Chapitre 26
Bonsoir les amis !! ^-^
Voici le chapitre 26, j'espère qu'il vous plaira ;)
Et bonne lecture !! ♥
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"Jungkook, vraiment ? Tu-
-J'ai besoin de toi, Hoseok."
Le jeune soldat se pinça les lèvres, le regard fuyard.
"Je sais pas trop... A part si t'as un plan infaillible, je ne me vois pas tenter une opération suicide. Je suis désolé."
Jungkook serra les dents. Il jeta un oeil autour de lui pour être sûr de ne pas être vu, entendu, car ils se trouvaient tous deux au bord des frontières.
Hoseok soupira et ajusta son treillis, nerveux.
"J'ai un plan, mais il n'est pas infaillible. Aucun plan n'est infaillible.
-Je sais pas..."
Les deux vampires se fixèrent un instant. L'un était décidé et sérieux. L'autre était inquiet et méfiant.
"Jungkook tu ne te rends pas compte du nombre de soldats derrière ces frontières, vampires comme humains. Si Taehyung m'échappe ne serait-ce qu'une seconde, il pourrait-
-Il ne mourra pas." Trancha le vampire.
Le soldat se tut, surpris par cette confiance.
"Mais c'est un humain...
-Il n'est pas comme les autres humains."
Là, il fronça les sourcils.
"Qu'est-ce que tu veux dire ? Attends, wow, si ça a un truc à voir avec le culte-
-Et si c'est le cas ? Tu ne voudras pas m'aider ? Tu préfères adhérer au nouvel ordre, t'es ce genre de type ?"
Hoseok recula d'un pas face aux yeux rouges de Jungkook. Il leva les mains devant lui.
"Calme-toi ! Qu'est-ce qui te prend ? Je suis pas ton ennemi !"
En réalisant son comportement, Jungkook s'arrêta net, et secoua la tête. Il soupira et se passa une main dans les cheveux.
"...Excuse-moi." Souffla-t-il.
Hoseok tenta de s'approcher un peu.
"T'as pas l'air bien... La dernière fois que je t'ai vu, y'a un an, t'avais pas l'air de te prendre la tête comme ça... T'es sûr que ça va ?"
Jungkook leva les yeux vers le ciel un instant, comme s'il pesait le pour et le contre pour mettre son ami dans la confidence.
"Je peux te faire confiance ?" Demanda-t-il soudain.
Hoseok haussa les épaules, l'air nonchalant.
"Bien sûr, enfin qu'est-ce qui pourrait être si grave pour que tu aies peur que je te trahisse ?" Fit-il, perdu.
Jungkook eut un sourire amer.
"Ouais. Je vais tout te dire. J'ai pas trop le choix, sinon t'accepteras jamais.
-Me dire quoi ? Je suis au courant pour le nouvel ordre, tu sais.
-Mais tu ne sais pas quel rôle j'ai à jouer là-dedans."
Puis le vampire regarda le soldat.
"...Non, même pas ; tu ne sais pas quel rôle Taehyung doit jouer là-dedans.
-Mais c'est qui ce Taehyung dont tu parles ?"
Le fils des Jeon mit beaucoup de temps avant d'affirmer la phrase suivante.
"L'humain qui m'est lié."
Le visage de Hoseok se décomposa seconde après seconde. Il serra les poings, détourna le regard, puis le posa de nouveau sur son ami. L'expression incrédule, il pencha la tête sur le côté.
"Tu... Tu plaisantes, pas vrai ?"
Jungkook posa une main sur son torse. Taehyung allait bientôt se réveiller s'il ne rentrait pas dans l'heure qui suivait.
En pleine nuit, le jeune homme avait pris sa voiture et avait rejoint Hoseok. Il avait rendez-vous avec lui grâce à leur rituel ; chaque année, ils se retrouvaient tous les deux près des frontières, à l'exact endroit où ils se retrouvaient en ce moment.
La date à laquelle les deux hommes se rejoignaient tous les ans était simple à retenir.
L'anniversaire de Hoseok.
"Ca va ? Demanda ce dernier.
-Oui. Je dois me dépêcher.
-Mais t'es en cavale ou quoi ?!" Rit nerveusement le soldat.
Jungkook secoua la tête, et grimaça à la sensation du manque. Seulement deux heures loin de Taehyung, et il avait la nausée.
"Non. Au contraire." Souffla-t-il, la voix énigmatique.
Hoseok ne comprenait pas grand-chose à tout cela, mais une chose était sûre ; il s'inquiétait pour son ami, oui, il avait même peur pour lui. C'était la première fois qu'il voyait Jungkook ainsi préoccupé ; c'était comme si ce dernier était en mission.
"Bon."
Hoseok ôta son arme et la posa à ses côtés. Il s'installa contre la frontière, fesses au sol, et leva la tête pour croiser les yeux de Jungkook.
"Dis-moi tout ce que tu as à me dire. Je t'aiderai si ce que tu me demandes est réalisable."
**
Il fallait que j'avance. Je le savais.
Cela devait bien faire une heure que j'étais accroupi dans un coin d'herbe près d'un trottoir, lui-même près d'une route toute fine où seulement une voiture pouvait circuler à la fois. Le bruit ici était moins fort, je m'y étais réfugié en pensant y rester deux petites minutes, mais je n'arrivais plus à bouger.
La grille où Hoseok m'avait abandonné n'était qu'à quelques mètres. J'avais à peine marché que, déjà, je me retrouvai figé, au sol, les bras autour de mes jambes, les genoux collés contre mon torse et la tête enfouie.
Je sursautai à chaque voiture qui passait ; je connaissais le bruit des voitures mais, ici, il y en avait une toutes les cinq secondes. C'était tellement bruyant, tellement angoissant, comment est-ce que l'on pouvait traverser quand autant de voitures circulaient sur une route ?
Un arbre énorme à mes côtés me faisait de l'ombre. Parfois, il y avait des humains qui marchaient non loin de moi, mais ils m'ignoraient. Ca m'étonnait un petit peu. En Ancienne Busan, on aurait tenté de me relever trente fois. Ici, j'étais invisible.
J'avais froid car j'étais immobile. Je savais qu'il ne suffisait que de marcher, mais je ne savais même pas où aller. Je ne savais même pas ce que j'allais découvrir.
Durant cette longue heure pendant laquelle je suis resté accroupi près de cet arbre, je n'ai pensé qu'à Jungkook.
Et j'ai parfois été en colère, puis le sentiment du manque m'apaisait, mais bien vite, le sentiment d'abandon reprenait le dessus.
Je me posai la même question en boucle, jusqu'à en devenir dingue.
Pourquoi m'a-t-il envoyé me débrouiller seul dans ce monde si vaste ?
J'ai d'abord pensé qu'il avait confiance en moi, qu'il se disait que j'allais m'en sortir. Mais, finalement, j'en suis plutôt venu à la conclusion qu'il m'avait abandonné pour se débarrasser de moi.
J'avais pleuré. Beaucoup. Sans jamais relever la tête vers ce nouveau monde.
Mais une légère douleur dans ma nuque m'obligea à changer de position, et ce fut d'abord les yeux noyés de larmes que je regardai face à moi.
Encore des voitures.
Et beaucoup, beaucoup de lumière partout.
La nuit commençait doucement à tomber, je pouvais voir les nuages se dissiper, le soleil se coucher et se faire masquer par les grandes constructions au loin.
La panique me gagna lorsque je réalisai que je n'avais aucun endroit où dormir.
Ce carré d'herbe n'était-il pas adapté, après tout ?
Au moment précis où je pensais cela, quelqu'un vint vers moi, drôlement habillé. Il y avait plein de trous dans ses vêtements.
"Hé, petit, t'es au courant que t'es assis sur ma piaule ?" Grogna-t-il, la voix grésillante.
Je me redressai bien vite et reculai, inquiet.
Un vampire ?
"P-Pardon, je- Mon maître n'est pas l-loin !" Mentis-je.
Son visage se crispa d'incompréhension.
"Hein ?"
Je déglutis, puis reculai encore. Il fallait que je m'en aille. Il ne semblait pas avoir de bonnes intentions. Pourquoi son visage était-il si sale ?
"Je- Je rejoins mon maître ! Pardon, b-bonne soirée !"
Je ne le laissais pas répondre et m'éloignai, le pas rapide. Je regardai régulièrement derrière moi pour vérifier qu'il ne me suivait pas, mais il restait stoïque, hébété, et me fixait m'éloigner.
Je secouai la tête et croisai les bras pour me protéger un minimum du froid. Je ne portais que le pantalon militaire d'Hoseok, et mon léger pull en laine. Je marchai à toute vitesse sans réaliser que je me rapprochai de la ville ; je ne le sus que lorsque je relevai la tête quand une goutte de pluie s'échoua sur le bout de mon nez.
J'étais devant une autre route. Une voiture passa encore et ses fards me brûlèrent la rétine. Je me frottai les yeux, puis regardai autour de moi.
Oh. Il y avait... Quelques humains, là-bas, qui attendaient devant la route. Ils allaient traverser ? Comment ? Les voitures ne s'arrêtaient pas.
Et, pourtant, elles finirent par s'arrêter. Je laissai mes bras retomber tant j'étais surpris. Comment s'étaient-elles arrêtées en même temps ? Les humains passèrent, ils marchaient sur des bandes blanches au sol.
Je plissai les yeux. Tout cela me disait quelque chose.
Oui, je crois que... Qu'il y avait la même chose en Atlantide. Mais personne ne marchait sur ces bandes blanches, et- oh !
Je m'approchai d'un poteau sur lequel une drôle de boîte noire avec trois couleurs trônait, en hauteur. Parfois, la lumière verte s'allumait, parfois la orange, puis la rouge. Je me souvenais de cette boîte noire ! Mais en Ancienne Busan, elles ne s'allumaient pas.
Intrigué, je posai mes pieds juste devant le petit passage pour les humains.
Je regardai avec fascination les voitures par dizaines se suivre sans jamais se rentrer dedans. Derrière les frontières, les voitures, c'était bien plus rare. On en voyait une seule toutes les vingt minutes, mais ici... C'était vingt voitures toutes les minutes. Il y avait plein de sortes et de couleurs différentes. J'aimais beaucoup les rouges. Elles étaient jolies.
Je vis le feu orange s'allumer et je me préparai. Le coeur battant, j'attendis, les yeux figés sur la boîte noire.
Elle s'alluma en vert.
Je courus de toutes mes forces jusqu'à l'autre côté. Je manquai de trébucher sur le trottoir, mais arrivai à temps, sain et sauf.
Un sourire aux lèvres, je jetai un oeil derrière moi. Je vis les humains dans les voitures me regarder étrangement. Peut-être qu'ils ont été surpris par ma vitesse.
Ils mirent du temps à démarrer, je crois que j'aurais pu marcher au lieu de courir. Peu importait ; j'étais maintenant devant plein de constructions différentes. Ça, ça m'était familier. Il y avait des grands bâtiments, des petits, et souvent des moyens.
Mais ce qui me surprenait le plus, c'était le nombre d'humains.
Ca grouillait de partout, je ne savais même plus qui regarder, et je devais sans cesse me rappeler qu'il n'y avait aucun vampire là-dedans. Comment était-ce possible qu'il y ait autant d'humains ? J'avais lu dans un livre qu'on approchait des huit milliards sur la planète, mais je n'avais pas trop la notion des chiffres. C'était un si grand nombre que ça ?
Sans trop m'en rendre compte, je m'étais mis à marcher lentement, un peu tremblant, mais surtout curieux. Mes yeux couraient partout, je ne savais plus où donner de la tête entre les gens, les lumières, les décorations, toutes ces boutiques -parfois des boutiques qui semblaient tellement grandes !-.
Des humains me dévisageaient parfois, ça me faisait peur, mais j'avais conscience que c'était à cause de mon expression à la fois émerveillée et perdue. Tous ces humains sans maîtres, sans vampires, ils avaient l'air si...
Si... Heureux.
La plupart des gens que je croisais étaient des jeunes comme moi qui rigolaient à plusieurs. Ils tenaient soit des glaces, soit de la nourriture qui me semblait salée, soit des sacs ou encore des téléphones.
Certaines senteurs étaient douces. Ça me rappelait chez madame.
Heureusement, je n'avais pas faim ; Jungkook m'avait incité à manger beaucoup avant que l'on aille aux frontières. Mon coeur s'emballa à cette pensée ; depuis le début il savait qu'il allait m'envoyer ici. C'était pour ça, le dîner de ce soir avec Jimin.
Je secouai la tête. Je ne pouvais pas penser à ça maintenant, il fallait que je me concentre pour trouver un endroit où dormir.
Il y avait peut-être des hôtels, comme j'avais lu dans des livres ? Je regardai autour de moi. Oui, mais où ? Comment les trouver ?
Peut-être... Peut-être devrais-je demander ?
Les passants marchaient trop vite et étaient trop occupés ; je n'osais pas les aborder. J'eus l'idée d'entrer dans un magasin et de parler au caissier, mais la peur était toujours là.
Allez, Taehyung. Ce ne sont pas des vampires.
A l'entrée d'une boutique qui, selon la vitrine, vendait des sortes de planches avec des roulettes en-dessous, je me décidais enfin ; à peine entré, une lumière blanche m'agressa l'oeil. Le néon devait être neuf.
"Bonsoir jeune homme !
-Heu, b-bonsoir..."
Je le détaillai quelques secondes. Il m'avait... Adressé la parole ? Il m'avait salué ? Ce sourire semblait si franc et enjoué... Je détournai le regard, surpris et embarrassé. D'habitude, on ne me saluait jamais, et on me souriait encore moins.
J'approchai du comptoir et, timidement, relevai la tête vers le vendeur.
"Je peux faire quelque chose pour toi ? T'es plutôt débutant, intermédiaire ou pro ?"
Les mots qu'il venait de citer tournèrent un instant dans mon esprit. Je ne comprenais pas.
"Heu... Je... Je sais pas trop-
-T'inquiète, je ferme dans un moment, on a tout notre temps !
-Vous s-sauriez où je... Je peux trouver un hôtel ?"
Son enthousiasme sembla s'éteindre et je m'en voulus, mais il le troqua pour de l'intrigue.
"Un hôtel ?
-Oui, je... Je dois dormir quelque part et j'ai nulle part o-où aller, alors..."
Il comprit la situation et perdit définitivement son sourire.
"Oh... Je vois." Fit-il.
Il sortit son téléphone, puis tapa quelques mots.
"T'as de la chance, y'a un hôtel à vingt minutes à pied. Faut que tu longes cette rue, puis tu vas vers le centre commercial. Une fois là-bas tu prends la sortie Ouest, au deuxième étage, tu sais où il y a le grand magasin de jouets qui vient d'ouvrir. Tu sors par là, tu marches toujours tout droit et t'y seras !"
On se regarda l'un l'autre un instant.
"... T'as pas de téléphone ?" Me demanda-t-il, désespéré.
Cette question anima en moi un choc des plus intenses.
D'abord, l'espoir ; oui, Jungkook m'avait offert un téléphone. Ensuite, la concrétisation de cet espoir ; je dirigeai ma main vers mon pantalon, comme heureux qu'une solution se présente à moi.
Et, enfin, la désillusion.
Je n'avais pas encore touché mon lourd pantalon de militaire que ma main s'était stoppée car l'image de Hoseok qui jetait mon bas par-dessus les double-frontières me donna l'impression que tout était perdu.
Comme si, jusque là, j'avais eu un espoir de m'en sortir, mais qu'il venait de s'effondrer.
Alors, enfin, après bientôt deux heures dans le monde humain, une larme roula sur ma joue.
"Merde, eh, ça va aller ?
-M-Merci." Soufflai-je.
La tête baissée, les poings serrés, je sortis de la boutique. Il ne me retint pas.
Dehors, il se mit à pleuvoir, et je me fis la réflexion, en voyant les gouttes d'eau s'écraser au sol, que je n'avais ni à boire, ni à manger, ni de quoi me laver, de quoi dormir, de quoi me réchauffer.
J'avais marché dans cette ville avec naïveté, les décorations, les gens et la nouveauté m'avaient aveuglé de la réalité.
Mais, à présent, elle se présentait à moi comme jamais elle ne l'avait fait auparavant.
Je me remis à marcher, mais sans but. Le bruit ambiant de la ville composé des voitures, des klaxons de vélo, des discussions et de la pluie ne m'angoissaient ni ne me réconfortaient. Je me sentais vide.
Définitivement, réellement abandonné.
Mais quand je passai près d'un homme assis seul, sous la pluie, je m'approchai.
Toute gêne s'étant drôlement évaporée de mon corps, je m'accroupis devant lui.
"Qu'est-ce que v-vous faites sous la pluie ? Vous allez tomber malade..."
Il leva sur moi deux pupilles éteintes. J'en fus si surpris que je tombai sur les fesses. Je grimaçai à la sensation désagréable de la pluie mouillant mes vêtements. Mes cheveux étaient déjà trempés.
"Et toi, où tu vas ?" Me demanda-t-il.
Il était si étrange... Je me souvins d'un livre, d'une histoire dans laquelle il y avait des robots. C'était des choses mécaniques, sans âme ni coeur.
Je crois qu'aujourd'hui j'ai rencontré un robot.
"Je s-sais pas... Je cherche où dormir."
Il me détailla un instant. Il avait des cernes, des cheveux mi-longs et sales et une barbe interminable. Lentement, il attrapa un gobelet au sol, et me le tendit.
"Tiens. Prends ça."
Je fronçai les sourcils et regardai à l'intérieur.
Des... Des pièces ?
"Tu vois où est la grille qui nous sépare des frontières de l'Atlantide ?"
J'écarquillai les yeux.
Ils l'appelaient l'Atlantide, ici aussi ?
"O-Oui, oui, je vois.
-Retourne-toi, marche tout droit sans jamais t'arrêter jusqu'à l'atteindre. Une fois devant, longe sur la gauche et compte trois-cent pas. Puis regarde encore sur ta gauche. Il y aura une maisonnette rouge, assez grande, elle ressemble à une ferme. C'est un refuge, tu peux y dormir pour trois euros et cinquante centimes."
C'était si... Différent. Le caissier de la boutique m'avait aussi indiqué une adresse, mais je n'avais rien compris. Cependant, ce monsieur sous la pluie m'avait décrit les choses de manière à ce que je comprenne.
Ou alors était-ce comme ça également que, lui, voyait les choses ?
"M-Mais...
-Dans ce gobelet, il n'y a que trois euros. Il te manque cinquante centimes. Demande aux passants. Je n'ai plus la force de le faire.
-Demander de l'argent... Aux passants ?"
Il hocha la tête.
Je m'étais fait abandonner, mais lui avait l'air de s'être abandonné lui-même.
"Mais, et vous ?
-Laisse-moi ici, et pars. Tu es si jeune, tu peux t'en sortir."
M'en sortir ?
"Mais vous n'allez tout de même pas dormir sous la p-pluie ! M'exclamai-je, révolté.
-Regarde autour de toi."
J'obéis, perdu.
"Personne ne me voit."
Je le regardai de nouveau, surpris, puis reportai mon attention sur les passants.
Personne... Personne ne nous portait ne serait-ce qu'un seul regard. Pas un coup d'oeil, jamais.
Et je compris alors.
Ce monsieur sous la pluie était un humain. C'est les autres qui étaient des robots.
"Toi tu es tout jeune, tu vas attirer la pitié. Demande une pièce de cinquante centimes, et tu l'obtiendras.
-Mais monsieur, p-pourquoi personne ne vous aide... ?"
C'était la première fois que je voyais quelqu'un qui s'apprêtait à dormir dehors. C'était juste pour ce soir, n'est-ce pas ? Demain, quelqu'un allait l'aider ? Peut-être que... Peut-être que, ce soir, les passants étaient trop occupés mais que demain on aiderait cet homme mal en point ?
Il ne bougeait pas d'un pouce, seules ses lèvres remuaient quand il parlait. Tout son corps semblait figé.
"C'est ainsi qu'est la vie. Ces gens ne sont pas mauvais, simplement inquiets pour leurs propres problèmes, tu comprends ?"
Je déglutis et baissai la tête.
"Prends ce gobelet et va. La nuit tombe."
Je ne savais plus si mes joues étaient mouillées de pluie ou de larmes.
Non, en fait, je ne savais plus si les joues de ce monsieur étaient mouillées de pluie ou de larmes.
"... Je vous promets que je vais revenir vous aider quand je le pourrai.
-Merci pour cette promesse." Fit-il tout bas, dans un murmure, avant de clore les paupières.
Je voulus dire quelque chose encore, mais rien ne me vint. Alors, trempé jusqu'aux os, je me redressai, le gobelet en mains, et me mis à marcher en sens inverse, vers les frontières.
"Excusez-moi monsieur v-vous n'auriez pas cinquante centimes ? S'il vous plaît.
-Non, désolé."
Mon cœur ne battait plus la chamade, mon angoisse était différente, et mes pas plus lents.
Pourquoi est-ce que je me sentais comme ça ? Je crois que...
"Excusez-moi madame, vous n'auriez pas-"
Elle fit comme si elle n'avait rien entendu, et me dépassa sans me regarder. Sans me voir.
...Je crois que je n'avais jamais été aussi seul que dans ces rues grouillantes de monde.
Mais à l'instant même où cette pensée me traversa, ma main frôla ma poche droite et je me glaçai.
Lentement, je plongeai mes doigts dans ma poche, et en sortis un objet rectangulaire et noir.
Je baissai les yeux sur ce dernier.
Oh, bon sang.
Comment... Comment était-ce possible ?
Je ne pouvais pas y croire. Je devais halluciner.
Comment mon téléphone pouvait-il encore être en ma possession ?
**
PDV EXTERIEUR
A l'intérieur des frontières
Namjoon s'arrêta net devant la porte qu'il s'apprêtait à ouvrir.
Le coup qu'il venait d'entendre l'avait fait déglutir.
Quand il pénétra dans la pièce, le bourreau se courba, puis s'éloigna, le fouet ensanglanté dans la main droite.
"Tu r-reviens déjà ?" Sourit malicieusement le vampire attaché.
Namjoon ignora cette courageuse provocation, et se positionna face à Jungkook.
Ce dernier était trempé de sueur. Le sang roulait sur son corps comme des gouttes de pluie. On aurait dit qu'il avait des dizaines de griffures sur la peau. De profondes et longues griffures.
"A ton avis, combien de temps s'est écoulé depuis que tu es attaché ici ?"
Le jeune vampire continuait de sourire en coin. Namjoon serra les dents.
"Une soirée à peine." Répondit Jungkook, le ton insolent.
Le plus vieux hocha la tête, tira une chaise et s'y installa.
"Ça ne fait que deux heures."
Il aperçut le rictus du noiraud s'évaporer.
"C'est long de souffrir, n'est-ce pas ?" Fit-il encore.
Il observa le changement chez Jungkook en seulement deux heures de torture ; ses canines dépassaient de ses lèvres, ses yeux étaient plus rouges que le sang qui perlait sur sa peau et ses muscles tendus donnaient l'impression qu'il pourrait briser les chaînes qui le tenaient en ne tirant que faiblement dessus.
Mais la réalité de son état était toute autre.
Il était à bout, déjà, et Namjoon pouvait très bien le voir.
"Sais-tu combien de temps cette torture peut durer ?
-Toute une vie ?" Répondit le plus jeune, le ton joueur.
Namjoon tiqua à cet air arrogant.
Il le savait.
Jungkook ne parlera pas.
Jamais.
"Quel est ton but ?" Demanda l'homme à la capuche.
Le noiraud garda le silence.
Namjoon hocha la tête vers le bourreau. Ce dernier serra le fouet dans sa main, puis asséna un violent coup sur le torse déjà meurtri du vampire. Jungkook ouvrit grand la bouche, jeta la tête en arrière, mais aucun son ne sortit d'entre ses lèvres roses.
L'aîné des deux vampires prit une grande inspiration.
"Quel est ton but, Jungkook ?" Répéta-t-il plus fermement.
Seul le silence lui répondit.
"Bon sang !" S'emporta Namjoon.
Il se redressa et balança sa chaise contre le mur. Cette dernière explosa en mille morceaux. Jungkook n'avait pas bougé d'un pouce, et continuait de fixer, les yeux mi-clos, le sol de cette pièce lugubre.
"Tu es... Tu es insupportable !" Hurla Namjoon.
Il se retourna et se passa une main dans les cheveux.
"Je refuse de croire que tu l'as abandonné. Je sais que tu n'aurais jamais fait ça. Je sais que tu as un plan.
-Je l'ai abandonné. Je ne voulais pas vivre aux crochets d'un humain." Murmura la voix vide du vampire.
Namjoon fit volte-face et s'approcha vivement de Jungkook.
"Tu me prends pour qui, hein ?!"
Il attrapa la mâchoire de son cadet pour le forcer à relever la tête.
Jungkook vit les yeux blessés de Namjoon.
"Tu crois que je ne sais pas ce que ça fait que d'être éloigné de son humain lié ?"
Le noiraud masqua sa surprise.
"Tu crois que je ne sais pas ce que ça fait de ressentir le manque du sang ?"
Puis il glissa un doigt de son autre main le long de la gorge de Jungkook.
"Ça brûle, n'est-ce pas ? Ça te tord l'estomac, ça te brûle la gorge, dans quelques jours tu deviendras fou."
Le jeune homme attaché serra les dents.
"Tu n'arrives même plus à masquer tes canines, et tu crois que tu peux me tromper, Jungkook ?"
Il pressa davantage la mâchoire du noiraud.
"Quel est ton foutu plan ?!
-Je ne pensais pas que tu perdais ton sang froid si facilement." Intervint une nouvelle voix.
Namjoon recula instantanément du corps de son cadet, puis détourna le regard. Jungkook, lui, jeta un oeil au nouvel arrivé.
"Bonsoir Jungkook."
Yoongi s'approcha calmement. Il avait lui aussi une cape dont la capuche reposait sur ses cheveux noirs.
"Je suis venu te poser une unique question."
Namjoon observa Yoongi se positionner à hauteur de Jungkook, qui fixait le nouvel arrivant plus froidement que jamais.
Il était méfiant, et Namjoon l'avait remarqué.
"Je ne vais te le demander qu'une seule et unique fois. Si tu ne réponds pas, il y aura une grave conséquence."
Jungkook serra les poings et ne lâcha pas Yoongi du regard une seule seconde.
Ce dernier, l'expression neutre, parla enfin, la voix confiante.
"Que cherches-tu à faire en envoyant Taehyung dans le monde des humains ?"
La même question que Namjoon, mais posée différemment. Jungkook eut un sourire fatigué, mais rebelle.
"Me débarrasser de lui."
Il y eut un silence pesant, puis Yoongi hocha la tête.
"Bien. Dans ce cas, je te retrouve demain soir, à l'aube. Nul besoin de te torturer de nouveau ; nous allons t'exécuter."
Namjoon baissa la tête.
Jungkook ouvrit grand les yeux.
"Tu es sûr ? Demanda le blond à Yoongi.
-Il ne veut pas parler, et on ne peut pas le forcer à nous rejoindre.
-Mais sans lui, on ne pourra jamais-
-Nous attendrons. Il y a bien un autre vampire et son humain liés qui croiseront le regard de l'autre un jour. Il faudra espérer que le prochain soit d'accord avec nos convictions."
Puis il se tourna vers Jungkook.
"Tu n'es pas irremplaçable. Tu nous fais juste perdre du temps. Je te laisse jusque demain soir pour réfléchir, sans torture. Si tu ne parles pas alors demain, à l'aube, nous t'exécuterons pour trahison envers ton peuple."
Le noiraud tira sur ses chaînes, légèrement, le coeur battant à tout rompre et les dents serrées.
Yoongi l'observa se battre intérieurement contre lui-même, puis, avant de quitter la pièce, laissa échapper quelques mots.
Quelques mots prononcés sur un ton victorieux.
"Eh bien, qu'est-ce qu'il y a ? Je pensais que tu n'avais plus rien à perdre."
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Pas mal de choses dans ce chapitre ; petit flashback JK/Hoseok, Taehyung qui découvre la vie dure de l'extérieur (et quand on est livré à soi-même, c'est pas pareil !), et une scène assez difficile sur ce que vit Jungkook... Qu'en avez-vous pensé les amis ? Des idées sur ce qui va arriver ? ^^
Je n'ai pas grand chose de plus à dire ce soir, donc je vous souhaite une bonne soirée, ne dormez pas trop tard pour bien commencer la semaine, et surtout bon courage pour demain !! Je vous dis à dimanche prochain pour la suite, et je vous fait plein plein de bisouuuus, à très vite ! ♥♥♥
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