Chapitre 30
Bonsoir les amis ! ^-^
Merci pour votre patience, voilà enfin la suite de Vermilion, j'espère sincèrement qu'elle vous plaira ! ♥
Bonne lecture ~ ♥
********************************
Hoseok me regarda de haut en bas.
Je venais d'enfiler les vêtements qu'il m'avait donnés ; plus ou moins les mêmes qu'hier. Un pantalon à motif militaire, et un t-shirt blanc.
"Jette tes autres vêtements dans la poubelle. D'ailleurs, tu les as eu où ?"
Je regardai la pile de vêtements que Lin m'avait donnée.
"... Dans un centre pour dormir. Pour les mendiants."
Il écarquille les yeux, puis hocha la tête.
"Ok, je vois. Bon allons-y, il ne faut pas perdre de temps, si on dépasse les vingt-quatre heures on va avoir du mal à rentrer.
-Oui." Soufflai-je.
Je jetai les vêtements dans la poubelle non loin, et le sentiment de culpabilité me gagna ; c'était triste de jeter un pull et un pantalon en bon état, mais je n'avais pas trop le choix.
Hoseok hocha la tête et me fit signe de le suivre. Avant de me changer, on s'était rendus près des frontières, pour ne pas se faire trop remarquer en tenue militaire. Alors, de cette manière, on se rendit devant les grandes grilles. Seulement deux jours que j'étais dans le monde humain, et j'avais l'impression de ne pas avoir vu ces énormes grilles depuis des semaines.
Mon coeur s'emballa lorsque le même garde vint nous voir.
"Je vous reconnais. Mais toi, là, tu n'étais pas censé sortir. Grogna-t-il en fixant Hoseok.
-J'ai eu la permission.
-Ah bon ? Où ça ?
-L'autre entrée de la grille, du côté ouest des frontières.
-Petit malin. Ça ne marchera pas deux fois.
-Je venais seulement chercher mon ami, c'est sa première permission et il ne savait pas trop comment rentrer."
Le soldat nous observa, l'œil mauvais, avant d'ouvrir la grille.
J'eus un frisson en posant le pied à l'intérieur.
Je rentrais.
De moi-même, je rentrais.
"Cherche ton nom dans cette pile et signe ton papier de retour." Lâcha-t-il rapidement vers moi.
Je hochai la tête et obéis. C'était une petite pile sur la même petite table qu'hier. Il y avait la feuille que j'avais remplie hier soir, qui était maintenant agrafée à une autre. C'était cette page-là que je devais signer, je supposais, au vu de l'inscription "déclaration de retour de permission" qui trônait tout en haut.
"Allez-y. Et croyez-moi que si vous avez magouillé quoi que ce soit, je finirais par le savoir." Grogna le soldat, avant de retourner surveiller l'entrée de la grille.
Hoseok ne se formalisa qu'à peine de cette menace, et me rattrapa le poignet pour me tirer à travers la plaine.
D'abord, les double-frontières. Etrangement, on nous laissa entrer. Je regardai Hoseok, surpris.
Il avait la mâchoire serrée.
"Comment c'est p-possible que... Que personne ne soit au courant de mon évasion ? Soufflai-je.
-Regarde autour de toi. Tout le monde est au courant, Taehyung."
Je fus paralysé un instant, et jetai un œil aux soldats.
Oh, bon sang, ils m'observaient avec mépris, l'oeil noir et fixé sur nous.
"Mais alors pourquoi-
-Namjoon a dû passer l'ordre de te laisser rentrer sans encombre. Ça veut dire qu'il sait pertinemment que tu comptais revenir."
Mon coeur s'emballa, et j'écarquillai les yeux.
Hoseok fut très silencieux durant le trajet du retour. Je ne saurais dire combien de temps ça a pris de rejoindre les double-frontières puis les frontières. J'avais mal aux jambes, j'étais épuisé, mais surtout inquiet. Et le silence d'Hoseok ne me disait rien qui vaille.
Mais, alors que nous approchions des grandes frontières, épiés par tous les soldats devant lesquels on passait, je chuchotai :
"Est-ce que... Est-ce que Jungkook va bien ?"
Là, Hoseok cessa de marcher. Je manquai de lui rentrer dedans. Il se tourna vers moi, et l'expression grave sur mon visage me terrifia.
"... Marche, Taehyung. On est bientôt arrivés."
Je l'observai se remettre en route, tandis que j'étais encore figé, droit comme un piquet.
"Mais-"
Il me coupa en me faisant signe de le suivre. Je compris alors qu'il ne voulait pas en parler, et soudain, la peur de perdre le noiraud, de savoir qui lui était arrivé quelque chose, m'empêcha de bouger.
"Taehyung je t'ai dit de me suiv-"
Il se figea quand il se retourna vers moi.
"Oh merde, Taehyung..."
Hoseok regarda autour de lui. Ça grouillait de soldats. Il courut sur moi et, brusquement, posa une main sur mes yeux. Je tombai à la renverse.
"Eh ! Qu'est-ce que tu fous ! Hurla un soldat.
-Rien, il- il ne se sent pas bien, laissez-lui une minute, et on rentrera !" S'exclama Hoseok.
Je fronçai les sourcils et tentai de lui ôter la main, mais il appuya davantage.
"Taehyung calme-toi ! Tes yeux..." Murmura-t-il, paniqué.
Je cessai de bouger.
"Oh n-non, j'ai pas... J'ai pas fait exprès...
-Je sais, calme-toi, ça va aller."
Hoseok était au courant pour mes yeux. C'est la réflexion que je me fis à ce moment-là et, au vu de sa réaction, il en connaissait les enjeux.
"Est-ce que tu p-peux me dire si Jungkook va bien... ?" Chuchotai-je encore.
Il soupira.
"Oui. Il va bien. Mais tu sauras en le voyant qu'il... Qu'il a été..."
Il se tut. Lentement, je poussai sa main, et Hoseok sembla se détendre en voyant mes yeux probablement noirs.
"Quoi ?" Fis-je soudain plus froidement.
Je me redressai et le repoussai doucement. Je me levai, m'époussetai et regardai Hoseok.
"Qu'est-ce qu'on lui a fait ?" Demandai-je.
Il fut surpris de mon ton. Il baissa la tête, et mon cœur s'emballa encore.
"Vas-tu répondre ? Lâchai-je.
-Garde ton côté protecteur primitif pour toi.
-Mon... Mon côté protecteur primitif... ?"
Sa phrase m'avait calmé. Hoseok se détourna encore, maintenant colérique, et se remit à avancer. Sous la pression des regards des soldats qui, heureusement, étaient trop loin pour avoir vu mes yeux, je me tus et préférais avancer à mon tour.
Maintenant que je savais que Jungkook avait eu un problème, une seule chose me motiva : rentrer. Rentrer au plus vite. Le rejoindre.
Quand nous arrivâmes devant les grandes frontières, je revis la scène d'hier, quand Jungkook m'avait poussé de tout en haut des murs.
"Allez Taehyung, plus qu'une étape." Me souffla Hoseok.
Il me détailla, je le sentais.
"Je ne t'ai pas vu depuis hier seulement, et pourtant j'ai l'impression que tu as changé."
Je portai sur lui un regard décidé.
"...Allons-y." Répondis-je seulement.
Il acquiesça, et eut même un sourire.
On entra par une porte, qui menait à un escalier qu'on gravit ensemble. Là, j'osai regarder par-dessus les frontières, et découvris de nouveau l'Atlantide.
Hoseok ouvrit une autre trappe, et me laissa passer devant. On descendit d'autres escaliers, puis je poussai moi-même la lourde porte.
Lentement, mes chaussures s'enfonçèrent dans les hautes herbes de l'Ancienne Busan.
"Je te laisse ici." Me fit-il.
Je le regardai sans comprendre.
"Quoi ?! Mais je n'ai aucun moyen de transport !
-Quelqu'un arrive pour te chercher. On se reverra bientôt, Taehyung.
-Hoseok, attends !"
Il disparut derrière la porte, de nouveau.
Je me retrouvai seul.
Je déglutis et avançai vers la route, le pas lent, angoissé à l'idée de croiser Namjoon, ou un soldat, ou n'importe qui qui me voudrait du mal.
Mes pieds arrivèrent devant la route, et j'attendis. Aucune voiture ne passait. J'observai les feux rouges éteints, j'écoutai le silence, j'analysai les routes désertes.
Puis, lentement, je me laissai tomber sur les fesses, les genoux contre mon torse, et je clos les paupières. Le calme me fit un drôle de bien.
Je repensais à tout ce que j'avais pu voir, derrière les frontières. Au monsieur sous la pluie, à Lin, aux vendeurs et vendeuses, aux passants qui m'ignoraient, à mes parents. Tous ces gens qui contribuaient à la vie bruyante de l'extérieur.
Je crois que je me sentais bien, ici.
Ce n'était pas parfait, peut-être pas éthique, ni moral, et encore moins pour un humain.
Mais c'était chez moi.
J'habitais ici. J'avais été élevé ici. Et je crois que je ne voulais plus m'en aller.
Plus jamais.
Après avoir attendu plusieurs dizaines de minutes, je me redressai, lassé.
Il fallait que je retrouve Jungkook.
Le vent me donna froid, mais à la fois la brise n'était pas si désagréable. Je clos un instant les paupières.
Je savais que j'en étais capable.
J'étais capable de le sentir.
Mon cœur battit moins vite, ma respiration se calma, et je sentis mes yeux crépiter sous mes paupières. Je laissai échapper un long souffle. Je pouvais sentir l'air glisser dans mes narines jusque mes poumons. Je me sentais bien.
Je ne pensais qu'à lui, à personne d'autre. Depuis toujours, finalement, n'est-ce pas ?
Et, soudain, une drôle de sensation m'envahit le torse. Je rouvris les yeux. Ils étaient attirés vers le ciel. Je fronçai les sourcils en observant les nuages, le bleu azur. Ca ne m'aveuglait même pas.
La pression, dans ma cage thoracique, s'amplifia. Je posai une main sur cette dernière, intrigué.
"...Qui est là ?" Murmurai-je.
Ce n'était pas Jungkook.
Quelqu'un... Quelque chose... M'appelait, à l'intérieur. Cet appel ne venait pas de l'extérieur, définitivement pas. Je me sentais soudain très important, sollicité, et ça m'inquiéta autant que ça m'intrigua.
Et puis, enfin, je compris. Comme si quelqu'un avait déposé la solution dans mon esprit, car je n'aurais jamais pu déduire cela seul.
C'était une force divine, je crois, non, j'en étais sûr. Ce n'était pas un humain ni même un vampire, la puissance était trop grande, ça me bouleversait, j'en reculais même de deux pas.
"Qu'est-ce que vous voulez... ?" Soufflai-je.
Le vent, brusquement, alla dans mon sens, balayant mes cheveux vers l'arrière. Comme pour suivre où il se dirigeait, je fis volte-face, et me figeai immédiatement.
Mon cœur cessa de battre. Ou alors il s'était emballé. Je n'arrivais pas à le savoir, car le frisson qui me parcourut, doublé par l'adrénaline, m'empêchait de sentir correctement chaque réaction de mon corps.
Il était là.
Devant moi, à plusieurs mètres.
Les mains dans les poches et le regard dans le mien, il attendait patiemment.
J'avançai d'un pas, puis d'un autre, en levant lentement les bras vers lui, comme si je pouvais déjà l'atteindre à cette distance. Ma bouche s'entrouvrit petit à petit à cause de la surprise, du soulagement, du choc, du bien-être.
Le vent soufflait dans mon dos et me poussait vers lui.
J'avançai encore, et découvris plus en détail son visage à mesure que je m'approchais. Il ôta lentement les mains de ses poches.
Et, lorsqu'une unique larme s'échappa de mon œil, je franchis le dernier pas d'un bond pour me blottir contre lui.
Là, je pleurai. Chaudement.
Je n'avais même pas peur de sa réaction. Je m'en fichais. Je pensais seulement à moi, égoïstement, car j'avais besoin de le toucher.
Mes bras s'enroulèrent autour de sa taille, et mon visage s'enfouit contre son torse ferme. Je reniflai et pleurai encore.
Quand je sentis une pression sur mes cheveux, je cessai tout mouvement, hébété de son geste. Son autre main glissa contre ma nuque, et ainsi, il me maintint contre lui. Je n'arrivais pas à croire qu'il me touchait, qu'il acceptait mon étreinte ; j'aurais pensé qu'il la détesterait.
"C'est u-un rêve... ?" Bégayai-je dans un sanglot étouffé.
Peut-être que c'était une vision du Lien. Inquiet à cette idée, je reculai vivement le visage, et il baissa la tête vers moi. Nos nez se frôlèrent à cause de notre proximité.
"C'est l-le Lien ?" M'inquiétai-je encore.
Jungkook m'observa attentivement. Mais soudain, alors qu'il ne répondait pas, une drôle de marque, cachée à moitié par son col, attira mon regard.
Je fronçai les sourcils et mon doigt glissa sur le vêtement pour l'échancrer.
J'écarquillai les yeux, car la marque était de plus en plus voyante en descendant, de plus en plus rouge et profonde.
"Qu'est-ce q-que-"
Jungkook attrapa ma main dans la sienne et mes yeux s'arrondirent un peu plus lorsqu'il la porta à ses lèvres.
"J-Jungkook..."
Il entrouvrit la bouche, et ses crocs griffèrent mes doigts. Alors, lentement, hypnotisé par ses gestes, je posai ma main sur ses lèvres. Ma paume couvrait sa bouche.
Jungkook ferma les yeux en se laissant faire, et mon cœur explosa dans ma poitrine.
Mais c'est à ce moment précis que ses genoux lâchèrent.
"Jungkook !"
Il tomba vers l'avant et je l'encaissai comme je le pus. Je l'aidai à s'asseoir sur l'herbe, paniqué, et me mis à genoux devant lui. Je posai mes mains sur ses joues et lui relevai la tête.
Mais ses yeux étaient rouges et dilatés.
Oh, bon sang.
"Monsieur Jungkook..."
Il me dévisageait, comme absent, et pourtant bien devant moi. Alors, intrigué, je levai de nouveau ma main vers son visage. Il ferma de nouveau les yeux lorsque je couvris sa bouche et son nez de ma main gauche.
Mon odeur.
C'était mon odeur qui lui faisait ça.
Je serrai le poing droit quand je m'imaginais à quel point il avait dû souffrir, peut-être même plus que moi. Sa main se posa sur la mienne, contre ses lèvres.
Il ne mordait pas. Il se contentait d'inspirer et d'expirer lentement, mais profondément.
"Pitié dites-moi que v-vous allez bien..."
Il rouvrit les yeux. Le vermillon de ces derniers me fit déglutir. Il était magnifique.
Je crois que Namjoon avait raison.
Peu importe à quel point il me haïssait pour ma nature...
"Jungkook, parlez-moi, s'il vous plaît..."
...Moi, je l'aimais pour la sienne
Doucement, je ôtai ma main de sa bouche rosée. Il expira l'air contenue. Il avait rendu ma main brûlante.
"Pourquoi m'avoir poussé, hein ? Si v-vous souffrez autant..." Pleurai-je.
Il fixait mon torse.
Je ne l'avais jamais vu aussi vulnérable.
"...Tu as vu tes parents ?"
Je me figeai quand sa voix pénétra mon esprit. Un nouveau frisson, plus puissant.
"Oui." Soufflai-je.
Il me détailla.
"Tu leur as parlé ? Murmura-t-il encore.
-... Non."
Il ne sembla pas surpris.
"Rentrons." Fit-il.
Quand je le vis se lever en grimaçant, je m'inquiétais et me redressai à mon tour au cas où il tombait de nouveau, mais malgré une fatigue visible, Jungkook marcha correctement. Je le suivis, juste derrière, et aperçus sa voiture, au loin.
"Vous allez pouvoir conduire... ?" Murmurai-je.
Il y entra, et je l'imitai. Je tremblai de froid.
Jungkook ne démarra pas tout de suite. Je le regardai.
Qu'est-ce qui lui arrivait ? Il avait l'air si faible, si épuisé.
Il se replaça dans son siège et grimaça en posant une main sur son ventre.
Irrité qu'il ne réponde pas, je me penchai vivement vers lui et tentai de soulever son haut, mais comme s'il l'avait anticipé, ses bras me receptionnèrent et me tirèrent brusquement à lui.
"A-ah, mais- !"
Je me figeai en réalisant qu'il venait de me mettre assis sur ses genoux, face à lui. Il laissa ses bras retomber le long de son corps ; il ne me touchait plus, et fermait les yeux.
C'est à ce moment précis que la chaleur m'envahit. Etre contre lui me réchauffa, et un frisson de bien-être parcourut mes membres.
J'avais l'impression que tout ceci était irréel. Jungkook était différent. Calme, vulnérable, et tactile.
Il tremblait un peu, mais je n'avais pas l'impression que c'était du froid.
...Qu'est-ce qu'on lui avait fait ?
Je posai lentement une main sur sa joue ; il se laissa faire, mais garda les yeux clos et les bras ballants. J'avais bien trop besoin de contact.
Alors, doucement, je me remis correctement sur ses cuisses, et posai ma tête dans le creux de son épaule, le visage tourné vers son cou. Je clos les paupières à mon tour.
J'étais étonné qu'il ne me morde pas. Mais c'était étrange ; j'avais la sensation qu'il m'avait déjà mordu aujourd'hui, alors que je n'avais pas vu le vampire depuis hier soir.
Je manquai un sursaut lorsque sa main chaude se posa sur le côté de ma cuisse droite. Je me redressai un peu, surpris, mais il était encore visiblement en train de lutter contre quelque chose. Ses sourcils étaient froncés.
"Monsieur Jungkook." Chuchotai-je.
Il rouvrit à peine les yeux.
Et quand il se redressa enfin, je compris le message et descendis de ses cuisses pour retrouver ma place. Enfin, il démarra la voiture. Je déglutis difficilement.
"Où va-t-on ?
-On rentre." Murmura-t-il.
Même sa voix était faible.
"Chez vous ?"
Il hocha la tête, et ne prononça pas un mot de plus durant le trajet.
**
"Vous m'avez suivis ?" Grogna Jungkook.
Je sursautai en découvrant Jin et monsieur Jeon dans le salon. Ces derniers fixèrent mauvaisement Jungkook.
"Tu es parti de chez ta mère sans rien dire ?! S'exclama son père.
-Je n'ai aucun compte à te rendre. Et je n'allais pas rentrer là-bas, c'est complètement délabré.
-Jungkook... On devait te parler de notre-
-Je me fiche de votre plan. Merci de m'avoir sorti de là. Mais maintenant, si on n'a rien de plus à se dire, vous pouvez vous en aller. Je suis fatigué de tout ça."
..."de m'avoir sorti de là ?"
De quoi l'avaient-ils sortis ?
"...On en reparlera, Jungkook." Fit sombrement monsieur Jeon.
Jin soupira et attrapa sa veste. Il passa devant moi, et je sentis son regard insistant sur ma personne, alors je baissai la tête.
Jungkook attendit, figé au milieu du salon, que les deux hommes partent. Une fois ces derniers sortis, le noiraud s'appuya sur la table, et grimaça encore.
Je m'approchai de lui.
"Vous avez mal quelque part... ?"
Il prit une profonde inspiration. Il souffrait.
Je me souvins soudain de cette marque, au niveau de son torse. Inquiet, je tentai d'attraper son haut une nouvelle fois, mais il recula.
"Laissez-moi voir !
-Taehyung, si tu veux te rendre utile, arrête d'être curieux." Grogna-t-il.
Mais c'était de trop.
"... Je vous demande pardon ?"
Il se retourna vers moi, surpris de mon ton.
"... Après m'avoir jeté des frontières, c'est à ça q-que j'ai droit ?"
Je m'approchai, abasourdi.
"Après m'avoir jeté des frontières, m'avoir envoyé seul dans le monde humain dans lequel j'ai été un mendiant qui a dormi dans un centre pour mendiants, dans lequel je me suis fait insulter, rejeter, presque piétiner, dans lequel j'ai cru que j'allais finir mes jours sans vous parce que vous l'aviez décidé seul, sans me consulter, parce que vous pensez peut-être que je suis t-trop bête pour réfléchir, c'est à ça que j'ai droit ?!"
J'avançai d'un autre pas.
"Je me fiche que vous me détestiez. Moi je ne vous déteste pas, je ne souhaite plus vous q-quitter !"
Il sembla surpris.
"Moi je ne vous ai jamais détesté !" Criai-je.
Jungkook tenta de parler mais je le coupai :
"Si vraiment v-vous ne supportez pas ma présence, pourquoi m'avoir fait revenir, hein ?! Pourquoi est-ce que nous sommes ici, ensemble ? Pourquoi ne pas m'avoir laissé seul derrière les frontières ?"
Ma voix s'amenuisait petit à petit. Mes yeux étaient mouillés.
"Vous me faites revenir, vous me prenez dans vos bras comme si quelque chose avait changé, et de r-retour ici vous me haïssez de nouveau ?! Je ne vous demande pas de m'aimer, mais au moins de faire semblant de me supporter, et de me donner des r-réponses !"
Jungkook se pinça l'arête du nez, et de cette manière, son haut se souleva un peu.
Je fronçai les sourcils.
Une autre marque ?
"Monsi-
-Je suis désolé."
Il fixait le sol.
"Mais il fallait que je t'envoie là-bas.
-Pourquoi... ? Vous avez l'air d'avoir... D'avoir souffert plus que moi." Murmurai-je, paniqué.
Il me lança un coup d'œil qui confirma ma pensée.
Bon sang, mais qu'est-ce qu'il ne me disait pas ?
"J'ai cru q-que vous m'aviez abandonné." Soufflai-je.
Il me dévisageait.
"Je pensais à ce moment-là que j'allais pouvoir te joindre par téléphone."
J'écarquillai les yeux.
"Par téléphone... ?
-Oui. Mais je n'ai pas pu.
-Pourquoi ?"
Il détourna le regard, et se laissa tomber plus loin, sur le sofa. Je le rejoignis et me mis à genoux sur le tapis, devant lui. Il baissa les yeux pour me regarder.
"Tu as eu un problème, tout-à-l'heure ?" Demanda-t-il soudain.
Je réfléchis un instant, surpris par sa question.
"Le... Le taxi ?
-Le taxi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Je n'avais pas d'argent... Il a menacé d'appeler la police..."
Jungkook soupira. Je relevai la tête.
"Taehyung je sais que tu m'en veux."
D'autant plus étonné, je ne répondis pas, attendant la suite. Il semblait culpabiliser.
"Mais je voulais que tu aies le choix."
Je fronçai les sourcils.
"Le choix ?
-Entre l'Atlantide et le monde humain. Ton monde."
Immédiatement, je secouai la tête. Jungkook avait les jambes écartées ; je posai les mains sur le petit bout de canapé visible entre ses cuisses, et me hissai un peu vers lui.
"Ce n'est pas mon monde." Murmurai-je.
Il lâcha un autre soupir.
"Ouais. Peut-être pas."
Sa main gauche jouait avec une mèche de mes cheveux. Il en était hypnotisé, parce qu'il semblait réfléchir.
"Est-ce que vous me détestez toujours... ?" Questionnai-je soudain.
Il se figea, et me lança un regard surpris. Mais il vit mes yeux sérieux, et tout-à-coup, se pencha vers moi. Je retombai sur les fesses, mais il agrippa mes bras pour me tirer à lui, comme dans la voiture. Je poussai un petit cri.
Mes fesses atterrirent pour la seconde fois aujourd'hui sur ses cuisses.
Jungkook tenait mes hanches. Il s'enfonça dans le canapé.
"Pas si tu me laisses boire autant de sang que je le souhaite." Chuchota-t-il, la voix soudain plus rauque.
Mes joues rougirent et je détournai le regard, mais il glissa une main dans ma nuque et approcha brusquement ma gorge de ses lèvres ; je sentis ses dents sur ma peau.
Je fus électrisé. Paralysé.
Son souffle chaud parcourut ma gorge et j'entendis sa respiration calme.
On resta un instant dans cette position. Dans le silence, seulement brisé par mes souffles saccadés et impatients, et par ses longues mais calmes inspirations et expirations.
Son nez glissa contre mes cheveux, puis ma tempe, et je réalisai qu'il me sentait. Cela dura un long moment pendant lequel toutes mes inquiétudes s'envolèrent. Là, dans le calme de la pièce, Jungkook n'avait rien à craindre du regard des autres, alors je le sentais se laisser aller à me caresser, presque à me cajoler.
Une de ses mains pressa ma hanche et je couinai ; il y mettait de la force. Je me laissai faire, soumis à ce qu'il voulait, car je me fichais de ce qu'il voulait me faire, c'était lui qui décidait, et je n'avais aucune envie de l'en empêcher. Il tâtait ma peau, y plantait parfois doucement ses ongles, me griffait de ses dents sur ma gorge, et je ne faisais que gémir. Comme s'il savait que j'acceptais de me soumettre, il me tortura de longues minutes avec tout le sadisme typique du vampire.
"J-Jungkook..."
Il grogna en réponse, et me tira davantage contre lui. Il m'emprisonnait, car j'étais sa proie, et je crois qu'aussi paradoxal que ça puisse paraître, l'idée de ne pas pouvoir échapper à ses canines me rendait fou. Ses mains me maintenaient fermement ; l'une sur ma hanche, toujours, et l'autre enserrant maintenant mes poignets bloqués dans mon dos.
Mes yeux s'ouvrirent et je découvris à nouveau les traits masculins et durs de son visage.
Ses yeux rouges scintillaient dans les miens.
Et je perdis le contrôle sur moi-même. Car Jungkook était en train de le prendre.
Mes sens se brouillèrent, ma vue se flouta, tout ce que je voyais étaient ses pupilles vermillons, son visage et son expression concentrée, ses mouvements lents mais fermes, il n'y avait soudain plus que lui, pas même moi, juste son existence. J'entendis le sang dans ses veines, le bruit de ses poumons qui se gonflaient à chaque inspiration, et les légers grognements impatients qui s'échappaient de sa gorge.
Ma gorge se mit à me brûler.
Je ne savais pas si c'était lui qui provoquait ça.
Mais elle brûlait, me consumait, et mon estomac hurla de douleur, pourtant, je ne bougeai pas d'un pouce, obnubilé par le simple fait qu'il respire.
Jungkook s'approcha finalement de ma gorge. Il ouvrit la bouche. Ses dents glissèrent sur ma peau, probablement pour me faire appréhender, peut-être pour me faire peur, aussi. C'était primitif.
Et, enfin, après tout ce temps, toute cette patience, toute cette souffrance, après ce profond, ce terrible manque...
...Jungkook émit un cri étouffé quand je perdis le contrôle et plantai mes dents pointues dans sa gorge blanche et exposée.
********************************
J'ai écrit la scène des retrouvailles au moins 3 fois, j'ai eu vraiment du mal parce que j'avais peur de vous décevoir. Je ne vais pas vous mentir je ne suis pas 100% fière de ce chapitre mais je sais pas j'ai eu un drôle de blocage (vraiment la peur de vos réactions je pense). Bref, malgré cela j'espère sincèrement que ce chapitre vous a plu, que les retrouvailles ont été à la hauteur de vos attentes (elle ne sont pas "terminées", ils ont encore beaucoup de choses à se dire, ceci n'était qu'une très brève discussion mais ne vous inquiétez pas il y aura une discussion plus sérieuse par la suite)
Sinon ! Comment ça Taehyung a des dents pointues... ? ;)
Je vous souhaite une très bonne soirée, je vous dis à dimanche pour la suite (j'ai beaucoup d'exposés la semaine prochaine donc il se pourrait que je décale encore exceptionnellement l'update, je vous préviendrai si c'est le cas!!) plein de bisous les amis !! ♥♥
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro