IV
VERA : Parce que ma vision de l'humanité est meilleure ! C'est tout ! Ma vision de l'humanité est meilleure et si j'avais pu mener mon plan à bien tout le monde en aurait été conscient et aurait approuvé mes actes. Parce que ma vision est meilleure ; c'est juste la Vérité.
HECTOR : Vous voulez une humanité courageuse, prête à regarder les choses en face telles qu'elles sont, à reconnaître ses défauts et chercher à s'améliorer, et ne faisant des choix que si elle est prête à en assumer le prix ?
VERA : Enfin vous me comprenez Hector ! Je suis ravie ! Quelque part je fais le même travail que vous vous savez. Enfin, à la base. Votre mission a été complètement déformée, et maintenant vous êtes chef en charge de la propagande. Mais n'est-ce pas ce qu'est le journalisme à la base ? Ou ce qu'il devrait être ? N'est-ce pas sa mission que de porter la Vérité aux yeux du public pour qu'il puisse se faire un avis et prendre des décisions en connaissances de cause ? Vous avez dit plus tôt que je nuisais à la liberté humaine. C'est faux ! Je veux défendre la liberté humaine ! C'est tout ce que j'ai voulu. Mais cette humanité que vous semblez défendre n'est pas libre. Savez-vous pourquoi on parle de "consentement libre et éclairé" ? Parce qu'un consentement ne peut pas être libre s'il n'est pas éclairé. Vos choix ne sont pas de vrais choix si vous n'avez pas toutes les informations sur le contexte et tous les éléments qui vous permettraient de prédire au mieux les conséquences de ces choix. Si vous ne savez pas ce que vous choisissez, vous ne choisissez pas. C'est valable pour la démocratie, et c'est tout aussi valable dans notre vie quotidienne. On a besoin de la Vérité pour pouvoir faire des choix qui soient vraiment libres.
HECTOR : Trouvez-vous qu'il soit immoral de laisser quelqu'un se fourvoyer sans le détromper, même si c'est pour préserver sa santé psychique ?
VERA : Oui Monsieur Hector ! C'est ce que je vous répète depuis tout à l'heure. Mais je crois qu'au final, dans une perspective suffisamment large, la Vérité sera toujours meilleure pour sa santé psychique qu'un mensonge.
HECTOR : Je suis intimement convaincu que c'est faux. Mais si vous y tenez tant, laissez-moi donc vous détromper. Je ne suis pas un journaliste Mademoiselle Véra ! Pourquoi vous obstinez-vous à faire comme si j'étais un journaliste ?
VERA : Quelle différence Hector ? Je sais bien qu'il y a écrit "psychanalyste" sur la porte de votre bureau. Mais vous travaillez pour le compte des autorités, et vous allez écrire sur moi un joli petit rapport qui sera relayé par tous les médias. A mes yeux vous êtes tellement un journaliste, vos objectifs sont si similaires, que mon esprit finit par confondre et vous parler comme si c'était la réalité. C'est un peu la Vérité même si ce ne sont pas les faits. Mais vous avez raison. Vous avez raison, je me refuse à reconnaître que vous êtes psychanalyste. Parce que je n'ai pas besoin d'un psy ! Vous êtes le mec chargé de me faire passer pour une folle. Mais je ne suis pas folle. Vous estimerez ma santé psychique restaurée quand je me serais rangée à la vision de la majorité et à sa conception tristement fade de l'humanité. Votre définition de la santé psychique est ma définition de la déchéance de l'Homme.
HECTOR : Pensez-vous honnêtement que vous soyez saine d'esprit Mademoiselle Véra ?
VERA : Je pense honnêtement que je le suis plus que vous.
HECTOR : Pourquoi ne suis-je pas sain d'esprit d'après vous ?
VERA : Non Hector, pas vous. Vous tous ! Je pense que je suis plus saine d'esprit que vous tous ! Je suis la seule dans ce monde à être saine d'esprit !
HECTOR : Quelle personne saine d'esprit dirait ça ?
VERA : N'avez-vous jamais lu un roman de science-fiction Hector ? Il est assez fréquent d'y croiser un être isolé étant pourtant le seul à détenir la Vérité et être sain d'esprit.
HECTOR : Vous vous refusez à reconnaître des principes élémentaires Mademoiselle Véra. Vous avez une vision de l'Humanité. Et, même si, ce qui n'est pas le cas, on pouvait prouver que votre vision soit viable, vos agissements sont inacceptables. Vous avez cherché à l'imposer aux autres de force ! Vous ignorez le fait que vous vivez dans une société avec des règles et un mode de fonctionnement. Vous ignorez le fait que vous n'êtes pas seule et que vos préférences ne priment pas sur celles des autres. Vous avez l'âme d'un dictateur Vera ! Vous êtes une personne dangereuse pour les autres et pour vous même !
VERA : Vera le ver de la vérité. Condamnée pour avoir tenté de priver l'humanité de son droit inaliénable à faire le choix de l'aveuglement et vivre dans des illusions.
HECTOR : Vous auriez fait un magnifique travail à écrire cet article. Quoique vous auriez probablement manqué d'impartialité.
VERA : Qui définit les droits des êtres humains Hector ? Pourquoi le droit de s'illusionner est-il plus important que le droit à la vérité ? Pourquoi n'ai-je pas le droit de tout savoir du monde dans lequel je vis ?
HECTOR : Parce que les choses sont ainsi, Mademoiselle Véra. Et qu'il vous faut apprendre à les accepter. Ce n'est qu'à ce prix que vous pourrez guérir.
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