Chapitre 38
Bonsoir les amiiis ! ^-^
Voici la suite de Vermilion ! ♥
Alors avant toute chose : le prochain chapitre sera peut-être un Interlude (peut-être, parce que ça dépend si j'arrive à l'écrire comme je le voudrais ou non, et si c'est non, je le programmerai pour plus tard dans l'histoire). Ceci étant, S'IL VOUS PLAIT... Lisez-le ! T-T Je sais que les lecteurs pensent souvent que les Interludes sont des sortes de bonus : NON ! C'est primordial à la compréhension de l'histoire, surtout dans les miennes ! Donc peu importe que l'Interlude arrive dimanche prochain ou dans plusieurs semaines : s'il vous plaît, lisez-le impérativement ! :(
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! ~ ♥
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Jungkook attendait patiemment que je descende après m'être douché. Il s'était lavé avant moi, et je le découvris assis sur le sofa, pianotant sur son téléphone.
Il portait un jogging noir et un pull à capuche de la même couleur. Ça me surprit ; habituellement, il ne portait ce genre de tenue qu'à la maison.
Quand il m'entendit -ou me sentit-, il rangea son téléphone et se tourna vers moi, sans se lever.
"Mets autre chose."
Je cessai d'avancer, surpris. Son regard descendit sur mon jean.
"Comment ? Soufflai-je.
-Mets quelque chose de plus confortable. Comme moi."
Je fronçai les sourcils.
"Pourquoi ?"
Il renifla et rattrapa son téléphone dans les mains.
"Parce qu'on va se battre."
Mon coeur s'emballa et j'entrouvris les lèvres, surpris.
"Oh..."
Il me lança un autre coup d'oeil.
"Pas ici. C'est trop risqué, il nous faut un endroit où personne ne peut nous voir ou nous entendre."
Je me pinçai les lèvres.
"Vous avez une idée ?"
La sonnerie retentit. Je regardai vivement Jungkook, qui se releva, et alla vers la porte. Il l'ouvrit, et un visage qui m'était familier apparut dans mon champ de vision.
"Hoseok ?
-Salut Taehyung."
Visiblement, ces deux-là s'étaient réconciliés.
Ils s'échangèrent un regard un peu froid.
Ou pas.
"J'ai fait venir Hoseok pour une raison précise."
J'étais pendu aux lèvres du vampire. Il appuya le bas de son dos contre la grande table, les bras croisés.
"Hoseok va rester seul ici. Toi et moi, on va aller chez ma mère, en voiture. Mais tu seras caché. Il faut que les gens pensent que je suis seul si on nous suit réellement. De cette manière, ils viendront vérifier discrètement ici, et verrons la voiture d'Hoseok ; ils penseront que je t'ai laissé avec lui. Ce sera cohérent pour eux que je ne te laisse pas seul."
J'attendis un instant que les informations montent pour tout comprendre. Mais j'eus une question.
"Mais et s'ils veulent savoir ce que vous, vous faites ?
-Ils verront tout simplement que je rends visite à ma mère.
-Sauf que... Je serai avec vous dans la voiture ?"
Il hocha la tête.
C'était plutôt ingénieux.
"On va s'entraîner dans la cave."
J'eus un frisson.
La cave.
"Oh... D'accord."
Ses yeux jonglèrent dans les miens, comme s'il s'était douté que retourner dans cette pièce, si on pouvait l'appeler ainsi, allait être difficile pour moi.
"J'espère que tu m'autorises au moins à prendre un bain. Grogna Hoseok, mécontent.
-Fais ce que tu veux, mais garde les volets fermés. Il ne faut pas qu'ils voient que Taehyung n'est pas là.
-Mais et s'ils se doutaient de la mascarade ? M'inquiétai-je.
-Ca m'étonnerait. J'pense qu'ils se diront que Jungkook nous a demandé de fermer les volets pour te protéger des regards extérieurs."
Jungkook cessa de bouger.
Hoseok eut l'air d'avoir dit une bêtise, puisqu'il fit un sourire en coin un peu coupable en regardant le noiraud.
Puis le vampire lança un regard noir à son ami, qui riait doucement.
Moi, je me demandais si ces réactions venaient bien de ce que je pensais.
Jungkook voulait-il que je sois protégé des regards extérieurs ? C'était ça, dont Hoseok parlait ?
Et Jungkook ne voulait pas que je le sache.
Je posai mes yeux sur lui, curieux. Était-ce positif ou négatif ? Qu'est-ce qui n'allait pas avec le regard des autres ? Est-ce que ça me mettait en danger ?
"Tae tu peux aller te changer, s'il te plaît ?" Redemanda Jungkook, les yeux agacés encore plantés dans ceux de Hoseok.
La tension me fit hocher la tête pour pouvoir m'échapper. Une fois en haut, je fouillai dans mes tiroirs, à la recherche d'un jogging ; je n'en avais pas. Seulement celui que j'utilisais parfois pour dormir, mais il n'était pas propre.
Comment faire ?
Je redescendis, et Jungkook haussa un sourcil en voyant que je ne l'avais pas écouté.
"Je n'en ai pas." Murmurai-je.
Il me fixa un instant, puis soupira.
"Les miens sont trop grands pour toi. Tant pis, on va aller au magasin avant d'aller chez ma mère.
-Mais je pensais que je devais me cacher...
-Tu resteras dans la voiture quand j'y serai."
Je hochai la tête, un peu gêné qu'il doive m'acheter quelque chose. Madame ne m'avait pratiquement jamais rien acheté à part les quelques nouveaux vêtements que j'avais eu en venant habiter avec Jungkook.
Hoseok était déjà en train de regarder la télévision, bien installé.
"Bon date." Sourit-il en faisant un clin d'œil au noiraud.
Ce dernier se figea de nouveau, la main sur la poignée de la porte d'entrée, et offrit à Hoseok des yeux presque menaçants.
"Date... ? C'est quoi ?" Demandai-je, intrigué.
Le châtain se tourna vers moi, un grand sourire aux lèvres.
"C'est quand deux personnes se voient pour-
-On y va." Grogna une voix sombre.
Hoseok s'amusa de l'état de Jungkook, et moi, je me sentais bête à ne pas comprendre ce qu'était un "date". Je fis un rapide signe à Hoseok en suivant le noiraud dehors, signe qu'il me rendit, tout sourire.
Jungkook regarda autour de lui rapidement, et m'intima de monter à l'arrière. Il m'ouvrit la porte et je me préparai à me mettre par terre devant les sièges de la banquette arrière et subir un voyage inconfortable.
Mais ce que je vis fit bondir mon coeur.
Une grosse couverture, des coussins, tout cela étalé de sorte à ce que je ne sente pas la rudesse du sol de la voiture.
"Oh... M-merc-
-Dépêche-toi."
Je hochai la tête et montai rapidement. Jungkook ferma directement la portière et je m'allongeai au sol ; mon dos épousa la grosse couverture qui me servait de matelas de fortune, et deux coussins accueillirent agréablement ma tête.
Jungkook entra à son tour, à l'avant. Immédiatement, il se tourna vers moi.
"Ça va ?"
J'acquiesçai, déjà allongé confortablement, et à vrai dire, je me fis la réflexion que j'étais très bien à cet endroit grâce à la couverture.
"Si tu as froid j'ai un autre plaid à l'avant, ici." Fit-il en pointant le siège vide à ses côtés.
J'étais certain que je rougissais un peu.
J'avais envie de lui tenir la main pour toutes ces gentilles attentions.
Il vit mon regard probablement touché et se détourna vivement pour allumer le contact.
"Merci." Soufflai-je.
Il ne répondit pas.
Le vrombissement de la voiture me berçait déjà. Je clos les paupières, une main sous la joue car je m'étais mis sur le côté.
Et j'avais l'impression que Jungkook conduisait plus lentement que d'habitude.
Le centre commercial étant très proche, il ne fallut que cinq ou six minutes pour qu'on y arrive. Jungkook veilla à se garer assez loin du parking. Il détacha sa ceinture et attrapa son portefeuille.
"Il ne faut pas que tu bouges." Me fit-il.
Je le regardai et hochai la tête.
Mon absence de panique sembla le surprendre. Il me toisa un instant, comme pour s'assurer de quelque chose.
Mais je flottais. Je flottais parce que j'imaginais le moment précis où il avait mis la couverture et les coussins, rien que pour moi, et ça me faisait divaguer.
Je crois que j'avais même un petit sourire ineffaçable sur le visage.
"Je reviens vite.
-Je sais." Murmurai-je.
Il continua de me regarder un moment.
Puis je souris plus franchement.
"Ça va aller, ne vous inquiétez pas."
Il écarquilla les yeux face à mon ton doux et amusé, et s'éclaircit la gorge avant de sortir de la voiture. Je retins un énième sourire.
Tandis qu'il avait disparu, je me permis de clore les paupières de nouveau, bercé par son odeur.
Je crois qu'il ne se passa pas vingt minutes avant qu'il ne revienne, vingt minutes à peine durant lesquelles je n'ai fait que de piquer du nez. J'étais tellement bien installé que je ne m'étais même pas torturé l'esprit ; je savais qu'il allait revenir.
Il prit place sur son siège, claqua la porte, et se tourna vers moi.
Je lui souris encore, et il ne me le rendit pas. En revanche, il me tendit quelque chose.
Je me redressai un peu, intrigué.
"Si t'as faim."
J'attrapai doucement la petite boîte blanche cartonnée, et regardai son contenu.
Mes yeux s'illuminèrent.
Une gaufre.
Une gaufre au chocolat.
"Merci Jungkook !" M'exclamai-je, heureux.
Il posa un sac en plastique sur le siège vide à côté de lui, probablement le jogging, et démarra la voiture.
"C'est- C'est gentil, merci." Répétai-je plus bas en fixant la nourriture alléchante.
Il voulut démarrer, mais je tendis une main vers sa cuisse, tandis que je m'étais redressé en position mi-assise, mi-allongée. Il regarda ce qui venait de heurter sa jambe, et ses yeux tombèrent sur ma main, que je tendais contre lui, dans l'espoir qu'il la prenne.
Il ne fit rien pendant plusieurs secondes.
Puis, le sourire aux lèvres, je serrai doucement ses doigts quand il me laissa les atteindre.
**
"Tae."
Une main dans mes cheveux.
"Taehyung, réveille-toi."
Je grognai, mécontent d'être réveillé, je dormais drôlement bien.
"Jungkook ?
-Je suis là."
J'ouvris les yeux doucement, et tombai sur son visage, à l'envers.
Mais quelque chose se passa à la seconde même où mes yeux rencontrèrent les siens, sous cet angle.
Instantanément, les souvenirs de cette nuit me revinrent.
Comme des flashs.
Jungkook à l'envers, ma tête pendue en arrière.
"Taehyung ? Tu m'entends ?" Fit-il de manière plus pressante.
Je fronçai les sourcils.
Tout.
Tout me revint.
Je clos les paupières, les sourcils froncés.
"Tu ne m'écoutes même pas, je me demande vraiment à quoi le lien s'attend pour avoir créé un moyen de te mettre dans cet état."
Quoi ? Quel état ? La perte de contrôle ?
"Ou pour assurer que je finisse par te baiser."
Mon coeur cessa de battre. Mes sourcils se fronçèrent davantage.
"Tu es monté dans ta chambre, tu t'es déshabillé devant moi, sans me voir. Tu t'es allongé sur ton lit, et tu m'as vu. Tu as été surpris, n'est-ce pas ? Souviens-toi de ce sentiment, de tous les sentiments que tu as ressenti."
Je me souvenais de tout, à présent.
De mon état désespéré et affreusement gênant maintenant que j'étais lucide, de mes supplications, de ses mots, de la manière dont il m'a regardé, de ses doigts sur mes paumes.
"Où ça ? Où est-ce que t'as mal, Tae ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?"
Et une dernière phrase, cette fois différente, comme si elle sortait tout droit de souvenirs enfouis.
"Je ne veux juste pas rendre les choses plus difficiles si je venais à disparaître."
Là, j'ouvris de grands yeux arrondis.
Jungkook était encore au-dessus de moi, penché sur la voiture, à me fixer.
"Vous avez menti..."
Il me regarda sans comprendre.
La colère grimpa en moi comme une lente ascension qui avait pour but final de me faire imploser. Je crois que mes yeux s'assombrissaient autant que mon coeur.
"Menteur..." Grognai-je.
Oui, mon coeur aussi se peignait de noirceur. Mais il se brisait en même temps.
"Qu'est-ce que tu racon-
-Taehyung ? Jungkook ?"
Oh, bon sang.
Mon attention fut soudain détournée par cette voix.
Cette voix familière.
"Madame... ?" Chuchotai-je.
On entendit des pas précipités venir à nous, et Jungkook se recula, mais ses yeux confus étaient toujours figés sur moi. Madame entra dans mon champ de vision.
Elle comme moi eûmes une expression de choc.
"Mon Dieu ! Rentrez, vite, rentrez !"
**
"Personne ne vous a vu ?"
Elle regarda une dernière fois entre les stores, puis les clôt définitivement. Nous étions seulement éclairés des lumières artificielles de la maison.
Madame nous avait servi de l'eau, et nous avait installés à table.
Tout n'était pas réparé ici, mais les fenêtres l'étaient, et même la baie vitrée qui donnait sur le jardin, elle aussi actuellement recouverte par la persienne.
"Maman, tu sais pourquoi on est venus. On ne doit pas perdre de temps.
-Je sais, c'est juste que- que ça fait longtemps que je n'ai pas vu Taehyung."
Je lui souris un peu, timide, mais à vrai dire, la revoir en sachant que j'allais finir dans la cave ne me rappelait que de mauvais souvenirs.
Elle posa une main sur mon épaule en passant derrière moi, et je me crispai un peu.
Depuis que je connaissais une vie libre avec Jungkook, j'avais la sensation de m'être davantage rendu compte d'à quel point j'avais été maltraité entre ces murs.
Et à vrai dire, le visage de madame, actuellement, me souriant tendrement comme si elle ne m'avait pas parfois torturé de morsures, de nuits entières à la cave ou traité comme un esclave ne me donnait aucune envie de continuer à la regarder.
Peut-être que la colère de tout-à-l'heure y jouait aussi.
Sûrement.
Jungkook me donna le sachet et je compris le message. Étrangement vide, je me changeai dans la cuisine, rapidement, car chaque recoin de cette pièce me rappelait les heures que j'y avais passé. Les vaisselles, le ménage, les repas à préparer et que je n'avais jamais pu manger, tout me revenait. Je secouai la tête et gardai les yeux sur le vêtement que j'enfilai ; c'était un jogging noir, simple, parfaitement à ma taille. Je mis mon jean dans le sachet et revins dans le salon.
"On pourrait peut-être aller s'entraîner maintenant." Tentai-je, la voix drôlement froide.
Jungkook me fixa, et je sus qu'il était aussi surpris que madame, même s'il le masquait.
"Comme vous voulez. Si vous avez besoin de quoi que ce soit je- je suis là." Fit-elle.
Pourquoi une telle voix ? Si douce ?
Pourquoi me donner cette voix maintenant et pas pendant les treize années que j'avais passées avec elle ?
Jungkook se leva, et je le suivis immédiatement, désireux de quitter cette pièce.
Il ouvrit la trappe de la cave, et me laissa passer en premier.
Je me positionnai en face du petit escalier qui descendait, et mon cœur commença à battre dans mes tempes.
"C'est parfait, parce que cette cave empêche d'entendre des gros bruits, vous pourrez vous lâcher sans problème ! S'exclama la mère de Jungkook.
-Des gros bruits comme des pleurs ou des cris de supplication ?" Lâchai-je en me tournant pour la regarder.
Elle se figea, et je la vis même devenir étrangement pâle, plus qu'elle ne l'était déjà.
Le noiraud ne dit rien. Il m'observa, silencieux, l'air grave, cependant.
Je détournai mon regard du visage déformé par la surprise de celle qui m'avait volé mon enfance, et descendis enfin, malgré mon cœur en pagaille, dans la cave froide et grise.
J'arrivai au milieu de cette pièce que je connaissais si bien.
Il y avait seulement un néon au plafond qui éclairait bien mais qui faisait mal aux yeux si l'on restait trop longtemps.
Mon corps se tendit lorsque je vis deux livres au sol, probablement des livres oubliés. Ils étaient poussiéreux.
Et, enfin...
...Ce matelas, dans le coin.
C'était un grand matelas, mais il était fin. Une couverture était déposée dessus. Cette couverture à carreaux rouge, je la reconnaîtrais entre mille.
Cette cave était grande. Très grande, et le plafond était assez haut, comme dans une pièce normale.
Mais elle me semblait affreusement petite, parce que j'y avais toujours passé mes nuits assis ou couché sur ce matelas gorgé de larmes de plusieurs années.
Jungkook ferma la trappe, descendit les marches, et je l'entendis avancer un peu dans la pièce.
"Venir ici était peut-être une mauvaise idée."
Je me retournai vers lui.
"Pourquoi ? Battons-nous." Souris-je, comme si ça ne me faisait rien.
Je savais qu'il voyait mon état. Qu'il se doutait que j'étais bouleversé.
Mais avant même qu'il ne puisse parler, j'attrapai mon manteau, le balançai au sol, et lançai un regard de défi à Jungkook.
Il soupira.
"Taehy-
-Je veux m-me battre."
Mon bégaiement ridicule me trahit, mais le noiraud ne se moqua pas une fois.
Alors il ôta son manteau noir, le posa au sol près du petit escalier, et je fus presque heureux lorsqu'il remonta les manches de son sweat à capuche gris.
Finalement, cette cave était parfaite.
Les murs étaient épais, la pièce était pratiquement vide, et assez spacieuse pour nos déplacements ; je savais qu'on allait pouvoir se donner à fond.
Même si je ne savais pas me battre.
J'allais tout donner.
"Alors viens." Me défit-il, soudain concentré, la voix basse.
Je ne sus pourquoi mon corps décida à ma place qu'il fallait fléchir les jambes pour me donner de l'élan, mais c'est ce que je fis. Jungkook recula d'un pas et, quand je lançai mon poing maladroitement, il le para comme si je l'avais attaqué au ralenti.
Je serrai les dents et titubai vers l'arrière, puis retentai ma chance.
Il passa si vite derrière mon dos que j'en hoquetai.
Ses bras encerclèrent mon corps et il me balança contre le mur, assez fort pour que mon souffle se coupe mais pas assez fort pour me faire mal.
Je tombai à genoux après ça, déjà essoufflé, mais en le voyant attendre, ma colère grimpa davantage.
J'étais si faible.
J'avais tellement honte.
Jungkook, pourtant, était concentré comme s'il se méfiait de moi.
"Je ne veux juste pas rendre les choses plus difficiles si je venais à disparaître."
Je serrai les dents et me jetai sur lui.
Je ne savais pas me battre.
Alors j'imitai ses mouvements, quand il se déplaçait, se reculait, ou tentait de m'attraper. J'avais quelques gestes instinctifs, mais j'apprenais le reste sur le tas.
Et, quand je frôlai son torse de mon poing, il établit un regard, dans la manoeuvre.
"Je ne veux juste pas rendre les choses plus difficiles si je venais à disparaître."
Je secouai la tête, mais ce moment d'inattention me valut un coup sur la joue. C'était douloureux.
Et cette douleur, tandis que je tombai sur les fesses, s'intensifia comme si je la consumais de moi-même.
"Menteur..." Grognai-je.
Il sembla désemparé un instant, probablement surpris, et j'en profitais ; sans me redresser, je balançai mon pied sur les siens, pour le faire tomber.
Je le touchai, mais il recula au dernier moment. Cependant, il dut se tenir au mur pour ne pas chuter.
"Menteur !" Criai-je.
Ses yeux surpris se tournèrent vers moi.
Je ne savais pas si c'était la douleur ou la peur qui me guidait.
Mais quand ma vitesse augmenta à un point où je ne la gérais plus, je me fis la réflexion que c'était peut-être les deux.
Je savais aussi que j'avais les larmes au bord des yeux mais que j'avais décidé de ne pas pleurer.
Jungkook m'attrapa violemment la mâchoire quand je fus proche, la sienne serrée de sérieux, et mes pieds quittèrent le sol.
J'écarquillai les yeux.
"Tu me fais une crise ? Hein ?"
Il me leva plus haut encore.
Mon corps entier était maintenu dans les airs par sa seule main englobant ma mâchoire et la moitié basse de mon visage. Je gémis de douleur à plusieurs reprises car mon cou portait tout le poids de mon corps et ça m'en faisait mal au dos et à la nuque.
Ses yeux étaient plus sombres que jamais.
"M-Menteur..." Réussis-je à dire entre mes dents.
Et je crois qu'il avait compris pourquoi je l'insultais de menteur. C'était pour ça qu'il ne demandait pas d'explication.
Brusquement, il me lança au sol, et je toussai lourdement.
Quand je me tournai vers lui, un peu tremblant, je constatai ses yeux devenus rouges.
Il se mit dans une position où ses poings étaient devant son visage.
"Tu crois vraiment qu'un humain peut rivaliser avec un vampire ?"
Je me figeai.
"Que tu peux faire quoi que ce soit contre moi ?"
Il eut un sourire provoquant.
"Tu arrives à peine à me toucher. Tu es faible, aussi faible que n'importe quel autre humain de cette foutue ville."
Je me relevai, le torse tremblant de rage.
"Taisez-vous...
-Comme si tu allais changer quelque chose à cette guerre."
Ses yeux reflétaient un amusement qui me mettait hors de moi. Ce n'était pas le même amusement que d'habitude. C'était mesquin. Mauvais.
Je le détestais.
Profondément.
"Taisez-vous." Répétai-je, le souffle court.
Il sourit davantage.
"Les petits humains fragiles dans ton genre, ça reste au chaud dans une maison. Ca ne va pas à la guerre."
Mon sang ne fit qu'un tour.
"TAIS-TOI !"
Jungkook grimaça à mon poing contre son torse, et il fut propulsé sur quelques mètres, pas assez pour le faire tomber. Violemment, il revint vers moi, et je compris nos différences de force lorsqu'il m'asséna le même coup, exactement le même et au même endroit, mais que mon corps traversa toute la pièce jusqu'à heurter le mur avec douleur, juste à côté du matelas.
Mon corps s'échoua sur le côté, et termina dans le lit de fortune, celui sur lequel j'avais tant pleuré, supplié, imploré.
Une ombre cacha le néon ; Jungkook s'était précipité sur moi. Ses mains attrapèrent mes poignets et les plaqua au-dessus de mon visage. Je criai et bougeai dans tous les sens, mais il me maintint correctement.
"Calme-toi."
Je pleurai à chaudes larmes et tentai de m'extirper de sa prise.
Son regard était moins noir, et ça me mit davantage en rogne.
"Taehyung-
-Tu peux garder ta pitié ! LÂCHE-MOI !" Hurlai-je.
Il fronça les sourcils et serra davantage mes poignets, je gémis de douleur.
"On fait une pause."
Mes yeux se rouvrirent vivement et je ne sus par quelle force je réussis à replier mes jambes sur mon torse, pour ensuite plaquer mes pieds sur son ventre et l'envoyer en arrière.
Son dos cogna le sol en retombant et je me relevai vivement.
Il resta un instant allongé, les yeux clos, la respiration longue et profonde.
Et, quand il me regarda de nouveau, je sus qu'il était en colère.
Vraiment en colère.
Mais ça ne me fit pas peur.
J'étais trop en colère, trop blessé pour avoir peur.
Parce qu'il m'avait menti.
"Je te conseille de te calmer, Taehyung." Articula-t-il sombrement en se redressant, presque au ralenti.
Ses yeux rouges me capturèrent. Il inspirait et expirait profondément. Ses poings se serrèrent.
"Je veux pas faire de pause." Balançai-je, les dents serrées.
Il haussa un sourcil.
"Comme tu voudras."
Tout changea à ce moment précis.
Mes poings ne l'atteignirent plus, ni même mon corps, je ne l'effleurais même plus. Il m'attrapa par la taille et me lança dans le mur, et je ne sus comment mon corps résistait autant. Un humain sans mes facultés serait probablement déjà inconscient.
Je dirigeai mes yeux vers lui, tandis qu'il approchait, sombrement.
Je levai une main tremblante en sa direction.
"S-stop."
Il ne s'arrêta pas.
"Oh ? Maintenant tu veux faire une pause ?"
Il était trop fort. Il s'était retenu tout ce temps, et je réalisais maintenant que je ne valais rien face à lui. J'étais plus puissant qu'un humain, mais pas plus qu'un vampire.
Ou plutôt pas plus que Jungkook.
Sa main saisit ma mâchoire et je geignis de douleur lorsqu'il me redressa de nouveau, cette fois en me gardant contre le mur.
Je tins son poignet entre mes deux mains, plantant presque mes ongles dans sa manche, tandis qu'il approchait son visage du mien, jusqu'à faire frôler nos nez.
"Je te d-déteste." M'étranglai-je, les yeux sombres.
Il secoua la tête.
"Ne dis pas des choses que tu regretteras."
Je reniflai dédaigneusement.
"Menteur." Chuchotai-je encore.
Il colla son front contre le mien et je serrai les dents.
"Je ne t'ai pas menti."
Je secouai la tête. Il recula un peu pour me regarder.
"Tu as dit que tu ne disparaîtrais pas.
-Tu te souviens d'hier soir ?
-De tout. Et surtout de ton mensonge !"
Je balançai ma main vers son visage, et le griffai à la joue si fort qu'il eut la tête tournée sur la gauche.
Immédiatement, je me calmai.
Je l'avais blessé.
Vraiment blessé, dans le sens où je venais de lui faire une plaie.
Et ce fut comme si cette dernière, aussi minime soit-elle, déjà rougie, me rappelait toutes celles sur son torse.
"Oh n-non..." Bégayai-je.
Il me toisa de nouveau, et je vis que ses yeux rouges avaient disparu.
"Pardon, je suis désolé..."
Il relâcha ma mâchoire et je me collai à lui. J'embrassai son torse à deux reprises, au-dessus de son pull, les yeux mouillés en m'imaginant les coups de fouet, la douleur, ses probables cris.
"C'est bon, Tae.
-Non, pardon, je ne voulais pas..."
Sa main glissa dans mes cheveux.
J'accrochai son haut de mes doigts et y déposai le front.
Je n'en pouvais plus de ne pas savoir gérer mes émotions. C'était insupportable. Soit je me ridiculisais, soit j'allais trop loin.
"Pourquoi t'as d-dit ça..."
Je relevai la tête vers lui.
"Pourquoi tu dis que tu ne veux pas rendre les choses plus difficiles si... Si tu venais à disparaître ? Qu'est-ce que ça veut dire ?" Le suppliai-je.
Je tentai vraiment, vraiment, de ne pas pleurer.
J'en avais par-dessus la tête que mes joues soient mouillées de larmes.
Mais quand j'étais avec lui, tout se chamboulait, tout était si dur à gérer, à contenir, ou à faire sortir, tout était si confus.
Il soupira, et son front se colla au mien de nouveau. Je reniflai et retins davantage mes larmes, puis clos les paupières.
"Parce que je n'hésiterai pas à me sacrifier. Je n'en ai même aucune peur."
Je papillonnai des yeux en l'observant et poussai doucement son torse pour mieux le voir. Il semblait sincère, son visage était fermé, mais concerné.
Je vis la petite griffe que je venais de lui asséner et mon coeur se serra.
Comment est-ce qu'on en était arrivé là... ?
"Et tu me forces tout le temps..." Grogna-t-il.
Ses mains se plaquèrent au mur, de part-et-d'autre de mon visage, me faisant sursauter.
"Tu me forces tout le temps à dire ce genre de truc, à parler..."
Il serra les dents, ses yeux jonglaient dans les miens.
"Se sacrifier pourquoi ?" Murmurai-je, ignorant ses autres mots qui faisaient battre mon cœur d'une drôle de façon.
Il me sembla soudain ne plus voir une once d'hésitation dans son regard.
"Pour te protéger."
Il eut un sourire amer, tandis que tout mon corps s'était glacé de stupeur.
"Quoi... ?
-Si tu veux te battre, si tu veux participer à cette guerre, tu vas t'exposer au danger certain de perdre la vie."
Puis il secoua la tête, l'expression sur son visage me donna l'impression qu'il pensait que tout ceci était une évidence.
"Et il est hors de question que je vive dans un monde où tu n'es plus."
J'ouvris grand les yeux, mon ventre me fit mal, mes épaules se tendirent.
Cette fois, je ne retins pas mes larmes. Pas une seconde.
"Jungkook... Non... Sanglotai-je, brisé.
-Je préfère mourir cent fois si ça te sauve la vie.
-Je ne peux pas vivre dans un monde sans toi !" Criai-je, abasourdi qu'il puisse penser le contraire.
Nos fronts se scellèrent une énième fois. Je reniflai et essuyai mes larmes du revers de ma main, avant de raccrocher son haut du bout des doigts.
"J'ai l'impression qu'on... Qu'on m'a arraché le corps en deux à la naissance." Murmurai-je.
Toutes ces douleurs. Ce manque. Comme si je n'avais jamais été satisfait de ce que j'avais.
Quelques souvenirs me revinrent. Juste quelques uns.
Ma mère qui m'offrait un jouet. Mais j'en voulais deux.
Mon père qui m'emmenait au parc, mais je voulais rester plus longtemps.
Ma... Ma soeur qui voulait me faire découvrir la ville dans laquelle on habitait, mais j'ai demandé à aller plus loin.
Alors elle m'a emmené à Busan.
Madame qui m'offrait des livres, mais j'en voulais d'autres.
Ce désir d'avoir plus, toujours plus, de ne jamais me satisfaire de ce que j'avais.
Il n'y a qu'avec Jungkook que je ne le ressentais pas.
"Moi aussi."
Je relevai de grands yeux vers lui lorsqu'il décolla nos fronts.
"Comme si on m'avait arraché des membres." Murmura-t-il, le regard fondu dans le mien.
Je hochai la tête lentement, le cœur affolé, le corps douloureux.
Douloureux de ne pas être lié au sien.
"Est-ce qu'on va souffrir ainsi p-pour toujours ?" Lui demandai-je.
Il glissa une main sur ma joue, avec toute sa tendresse paradoxale.
"Tu souffres ?"
J'acquiesçai, honnête. Il fit effleurer ses lèvres contre l'arête de mon nez.
"Si tu n'es pas proche de moi, oui." Avouai-je.
Puis mes yeux tombèrent sur sa gorge, et je tiquai.
Et si...
"Jungk-
-Non."
J'ancrai mes yeux dans les siens. Il m'avait vu regarder son cou.
"Mais tu as dit vouloir exploiter le lien, alors... Peut-être que...
-Hors de question."
Il s'approcha de moi, plus sombrement.
"On ne me mord pas." Souffla-t-il.
Je secouai la tête.
"Mais peut-être que- que ça changerait tout !"
Il recula.
"Mais pourquoi tu ne veux pas !"
Je m'approchai de lui de nouveau et lui saisis le poignet. Il resta stoïque.
"On essaiera tout pour développer le lien, mais pas ça.
-Pourtant c'est ce qui a déclenché ta force, je... Peut-être que ça déclencherait la mienne."
Son regard interdit et non surpris me fit comprendre qu'il y avait déjà pensé, mais que sa décision était prise.
Pourquoi ne voulait-il pas que je le morde à ce point ?
Il tenta de me faire le lâcher mais j'agrippai son poignet de mon autre main, avant de me glisser devant lui.
"Je veux te protéger." Soufflai-je.
Il baissa des yeux noirs sur moi.
"Et je ne le pourrais que si je deviens aussi fort que toi."
Je me pinçai les lèvres après ma phrase.
C'était vrai.
Si je le mordais, alors peut-être... Peut-être que quelque chose se passerait. C'est à partir de la morsure que nos yeux sont devenus dorés. Qu'il est devenu plus fort. Que l'on s'est rapprochés si puissamment.
Si je le mords à mon tour, tout cela ne va-t-il pas se décupler ?
"Peut-être que c'est la seule manière de vaincre Yoongi." Chuchotai-je enfin, désireux de le convaincre.
Il détourna le regard quelques instants, et j'espérais le voir douter, ou tout du moins y penser, mais violemment, il se dégagea de ma prise, me faisant sursauter.
"Je ne vivrai pas ça une deuxième fois."
Je me figeai.
Quoi ?
"Jungkook...
-On m'a mordu quand j'avais dix-neuf ans."
Mes yeux s'arrondirent.
Il me parlait sans me voir, dos à moi, les épaules tendues.
"...Qui ?" M'étranglai-je.
Il serra les poings.
"Peu importe. On doit aller voir cette tombe, non ? Allons-y maintenant, voir si des réponses nous y attendent."
Il tenta de monter les escaliers mais j'arrivai vivement vers lui pour lui attraper le poignet. Il se tendit.
"Jungkook... Vous- Tu as eu mal quand on t'a mordu... ?"
Ses épaules cessèrent de gigoter, signe qu'il retenait sa respiration.
"...Apprends-moi à le faire... A ne pas te blesser en l-le faisant-"
Il s'extirpa de ma prise et se tourna vers moi.
J'écarquillai les yeux face à son expression effrayée.
"Jungkook-
-J'ai dit..."
Il me détailla, la respiration courte, et ses yeux devinrent rouges sang, comme s'il s'apprêtait à se défendre si j'essayais quoi que ce soit.
"...On ne me mord pas, Taehyung."
Sa voix avait été basse, comme le reste d'un souffle étranglé, et je reculai d'un pas, surpris.
Bon sang, mais qu'est-ce qu'on lui avait fait ?
**
"Vous partez déjà ?"
Jungkook renifla et hocha la tête, le visage fermé. Je me triturai les doigts, inquiet, torturé par le souvenir de notre conversation précédente. Lui, m'ignorait.
"Oh, eh bien-
-On reviendra peut-être ici pour s'entraîner."
Le noiraud salua à peine sa mère après sa phrase, et je me courbai rapidement devant une madame prise de court, avant de trottiner derrière lui vers la sortie. Il entra dans la voiture et j'en fis de même. Le silence régna un moment, le temps d'accrocher les ceintures et d'allumer le chauffage. Puis, plus un bruit.
Et l'on s'échangea un regard, car nous avions tourné la tête l'un vers l'autre, en même temps.
Ses yeux noirs me firent frémir tant ils me sondaient avec intensité.
"Je suis désolé..." Soufflai-je.
Il ne répondit pas, et reporta son attention devant lui pour démarrer la voiture.
"N'en parlons plus." Conclut-il, et je hochai la tête, heureux que cette altercation ne prenne pas plus d'ampleur.
J'observai quelques gouttes de pluie commencer à s'échouer sur le pare-brise. Le ciel s'était assombri. Je crois que j'aimais bien quand il pleuvait.
"Est-ce que vous pensez que Namjoon nous tend un piège... ?"
Je me rendis compte du vouvoiement, mais ne me corrigeai pas, un peu honteux. Jungkook ne sembla pas le remarquer ; il haussa une épaule, les mains serrées sur le volant.
"Pour être honnête, je ne vois pas quelle serait l'utilité de nous tendre un piège. Peut-être qu'il veut juste que je te formate à la croyance de nos dieux.
-Mais il m'aurait envoyé un livre, ou il m'en aurait parlé avant afin que j'y crois au plus vite... Pourquoi maintenant ?"
Jungkook mordilla sa lèvre, comme véritablement concentré.
Il avait un pressentiment.
Je l'avais aussi, ce pressentiment étrange.
Car j'avais peur de ce que nous allions découvrir dans la tombe des dieux des vampires.
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Pas mal de choses dans ce chapitre, dont un premier tutoiement, et quelques prises de conscience de Taehyung (oui, je sais, il était temps qu'il se révolte un peu) ! ^-^
Donc le chapitre de dimanche prochain sera soit un Interlude (que, j'espère, vous lirez vraiment et que vous ne sauterez pas, les Interludes sont hyper importants à la compréhension de l'histoire... T-T) soit le chapitre 39 (vous n'êtes pas prêts pour la révélation qu'il y aura dans le chapitre 39... :p)
Je vous souhaite une bonne soirée, une bonne rentrée (je reprends après-demain moi aussi ! Dernier semestre de ma licence !), et prenez toujours grand soin de vous ! A dimanche prochain !♥
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