Chapitre 29
Bonsoir les amis ! ^-^
Déjà le chapitre 29 de Vermilion, d'ailleurs petite info mais je pense que le tome 2 sera bien plus court que le tome 1, mais ne vous inquiétez pas Vermilion aura au total 3 tomes ^-^
Bonne lecture ~ ♥
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"Excusez-moi, bonjour, est-ce que vous savez-
-J'ai pas d'argent.
-Non mais ce n'était pas pour-"
Il était déjà parti. Je pris une grande inspiration, et me lançai à nouveau.
"Madame excusez-moi, vous savez où je peux-
-Désolée.
-Mais-"
Elle s'en alla.
Je ne comprenais pas, personne, personne, ne me laissait le temps de finir.
Mon dos s'échoua contre un mur sale, et je me frottai les yeux des poings. Dans ma paume gauche, j'avais mon téléphone allumé sur la photo que j'avais prise de l'annuaire.
Je regardai autour de moi.
J'avais l'impression que ça faisait deux longues semaines que j'étais ici.
Ce monde était si bruyant et si vide à la fois.
Je me demandais si l'Atlantide était mieux, soudain, tandis que mes yeux parcouraient les passants. En Ancienne Busan, les gens étaient méchants avec moi. Ici, les gens ne me voyaient pas du tout.
C'était tellement étrange. J'avais idéalisé le monde humain à cause des romans que j'avais lus. Je ne m'étais pas non plus attendu au paradis ; j'avais conscience de tout ce que les humains faisaient de mal. Mais j'avais été certain qu'en venant ici, j'allais trouver ma place.
Finalement, ce n'était pas le cas.
Je n'avais pas ma place ici, ou en Atlantide.
Les seules fois où je m'étais senti à ma place, c'était quand Jungkook me mordait. J'eus un drôle de sourire fatigué en y repensant. Peut-être une certaine nostalgie. Pourtant nous étions séparés depuis hier seulement, mais la sensation du manque me faisait croire que je n'avais pas vu le vampire depuis des semaines.
Je regardai mes mains. J'avais l'impression de disparaître.
"Excuse-moi."
Je sursautai et me redressai. Un garçon, qui devait avoir mon âge, me regardait, perdu.
"Tu serais pas de l'université des sciences ? Ma rentrée c'est cet après-midi et mon téléphone fait n'importe quoi, il change tout le temps de trajectoire, je suis perdu..."
Je fronçai les sourcils, puis jetai un oeil sur son écran de téléphone. Je ne comprenais rien.
"Désolé je sais pas du tout où c'est... Murmurai-je.
-Ah, zut. C'est pas grave, merci quand même, je vais prendre un taxi."
Je haussai les sourcils, curieux.
"Un... Un taxi ?"
Il se retourna de nouveau vers moi.
"Bah oui. Pourquoi ?
-C'est... Pour t'emmener à ton- ton université ?"
Il y eut un silence durant lequel il ne me lâcha pas des yeux. Je voyais bien qu'il me trouvait bizarre.
"T'es pas d'ici toi. Fit-il.
-Non, pas vraiment... Je cherche cette adresse."
Je lui montrai la photo. Il plissa les yeux.
"Je connais pas trop, mais t'as qu'à prendre un taxi aussi, non ?
-Je... Je peux venir ?
-Bien sûr."
Il s'approcha soudain de la route et leva la main très haut.
"Regarde, en voilà un, on a de la chance."
Je vis une voiture grise s'approcher. Il y avait un petit panneau où il était inscrit "taxi" dessus. Le chauffeur s'arrêta devant nous, et baissa la vitre.
"C'est pour aller où ? Demanda-t-il.
-L'université des sciences.
-D'accord, et vous ?
-Heu..."
Je m'approchai, timide, et lui montrai l'adresse. Il plissa les yeux et lut.
"Attends je regarde sur mon GPS." Me fit-il.
Je ne savais pas ce que c'était, mais je le vis tapoter sur un écran dans sa voiture. Comme un téléphone mais différent.
"Ouais, c'est faisable. Allez-y, montez."
L'inconnu me fit un sourire, et grimpa dans la voiture. Je le suivis, et m'installai à l'arrière également. Le chauffeur démarra.
"Je vais d'abord aller à l'adresse du jeune homme aux cheveux châtains, c'est plus près que l'université. Ensuite, je vous déposerai.
-Ca marche." Fit-il.
Je déglutis, un peu inquiet. C'était étrange que de parfaits inconnus puissent nous conduire là où on le voulait.
Personne ne parlait ; le chauffeur conduisait calmement, et l'inconnu à mes côtés pianotait sans cesse sur son téléphone, les sourcils froncés. Pour ma part, je regardai à travers la vitre. Il y avait un peu de buée à cause du froid.
Mon estomac se tordit à l'idée que l'adresse soit la mauvaise. Comment faire dans ce cas, reprendre un taxi ? Il y en aura, là-bas, si ce n'est pas le bon endroit ? Si ce n'est pas la maison de... De mes parents ?
"On est bientôt arrivé." Nous prévint le conducteur.
Je hochai la tête et pressai mes propres cuisses, à plusieurs reprises. Je fixai maintenant le sol.
Que dire à mes parents ?
"Je suis Taehyung."
Non, je ne pouvais pas dire ça comme ça.
"Bonjour, je m'appelle Taehyung, je suis votre fils."
Non, trop direct, trop étrange.
"Bonjour madame, bonjour monsieur, je-"
Je devais les appeler monsieur et madame ?
"Bonjour maman et papa."
C'était pire.
Je soupirai et me passai une main dans les cheveux.
"Bonjour, je m'appelle Taehyung, j'ai vingt ans, et ça fait treize ans qu'on m'a enfermé dans une maison avec une maîtresse horrible, qu'on m'a entraîné à me cacher dans une cave ou dans ma chambre quand un garçon venait en week-end, mais finalement je suis son humain lié. Il s'appelle Jungkook, et il me manque."
J'eus un sourire faible.
"Il s'appelle Jungkook, et il me manque."
Mes yeux se clorent.
"Il s'appelle Jungkook... et il me manque terriblement."
"Eh, je te parle !"
Je rouvris les yeux vivement, et regardai le chauffeur.
"Pardon. Soufflai-je, secoué.
-On est arrivés. Ca fait vingt-et-un euros."
Je fronçai les sourcils.
"Comment ?"
Le garçon à côté de moi me fixa.
"Bah, paye. Qu'est-ce qui te prend ?" Me demanda-t-il.
Payer... ?
Oh, bon sang.
Mais bien sûr. Bien sûr que ça n'allait pas être gratuit, pourquoi étais-je si bête ?
"Je... Je n'ai pas..."
L'inconnu écarquilla les yeux.
"T'es sérieux, là ?
-Je vais appeler la police !" S'emporta le chauffeur.
Oh non.
La police, pas la police, surtout pas, c'était...
"Pitié, est-ce que t-tu peux payer pour moi ? Suppliai-je le jeune homme.
-Mais- Pardon ?! Je ne te connais même pas, sale arnaqueur !
-Je vous jure que je n'avais p-pas pensé que-
-J'appelle la police, tant pis pour toi.
-Non !"
Je voulus ouvrir la portière de la voiture, mais elle ne s'ouvrit pas.
"Tu croyais pouvoir t'enfuir ?
-Laissez-moi partir !"
Je secouai la porte comme je le pouvais, la panique me gagnait un peu plus à chaque seconde.
"Oui, allô ? Je-
-Non !" Hurlai-je.
Soudain, cette peur se transforma en colère, je ne savais pas trop comment, ni pourquoi, mais cet homme me mettait en colère. Je me penchai en avant et arrachai son téléphone. Mon poing brisa l'appareil quand je le serrai dans ma paume.
"Mais t'es complètement malade ?!"
Les gestes lents, je posai les morceaux de téléphone à côté de moi. J'étais étrangement calme malgré cette sensation d'ébullition. Le jeune homme à mes côtés était figé.
Et, comme si elle n'était pas verrouillée, j'ouvris lentement la porte.
"Ma voiture ! Putain mais j'avais pourtant verrou-"
Le chauffeur fixa quelque chose devant lui.
"Mais c'est verrouillé. Bordel, tout est verrouillé, comment..."
Il se tourna vers moi, effrayé, tandis que je n'avais aucun mal à ouvrir. Quelque chose se brisa, probablement le système de verrouillage. Lentement, je posai un pied dehors, puis un autre.
"Vous les humains, vous êtes..."
Je me stoppai, puis les regardai un à un, les yeux plus noirs que jamais.
"...Vous êtes méchants."
Ils me fixèrent comme si j'avais deux têtes au lieu d'une. Je reniflai, agité à l'intérieur mais calme en apparence, et sortis définitivement du véhicule.
Je regardai la portière, et soudain, je décidais de l'arracher complètement.
"Aaaah !!" Hurla le conducteur, horrifié, tandis que je laissai cette dernière tomber au sol.
Il fallait les punir pour leur méchanceté.
Oui, c'était ça, il fallait qu'ils ne recommencent plus jamais à être des mauvaises personnes.
J'observai la portière, au sol, complètement détachée de la voiture. Je n'avais eu aucun mal à la ôter, comme si elle y était à peine fixée, comme si elle ne pesait rien.
Je regardai mes mains en m'éloignant de la voiture, le pas léger.
Je me sentais mieux, soudain, tellement mieux. J'avais la sensation d'avoir dormi, d'être plein d'énergie.
Qu'est-ce qui venait de se passer ?
Je me faufilai dans un chemin étroit, humide, avec des poubelles un peu partout. Il faisait sombre et froid.
Et c'est à ce moment précis que je repris mes esprits.
... Qu'est-ce que je venais de faire ?
Oh, mon dieu, je venais de- de- d'abîmer la voiture de ce monsieur...
Paniqué, je me collai au mur et me cachai le visage de mes mains. J'avais les larmes aux yeux. Ce n'était pas moi, ce n'était pas moi qui avais fait ça. J'amais je n'aurais fait du mal à quelqu'un ! Ils avaient l'air d'avoir si peur, je leur ai fait peur, oui je crois qu'ils avaient paniqué par ma faute !
"Pardon... Pardon..." Murmurai-je, le coeur brisé.
J'étais certain de ne pas avoir fait ça, pas vraiment, je me souvenais de ce que je venais de faire mais...
Je ne savais pas, je...
Angoissé et coupable, je sortis lentement du petit chemin étroit. Le froid m'agressait de nouveau.
Je fixai le sol, en me remémorant encore et encore mes actes ignobles, mais quand je levai la tête, je me figeai.
"... Mais..."
Lentement, je sortis mon téléphone, et y lus l'adresse de nouveau. Puis je relevai la tête, et lus le même nom de rue et le même numéro de porte.
Mon coeur cessa de battre, cette fois.
J'étais devant la maison de mes parents.
Ou du moins, j'avais une chance sur deux de l'être.
[A l'intérieur des frontières]
Ses yeux ne quittaient pas la poche, dans les mains de Jin.
Jungkook avait les pupilles rouges, les muscles tendus, prêt à s'élancer.
"Calme-toi, il faut que tu la boives quand ce sera extrêmement nécessaire."
Le noiraud fronça les sourcils.
"Je la veux maintenant." Grogna-t-il, la voix gutturale.
La soif lui brûlait la gorge, ça le grignotait de l'intérieur, voir ce sang si rouge, si attrayant, si alléchant, Jungkook allait en devenir fou. Jin tentait de le raisonner, mais tout ce qu'il voyait était les mouvements du liquide vermillon à l'intérieur de la poche.
Il voulait mordre dans le plastique comme il mordrait la gorge de Taehyung.
Sa langue ne cessait de passer sur ses propres canines.
"Tu n'aurais jamais dû la lui montrer maintenant ! S'emporta monsieur Jeon.
-Je viens de le comprendre, je suis désolé...
-Donne-la moi, Jin." Murmura Jungkook, le ton dangereux.
Le Lien lui hurlait de la boire pour restaurer son énergie, pour guérir ses blessures plus vite et pour le remettre sur pieds.
Mais Jungkook, lui, ne voulait que sentir le sang de Taehyung sur sa langue, dans sa gorge, jusqu'à rejoindre son estomac. Il était gourmand, bien trop gourmand pour boire ça plus tard.
Et l'impatience gagna.
Jungkook se redressa, l'allure faible mais déterminée, et s'approcha de Jin.
"Jungkook, arrête !
-Jungkook !" Cria son père.
Mais il était bien trop rapide pour eux, même dans un faible état. La poche se fit arracher des mains de Jin, et le noiraud recula. Il la tint fermement dans sa main droite, le regard effrayant posé sur les deux personnes face à lui.
Il les défiait.
Il les défiait de revenir chercher ce qui lui appartenait.
Et ni Jin, ni son père n'essayèrent.
Alors, satisfait, Jungkook gravit les escaliers difficilement, car il voulait s'isoler.
Il entendit alors Jin et son père se disputer sur qui était en tort, mais il s'en moquait ; il claqua violemment la porte de la salle de bain, puis la verrouilla.
Il s'appuya sur le rebord du lavabo et s'observa dans le miroir. Il était mal en point. Les cheveux sales, la peau grasse, du sang sur le torse, des coupures profondes partout, et le teint jaunâtre.
Il se moquait bien du plan que les deux hommes en bas avaient mis sur pieds.
Jungkook voulait agir seul.
Car il n'avait confiance en personne.
Il ne se lâcha pas des yeux dans le miroir, tandis qu'il approchait la poche de ses dents pointues, mais soudain, il s'arrêta net, la bouche ouverte, presque salivante.
Peut-être qu'il en aurait plus besoin plus tard.
Il secoua la tête.
Non, il devait boire, il en avait tellement envie.
Il approcha de nouveau la poche de ses lèvres sèches.
Mais il s'arrêta encore.
...Ce sang était une denrée extrêmement rare à présent, peut-être qu'il devait la garder, au cas où. Et s'il avait une plus grosse blessure à l'avenir ? Et s'il se faisait attaquer, cette poche serait idéale à ce moment précis, non ?
Il grogna et serra les dents. La poche n'était qu'à quelques millimètres de ses lèvres. Sa main qui la tenait tremblait fortement.
Rageusement, il la jeta dans le lavabo et frappa le mur à côté du miroir. Son poing s'était enfoncé dans le carrelage mural.
Il baissa la tête, les yeux clos, le corps tremblant, transpirant malgré le froid, la nuque tendue.
Mais, soudain, il ressentit quelque chose.
Il fronça les sourcils et se concentra.
De la panique.
De l'angoisse.
Il rouvrit les yeux et se regarda dans le miroir.
Taehyung.
Taehyung avait un problème.
Jungkook fronça les sourcils et se passa une main rageuse dans les cheveux.
Il ressentait, de façon légère, cette sensation d'affolement, de surprise, d'inquiétude. Taehyung était dans une situation délicate.
"Putain Taehyung..." Grogna-t-il en grimaçant, avant de poser ses deux mains de part-et-d'autre du miroir, la tête baissée, les muscles tendus à souhait.
Et puis, enfin, la peur.
Jungkook fut paralysé par la peur de Taehyung.
Il s'observa dans le miroir à nouveau.
Qu'est-ce qui était en train de se passer, au-delà des frontières ?
Il secoua la tête, puis ses yeux retombèrent de nouveau sur la poche.
Pas une seconde il n'hésita.
Il l'attrapa, et planta ses crocs à l'intérieur.
Il la tint à deux mains contre sa bouche, et se mit à boire.
Il écarquilla les yeux à la première gorgée.
Le plaisir l'avait électrisé.
Jungkook ferma les yeux à moitié et recula d'un pas puis d'un autre, jusqu'à ce que son dos ne se colle à la porte. Il se voyait de loin, dans le miroir, en train de boire goulument. Il soupira de bien-être. Le sang n'était pas chaud mais glacé, c'était moins agréable, mais tout de même délectable.
Il revoyait la gorge nue de Taehyung décorée de deux points ; signe de sa morsure.
Il clôt les paupières, et but encore, le bruit de ses déglutissements était le seul son que l'on pouvait entendre en plus de ses soupirs et du bruit du plastique épais de la poche, quand Jungkook appuyait dessus pour forcer le sang à se précipiter sur sa langue.
Il but encore, jusqu'à prier que ça ne s'arrête jamais, que cette dernière soit infinie.
Mais après un intense plaisir et une perdition dans la luxure propre aux vampires, le jeune homme lâcha la poche au sol, et se laissa glisser contre la porte, jusqu'à ce que ses fesses n'entrent en contact avec le carrelage froid.
Ses muscles se détendirent, ses idées s'organisèrent de nouveau, sa fatigue s'estompa, et ses blessures lui firent bien moins mal.
Jungkook laissa même échapper un sourire de bien-être, là, tout seul dans cette salle de bain.
Quand il rouvrit les yeux, il savait grâce au crépitement que ces derniers étaient couleur or.
Et il serra les dents.
Car la colère l'envahissait.
Mais ce n'était pas la sienne.
Et il sourit de nouveau.
"C'est ça, Taehyung." Souffla-t-il, les yeux clos.
Et il ne s'inquiéta plus, car Taehyung avait gagné.
Il savait qu'il avait gagné.
Et, à ce moment précis, Jungkook sut qu'il avait eu raison d'avoir envoyé Taehyung dans le monde des humains.
Alors il se redressa, et s'observa une dernière fois dans le miroir pour vérifier ses yeux. Ces derniers étaient de nouveau noirs.
Il se déshabilla et entra dans la douche. Il ne tarda pas ; il se mouilla, se lava, se rinça rapidement et se sécha avec la première serviette qu'il trouva.
Il considéra ses vêtements sales, puis eut une idée. Il sortit de la chambre et se précipita dans la sienne, celle qu'il utilisait toujours quand il venait dormir chez sa mère, avant. Il priait pour avoir laissé quelques vêtements et ce fut le cas ; un jean noir et simple, un pull à capuche et des sous-vêtements. Il ne pouvait pas rêver mieux.
Jungkook s'habilla, et se sentit bien plus à l'aise. Ses plaies lui faisaient encore mal, mais il n'était pas du genre à se plaindre.
Quand il sortit de sa chambre, il s'approcha des escaliers, mais s'arrêta un instant.
Il tourna lentement la tête vers une porte fermée.
Il s'en approcha et l'ouvrit. Il n'y entra pas, mais porta un regard sur toute la pièce. L'odeur de Taehyung lui parvint, alors il ferma la porte pour ne pas se perdre.
Quand il descendit, Jungkook fut bien plus calme et lucide.
Car il s'était enfin décidé.
Oui, il était temps pour lui d'y aller.
[Au-delà des frontières]
C'était joli.
La maison possédait un mini-jardin à l'entrée, ainsi qu'une grille. Elle était plus ou moins isolée, et je me permis d'en faire le tour, le pas lent, car je ne savais pas si c'était la bonne. Je cherchais un souvenir, un flash, n'importe quoi.
Elle était dans une rue où toutes les maisons se ressemblaient mais étaient espacées, et c'est cet espace qui me permit d'accéder derrière une autre grille, à l'arrière de la maison ; c'était un jardin.
Mais tout cela ne me disait absolument rien, et j'avais la sensation d'être un voyeur à l'idée de tourner autour d'une habitation, alors je me stoppai derrière les buissons qui étaient répartis un peu partout sur les grandes grilles.
J'observai, à travers quelques feuillages mal éparpillés, le grand jardin de la maison. Ca avait l'air confortable. Il y avait des fleurs, de l'herbe bien taillée, des chaises blanches et une table en métal.
Je ne me souvenais de rien de tout cela.
Je soupirai et collai mon front contre la grille.
J'étais pathétique.
Je me sentais ainsi, car j'étais seul devant un jardin d'une maison inconnue, à espérer y voir des parents dont je ne me souviendrais même pas.
Je reculai d'un pas.
Tout cela n'avait aucun sens.
Aucun but.
Je fis volte-face, sans même vouloir aller vers la porte d'entrée pour tenter ma chance.
Mais c'est à ce moment précis qu'une femme entra dans le jardin.
Je sursautai, et m'empressai de me cacher. Je n'étais pas parti assez vite, et elle aurait compris que j'étais en train d'observer sa maison. Il fallait que j'attende qu'elle s'en aille pour partir.
Je restai bien caché derrière les grands buissons qui grimpaient sur le grillage. Je ne la voyais pas bien, elle était encore trop loin, mais bientôt, elle s'approcha, un panier de linge en mains.
Je fronçai les sourcils.
Je détaillai son visage. Elle devait avoir une quarantaine d'années, un peu comme madame Jeon, même si madame Jeon faisait plus jeune.
"On a reçu la lettre."
Nouveau sursaut.
Un homme était sorti à son tour, probablement le mari de cette femme, et lui tendit une lettre blanche. Elle soupira.
"Ca ne sert à rien de l'ouvrir, je crois." Répondit-elle.
L'homme haussa les épaules, et posa la lettre sur la table métallique du jardin.
"Un jour, peut-être, tu arrêteras de te faire du mal." Grogna-t-il.
Il rentra dans la maison.
Sa femme soupira, et fixa un instant son linge, comme si elle avait une absence.
Je me décalai légèrement vers un autre buisson, pour mieux la voir.
Et puis elle se mit à pendre chaque vêtement, les gestes délicats et lents. Elle avait les sourcils froncés, comme si elle pensait à toute vitesse.
C'était étrange, je crois que je pouvais partir sans qu'elle me voit, finalement, mais je n'arrivais pas à bouger.
Son visage, ses cheveux, ses mains, surtout ses mains. Ses mains me... Me disaient quelque chose.
J'aurais aimé qu'elle parle davantage. Je voulais entendre plus clairement son timbre de voix.
Mais quelques instants plus tard, une goutte de pluie s'échoua sur mon nez. Elle comprit vite qu'il se mettait à pleuvoir, puisqu'elle pesta :
"Rah, c'est pas possible..."
Elle dût ranger son linge, cette fois plus vite, et je serrai la grille entre mes doigts lorsque je la vis s'en aller.
Mais elle passa devant la table métallique, et se figea.
Elle fixait la lettre.
Elle sembla hésiter, puis posa son linge à l'abri, avant de retourner sous la pluie, comme si elle se fichait d'être trempée. Moi aussi, je m'en fichais.
Elle ouvrit la lettre au ralenti, puis la lut.
Les secondes passèrent.
Et, enfin, elle la laissa tomber au sol, les bras ballants.
Mon coeur s'agitait à mesure que... Que je croyais comprendre.
L'homme revint et courut sous la pluie jusqu'à sa femme.
"Mais qu'est-ce que tu fais ?! Rentre !
-Toujours p-pas..." Murmura-t-elle.
Il sembla se détendre, et soupira à son tour.
"C'est encore la même lettre, encore et encore et e-encore." Pleura-t-elle.
Ses mains délicates cachèrent ses yeux trempés.
Et, tandis que l'homme la tirait dans ses bras, j'avais décidé d'arrêter de nier.
"Je te l'ai déjà dit... Souffla l'homme.
-Tu n'as p-pas le droit de m'enlever le seul espoir qu'il me reste.
-L'espoir te fait souffrir."
Elle pleura davantage, et moi, je crois que je pleurais aussi.
"Il est mort. Je te le dirai autant de fois que tu auras besoin de l'entendre."
Elle renifla, tandis qu'il la reculait pour la regarder dans les yeux.
"Taehyung est mort le même jour que sa sœur."
Et elle explosa en sanglots.
Je posai une main sur mes lèvres, les yeux écarquillés, et reculai un instant de la grille. La pluie et les pleurs de... De ma mère faisaient écho en moi. J'étais aussi trempé qu'eux, mais je n'arrivais pas à bouger.
Quand je les observai de nouveau, ce fut comme si c'était une évidence :
Me montrer était le pire choix que je pouvais faire en cet instant.
Et, pourtant, le sentiment que ma mission s'accomplissait m'apaisa.
Ma mère cessa de pleurer.
"Rentrons, tu vas tomber malade." Fit mon père.
J'observai la maison. Ce jardin aménagé, ces gens qui avaient l'air si aimants et doux, et d'ici, je voyais le salon derrière la baie vitrée. Je voyais un grand canapé, un tapis, une télévision, toutes ces choses, toute cette vie...
...Cette vie qui n'était pas la mienne.
Je ne pouvais pas entrer dans cette maison et apprendre à vivre une vie que je n'avais jamais connue, ou presque.
Je reculai d'un pas.
Maman.
Je te promets que je reviendrai.
Je pleurai à chaudes larmes tandis que je m'éloignai de la maison, sous la pluie, les poings serrés, le coeur meurtri.
Je reviendrai quand je serai libre.
Je me tournai une dernière fois, sans jamais cesser de marcher.
Je reviendrai quand Jungkook sera libre.
Je reniflai.
Pardon maman. Ce n'était pas encore le moment de rentrer à la maison.
"Taehyung."
Je m'arrêtai net.
Mes membres étaient glacés.
Et, lentement, je me tournai, effaré.
"... Je suis content de voir que tu vas bien."
Hoseok.
Hoseok était devant moi.
"J'hallucine ou t-tu es vraiment là ?"
Il sourit.
"Je suis vraiment là, imbécile."
Il s'approcha de moi.
"Je pensais vraiment que tu allais leur parler."
Les larmes me montèrent de nouveau. Hoseok ouvrit un parapluie, et nous couvrit tous les deux de ce dernier.
"Pourquoi ne pas l'avoir fait ?" Demanda-t-il.
Je ne le connaissais qu'à peine, et pourtant...
Je lui sautai dans les bras.
Il rit, mais accepta mon étreinte. Je le serrai contre moi comme si ma vie en dépendait.
"Ne me laisse plus seul, je t'en s-supplie..."
Il me caressa le dos, lentement.
"Ne t'en fais pas. C'est fini..."
Puis il recula, et me sourit encore.
"...On rentre à la maison."
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J'espère que vous ne serez pas déçus à l'idée que Taehyung n'ait pas rencontré ses parents ; j'attends vos avis là-dessus, mais j'espère que vous avez plus ou moins compris pourquoi il a refusé de se montrer!
Nous atteignons la fin de l'arc où Taehyung est seul en dehors des frontières... Je ne dis rien pour la suite, mais je pense qu'elle va vous plaire ^-^
Merci pour les quasi 300K !!! On les atteindra sûrement grâce à ce chapitre donc merci du fond du coeur les amis, j'ai hâte que vous découvriez la suite et les réels enjeux de l'histoire !! Et je remercie tout particulièrement les lecteurs qui sont là malgré l'absence de Taekook de ces 5 derniers chapitres, la suite vous promet de sacrés cadeaux pour cette patience... ;) ♥
Je vous dis à dimanche prochain pour la suite, prenez toujours grand soin de vous, et bonne soirée! ♥♥
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