pourrais enfin t'enfermer quelque part jusqu'à ce que cette guerre se termine."

Je laissai échapper un léger rire, même si je savais que derrière l'humour résidait une part de son désir. Ses yeux noirs me le confirmèrent.

Bon sang, s'il le pouvait, il me protégerait vraiment.

"Je veux me battre à tes côtés. Soufflai-je.

-Tu n'en as pas besoin.

-Moi je crois que si."

Il serra les dents.

"Tu vas me gêner, Tae. Je vais sans cesse avoir peur qu'il t'arrive quelque chose, tu comprends ? Je ne vais rien faire d'autre que te surveiller.

-Alors je te promets de devenir encore plus fort que toi, pour que tu n'aies pas peur."

Il y eut un long silence après mes mots.

Et, contre toute attente, Jungkook sourit, ses yeux figés sur son cookie. Quand il les releva sur moi, j'eus un frisson.

Ce n'était pas du défi. Mais une sorte d'admiration, où est-ce que je rêvais ?

"Tae..."

Ma respiration mourut dans ma gorge.

"...Je peux te jurer que je ne demande rien de plus au monde."

J'entrouvris les lèvres.

"Vraiment... ?

-C'est pour ça que j'attends que tu le fasses."

Sa phrase me médusa sur place.

Je sus immédiatement de quoi il parlait.

"Jungkook...

-Je suis prêt. Je te l'ai déjà dit, pour ça, je suis prêt.

-Je ne veux pas te faire de mal."

Son pied frôla le mien et je tressaillis.

"Tu ne le feras pas.

-Mais et si je- et si, sans le vouloir, je te blessais-

-Tu m'aimes."

Un souffle surpris m'échappa après ses mots.

"Pas vrai ?" Demanda-t-il avec sérieux.

Je hochai la tête, hypnotisé par son regard.

"De tout mon être." Chuchotai-je.

Il serra les dents.

"Alors tu ne me feras pas de mal. C'est même impossible.

-Tu as encore peur ?

-Oui."

Je secouai la tête.

"Alors je ne le ferai pas.

-Les peurs doivent être surmontées.

-Pas quand tu es terrorisé, tu peux attendre d'être prêt.

-Je ne le serai jamais. Et le temps s'écoule. Tu vieillis.

-Jungkook je ne vieillis pas si vite.

-Peu m'importe. Tu vieillis quand même.

-Tu ne me perdras pas.

-En effet. Ca n'arrivera pas." Assura-t-il.

On se répondait du tac-au-tac, à voix basse, le regard vissé dans celui de l'autre.

"Parce que tu vas me mordre, devenir plus fort, me surpasser."

Je souris avec anxiété.

"Tu es borné. Murmurai-je.

-Tu ne me mordras qu'une fois si tu le souhaites, je m'en fiche. Je veux juste que ton horloge interne ralentisse et se rallie à la mienne."

Se rendait-il compte d'à quel point ses mots étaient touchants ? Il me disait cela comme s'il parlait de la pluie et du beau temps.

"J'ai envie de t'embrasser. Lâchai-je, envoûté par ses paroles et ses yeux noirs.

-Qu'est-ce qui t'en empêche ?

-Le... Le monde, autour...

-Vraiment ?"

Je rougis.

Faisait-il référence à...

"Tu es intense, en ce moment. Avouai-je, car j'avais du mal à suivre son comportement.

-Tu me rends intense."

Je pris une profonde inspiration.

"Jungkook, tu n'as pas répondu. Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?"

Il attrapa sa tasse entre ses mains. Je pus de nouveau respirer convenablement, car il avait enfin cessé de m'observer.

"Je crois connaître un refuge. Je ne sais pas s'il existe encore. Quand j'étais petit, ma mère m'en avait parlé et me l'avait montré. C'est près d'une forêt, assez loin d'ici.

-Un refuge... ?"

Il eut un regard plein de secrets.

"Un refuge de vampires."

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Hehehe :p

Ce chapitre est un peu plus court que les autres (500 mots de moins) mais je ne m'impose plus de mots par chapitre. Je vous explique : dans les deux tomes précédents (et dans toutes mes histoires précédentes) je m'imposai un nombre de mots. Dans Vermilion, c'était 5000. Ce chapitre en fait 4500. Pourtant, je le trouve complet. Pourquoi je fais ça ? J'ai réalisé en corrigeant notamment Suprématie à quel point on peut ajouter des scènes inutiles et/ou des lourdeurs pour atteindre un cota de mots, ce qui est absolument contre-productif. J'essaie d'aborder une nouvelle manière d'écrire que ce soit avec Océan ou Vermilion et m'écouter davantage. Ici je pense que même si le chapitre était un peu plus court, il reste complet dans les choses que j'ai voulu transmettre (j'ai quelques éléments à faire figurer dans chaque chapitre). Cependant ne vous inquiétez pas, je ne vais pas non plus vous sortir des chapitres de 4000 mots ou moins, ça sera toujours 4500 minimum, 6000-7000 maximum. Voilà, c'était juste pour préciser ^-^

Je vous dis un énorme merci les amis pour la hype du tome 3, vous aviez tellement hâte et vous m'avez inondée de compliments le chapitre précédent, sachez que je lis l'intégralité de vos commentaires ♥ Merci du fond du coeur, notamment pour les 830K dépassés (wahouuuu), je suis si heureuse de la reprise !!!

Je vous dis à dimanche prochain pour la suite, prenez grand soin de vous, et bon courage pour cette semaine ! ♥♥♥