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Chapitre 27


Bonsoir les amis!! ^-^

Voici le chapitre 27 ! Je le publie 3h plus tôt parce que j'ai un devoir à finir et j'aimerais me concentrer dessus le reste de la soirée sans être coupée par la publication. J'espère que ce chapitre vous plaira !


Bonne lecture !! ~ 


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Je cheminai le long du grillage, le pas lourd et régulier. Parfois, mon visage se baissait vers les quelques pièces dans ma main ; rien de plus que ce que le monsieur dans la rue m'avait donné.

Car, en effet, je n'avais rien obtenu de plus.

Après ce qui m'a semblé être une heure entière durant laquelle j'ai quémandé une pièce supplémentaire, j'ai abandonné. Et si moi j'avais abandonné si vite, je pouvais comprendre que cet homme, dans le froid et dans la nuit qui tombait, avait abandonné depuis des années.

J'avais entendu un mot de la part d'une femme. Un mot que je venais d'apprendre.

Elle avait dit à son amie : "Il doit avoir l'âge de mon fils, c'est dingue, les mendiants sont de plus en plus jeunes."

Je m'étais arrêté sur ce mot, avant d'en comprendre la définition lorsqu'un homme, quelques minutes plus tard, a murmuré à un autre : "Ça doit être dûr de mendier sans rien faire d'autre, hein ?"

Je comprenais, à présent ; j'étais un mendiant qui mendiait. Je trouvais ce mot important parce que c'était le premier que j'apprenais au-delà des frontières.

Ainsi, je pensais à ce terme, je tentais de le conjuguer dans ma tête, ça me divertissait car si je revenais à la réalité alors je réalisais à quel point j'avais froid, à quel point j'étais seul.

J'errai le long de la grille qui séparait les humains des frontières. Je ne comptais pas les pas. Je devais marcher à environ trois-cent pas mais quand je comptais, je me rappelais du froid. Je me rappelais où j'étais et où j'allais.

Je crois que c'est par une chance étrange que j'ai fini par relever la tête au bon moment. Comme une intuition. Et je suis tombé devant la bâtisse rouge dont le monsieur sous la pluie m'avait parlé. Sans une once de joie, je m'en étais approché.

Et, de cette manière, j'avais appuyé sur la sonnette. Il ne pleuvait plus, mais j'étais trempé. Je serrai les pièces dans mes mains, mon téléphone dans l'autre.

Je crois que cette sensation de vide intérieur venait du fait qu'après avoir trouvé le téléphone dans ma poche, j'avais réalisé qu'il n'avait plus de batterie.

A partir de ce moment-là, tout espoir m'avait quitté de nouveau.

Je ne savais même pas vers où j'allais. Je n'avais même pas assez d'argent pour dormir ici.

Je fus sortis de ma torpeur lorsque la grosse porte grinçante se fit ouvrir. Une femme, jeune et jolie, me sourit en me détaillant.

"Eh bien, encore un qui s'est pris la pluie. Bonsoir." Fit-elle, la voix douce.

Sans même lui adresser un seul mot, je levai lentement la main vers elle et lui présentai les pièces.

"Je s-suis désolé, il me manque cinquante c-centimes."

Elle détailla les pièces un instant, puis m'observa de nouveau.

Un sourire traversa son visage.

"Ça ira."

Et ces deux mots furent les plus agréables que j'entendis ce soir.

Je n'arrivais pas à croire qu'elle me faisait entrer, et pourtant, quand j'ôtai mes chaussures dans le hall, la chaleur de l'endroit me gagna et me fit expirer de bien-être.

"Tu veux prendre une douche ?

-Je peux... ?" Soufflai-je, surpris.

Elle hocha la tête. Elle fouillait dans des cartons.

"Oui. Je te cherche des sous-vêtements et des vêtements. Mets tes pièces dans le pot sur la table, s'il te plaît."

J'obéis robotiquement, puis revins à son encontre.

"Tiens."

Elle me tendit une petite pile de vêtements.

"Un pull à capuche qui t'ira, je l'espère, et un cargo. Bon, ce sont des vêtements qui ont été donnés ce matin donc je ne sais pas s'ils ont été lavés, ça ne te dérange pas ? En règle générale, les gens les lavent, mais je préfère les laver avant de les fournir."

Je fixai le pull à capuche rouge et le cargo noir dans lequel il y avait un petit trou, au niveau du mollet. Au-dessus, un boxer bleu et des chaussettes grises.

"Le boxer est peut-être un peu grand mais je n'ai rien d'autre." Fit-elle, le ton désolé.

Je secouai la tête pour lui montrer que ça ne me dérangeait pas et pris les vêtements. J'avais du mal à m'exprimer, parce qu'elle était humaine, que je l'étais aussi, et qu'elle m'aidait comme si elle me connaissait.

"Viens, je t'emmène aux douches."

Elle me prit doucement le poignet. Cette fille avait l'air d'agir avec moi comme si j'étais prêt à me mettre en colère, ou à me noyer de larmes. Elle était calme, tendre et attentive à mes gestes et mes réactions.

Elle poussa une porte.

J'avais l'impression de rêver.

"Lin, enfin, te voilà il y a un enfant qui- oh, bonjour."

Un jeune homme s'approcha de nous. Il me détailla, puis regarda la fille.

"Il a payé ?

-Oui." Fit-elle immédiatement.

Il hocha la tête et je déglutis, mal à l'aise, car cette Lin mentait. Mais je lui étais reconnaissant pour ce mensonge. Si ce type avait su que je n'avais pas payé les cinquante centimes, il m'aurait viré ?

Je ne comprenais pas trop le principe de cet endroit. Faire payer des gens qui... Qui n'avaient pas d'argent, juste pour dormir.

"Je l'emmène aux douches.

-Bien. Il y a un enfant qui cherche sa mère, je vais appeler la police."

Elle acquiesça, puis me fit signe de la suivre. J'obéis donc, et nous traversâmes des dizaines et des dizaines de lits. Tous alignés. Il y avait des lits vides, des lits sales, des lits dans lesquels des gens dormaient ou étaient assis. Je les regardai tous, sans exception.

"Pourquoi on..."

Lin se tourna vers moi.

"Oui ?

-Pourquoi o-on fait payer ces gens ? Ils n'ont rien, ils veulent juste dormir, c'est ça... ?"

Elle m'adressa un sourire triste, puis balaya la pièce d'un regard concerné.

"Tout ce que tu vois autour de toi a un coût. Les draps, la lessive pour les nettoyer, la nourriture qu'on donne aux sans-abris, l'électricité, l'eau des douches, l'eau des robinets, tout, absolument tout. Alors oui, nous avons des dons, parfois de gros dons, mais la majorité de ces derniers sont des vêtements. L'argent nous manque. On sait qu'en moyenne, un sans-abris à Séoul gagne environ quatre euros par jour, alors on demande trois euros et cinquante centimes pour pouvoir continuer à vous loger, vous nourrir, vous aider."

J'étais pendu à ses lèvres, mais plusieurs questions me vinrent.

"Mais et votre salaire... ? Soufflai-je en me rappelant d'un livre là-dessus.

-Quel salaire ?" Sourit-elle.

Je fronçai les sourcils.

"Quand on travaille on ne reçoit pas un... Un salaire toutes les semain- heu, non, tous les mois ?"

Elle sembla confuse. Je savais qu'elle devait se demander d'où je sortais. Je pouvais le voir dans ses yeux surpris.

"Tu ne sais pas ce qu'est le bénévolat ?"

Je secouai la tête.

"C'est quand on travaille gratuitement.

-Vraiment... ?

-L'Etat paye à peine cet endroit, c'est pour ça qu'on récolte de l'argent pour payer le reste. Ils font semblant d'être concernés par les sans-abris, mais sans les dons d'argent qu'on reçoit d'Internet et de vous, cet endroit aurait fermé depuis longtemps. Tu viens ?"

Je ne comprenais pas tout ce qu'elle me disait, mais je n'insistai pas ; elle semblait déjà assez pressée comme ça et j'avais vite réalisé que je n'étais pas la seule personne dont elle devait s'occuper.

Au bout de la pièce, Lin poussa une porte rouge. Je la passai, et découvris un sol carrelé. Une odeur de savon me parvint et je ressentis le besoin soudain et vital d'ôter mes vêtements et de laver mes cheveux.

"Je pose tes vêtements devant cette douche-là. Essaie de ne pas trop traîner sous l'eau, elle nous est précieuse. Il y de quoi te laver les cheveux et le corps. Quand tu auras fini rejoins-moi dans la grande salle. A tout-à-l'heure.

-Merci. Murmurai-je.

-Au fait, quel est ton prénom ?

-Taehyung."

Elle acquiesça, puis s'en alla. Il y avait d'autres personnes qui se douchaient, plus loin ; heureusement, il y avait des rideaux opaques et assez larges pour ne rien laisser transparaître. Je me déshabillai, grimaçant lorsque je glissai le lourd pantalon militaire le long de mes jambes ; il était imbibé de pluie. Je jetai un oeil à mon téléphone qui sortait légèrement de la poche, puis détournai le regard.

Si seulement je pouvais le charger quelque part.

Une fois sous l'eau, je réalisais que le confort d'avoir un chez soi dans lequel rentrer tous les soirs était un luxe dont on s'habituait bien trop. Maintenant que toute ma vie précédente s'était envolée, que je n'avais plus rien, pas même un lit, je me rendis compte à quel point ça me manquait cruellement, déjà.

Et ces gens, autour de moi, vivaient ainsi chaque jour. Ils n'avaient nulle part où rentrer. Nulle part où se reposer. Ils devaient constamment se battre pour avoir un lit le soir, de quoi manger et de quoi se laver. Je me doutais maintenant que beaucoup d'entre eux n'arrivaient pas à avoir tout cela chaque jour.

Je clos les paupières et collai mon front contre la paroi murale. Elle était froide à cause du carrelage blanc qui la recouvrait. Aussi froide que la pluie.

Le visage de Jungkook apparut dans mon esprit, et je serrai les dents.

Lentement, j'enroulai mon propre corps de mes bras, et baissai la tête.

Les larmes coulèrent encore, et se confondirent avec les gouttes chaudes qui me nettoyaient.

"Jungkook..." Murmurai-je, la voix presque éteinte.

L'eau s'infiltra dans mes oreilles ; j'eus soudain l'impression d'être au fond d'un océan.

Je savais que, bientôt, j'allais ressentir la douleur de la séparation. Il était bien trop loin.

Pourquoi est-ce que vous avez fait ça, monsieur Jungkook ?

Cette question me hantait. Je me lavai le corps et les cheveux en imaginant être sous la douche de Jungkook. En imaginant qu'il était dans le salon, en bas, et qu'il m'attendait.

Que vais-je devenir, à présent ?

Mais je cessai de penser lorsque je me souvins de ce que Lin m'avait dit ; ne pas trop prendre d'eau chaude. Il en fallait pour les autres. J'éteignis le jet d'eau et essorai mes cheveux. Je secouai la tête et attrapai ma serviette. En me séchant, je retins une dernière larme. Pleurer ne me servira à rien.

De retour dans la grande salle, Lin revint vers moi, et prit mes vêtements sales que j'avais soigneusement pliés. Elle les déposa sur une pile d'habits usés.

"Dis-moi, si t'as un téléphone ou un autre appareil, tu voudrais le charger ? Il y a des prises là-bas ainsi que des chargeurs de plusieurs types."

Ma respiration s'était coupée si brusquement que Lin m'avait fixé, surprise.

"Eh oh, ça va ?

-Je peux... Charger mon téléphone ?" Lâchai-je, la voix étranglée.

Elle haussa les sourcils.

"Bien sûr ! Vas-y, c'est derrière la porte là-bas, tu verras c'est une sorte de cagibi, mais comme ça si tu veux téléphoner à quelqu'un tu peux t'isoler."

Immédiatement, je me tournai et marchai vers cette porte, comme si ma vie dépendait de ce qu'il y avait derrière. Lin avait ri légèrement dans mon dos, probablement interloquée par mon comportement. J'ouvris la porte d'un coup sec et découvris des balais, des produits ménagers et des torchons dans une pièce minuscule. Je fermai derrière moi et allumai le petit néon, avant de tourner sur moi-même.

Je tombai sur un petit panier posé près de trois prises côte à côte.

J'y plongeai mes deux mains tremblantes et fouillai parmi les fils noirs et blancs. J'en sortis un au hasard, le testai, puis serrai les dents en réalisant que ce n'était pas le bon. J'en sortis un autre ; pas compatible.

Je fis cela avec presque tous les chargeurs, jusqu'au dernier.

Mon cœur était au bord de l'explosion.

Cette fois plus lentement, j'attrapai du bout des doigts le dernier espoir qu'il me restait. J'apportai le bout près de la fente de mon téléphone.

"O-oui ! Oui, merci !!"

Mon dos s'échoua contre le mur et un sourire incontrôlable déforma mon visage ; ce chargeur était le bon.

Je reniflai, à la fois paniqué et profondément heureux, puis chargeai mon téléphone. Je vis l'image d'une batterie en train de se remplir petit à petit s'afficher sur l'écran jusque là noir. Et, de cette manière, j'attendis.

Je fixai les pourcentages augmenter un à un, le sourire aux lèvres, le corps instable.

A 5%, mon téléphone s'alluma.

"Taehyung ?

-Une m-minute !" Répondis-je à Lin.

Elle avait toqué doucement, mais s'en alla après ma réponse. Je tapai mon code sur l'écran tactile et me retrouvai sur le menu.

Mais, soudain, je me décomposai.

Pourquoi Jungkook me répondrait-il ?

Mon cœur s'arrêta. C'était vrai, après tout, pourquoi est-ce qu'il répondrait ? C'était lui qui m'avait envoyé ici, il ne voulait probablement plus de nouvelle de moi.

Mais ça m'était égal ; il fallait que j'essaie, que je lui parle, que je lui dise que je ne pouvais pas...

Que je ne pouvais pas...

Je cliquai sur son contact, puis sur le bouton "appel".

Je collai, tremblant, le téléphone contre mon oreille. Mes fesses tombèrent au sol. Je ramenai mes genoux contre mon torse.

Ça ne répondait pas.

Evidemment que ça ne répondait pas.

Un message automatique s'éleva et je raccrochai, puis appelai de nouveau. Mes ongles transperçaient presque la peau de ma nuque.

Encore le message automatique qui me disait qu'il n'était pas disponible. Je raccrochai, puis appelai de nouveau.

Les larmes coulèrent rageusement le long de mes joues, s'échouèrent sur mes cuisses, parfois sur le sol, parfois au creux de mes lèvres. Mon pied frappa le mur face à moi et, pourtant, j'appelai encore.

Encore, et encore, et encore.

Au bout du sixième appel, je laissai échapper un hurlement de rage.

Un "pourquoi ?!" sonore, douloureux, dans lequel était contenue mon incompréhension, ma souffrance, ma peur.

Ma peur de comprendre que je l'avais perdu, à tout jamais.

Mais, lentement, je me calmai. Il m'a abandonné.

Je devais l'accepter. Je savais que je devais l'accepter. Je le haïssais, mais j'essayais de ne plus exploser.

Jungkook m'a abandonné. Il m'a jeté en dehors de sa vie, au sens littéral et figuré, il ne voulait plus de moi.

Peut-être qu'il était déjà avec Nayung en ce moment même.

Une drôle de sensation naquit dans mon torse. Je me grattai la nuque, je sentais mes muscles se tendre. Je me cambrai vers l'arrière quand une douleur vive coula dans mes veines. J'ouvris les yeux et je sentis ce frétillement sur mes pupilles.

J'attrapai mon téléphone et regardai mon visage à travers l'écran noir de ce dernier.

Oh, bon sang.

Mes yeux.

Mes yeux étaient...

"Taehyung, tout va bien ?

-O-Oui- A-ah !"

Je griffai ma peau, les sourcils froncés, les yeux brûlants. Je fixai le néon, sur le plafond, jusqu'à ce qu'il n'enflamme davantage ma rétine. J'avais l'impression d'être au beau milieu de flammes dévorantes et avides de ma chair.

"Bon, tu m'inquiètes, j'entre !

-Non !" Hurlai-je.

Mes pieds se collèrent à la porte ; elle n'arriva même pas à pousser.

"J-Jungkook... !" Hurlai-je.

Ma tête se rejeta en arrière.

Il me faisait mal, si mal, bon sang... Pourquoi... Pourquoi est-ce qu'il me blessait ainsi ?

"Taehyung tu veux un médecin ?!

-Va-t-en !" Criai-je encore.

Je tombai sur le dos, sans décoller mes pieds de la porte, et plantai mes ongles dans le sol. Mes yeux brûlaient.

Et puis plusieurs pulsations, dans ma gorge, me firent comprendre que j'avais une terrible envie qu'il me morde. Je voulais sentir la pointe de ses dents pénétrer ma chair.

Pitié, Jungkook...

"Taehyung ! Ouvre-moi !"


...Rejoins-moi.


[A l'intérieur des frontières]

Un grognement.

Le bourreau au fouet se redressa, surpris par ce son.

Un second grognement.

Des crocs plus longs.

Une reprise de conscience.

"Hé, tu fous quoi ?"

Jungkook tira sur ses chaînes et releva la tête. Il comprit immédiatement, et garda les yeux bien fermés.

Le bourreau s'approcha et donna un violent coup sur le torse du noiraud en lui hurlant d'arrêter de gigoter.

Mais ce dernier réagit à peine.

"C'est quoi ce bordel..." Souffla l'homme à la capuche.

Il se dirigea vivement vers la porte, puis sortit.

Jungkook se retrouva seul dans la pièce lugubre, à se battre contre lui-même.

Non... Contre quelqu'un d'autre.

"Taehyung, ça suffit..." Grogna-t-il entre ses dents serrées.

Il tira plus fort sur ses chaînes, les poings serrés, les muscles tendus, prêts à exploser. Il rouvrit des yeux dorés qui lui faisaient voir jusqu'au moindre détail dans la pièce.

"Arrête..." Murmura-t-il durement en fixant le mur face à lui, les sourcils froncés de douleur.

Il grimaça. Ses muscles se contractèrent plus encore, il avait l'impression d'imploser.

Le bourreau du jeune homme revint dans la pièce, accompagné d'un Namjoon concerné. Il observa un instant son cadet, puis s'approcha.

"Jungkook."

Ce dernier gémissait. Namjoon posa une main sur son épaule, mais le noiraud l'éjecta bien vite.

"Jungkook, calme-toi." Tenta-t-il.

Puis il détailla son attitude, ses traits tirés, sa sueur, ses canines.

Et il comprit.

"Déjà ?" Fit-il, surpris.

Il pencha le visage sur le côté.

"Il t'appelle déjà ?"

Il fronça les sourcils.

"Votre lien est vraiment puissant. J'ai rarement vu ça. Seulement quelques heures..."

Ses doigts glissèrent sur le front de Jungkook pour le dégager des mèches de ses cheveux ébènes. Il fixait le visage souffrant du plus jeune.

"Pourtant tu n'avais pas l'air d'avoir faim. Taehyung est aussi gourmand que toi. Tu ne tiendrais jamais sans lui.

-De t-toute façon je meurs demain soir, n-non... ?" Gronda Jungkook avec provocation.

Namjoon prit une grande inspiration.

"Ne vas-tu donc pas parler pour te sauver de la mort ?" S'étonna-t-il.

Jungkook gardait les yeux fermés, ce qui interloqua l'homme à la capuche, mais il ne resta pas longtemps sur ce détail puisque le noiraud répondit.

"Tuez-moi maintenant, car je ne parlerai pas."

Mais le plus vieux soupira.

"... Nous le ferons demain soir. Nous te laissons encore une nuit et une journée pour méditer sur ton sort. Toi là-bas, c'est terminé les coups de fouet, c'est bien compris ?"

Le bourreau hocha la tête, et posa l'instrument de torture sur une table.

Namjoon se tourna de nouveau vers Jungkook.

"Pourquoi Jungkook, hein ? Je croyais que tu détestais les humains, toi aussi. Que tu serais d'accord avec notre dessein."

Le noiraud eut un sourire amer, fatigué, et murmura :

"... Il n'y a que Taehyung que je déteste réellement."

Namjoon ne fut pas surpris.

Car, dans ce contexte, le mot "détester" avait un sens bien plus profond qu'une simple haine injustifiée.

"Il t'aime."

Le vampire attaché ne réagit pas.

"Il t'aime autant que tu le détestes."

Namjoon fit volte-face et alla ouvrir la porte.

"Mais si tu venais à mourir, sois sûr qu'il te haïra bien plus qu'il ne t'aura aimé."

La lourde porte se fit claquer dans un bruit sourd. Jungkook fixait le sol, les yeux mi-clos, épuisé des appels de Taehyung, de son obstination, de son humanité qui puisait toutes les forces du vampire.

Car Taehyung grignotait l'énergie de Jungkook sans vergogne quand ce dernier n'était pas auprès de lui.

"Sois sûr qu'il te haïra bien plus qu'il ne t'aura aimé."

Jungkook sourit davantage, les yeux clos.

Alors déteste-moi, Taehyung. Pensa-t-il, drôlement apaisé.

Cet apaisement venait de sa décision finale. Celle qu'il venait de confirmer à l'instant, dans son esprit, dans son cœur, celle qu'il avait choisie et dans laquelle il ne se découvrit aucun regret.

Il réussit même, ce soir-là, à se laisser emporter par le sommeil. Juste là, attaché contre un mur, les bras vidés de sang à force d'être maintenus en l'air. Il avait ignoré le froid qui attaquait sa peau.

La fatigue l'avait emporté, mais aussi l'arrêt de la sur-réflexion. Jungkook avait cessé de penser, car il avait choisi son destin.

C'était tellement plus simple de dormir, à présent.


[Au-delà des frontières]


Le sommeil avait été agité, léger, interrompu de nombreuses fois par la toux des autres, par le bruit des lits qui grinçaient, par ceux qui se réveillaient pour aller aux toilettes, pour prendre l'air, pour discuter.

Malgré tout, j'avais réussi à dormir quelques heures, et je crois que ça m'avait fait un peu de bien.

Lin nous autorisa à prendre une autre douche, à nous brosser les dents, et à déjeuner. Je l'avais remerciée mais j'avais fait tout cela, muet, vide, comme un robot.

Et puis, dans la matinée, elle nous a demandé de partir. Elle devait tout préparer pour ceux qui allaient arriver ce soir.

Mais alors que je m'étais courbé et dirigé vers la sortie, la jeune femme m'avait attrapé le bras et tiré discrètement dans le cagibi. Je la regardai à présent sans comprendre, tandis qu'elle vérifiait que personne ne l'avait suivie. Elle ferma la porte et me lança un drôle de regard.

"Tu n'étais pas si sale que ça, hier soir. Juste mouillé de pluie." Commença-t-elle.

Je fronçai les sourcils.

Elle caressa ma joue, ce qui me fit reculer d'un pas méfiant.

"Ta peau est en bonne santé, et tu n'as pas l'air malade."

Elle secoua la tête, confuse.

"Tes vêtements étaient trempés mais presque neufs. Tes chaussures aussi."

Mes chaussures, je les portais encore en cet instant. Elle les observa, puis ses yeux remontèrent vers les miens.

"Tes cheveux étaient encore une fois trempés mais propres. Tes dents sont blanches. Tu es mince, mais pas maigre."

Mon cœur s'emballa petit-à-petit, à mesure que je comprenais où elle voulait en venir.

"Taehyung." Fit-elle, le ton sérieux.

Je déglutis, puis elle demanda, le ton confiant :

"Est-ce que tu viens de l'intérieur des frontières ?"

Mes traits trahirent ma réponse, et Lin laissa son dos heurter le mur quand elle comprit qu'elle avait vu juste.

"C'était trop étrange. Je me suis d'abord dit que tu étais sans-abris depuis un ou deux jours, mais ta manière d'agir, de regarder autour de toi, c'était comme si tu n'avais rien ni personne, ici. Comme si tu découvrais des choses simples et banales du quotidien. J'en suis venue à la conclusion que tu avais l'air de venir d'un autre monde. Et quand j'ai pensé à ça, j'ai tout de suite compris. Les frontières sont à quelques pas d'ici ; tout est devenu cohérent."

Elle était intelligente. Bien trop perspicace pour que je tente de lui mentir. Je la fixai un instant, mais ne décelais aucune malveillance dans son regard, non, juste de la profonde curiosité.

"... Est-ce que tu vas le dire à quelqu'un ?" Fut la première question que je posai.

Elle secoua immédiatement la tête.

"Non, justement, j'ai... J'ai tout de suite su que tu t'inquiéterais de ça. Comme si tu fuyais quelque chose. Je ne dirai rien à personne, à condition que tu répondes à une seule question avec honnêteté."

Je savais ce qu'elle allait demander. La nature humaine était bien trop prévisible.

Elle allait me demander ce qu'il y avait là-bas.

"Qu'est-ce qu'il y a, là-bas... ?"

Je clos les paupières un instant.

Si je mentais, elle allait le savoir. Il fallait que je lui dise une partie de vrai, et que j'omette le reste.

Je rouvris les yeux et les ancrai dans les siens. Elle semblait bouleversée.

Et, de cette manière, je soufflai la seule réponse qui me parut évidente, honnête et assez vague pour ne pas éveiller de soupçons.

"... La même chose qu'ici, à peu d-de choses près."

Elle entrouvrit les lèvres.

"Mais alors... Pourquoi ces frontières ?

-Tu avais dit une question." Lâchai-je froidement, avant de pousser la porte et de sortir.

Il n'y avait plus personne dans la grande salle. Lin me courut après, et au moment même où j'ouvris la porte et que la lumière du jour me fit grimacer, je sentis une main se poser sur mon bras.

"Taehyung, je..."

Je me tournai vers elle. Elle avait les larmes aux yeux.

"Tu sais j'ai toujours cru que, dans la vie, il y avait les signes du destin." Souffla-t-elle.

Je la dévisageai. Elle renifla, et s'essuya l'œil droit de sa manche.

"Je veux j-juste que tu saches que peu importe ce qu'il y a là-bas, je ressens que quelque chose se prépare, que... Que les jours à venir vont être..."

Elle ne termina pas sa phrase.

De mon côté, j'étais abasourdi. Ce qu'elle disait était drôlement cohérent, pourtant, je savais qu'elle ignorait la vérité.

Peut-être qu'elle avait raison, que j'étais un signe pour elle... Mais, dans ce cas, elle en était un pour moi également.

La suite de ses mots confirma ma pensée.

"... Quoi qu'il arrive, je ressens le besoin étrange de te dire q-que... Que je suis avec toi."

Elle posa une main sur son cœur.

"Je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça, je ne sais pas d'où ça vient, m-mais... N'oublie jamais que l'humanité est belle malgré ses défauts."

Alors même que j'écarquillai les yeux, le souffle coupé, Lin pointa la grande salle de son doigt, sans jamais détourner le regard du mien.

"Sinon, tout ça, ça n'existerait pas, n'est-ce pas ?!" S'exclama-t-elle, tout sourire malgré ses larmes.

Ses cheveux volèrent doucement quand le vent passa sur nous.

Elle ne réalisa même pas à quel point ses mots avaient fait écho en moi.

"Merci, Lin."

Je lui attrapai les mains. Elle me fit un sourire franc, à la fois triste et heureux, un sourire que je n'avais jamais vu sur personne auparavant.

"J'ai l'impression que tu es un ange à qui je devais dire tout cela, pardon si je t'effraie." Fit-elle, émue.

Je secouai la tête.

Elle me faisait penser à Nayung, soudainement.

Mais Nayung n'était pas humaine. Lin l'était. De cette manière, tout était différent. Pas plus valeureux ou important, mais différent.

Lin était ce que j'étais. Une humaine, comme moi j'étais un humain.

Et je crois que c'est à ce moment-là que je réalisais que je n'étais pas si seul, finalement.

Mais quand je me fis cette réflexion, une soudaine question me vint, que je posais immédiatement.

"Lin, comment on fait pour retrouver des proches sans que personne ne le sache ?"

Elle mit du temps à comprendre.

Je ne pouvais pas m'adresser à l'armée ou à la police. Je savais qu'il y avait des infiltrés, ici, et si mon nom figurait sur des papiers, ils retrouveraient ma trace. Je devais me débrouiller sans l'aide d'organismes officiels.

Le pacte de confidentialité d'humains aux vampires m'empêchait d'aller dans un commissariat et de leur donner mon nom et prénom. C'était bien trop dangereux. Si je tombais sur un infiltré, je me ferais enfermer et renvoyer en Atlantide.

"... Tous les policiers ne sont pas au courant de ce qui se passe dans ton monde, non ? Tenta-t-elle.

-Je ne sais pas lesquels le sont, et lesquels ne le sont pas. Je n'ai pas d'autre choix que de me méfier de tout le monde."

Lin détourna le regard, pensive. Elle cherchait un moyen.

Et puis, soudain, ses yeux s'illuminèrent.

"Je suis bête, Taehyung, il y a un moyen ! Ici, les familles qui recherchent quelqu'un de potentiellement perdu en Atlantide peuvent payer ce qui s'appelle une taxe. Quand ils payent cette taxe, ils ont la promesse que les soldats, lors des opérations d'attaque, cherchent en priorité les gens de la liste sur laquelle figurent les noms des personnes dont la famille payent cette même taxe."

Je retins un sourire amer. Si elle savait que les soldats humains n'osaient même pas franchir la double-frontière...

"Mais il y a autre chose avec cette taxe... Il y a quelques années, ils ont sorti de nombreux exemplaires d'un annuaire dans lequel figure le nom de chaque famille qui recherche quelqu'un. Il y a leur nom, leur adresse, et le nom de la personne recherchée. Cet annuaire a aussi été transmis aux soldats dans l'Ancienne Busan."

J'entrouvris les lèvres. Je n'en avais jamais entendu parler ; ces bouquins étaient probablement détruits avant même de franchir les frontières.

Mais, dans le monde des humains, il était possible que j'en trouve encore un, n'est-ce pas ?

Si l'on partait du principe que cette taxe, qui me semblait être une horrible manière de soutirer de l'argent aux humains, devait être quelque chose en quoi les humains croyaient réellement, alors ces annuaires, dans le monde des humains, devaient encore exister. En somme, ils devaient avoir la preuve qu'ils ne payaient pas pour rien.

"Lin, merci, tu es une aide précieuse ! M'exclamai-je.

-Il y en a un peu partout. Dans des cafés, des bars, des boutiques parfois."

Je ne pus m'empêcher de la prendre dans mes bras. Surprise, la jeune femme me serra contre elle.

"Fais-moi la promesse de revenir me dire la vérité un jour."

Je me figeai. Elle me serra davantage.

"De me dire ce qu'il y a vraiment derrière ces murs."

Je reculai, et la lâchai lentement.








"...C'est promis, Lin. Quand tout sera fini, je reviendrai te dire la vérité."









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Hehe, ça avance on dirait ;) 

Qu'en avez-vous pensé les amis ? ^-^ Pensez-vous que Taehyung va réussir à retrouver ses parents ? :p


Je vous remercie pour votre soutien, vos mots doux qui me motivent toujours plus à écrire. Je suis désolée d'être un peu moins active sur Insta, et de ne pas trop parler ici sur Wattpad mais la fac me vole déjà mon énergie ! Mes premiers partiels arrivent dans à peine 1 semaine... :( 


Au fait, petit teaser ;) Une grosse surprise arrive sur Wattpad. Je ne sais pas trop quand, mais probablement autour de Noël  (avant ou après). Je n'en dis pas plus, ça concerne une histoire que vous connaissez très très bien... ;)


A dimanche prochain pour la suite, je vous fais plein plein de bisous, prenez grand soin de vous les amis ! ♥♥

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