Bonsoiiir les amis ! ^-^ (je publie 1h plus tôt puisqu'il est déjà prêt!)

Bon, j'ai un peu peur de vos avis sur ce chapitre. Il est risqué, et les chapitres risqués j'ai toujours l'impression qu'ils ne vont pas plaire. J'espère sincèrement qu'il vous plaira ^^" 

Bonne lecture à tous et à toutes ~ ♥

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Oui, un moyen pour qu'il n'avale ne serait-ce qu'une seule goutte de mon sang.

Ils étaient une dizaine contre lui. Jungkook n'allait pas y arriver, je le voyais déjà peiner à les dégager. Il était fort, c'était indéniable, il pouvait rivaliser contre cinq d'entre eux, mais actuellement ils étaient bien plus, et le noiraud ne pouvait pas s'en sortir. J'arrivais à distinguer ses grognements, les coups qu'il se prenait, et la manière dont il se retenait bien souvent de tomber au sol et d'être maintenu ainsi par les autres vampires.

Je me redressai, tremblant, une main sur les lèvres et les larmes aux yeux. Il fallait que j'agisse. Bon sang, je ne savais pas quoi faire, je me sentais si inutile... Mon regard dériva et balaya la pièce.

Je découvris madame, les yeux ouverts, au sol, tenter de me dire quelque chose. Je courus vers elle, le coeur battant à tout rompre, ce qui attira l'attention d'un vampire qui s'approcha de moi lentement.

"Le b-bout... De verre..." Murmura madame.

Je fronçai les sourcils. Son bras se leva péniblement, et son index pointa quelque chose, à côté de nous. Je suivis ce qu'elle me montrait et mes yeux tombèrent sur la baie vitrée brisée, et tous les bouts de verre au sol.

Mais oui...

"Coupe-toi." Laissa-t-elle échapper, avant que je ne la vois clore les paupières.

Il y avait du sang au coin de ses lèvres. Madame avait besoin d'aller à l'hôpital, et vite.

Je me levai et approchai rapidement d'un bout tranchant, le plus proche, mais à l'instant même où je voulus l'attraper, deux bras pressèrent mon torse et me redressèrent.

"N-Non ! Lâchez-moi !" Hurlai-je en me débattant.

Mon cri attira l'attention de celui qui me semblait être leur chef, celui qui était là au début et qui avait mis madame dans cet état. Il fixa le vampire qui me maintenait fermement contre lui.

"Empêche-le de se couper !" Cria-t-il, et la main ferme de Jungkook lui envoya un coup dans la mâchoire juste ensuite.

J'avais sursauté. Les yeux rouges du noiraud s'ancrèrent dans les miens. Je me sentis immédiatement happé. Il serra les dents. Il avait du sang sur les mains et les lèvres.

J'eus soudain une drôle de peur. Celle que nous n'y arriverons pas. Celle qui me chuchotait à l'oreille que c'était peut-être la fin.

Mais contre toute attente, le noiraud arrêta de bouger et se laissa attraper. J'écarquillai les yeux, je n'avais pas compris son geste. Il ne me lâchait pas du regard et semblait se concentrer. Il se laissait capturer par quatre vampires qui le maintenaient de sorte à ce qu'il ne puisse pas nuire.

"On abandonne si facilement ?" Demanda leur patron en se redressant, essuyant sa lèvre ensanglantée après le coup du noiraud.

L'inconnu qui me tenait me poussa sans ménagement loin de la baie vitrée pour éviter que je prenne un autre morceau de verre. Moi, je ne lâchais pas Jungkook des yeux. Quelque chose m'échappait.

Pourquoi ? Pourquoi avoir abandonné ainsi ?

"Tiens-le bien." Ordonna le plus haut placé à celui qui m'immobilisait.

Il me serra davantage et je couinai de douleur. Mais Jungkook m'empêchait de quitter son regard.

Qu'est-ce qu'il essayait de faire ?

Il avait physiquement abandonné, mais son regard prouvait le contraire.

"Tu as éliminé deux d'entre nous." Commença calmement l'ennemi.

Je perdis le contact visuel lorsqu'il se plaça entre Jungkook et moi pour me prendre la mâchoire. Je le regardai avec des yeux noirs, quand bien même j'étais effrayé. Il se décala un peu pour que le noiraud puisse me voir de nouveau.

"Alors je vais le tuer devant tes yeux."

Jungkook n'eut aucune réaction. Pour ma part, mon coeur était au bord de l'implosion. L'angoisse me tiraillait les entrailles, et je sentais une sueur froide me glacer l'échine. Je ne voulais pas.

Je me rendis compte que jusque-là, j'avais déjà pensé à mourir, à tout arrêter. Mais on pense cela avant d'être devant le fait accompli. Quand ce que l'on désire devient réel, soudainement, le doute s'installe sournoisement.

"P-Pourquoi... Pourquoi v-vous faites ça..." Sanglotai-je.

L'homme me fixa avec haine.

"Parce que tu es la pire chose qui nous soit arrivée." Articula-t-il.

Cette fois, mon coeur s'était arrêté.

Quoi... ?

"Laisse-le moi." Ordonna-t-il à celui qui me tenait.

Je baissai la tête, abattu et choqué, prêt à m'abandonner à la mort. Lentement, on me lâcha, mais je ne bougeai pas. A quoi bon ? Je n'avais ni la force ni la vitesse pour me précipiter vers le noiraud. Ils nous encerclaient, il n'y avait rien que je pouvais-

Une minute.

Nous étions contre la commode. N'est-ce pas ?

Je baissai davantage la tête en l'inclinant sur le côté. Oui. Nous étions même tout juste à côté du tiroir où madame avait...

...Caché le couteau.

J'eus une drôle de montée d'adrénaline qui bougea mon bras à ma place. Sous la surprise des autres, j'ouvris violemment le tiroir et réussis à attraper le couteau. Mais avant même que je ne puisse tenter une attaque, l'homme m'immobilisa contre lui, mon dos contre son torse, et sa main tenant la mienne, celle dans laquelle j'avais le couteau.

Il serra mes doigts et la douleur me transcenda. Je hurlai.

"Qu'est-ce que tu croyais ?"

Jungkook s'agita pendant mes cris. Le vampire pressait mes doigts contre le manche du couteau, ma chair se faisait écraser, mes os aussi, c'était horriblement douloureux, je n'arrivais à penser à rien d'autre qu'à cette sensation ignoble.

"C'est quand même mignon d'avoir essayé. Regarde ton vampire. Il a abandonné parce qu'il sait qu'il n'a pas le dessus. Nous, nous savons quand il est inutile de se battre. Vous, les humains, avec votre orgueil et votre amour-propre qui dépasse tout le reste, vous vous pensez toujours plus forts, plus puissants, hein ? Jusqu'à prendre un couteau de cuisine dans un tiroir pour faire face à une quinzaine de vampires."

Il me serra un peu plus et je criai davantage.

"C'est vraiment ridicule." Termina-t-il.

Sa main libre attrapa mes cheveux et il me força à pencher la tête sur le côté d'un coup sec. Il se concentrait maintenant sur ma gorge, donc sa poigne sur ma main s'était desserrée, me laissant un peu de répit dans la douleur. Mais je ne pouvais toujours pas bouger mon bras. J'essayais de toutes mes forces, mais ça m'était impossible.

"Observe ta défaite Jungkook. Et paye pour mes compagnons que tu as tués. Tes propres confrères.

-Vous comptez m'éliminer aussi, alors n'ose plus prononcer ces paroles. Gronda soudain le noiraud.

-Je ne comptais pas te tuer. Je voulais éliminer l'humain. Mais je vais maintenant te réduire en cendres également, pour venger mes hommes."

Jungkook ne répondit pas, mais quand l'homme s'approcha de ma gorge offerte, il s'agita, tentant de se défaire de la prise des autres, en vain.

La pointe des canines pénétra ma peau. Et puis, comme désireux de me faire souffrir, le chef de la horde fit entrer le reste dans ma chair d'un coup sec.

Elle était là. La douleur que je redoutais chaque jour. Elle venait de s'insinuer dans mes nerfs, dans ma peau, dans mes muscles, partout. Mon corps se liquéfia sur place.

Il but une première gorgée de mon sang et j'ancrai vivement mes yeux écarquillés de douleur dans ceux de Jungkook. Ses yeux se mirent à changer de couleur, passant du noir au rouge et du rouge au noir. Il émit un grognement guttural, et tenta encore de se défaire de ses liens. Mais je voyais bien qu'il n'y arrivait pas. Par sécurité, un cinquième d'entre eux se mit derrière Jungkook et lui attrapa les épaules pour le tenir.

Et puis tout sembla se dématérialiser.

Je frottai mes yeux de mon poing. La fatigue me submergeait.

"Où suis-je... ?"

J'ouvris les yeux et réalisai que j'étais encore dans la voiture.

"Jungkook ?

-Je suis là."

Inquiet, je me redressai sur la banquette arrière.

"Ne te retourne pas. Le suppliai-je.

-Tu as peur de mon visage ?"

Je déglutis difficilement, puis hochai la tête.

"Pourtant je suis ce qu'il y a de plus beau dans ce monde, tu sais.

-Tu me terrifies..." Soufflai-je.

Il se tourna vers moi. Je sursautai de peur mais... Je ne vis que le visage de Jungkook. Voir ce visage me fit drôlement mal.

"Oh mon Dieu, je suis d-désolé... Pleurai-je, sans trop savoir pourquoi.

-Est-ce que je te manque ?"

Je hochai vivement la tête. De grosses larmes s'échappaient de mes yeux. Je me sentais de plus en plus faible.

"Alors rejoins-moi.

-Je ne peux p-pas, je suis en train de m-mourir."

Il secoua la tête, puis regarda la route infinie de nouveau.

"Uniquement parce que tu ne fais rien pour survivre."

Je le fixai, résigné.

"Je ne peux rien faire... Je n'en ai pas la force...

-Bien sûr que si."

Il me jeta un coup d'œil dans le rétroviseur.

"A qui veux-tu donner ce sang, Taehyung ?"

Je reculai sur mon siège en apercevant son visage changer à travers le rétroviseur avant. Le Lien. Il avait de nouveau nos visages mélangés.

"A-Arrête... Bégayai-je.

-Le sang qu'on te vole n'est destiné qu'à une seule personne, tu le sais, n'est-ce pas ?

-Où est J-Jungkook... ?"

Il sourit.

"Devant toi. Dans ce salon. Il t'observe. Tu as les yeux dans le vide.

-Non...

-A qui veux-tu donner ce sang ?" Répéta-t-il.

La douleur dans ma gorge revint petit-à-petit. J'étais renvoyé dans la réalité, un peu plus à chaque seconde.

"Jungkook... A Jungkook...

-Ton sang lui appartient-il ?

-Oui... Oui, rien qu'à lui..."

Je laissai ma tête tomber vers l'arrière. Le Lien arrêta la voiture. Il se tourna vers moi.

Oh... Il était... Plus harmonieux. Il avait moins de cicatrices. Comme si... Comme s'il n'était devenu qu'une seule personne, qu'un mélange de nos gènes, de nos visages, sans que ces derniers ne soient fractionnés. Il était un être à part entière.

"Alors dévoue-toi. Donne-le lui. Maintenant."

Il posa une main sur mes yeux clos. Quand il ôta sa main, j'étais de nouveau dans le salon.

Jungkook me fixait.

"Arrête..." Bégayai-je à celui qui buvait mon sang.

Je l'entendis laisser échapper un gémissement de satisfaction et mon ventre se tordit violemment.

Quelque chose se débloqua en moi. Tout me devint soudain facile.

"J'ai dit..."

Je me mis à gesticuler lentement, et le vampire semblait surpris de me voir réussir à bouger.

"D'arrêter..."

Ma main libre rejoint ma main immobilisée par la sienne.

Son erreur avait été de ne pas maintenir mon autre bras. Ainsi, je pouvais le rapprocher du premier. Et, sans même craindre la douleur, je glissai ma paume libre contre la lame du couteau, d'un coup sec. Le sang perla sur la lame aiguisée.

J'ancrai mes yeux dans ceux de Jungkook, qui avait les pupilles dilatées, tandis qu'il ne lâchait pas mon sang du regard.

Et, sans que le vampire n'arrive à me tenir davantage, je réussis à dégager ma main de sa prise, à prendre de l'élan, et à lancer le couteau à travers la pièce. La scène m'aurait semblé invraisemblable si je n'avais pas cette envie profonde, dévorante, qu'on arrête de me voler du sang. Du sang destiné au vampire qui était face à moi, et qui observait le couteau arriver dans sa direction.

Tout se passa très vite. Mon lancer avait été étrangement parfait. Jungkook eut à peine à se mettre une seconde sur la pointe des pieds pour attraper, entre ses canines blanches, la lame ensanglantée.

Tout le monde fut silencieux face à ce qui se passait.

Je regardai le noiraud qui, délicatement, passa sa langue sur la lame métallique. Il me fixait pendant la manœuvre. Ses yeux cessèrent de passer du rouge au noir, et je fus surpris de les voir devenir...

... Dorés ?

Oh, bon sang, oui. Ce... Ce n'était pas du jaune comme certains vampires dans la pièce. Les siens brillaient, ils étaient couleur or, ils scintillaient comme si une flamme dansait dans chacune de ses prunelles.

Je le vis avaler les quelques gouttes de mon sang.

Il clôt les paupières.

Une drôle de sensation envahit mon corps.

La vampire qui buvait mon sang cessa de le faire, comme s'il venait enfin de sentir que quelque chose avait changé.

Il releva la tête et, quand Jungkook rouvrit les yeux, l'ennemi me relâcha.

"Non... C'est impossible..."

J'avais l'impression d'assister à ma propre naissance. Mais j'avais aussi la sensation que les autres assistaient à celle de Jungkook. Ce dernier rejeta un instant la tête en arrière, comme s'il laissait le sang couler le long de son œsophage, qu'il appréciait de le sentir. Plus les secondes s'écoulaient, et plus ma vision des choses changeait du tout au tout. Le calme gagnait mon corps. La panique s'évapora quelque peu.

Et, enfin, le noiraud baissa la tête vers moi. Il passa lentement sa langue sur ses lèvres encore rouges de mon sang. Je le regardai faire, hypnotisé.

Et puis, violemment, il s'extirpa de la prise des autres vampires.

Je tombai à genoux face à ce que je voyais. Face à lui. Les lèvres entrouvertes, je n'avais plus aucune envie de le quitter des yeux. Plus jamais.

Toutes mes douleurs s'envolèrent. Mon mal de tête, ma faiblesse, mes maux de ventre. Toutes ces douleurs, qui avaient duré des jours, des semaines, s'évaporèrent d'un seul coup. Le bien-être m'envahit, avec son lot de calme. D'une étrange sérénité.

Le chef de la horde d'ennemis se mit devant moi pour me regarder. Il écarquilla les yeux.

"Non..." Murmura-t-il.

Je vis des larmes s'échapper de ses yeux. En arrière-plan, Jungkook venait de planter le couteau que j'avais utilisé dans la gorge d'un des leurs. Je le voyais les tuer les uns après les autres comme s'il était contre une seule personne. Le livre disait vrai ; sa force était décuplée. Ce n'était pas qu'il frappait plus fort, pas seulement.

Non, toute sa gestuelle, son comportement était différent. On aurait dit une chorégraphie, que tout était calculé à l'avance, que ce soit ses mains qui arrêtaient le moindre le coup, son visage sérieux et attentif et parfois effrayant, ses attaques propres qui ne manquaient jamais leur cible. Je le vis aussi, l'espace de quelques secondes, être traversé de surprise lorsqu'il envoya trois vampires en même temps contre les escaliers. Il était... Majestueux. Et je me demandais si ce n'était pas que le début.

De mon côté, mon esprit s'était embrumé, encore, mais ce n'était pas désagréable. C'était comme si je n'avais plus peur de rien.

"Toi..."

L'homme s'approcha, il voulut attraper mon bras pour me relever mais j'attrapai sa main à la place, sans trop savoir comment je l'avais vue venir au ralenti et comment il m'avait été aussi simple de la réceptionner. Ses yeux s'écarquillèrent davantage, et je le poussai en arrière. Je sursautai en le voyant traverser la pièce, et finir contre le plan de travail.

Jungkook me lança un coup d'oeil, puis brisa tout bonnement la nuque de celui que je venais d'envoyer valser sur cinq mètres.

Je fixai mes mains.

C'était moi qui venais de faire ça ?

Bientôt, après quelques cris supplémentaires et bruits d'os qui se brisent -le noiraud était terriblement sadique-, je vis ce dernier reprendre sa respiration.

Ses yeux dorés avaient disparu. Ils étaient rouges de nouveau.

On se regarda un instant, au milieu du silence de la guerre et de la mort. J'eus un mauvais pressentiment. J'avais l'impression que tout ceci annonçait un mauvais présage.

Il ne fit aucun commentaire, et marcha vers moi. Mais une fois près de mon corps à genoux, il me contourna comme si je n'existais pas. Je ne fus même pas surpris. Je savais ce qu'il faisait.

"J-Jungkook... ?" Bégaya une voix faible.

Il prit madame dans ses bras et la releva du sol.

"On va à l'hôpital." Me fit-il seulement, avant de sortir de la maison.

Je restai figé un instant, puis me redressai vivement, effrayé qu'il parte sans moi. C'est à ce moment précis que je ressentis la fatigue intense créée à cause du manque de sang. Le vampire, maintenant mort devant moi, m'en avait pris de très grosses gorgées. Je titubai un peu, puis me tins au mur.

Seigneur, que venait-il de se passer ?

Difficilement, je rejoignis la porte, puis passai l'encadrement. Je vis Jungkook déposer sa mère sur la banquette arrière. Il avait raison, il n'y avait pas de temps à perdre. J'approchai de la voiture et m'installai à l'avant. Ma tête tournait horriblement. Le vampire démarra le véhicule, et s'engagea en direction de l'hôpital, sans même me parler ni me jeter un regard.

Mais, ce qui m'inquiétait le plus, c'était à quel point le noiraud était muet. Durant tout le trajet, il ignorait mes coups d'œil, ma présence. Il se contentait de rouler. Tout ce que je pouvais voir, c'était ses phalanges qui blanchissaient sur le volant, signe qu'il le serrait avec force.

Madame avait été prise en charge rapidement. Les médecins nous avaient dit de revenir demain, que rester ne servait à rien car elle allait subir plusieurs hospitalisations durant plusieurs jours. Alors, de cette manière, Jungkook les avait simplement remerciés, avait payé une certaine somme d'avance pour les opérations, puis roulait de nouveau.

Avec la pénombre de la nuit, j'avais l'impression que la route était infinie, comme dans ma vision.

Le trajet fut long pour rentrer, car l'ambiance était terriblement pesante. Je piquai du nez à cause du sang manquant. Je sentais que mes membres étaient engourdis. Le noiraud agissait toujours comme si je n'existais pas. Quelque chose m'échappait.

Je n'en étais pas blessé. J'étais trop chamboulé, à vrai dire, pour penser quoi que ce soit.

La route dura quelques heures. Je n'avais pas dormi. Quand je fermais les yeux, je revoyais les cadavres, le sang et les yeux dorés.

Pourquoi ses yeux avaient-ils changé ainsi, l'espace d'un instant ?

J'appréciais le vrombissement de la voiture, la climatisation qui réchauffait le véhicule et la nuit noire dehors malgré l'atmosphère étouffante.

Je ne pouvais mentir sur une chose ; mon corps entier l'appelait. Comme si j'étais aimanté à lui. Et je me demandais s'il ressentait la même chose. Ma gorge pulsait contre mon collier. Plus la panique de tout-à-l'heure s'échappait et plus je ressentais un certain manque. J'avais du mal à le définir.

Tout était hors du temps. Quand on descendit de la voiture, qu'on entra de nouveau dans la maison, que je retrouvai le salon dans lequel j'avais tant souffert également, c'était hors du temps.

Et puis je compris.

Je compris pourquoi il avait été aussi silencieux lorsque je le regardai dans les yeux.

Ses pupilles étaient rouges de nouveau.

Je reculai d'un pas, juste par surprise et par réflexe.

Jungkook n'avait pas été silencieux jusque-là. Je compris à ce moment-là, le corps figé, que ce n'était pas du silence.

... C'était de l'impatience.

Sans douceur, deux mains fermes attrapèrent le dessous de mes cuisses. Je laissai échapper un cri. Mon corps se fit soulever dans les airs et je me précipitai pour enrouler sa nuque de mes bras afin de me maintenir, puis je fis la même chose en encerclant sa taille de mes jambes, maladroitement, les gestes saccadés.

Mon dos rencontra le mur le plus proche avec violence. Les yeux écarquillés, je cherchai son regard. Ses yeux vermillons me capturèrent. Mon coeur s'emballa et je réalisais que j'étais dans les bras de Jungkook, contre un mur, dans son salon.

"J-Jungkook, a-attendez !"

Il plongea dans mon cou et mon corps se détendit lorsque, contre toute attente, ce sont ses lèvres qui se collèrent contre ma peau. La sensation humide et chaude de sa bouche sur ma gorge me fit couiner d'étonnement. Je clos les paupières. Il colla son bassin contre le mien. Je devenais fou. Il l'était déjà.

"Je vais boire ton sang."

Je me figeai. Sa voix avait été grave, basse, intime.

"Il t'en a pris beaucoup. Tu vas sûrement t'évanouir. Ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais. Tu te réveilleras dans ton lit.

-J-Je-

-Je vais boire jusqu'à ce que tu perdes connaissance."

Mon esprit divaguait déjà. Mes mains serrèrent son haut, au niveau de son dos, tandis que ma respiration se saccadait un peu plus.

Il y eut un moment de latence durant lequel une de ses mains se posa sur mon torse, doucement. Je le regardai sans comprendre.

"J'entends..."

Il appuya plus fort.

"...Chacun de tes battements." Murmura-t-il.

Le choc devait être visible sur mon visage.

Jungkook fit glisser son nez sur ma mâchoire. J'avais les larmes aux yeux, alors qu'il n'avait encore rien fait. J'étais particulièrement surpris de le sentir m'embrasser la peau à plusieurs reprises. Comme s'il préparait ma chair à le recevoir. J'étais déjà prêt pour lui, depuis longtemps, mais il continuait de m'embrasser. Il déposait de prompts baisers le long de mon épiderme. Je frissonnais. Je gémissais. Je perdais pied.

Et puis je sentis ses dents.

Oh, mon dieu, il allait me mordre. Je n'arrivais pas à le croire. Après toute cette retenue, toute cette souffrance, nous abandonnions tous les deux cette lutte sans queue ni tête.

Je sentais tout le sadisme typique du vampire dans ses gestes. Cette lenteur, ce comportement de prédateur et la manière dont il me réduisait à une simple proie, ses mains qui pressaient mes cuisses quand je bougeais trop ; il était impitoyable.

Et, enfin, il pénétra ma chair de ses canines. Le spasme fut instantané.

Mais il ne but pas. Avant, il se retira, puis mordit de nouveau, de l'autre côté, là où l'autre vampire m'avait mordu. Mais Jungkook planta ses dents plus profondément, ce qui me fit crier. C'était bon et douloureux. Je ne savais même plus ce que je devais penser. Il se retira encore, caressa ma peau de la pointe de ses dents. Il attrapa entre ces dernières mon haut qu'il fit glisser de mon épaule, puis il mordit encore, juste là, dans mon épaule gauche.

J'avais un spasme toutes les cinq secondes. Ma tête, rejetée en arrière, lui laissait toute la peau qu'il désirait. Mais il ne sembla pas en avoir assez. Jungkook me décolla du mur, marcha un instant, et m'allongea sur le canapé. Il recula un peu et observa mes spasmes, les yeux rouges mais pourtant si noirs d'avidité. Ce qu'il voyait lui plaisait. Mes muscles se tendaient sans cesse.

Il était très silencieux. Mais quand il se rapprocha de moi, je pus entendre son souffle irrégulier et impatient contre mon oreille.

Jungkook attrapa d'abord mon poignet. Sans me lâcher des yeux, il le mordit, et enfin, prit la première gorgée de sang.

Je pris une grande inspiration de surprise. Le plaisir qui découla de ce qu'il faisait me surprit et j'ouvris grand les yeux. Mes spasmes se multiplièrent. Il arrêta après une gorgée et ôta ses dents de ma peau. Je l'aperçus jeter la tête en arrière. Il eut un seul spasme lui aussi, plus léger que le mien. Il resta un instant comme ça, à visiblement apprécier mon sang.

Puis tout devint plus sérieux lorsqu'il baissa de nouveau la tête vers moi.

Il ne jouait plus.

Sa main droite attrapa une poignée de mes cheveux et les tira en arrière. Je glapis et il s'approcha violemment. La morsure fut violente. Il pénétra ma gorge bien plus profondément que jamais, et se mit à boire goulument.

Mon corps se figea. Je n'arrivais plus à bouger. Seuls les spasmes persistaient. Le plaisir et le bien-être étaient trop puissants. Je me sentais déjà partir. Jungkook émit un grognement, et but encore. Et encore. Et encore.

Je glissai mes mains tremblantes dans ses cheveux. Mes yeux fixaient le plafond, mais tout se confondait. J'avais la vue trouble. Une boule chaude naquit dans mes reins. Pour maîtriser mes spasmes, Jungkook agrippa mes hanches et les pressa contre le canapé.

Une longue plainte se fraya un chemin entre mes lèvres, et le noiraud pressa davantage ma peau entre ses doigts à l'entente de cette dernière. J'avais la sensation de n'être plus qu'un corps destiné à recevoir du plaisir. Je n'étais qu'un réceptacle de bien-être, de chaleur. Jungkook se servait de mon corps. Il prélevait de grosses quantités de sang, comme s'il n'en avait jamais assez. Je l'entendais avaler chaque gorgée comme si c'était la première. Sa respiration était profonde. Il était bien plus calme que moi, mais je ne l'avais jamais vu aussi agité.

Sans trop savoir ce qui me poussa à faire ça, mes doigts descendirent de ses cheveux à son dos, et je le collai à moi. Il se laissa faire. Je le serrai contre mon corps et le laissai prendre tout le sang qu'il souhaitait. Plus il était proche et plus je me sentais bien et rassuré. Mes yeux s'embuèrent, ma vue se dédoubla, Jungkook but plus fort. C'était trop intense.

Et puis, enfin, mon esprit divagua définitivement.

"J-Jungkook... Je v-vais..."

Il ne s'arrêta pas. Mes membres s'engourdirent,

Je perdis connaissance de cette manière ; le noir m'envahit, doux et agréable.

Et la dernière chose que je sentis fut une caresse et un soupir.

Une caresse lente, le long de ma cuisse.

Et un soupir satisfait, tout contre ma gorge offerte et malmenée.

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Et voilà, la première vraie morsure. Le lien est déclenché. Jungkook a bu le sang de Taehyung... Et j'ai peur de vos avis!! Ca faisait un moment que je n'avais pas écrit ce genre de scène, faut que je retrouve la main... T-T

Evidemment c'était un peu brusque et violent mais vous connaissez Jungkook maintenant- (et puis il faut dire qu'il s'était longtemps retenu!). Qu'avez-vous pensé de ce chapitre les amis ? Pensez-vous que le comportement de Jungkook va changer ? ;)

Je vous souhaite un bon week-end à tous et à toutes, merci encore mille fois de soutenir cette histoire, je vous dis à vendredi prochain pour la suite et surtout buvez beaucoup d'eau en ces débuts de chaleur!! Gros gros bisouuus ♥♥