Chapitre 43
Bonsoir les amis ! ^-^
Comme je l'avais prévu : ce chapitre est l'avant-dernier chapitre du tome 2 de Vermilion !
La semaine prochaine, je posterai le dernier chapitre de ce tome, et ensuite ma pause de 3 mois commencera. Le tome 3 sortira donc vers fin mai prochain, mais une date précise sera donnée quand je posterai la séparation (vous savez y'a une séparation par tome dans cette histoire, avec une petite couverture pour marquer la transition entre les tomes) et le titre du tome 3 sera donc révélé lui aussi ;)
Je vous souhaite une bonne lecture !! ~
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Il y a beaucoup de choses que je vais regretter de l'Ancienne Busan.
Quelques mois auparavant, je n'aurais jamais cru pouvoir un jour penser à cette phrase. Et pourtant.
Mes doigts caressèrent l'herbe coupée, qui filait entre mes phalanges, tandis que je fixai l'étendu du jardin, le ciel, parfois mes genoux pliés contre mon torse. Mes fesses, moulées au sol, me faisaient un peu mal ; cela faisait bien une demi-heure que j'étais assis ici, seul.
Jimin, la grande maison de Jungkook, ça allait me manquer. J'ai osé penser à Namjoon et ses yeux énigmatiques, son comportement paradoxal, et tous ses clins d'oeil. Il a fait du mal à Jungkook. Mais quelque chose de lui me manquera.
L'espoir qui me gagnait quand je le voyais, peut-être.
Madame, à qui j'en voulais maintenant que je goûtais à une vie normale. Ses attentions me manqueront. Elles étaient rares, et finalement, je ne crois pas qu'elles soulignaient un semblant d'attachement pour moi, mais plutôt de la culpabilité. Madame ne m'aimait pas. Elle aimait son fils, et le protégeait.
Je me suis dit que je ne pouvais pas lui en vouloir, que j'aurais fait pareil à sa place.
Et puis non ; je n'aurais jamais fait pareil, à sa place. Enfermer un enfant dans une cave. Le menacer de boire son sang. Je l'aurais simplement caché avec moi.
Mais je savais que si elle m'avait autant effrayé, c'était pour prévenir toute rébellion possible. Une rébellion qui m'aurait peut-être conduit à sortir violemment de ma chambre un jour où Jungkook aurait été là. Elle ne savait pas que ça aurait été la meilleure décision de ma vie.
Alors je la comprenais, et puis, à chaque fois, je ne la comprenais plus. Et inversement, jusqu'au mal de tête.
Peut-être que Jungkook se trompait, que Namjoon n'allait pas nous aider à nous échapper, mais comptait discuter, simplement. Mais là encore, j'avais le goût amer du changement sur la langue. Amer, parce que c'était un changement inquiétant, soudain, et que je devais m'habituer à l'idée de quitter cette ville du jour au lendemain.
Je n'aurais jamais cru me sentir aussi mélancolique à l'idée de partir.
La baie vitrée se fit pousser. Je laissai mes jambes s'étaler au sol, me maintenant sur mes mains posées plus en arrière dans l'herbe fraîche malgré la brise agréable du début d'après-midi.
"Tae."
J'aimais ça. A chaque fois qu'il me voyait, Jungkook prononçait mon surnom. Comme s'il me retrouvait, qu'il m'avait cherché avec acharnement avant de me rejoindre. Sa voix était alors un mélange entre neutralité et soupir soulagé.
Tae, tu es là. C'était ce que ça signifiait, je crois.
Comme si je pouvais disparaître à tout moment.
Alors je répondais :
"Jungkook..."
Mais moi, c'était dans un sourire rassurant.
Oui, je suis là. Non, je n'ai pas disparu, et je ne compte pas le faire. C'était ce que mon soupir voulait dire.
"Tu as faim ?
-Un peu.
-Tu veux déjeuner ou manger ? Il est midi, je pensais à aller manger dehors. Il fait bon, aujourd'hui."
Était-ce normal qu'entendre sa voix calme me blessait, dans le torse, tant je l'aimais ?
"D'accord." Répondis-je.
Il attendit que je me lève, et quand je me tournai vers lui, on s'observa l'un l'autre pour se redécouvrir. Quand il fera volte-face, il faudra qu'on s'observe de nouveau la prochaine fois, pour se redécouvrir encore.
Le vent glissa dans mes cheveux comme une caresse bienveillante et je crus même sentir la forme d'une main, comme si le vent se matérialisait en des doigts invisibles. Je secouai la tête pour me remettre les idées en place.
Quand Jungkook se décala pour fermer la baie vitrée derrière moi, j'entourai sa taille de mes mains et posai la joue contre son dos. Ses phalanges se mêlèrent aux miennes en silence, tandis qu'il ne bougeait plus.
"Mets tes chaussures, on va y aller tout de suite.
-On est pressés ? M'étonnai-je.
-Je pensais à rendre visite à ma mère après. Je voulais le faire avant qu'on parte.
-O-oh, oui."
C'était normal, après tout. Il ne savait pas quand il allait la revoir.
"Je lui ai expliqué la situation, j'ai confiance en elle. Elle m'a dit que je devais dire au revoir à tout le monde, même sans dire où j'allais.
-Tout- Tout le monde ?
-Je crois qu'elle a invité des gens." Soupira-t-il.
Je fronçai les sourcils, inquiet. Je me détachai de lui, et quand il fit demi-tour pour être face à mon visage, il glissa une main dans mes cheveux, ses doigts nageant profondément dans mes mèches, et il les coiffa distraitement, les yeux figés sur ses gestes qui manquèrent de me faire clore les paupières.
"Mon père, ça c'est sûr. Jin, peut-être. Elle ne connaît pas Hoseok.
-D'accord... On devra faire comme si-
-Oui. A tout prix, Tae."
Sa main quitta mes cheveux pour englober ma joue.
"Pas un mot sur après-demain. Ok ?
-Mais qu'est-ce qu'on va dire alors ?
-Que j'ai tout simplement décidé de te faire visiter le monde humain, au moins une fois. Qu'on compte revenir dans quelques jours. Tu peux même dire que j'ai envie que tu rencontres tes parents."
Mes parents.
Est-ce que j'allais... Aller les voir, une fois à l'extérieur ?
"Ca m'embête parce que je voulais aller là-bas pour qu'on s'entraîne, mais c'est impossible, maintenant. Pesta-t-il.
-Mais ils vont penser que c'est si soudain... Que tu me fasses rendre visite à mes parents.
-Comment ça ?
-Bah... La dernière fois qu'ils nous ont vu ensemble, à part ta mère je veux dire, tu n'étais pas très gentil avec moi..."
Il serra les dents, je le vis au muscle de sa mâchoire qui tressauta. Puis ses doigts prirent mon menton et il me fit relever la tête vers la sienne lorsqu'il s'approcha. J'expirai vivement, surpris par ce geste soudain.
Nos lèvres se frôlèrent.
"Je t'embrasserai devant eux, s'il le faut, pour les convaincre."
Je déglutis, mes yeux jonglant entre les siens et sa bouche affreusement attirante. Il laissa un sourire en coin glisser sur son visage, visiblement amusé par mon trouble.
"En plus je dois dire que t'exhiber est devenu ma pratique favorite, ces derniers temps.
-Jungkook ! E-Enfin !"
Il embrassa ma gorge comme si c'était mes lèvres et je haletai si fort que mes joues en rougirent. Quand il eut fini son manège, ma peau était humide à souhait, et mon expression devait refléter le désir qu'il venait d'animer en moi, juste avec des baisers mouillés.
"Quoi ? N'es-tu pas excité à l'idée que je t'allonge nu sur une table, devant des vampires affamés qui ne pourront jamais te toucher ?"
Je m'accrochai vivement à son haut, les yeux écarquillés. Mon coeur tambourinait si fort que j'avais l'impression qu'il pouvait sortir de mon torse.
Ses yeux étaient plus noirs encore que la nuit.
"Je te recouvrirais de ton propre sang.
-J-Jungkook...
-N'aimerais-tu pas ça ?
-Tu es fou." Soufflai-je, la respiration saccadée.
Il sourit contre ma joue.
"Comme si je ne pouvais pas sentir à quel point cette idée te plaît."
Je le repoussai doucement, démasqué, et me précipitai dans l'entrée pour attraper mes chaussures.
Il ricana et je lui lançai les yeux les plus meurtriers possibles.
Je ne m'étais pas attendu à ce que ça le fasse rire davantage.
**
Nous avions fini par manger dans la voiture, car le centre commercial grouillait de monde aujourd'hui, et si personnellement ça ne me dérangeait pas, j'avais la sensation que ce n'était pas le cas de Jungkook. Il avait pesté, puis avait fini par prendre à emporter.
En silence, les fenêtres ouvertes, nous avions donc englouti notre repas -des brochettes, du riz en barquette et de la viande- avant que le vampire ne jette le tout dans la poubelle la plus proche du parking. Une fois de nouveau à l'intérieur, je l'ai regardé démarré, et n'ai pas pu m'empêcher de lui demander :
"Pourquoi le monde te repousse autant ?"
Il renifla, le regard soudain dédaigneux.
"Parce que.
-Ca m'éclaire." Ironisai-je.
Il haussa un sourcil et je rougis dans mon coin, un peu surpris par mon propre sarcasme. Je le sentis me regarder encore un instant, le temps de laisser une voiture passer, puis il s'engagea sur la route.
"Dis-moi pourquoi." Insistai-je, sans que ça ne ressemble à un ordre.
Il soupira.
"J'aime pas Tae, c'est tout.
-Mais parce que... Les gens sont bruyants ? Ou... Qu'ils t'empêchent de te balader sans les heurter ? Ou parce qu-
-Ils arrêtent pas de te regarder."
Je me figeai, et mes yeux caressèrent sa pommette gauche. Il évitait mes pupilles, c'était certain, parce que sinon, il aurait pu me jeter un coup d'œil comme il le faisait si souvent.
"Moi... ?" Chuchotai-je.
Il ne répondit pas. Je me tus, un peu embarrassé par cette... Déclaration de possessivité ?
"Jungkook..." Osai-je quand même au bout de quelques secondes.
Il prit une inspiration un peu agacée, mais je l'ignorai.
"Je veux pas vivre caché d-du regard des autres."
Il y eut un nouveau silence, cette fois plus pesant, car la conversation, jusqu'ici légère, venait de changer.
"Ce n'est pas ce que j'ai dit. Répondit-il calmement.
-Un peu...
-J'ai-"
Il se coupa lui-même pour se passer une main nerveuse dans les cheveux.
"Au moins pour..." Tenta-t-il encore.
Je fronçai les sourcils.
"Jungkook ? Murmurai-je, surpris.
-Au moins pour le début, laisse-moi juste..."
Il soupira, et serra le volant plus fort.
"...Laisse-moi juste te cacher des yeux des autres. Au moins de ceux d'ici."
Alors que mon coeur cessa de fonctionner pour reprendre de plus belle, ses mots m'ayant assailli d'adrénaline, je balbutiai :
"Pourquoi...
-J'en ai besoin."
Puis il secoua la tête, comme pour lui-même.
"Je deviens fou sinon." Termina-t-il dans un souffle de voix à peine audible.
J'écarquillai les yeux, les joues rouges, l'estomac retourné.
Mais ce n'était pas cohérent.
"Pourquoi ce fantasme de...
-L'exhibition ? Tae, si je t'exhibe, c'est pour leur montrer de qui tu es lié. Le reste du temps ils regardent sans permission, avec avidité, comme s'ils avaient une chance. Ca n'a aucun putain de rapport. J'aime les voir observer que tu es..."
A moi. Je savais que c'était la fin de sa phrase, mais il ne réussit pas à la prononcer.
Alors un sourire léger me trahit, et même si je tentais de le dissimuler en baissant la tête, je me fichais finalement qu'il puisse le voir. Je n'avais plus rien à lui cacher.
Je crois que Jungkook souffrait du lien en ce sens. Le lien, de son côté, était sûrement différent du mien. Moi, je devais contrôler ma dépendance. Et lui sa possessivité, probablement.
Je le découvrais aujourd'hui et je devais avouer que j'aimais le voir possessif, parfois. J'avais l'impression d'être à lui, seulement à lui, et ça me réconfortait. Parce que c'était ce que je voulais ; n'être qu'à lui, autant qu'il en ait envie, et qu'il ne soit qu'à moi.
"Dors un peu si tu veux, on a encore du chemin."
**
La figure drôlement lumineuse de madame nous accueillit ; elle ouvrit grand les bras en voyant son fils, et m'accorda un sourire mi-chaleureux mi-poli, et cet embarras entre nous résultait, je crois, de ma remarque de la dernière fois, quand Jungkook et moi étions descendus à la cave.
Quand elle termina d'embrasser son fils, elle osa poser une main sur mon épaule malgré tout.
"Je suis contente de vous voir tous les deux. Entrez." Sourit-elle, la voix calme.
Je pénétrai dans la maison derrière Jungkook. Toujours aussi affublée à madame, la maisonnette me semblait froide, plus que jamais. Mais c'était sûrement parce que mon esprit refusait d'en garder un seul souvenir positif.
"Ils sont dans le jardin, comme il fait bon aujourd'hui j'ai installé la table du dehors. Je suppose que vous avez déjà mangé, vu l'heure ?
-Oui, mais si t'as quelque chose à boire, ça me va." Répondit Jungkook.
Elle me regarda.
"Taehyung, tu veux quelque chose ?
-Non merci."
Elle acquiesça, puis s'éclipsa vers la cuisine. Je déglutis en jetant à peine un regard sur l'endroit, et me précipitai vers Jungkook quand ce dernier s'approcha du jardin ouvert d'où des éclats de voix nous parvenaient déjà.
J'écarquillai les yeux quand je reconnus tout particulièrement l'une d'elles.
Le vampire fut surpris de me voir sortir avant lui, agité et curieux, et quand mes yeux rencontrèrent les siens, elle se leva immédiatement.
"Taehyung, vous êtes là !
-Madame Nayung ?!"
Je m'approchai vivement d'elle mais, une fois face à face, je n'osai pas la toucher. Elle leva les yeux au ciel, gentiment, et m'attrapa dans ses bras. Je rougis et la serrai contre moi. Mes mains s'échouèrent dans son dos, sur sa robe jaune clair, tandis que ses cheveux ondulés me caressaient les joues.
"Ca fait un bail. Souffla-t-elle.
-Je suis heureux de v-vous voir, c'est..."
Je la sentis cependant se crisper un peu. Je me reculai, curieux, et vis qu'elle souriait à Jungkook.
Oh.
Elle reporta son regard sur moi, et son sourire devint plus chaleureux.
Forcément qu'entre ces deux-là, la tension n'allait pas s'évanouir de si tôt. Je me demandais soudain comment elle pouvait m'accueillir ainsi. Ne pas me détester.
Mais elle était trop lucide pour cela, je crois. Elle savait sûrement que le lien nous dépassait.
Ou alors elle cachait sa peine.
Jungkook me rejoignit et inclina la tête, sans ajouter quoi que ce soit à l'oral. Elle l'imita, le sourire toujours scotché aux lèvres.
"Taehyung, tu as changé...
-Ah bon ?
-Ton visage me semble plus mature."
Je vis du coin de l'oeil les poings de Jungkook se serrer.
"Ah, heu... C'est... Mes cheveux sont coiffés différemment..." Tentai-je.
Mais je savais que c'était vain. Quand je levai les yeux et que je croisai les siens, noirs, je vis l'expression interdite et d'une neutralité forcée.
"Jungkook !" S'écria une voix, derrière Nayung.
Ma bouche forma un "o" surpris quand la jeune femme se décala pour me laisser aller saluer les autres également.
Les autres étants ; Jin et monsieur Jeon.
"Jin."
Je fus drôlement étonné de voir Jungkook accepter l'étreinte de son ami, qui le serra contre lui avec douceur.
"Comment tu vas ? Ça fait vraiment longtemps qu'on ne s'est pas vus.
-On s'est appelés y'a quelques jours.
-Kook, ça ne compte pas, sale gosse !"
Mon cœur se réchauffa en voyant les traits de mon vampire s'adoucir.
"Désolé. Murmura-t-il.
-Allez, c'est bon. Mais tu m'as vraiment manqué, hein."
Jin laissa son regard couler sur moi et je m'inclinai immédiatement. Il me toisa quelques longues secondes, avant de hocher la tête une seule et unique fois, pour m'ignorer par la suite.
Au moins, il m'a salué.
Ce qui ne fut évidemment pas le cas de monsieur Jeon.
"Installez-vous, j'apporte quelques petites choses à grignoter aussi !" S'exclama madame Jeon en déposant des verres supplémentaires, et quelques boissons.
Elle s'en alla aussi vite qu'elle apparut, et quand tous les vampires s'installèrent à table, j'hésitai.
M'asseoir avec eux ?
Le regard de monsieur Jeon sur moi, dédaigneux et méprisant, me fit baisser la tête et reculer. Personne ne fit attention à moi, alors j'en profitai pour attraper une chaise sale au fond du jardin et la poser beaucoup plus loin. Je pris place dessus et-
"Tae, qu'est-ce que tu fais ?"
Silence.
Mes poils se hérissèrent de gêne car toute l'attention venait de se focaliser sur ma personne. Jungkook me toisait avec agacement.
"Viens à table."
Mes lèvres s'entrouvrirent de surprise, mais je n'osai pas bouger, car je n'étais pas sûr des regards de Jin et de monsieur Jeon.
Mais l'ordre de Jungkook résonnait en moi comme une fatalité. Impossible de lui désobéir. Pas avec ces yeux-là, pas avec ce ton-là. Sa demande n'attendait aucune réponse négative.
Parce qu'il savait que, sinon, j'allais refuser et ne pas oser les rejoindre.
Alors, timidement, je me redressai, et enchaînai les pas incertains jusqu'à la table, ma chaise dans une main. Une fois à la hauteur du noiraud, ce dernier, sans se lever de son propre siège, s'inclina vers moi et me vola le mien pour le poser correctement à ses côtés. Je l'observai faire, bouche bée.
Quand je pris place, mes pupilles ne quittèrent pas une seconde le sol.
"...Alors comme ça tu t'en vas ?" Demanda Jin, pour briser le silence embarrassant.
Jungkook prit une petite inspiration et se réinstalla correctement.
"C'est ça.
-Où ça ?" Demanda monsieur Jeon, la voix claquant dans l'air comme une douloureuse gifle de reproche.
Le vampire sentit le ton cassant et adopta un timbre presque provoquant lorsqu'il répondit :
"Où j'ai envie d'aller. Je suis un adulte.
-Et un vampire.
-Et donc ?
-Si tu comptes aller dans le monde des humains pour une escapade amoureuse, tu es bien inconscient." Grogna le plus vieux.
Madame Jeon revint à ce moment-là, et déposa un plateau rempli de choses extrêmement appétissantes.
Je salivai déjà, les yeux jonglant sur les sortes de pâtisseries au chocolat en forme de champignons géants, les cookies tout blancs, les quelques biscuits au beurre et une boîte de chocolats ouverte au centre de toutes ces merveilleuses choses.
Vivre trois-cent ans pour tout goûter. C'était mon objectif le plus important dès à présent.
Jungkook, les sourcils froncés d'irritation posés sur son père, attrapa sans le regarder un champignon marron pour le déposer devant moi. J'entrouvris les lèvres en suivant le chemin de ce dernier jusqu'à ce qu'il n'atterisse devant moi.
"Et si c'était le cas ? Tu m'en empêcheras ?
-Attends, Kook, tu vas vraiment sortir des murs ?" Souffla Jin.
Je mordis dans le champignon et Jungkook soupira :
"Oui.
-Quand ?" Demanda Jin.
Oh, mon Dieu, je venais de comprendre. De tout comprendre.
Cette pâtisserie était ce pour quoi j'étais né.
"Bientôt, dans quelques jours."
Une miette tomba sur mes genoux et je grognai discrètement de frustration.
"Tu comptes revenir ?"
Je levai les yeux vers les autres un instant, puis me reconcentrai sur mon assiette.
"Oui oui, c'est juste pour quelques temps. Je veux qu'il rencontre ses parents."
J'arrêtai un instant de mâcher, puis repris la seconde suivante.
"Il aime bien les muffins, on dirait, Joohee." Sourit Nayung dans un chuchotement que les garçons ignorèrent.
Je souris timidement et hochai la tête, sans oser prendre la parole.
"Tu en veux un autre ?" Me demanda madame en me tendant un autre champi- muffin.
J'écarquillai les yeux.
"Ses parents ? Mais Jungkook, tu as oublié la règle ? S'inquiéta Jin.
-On fera en sorte qu'ils ne disent rien. Personne ne le saura. Il mérite de rencontrer ses parents."
Je croquai dans le deuxième muffin tandis que madame me regardait sans me voir, comme si elle écoutait attentivement la conversation, mais feignait de ne pas le faire. Nayung restait en retrait et me souriait sans cesse, amusée.
"Vous a-allez bien ?" Lui lançai-je tout bas.
Elle hocha la tête.
"Et toi ? Tu te sens mieux, à présent ?
-Oui. Murmurai-je.
-Je suis contente de te voir, Taehyung."
Je lui souris.
"Moi aussi."
Mais je n'avais étrangement rien à lui dire. Je voudrais lui compter mes journées, et c'était ce qu'elle semblait attendre, mais je voyais aussi ses coups d'oeil discrets vers Jungkook, et alors mon coeur se serrait. Je n'allais pas la blesser en lui crachant mon bonheur au visage.
Elle n'insista pas. Elle me parlait si je le faisais, sinon elle restait silencieuse et polie avec tout le monde.
J'espérais qu'elle rencontre quelqu'un de bien, un jour. Quelqu'un qui lui donnera le bonheur qu'elle méritait.
Je détournai les yeux vers Jungkook, et le vis boire. Immédiatement, ma gorge me supplia d'en faire de même, mais je me rappelais avoir refusé un verre à madame. C'était malpoli de demander quelque chose qu'on avait refusé, n'est-ce pas ? Mais les deux muffins que je venais de manger m'avaient affreusement asséché la bouche.
Le noiraud sentit mon regard puisqu'il me toisa à son tour. Je cessai de dévisager son verre pour planter mes yeux dans les siens.
Il reporta son attention sur Jin, tout en se servant un deuxième verre, cette fois de jus d'orange, et je salivai.
Je crus qu'il allait le porter à ses lèvres.
Mais il le posa devant moi.
"Je sais que c'est risqué, mais on ne compte pas leur dire ce qui se passe ici.
-Kook, franchement... Tu devrais rester."
Je cessai de boire, surpris par le silence soudain que Jin avait lancé après ses mots.
Si jusque-là le débat avait été plus ou moins léger, cette dernière phrase semblait drôlement directive, drôlement inquiète.
"...Jin, je reviendrai." Tenta Jungkook, lui aussi surpris.
Mais le brun se pinça les lèvres. Le silence continua alors, comme si la réaction de Jin était attendue, plus que tout.
Quand il hocha finalement la tête, les conversations reprirent avec plus de douceur.
"Et tu... Tu as déjà une idée d'où vous allez dormir ?" Osa Nayung.
La tension se fit ressentir lorsque leurs regards se croisèrent. Jungkook ne sembla pas si étonné qu'elle lui adresse la parole.
"J'ai repéré quelques hôtels.
-Oh, mais... Ça va coûter cher, non ?"
Je souris avec tendresse en comprenant qu'elle essayait de s'immiscer dans la conversation malgré la futilité de ses questions.
"L'argent n'est pas vraiment un problème.
-Je me doute. Répondit-elle alors.
-Vous vous souvenez de la vie, avant l'Atlantide ?" Lança Jin.
Je posai mon verre vide, intrigué par ce nouveau sujet.
"Pas vraiment. J'étais un enfant. On avait une maison en campagne, non ? Demanda Jungkook à sa mère.
-C'est ça. Avec ton père, on travaillait beaucoup pour la payer."
Monsieur Jeon hocha la tête, et soudain, je ressentis une drôle de complicité entre les trois vampires. Un souvenir commun. Quelque chose qui échappait à Jin, Nayung et moi, qui était intime à la famille séparée.
Madame et monsieur Jeon s'échangèrent le premier coup d'oeil depuis que j'étais là. Il ne dura qu'une demi-seconde.
"Je me souviens de mamie." Confia Jungkook.
Nayung eut un sourire attendri à cette appellation, et moi je le fixai, attentif.
"Ah, mamie, oui. Sacré personnage, hein... Souffla Joohee.
-Ta mère était envahissante. Osa monsieur Jeon.
-Tu aimais quand même ses visites.
-Seulement quand elle apportait sa tarte à la cerise. Sinon, non."
Pour la première fois, je vis un sourire en coin sur le visage de l'homme d'âge mûr. Jungkook lui-même haussa doucement les sourcils face à ce rapide éclair lumineux sur la figure ridée de son père.
Madame Jeon regarda discrètement son ex-mari, puis s'éclaircit la gorge, et je vis qu'elle retenait un sourire mélancolique.
"Bon, et toi, Nayung ? Ta vie d'avant ?"
La jeune femme, surprise qu'on s'adresse à elle, se redressa correctement sur sa chaise et replaça ses cheveux.
"Heu... Je vivais avec mes parents, en ville.
-C'est risqué, non ? Murmura madame Jeon.
-Oui, ça l'était, mais ils étaient persuadés que je pouvais essayer de me fondre avec les humains. J'allais à l'école en présentiel."
Jin et les parents de Jungkook eurent une réaction de choc.
"Quoi ? Vraiment ?!"
Elle hocha la tête.
"Ils ne voulaient pas vivre cachés.
-Et alors ? Ca a marché ?"
Elle eut un vague sourire.
"J'ai dit à une amie une fois que j'étais un vampire. J'avais seize ans, mais du coup je me retrouvai dans une classe bien plus jeune que moi à cause de mon apparence.
-Vraiment ?!" S'exclama encore madame.
Nayung leva les mains pour la rassurer.
"Ne vous inquiétez pas, ça s'est... Bien passé ?"
Intrigué, j'osai prendre la parole pour la première fois :
"Comment l'a-t-elle pris ?"
Tout le monde me regarda, mais je fixai Nayung.
"Eh bien, elle ne m'a pas cru, d'abord. On invente beaucoup de choses quand on est un enfant, elle pensait que je me donnais un genre. Et puis un jour je lui ai montré mes dents, et quand elle m'a vraiment cru -ça a bien pris un mois entier-, elle m'a dit cette phrase que je n'oublierai jamais.
-Quoi ?" Soufflai-je.
Nayung sourit.
"Trooop cool !"
Mon visage s'illumina.
Jungkook me regarda un instant, puis je sentis une pression sur ma cuisse, et j'échangeai avec lui une oeillade pleine d'espoir, qu'il ne comprit pas vraiment, mais qu'il sembla apprécier.
La discussion eut du mal à reprendre après cela. Comme si cette phrase dite un jour, par un enfant, un humain, flottait dans l'air avec l'impression qu'elle venait d'être prononcée et qu'elle ne datait pas d'avant l'Atlantide.
Les derniers échanges furent brefs, plusieurs sujets tentèrent de se frayer un chemin sur les lèvres, mais personne ne put nier le drôle de flottement, comme un soudain arrêt du temps, que les mots prononcés un jour par cette petite humaine avaient créé.
**
Jungkook ne prit dans ses bras que Jin et sa mère. Nayung le salua timidement d'un léger hochement de tête, que le noiraud lui rendit. Quand il s'approcha de son père, ce dernier articula sombrement :
"Tu vas t'attirer leurs foudres. Ils penseront que tu t'es enfui, Jungkook.
-Peu importe, ma décision est prise."
Il l'attrapa vivement, et le tira plus loin. Je m'approchai discrètement d'eux, agissant comme si je faisais les cent pas en attendant que l'on parte. J'étais trop curieux.
"As-tu un plan, hein ? Tu veux te battre contre le Culte ?!" S'exclama-t-il, mais tout bas.
Jungkook serra les dents.
"Ne te préoccupe pas de moi. Je vais m'en sortir sans ton aide.
-Tu cours au suicide, mon fils."
Cette dernière marque d'affection me surprit autant que Jungkook. Monsieur Jeon regarda autour de lui, inquiet, et quand il me vit, ses yeux me transmirent toute la haine qu'il semblait me vouer.
Il quitta la maison sans un mot de plus, laissant là un Jungkook frustré et agacé. Ce dernier me rejoignit.
"C'est vraiment un lâche." Grogna-t-il.
Comme je n'osais ni acquiescer, ni démentir, je ne répondis rien, les lèvres pincées.
"Mon grand fils. Prends soin de toi."
Madame le reprit dans ses bras. Elle lui chuchota quelques mots dans l'oreille que je n'entendis pas. Jungkook hocha la tête, et quand elle recula, je vis ses yeux graves et sérieux. Elle était la seule à savoir que nous allions riposter. Mais elle était avec nous.
Son regard empli d'espoir terrorisé croisa le mien, et je tentai un sourire courageux. Elle soupira comme on le ferait face à quelqu'un qui aime bien trop le risque pour se rendre compte du danger. Mais je crois qu'elle croyait en nous.
Jin, au loin, en train de débarrasser, nous rejoignit. Il fit la même chose que madame et reprit Jungkook dans ses bras, une seconde fois.
Jungkook était important pour tous ces gens. Et je crois que j'en étais vraiment très heureux.
"Réfléchis encore, tu vas commettre une erreur. On n'allait pas tarder à quitter cette ville, non ? Les rumeurs courent à ce sujet, tu sais. Le Culte parle d'effondrement des murs.
-Je ne peux plus attendre." Répondit seulement le noiraud.
Jin soupira, et le tint à bout de bras.
"Penses-y."
Jungkook ne pipa mot, et le brun me lança un coup d'oeil rapide, avant de s'en aller à son tour.
Je me tournai vers Nayung.
"Vous ne partez pas ?
-Je vais rester un peu et aider Joohee à ranger, puisque les hommes ne semblent pas décidés à le faire. Ah, ça ne changera jamais."
J'eus un sourire, et Jungkook la détailla un instant. Je le détaillai pour comprendre son regard. Du regret. Mais pas parce qu'il l'aimait ; probablement parce qu'il l'avait blessée.
Je plongeai ma main dans la sienne.
Il la serra immédiatement.
"On y va." Fit-il.
Madame et Nayung secouèrent leurs mains de loin.
"Faites attention à vous !" Cria la jeune femme.
Mais madame ne cria rien, car elle savait que nous allions faire tout le contraire de ce que Nayung venait de nous demander.
Mais, alors que Jungkook ouvrait la porte d'entrée, des talons claquèrent jusqu'à nous, précipités :
"Taehyung, attends !"
Je fis volte-face vers madame. Elle me tendit quelque chose emballé dans des serviettes en papier.
"Les deux muffins restants. Prends-les."
Je fixai ses mains, ou plutôt ce qu'elles contenaient.
Et je ne sus pourquoi ma vue se brouilla.
"Taehyung..." Chuchota-t-elle.
Elle renifla elle-même, tandis que Jungkook glissait une main sur ma taille, par-derrière. Madame nous observa soudain tous les deux, et eut un sourire tendre.
"Je suis... Je suis désolée. Pour ce que je vous ai fait, à tous les deux."
Mon coeur se serra.
Ce chocolat, dans ses mains. Ce chocolat dont j'avais tant rêvé, plus jeune, et qu'elle m'avait sans cesse refusé. Son regard empli d'amour maternel qu'elle posait sur moi, j'en aurais aussi eu besoin avant.
Mais ses excuses me touchèrent. Et avant de saisir les muffins emballés, je serrai ses poignets comme j'aurais serré ses mains si elles n'étaient pas occupées.
Joohee sourit tristement et hocha la tête.
J'en fis de même, et saisis les pâtisseries doucement. Jungkook caressa ma hanche de son pouce, et madame s'arrêta sur ce geste.
"Allez empêcher cette guerre d'éclater." Murmura-t-elle.
Je n'hésitai même pas avant de hocher la tête.
"P-Promis."
Le noiraud sourit contre mes cheveux, je le sentais.
Il était temps.
Temps de rentrer à la maison, pour préparer notre départ.
**
Je ne fus pas surpris de sentir Jungkook me porter hors de la voiture. Pourtant j'étais bien réveillé, j'aurais pu marcher. Mais dès que l'on entrait dans notre bulle d'intimité, il ne cessait de me toucher.
Je laissai mon nez se poser tout contre son cou, et je humai son odeur, celle dans laquelle je voulais me perdre pour toujours.
Il le sentit puisqu'il ricana doucement.
"Et après ça me dit ne pas être un petit chaton.
-J'ai- ! Je ne suis pas un-
-Oui oui."
Je souris et frappai doucement son torse, tandis qu'il embrassait le haut de mon oreille. Il ne me déposa pas sur le canapé cette fois, mais sur la table. Je rougis un peu, et mes mains s'accrochèrent à son haut. Il fixa mes lèvres, tout en ancrant ses mains sur le bois du meuble, de part-et-d'autre de mes cuisses.
Il ne se passa pas beaucoup de temps avant qu'il ne cède à la tentation. Tentation que je partageais d'ailleurs chaudement.
Nos lèvres se trouvèrent et je plongeai mes mains dans ses cheveux bouclés. Il appuya d'abord sa bouche humide sur la mienne, à plusieurs reprises, promptement, mais durement. Ça me faisait reculer à chaque fois. Puis, me jugeant trop en arrière, Jungkook glissa une main dans ma nuque et me colla à ses lèvres brusquement, ce qui me fit couiner de surprise et de satisfaction.
Là, il joua avec ma langue, avala mes soupirs, mes plaintes, et créa mon désir.
Mais il s'arrêta.
"Merde. Les muffins."
J'entrouvris les lèvres.
"Oh, oui, je les ai l-laissés-
-Dans la voiture. 'Faut que j'aille les chercher, ils vont sécher, sinon." Soupira-t-il.
Il me toisa comme si j'étais sa proie -ce que j'étais en ce moment-, et je tressaillis.
"Les m-muffins. Lui rappelai-je, inquiet à l'idée qu'il recommence à me faire voir les étoiles avant d'être allé chercher mon bien.
-Ouais." Souffla-t-il.
Je souris timidement lorsqu'il recula pour attraper ses clés de voiture, enfouis dans sa poche de pantalon. Il s'approcha, lécha mes lèvres pour me rendre fou, et s'éloigna, un petit sourire fier tandis qu'il voyait mon visage se décomposer.
Je pestai gentiment contre lui, dans mon coin, tandis que je l'observai s'éloigner, les mains dans les poches, vers la porte d'entrée.
Il la claqua.
Je jugeai bon de rester assis sur la table puisqu'il allait revenir d'une minute à l'autre, mais il mit du temps. Je regardai mes jambes pendouiller dans le vide.
La voiture était en face de l'entrée, pourtant, cinq longues minutes s'écoulèrent. Je m'étais d'abord dit qu'il le faisait exprès pour me faire attendre.
Mais soudain, la porte s'ouvrit, ni dans un fracas violent, ni dans une lenteur extrême.
Jungkook entra, les muffins dans une main, et son téléphone, collé à son oreille, dans l'autre.
Je me redressai immédiatement, et la panique me submergea quand je découvris le visage pâle et surpris, ou plutôt sous un choc qu'il peinait à dissimuler, du noiraud.
"Tae, merde... Je suis désolé..."
Je l'approchai vivement, tandis qu'il laissait doucement son téléphone pendre le long de son corps, l'expression figée de stupeur.
Il ancra ses yeux peinés dans les miens.
"Jimin... Commença-t-il.
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?!"
Le nom prononcé me fit blêmir à mon tour.
Jungkook eut du mal à articuler les mots suivants :
"Il est à l'hôpital, Tae, il... Il a fait une tentative de suicide."
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...N'oubliez pas que si vous me faites du mal vous ne pourrez pas lire la suite-
Je pense que vous vous en doutiez un peu, j'avais tendu une sacrée perche dans le chapitre précédent. Cette tentative de su*cide n'est pas là pour rien je précise, elle n'est pas là pour faire du sensationnel : elle aura une conséquence très importante qui se verra dès le prochain chapitre. Vous allez comprendre. Et, évidemment, elle est là pour un peu "casser le rêve", pour montrer que même si Tae va mieux, qu'il a une vie normale, bah... C'est le seul. Des autres humains souffrent et sont devenus des esclaves et le sont encore à ce stade. Souvenez-vous de Taehyung au début de Vermilion : c'est Jimin, mais sans l'amélioration. C'est Jimin, tous les jours, tout le temps, sans un seul espoir. Et vous comprendrez aussi que l'élément déclencheur a été le départ de Taehyung, sa seule bouée de secours. Bref, je vous explique cela pour ne pas que vous pensiez que j'ai mis ça pour faire du choc pour du choc. Cette histoire dénonce avant tout.
Je vous remercie les amis pour les bientôt 600K (woaw j'ai l'impression de vous avoir remercié pour les 500K y'a genre 3 jours T-T) et je vous dis à la semaine prochaine pour le prochain et dernier chapitre du tome 2 de cette histoire. Bon courage pour cette semaine, moi j'ai ma rentrée demain :'( Plein de bisous ! ♥
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