Chapitre 16
Lorsque Freyja se réveille le lendemain, il fait encore nuit noire et pas un bruit ne se fait entendre dans la maison. Doucement, elle se lève, prend son manteau de fourrure et, avec un dernier regard à l'arrière, sort de la maison. L'herbe est un peu gelée et crisse sous ses pas. Au bout de quelques mètres, la jeune femme s'installe par terre et lève les yeux vers le ciel. Les étoiles y scintillent comme des petites perles solitaires, lumineuses et silencieuses. La jeune femme sert son manteau un peu plus contre elle lorsqu'un coup de vent secoue ses cheveux emmêlés par le sommeil.
La nuit a quelque chose de si beau et paisible. Freyja soupire et se mordille un peu la lèvre. Elle a besoin de parler à quelqu'un mais... Il n'y a personne. Elle est seule, entre la lune et la prairie. Elle réfléchit un instant puis :
"Père", souffle-t-elle dans le vide tandis que le vent lui caresse à nouveau le visage, "Je ne sais pas si tu peux m'entendre mais... J'ai beaucoup de choses à te raconter. J'ai retrouvé ton fils. Je ne t'en veux pas de me l'avoir caché. Je te comprends. J'espère que Tore est avec toi. Je vous aime tellement, tout les deux... " Freyja sent ses joues rougir, se sentant complètement stupide.
"Voilà au point où j'en suis", grommelle-t-elle, "À parler au vent, toute seule et au milieu de la nuit. Si quelqu'un te voyais, ma pauvre vieille, tu finirais enfermer à la seconde. "
Ensuite, elle se racle la gorge. Après une courte hésitation, elle se remet à parler.
"Je ne me souviens toujours pas de mon passé. Je suis un peu perdue. J'ai un peu peur du futur. Père, tout le monde attend de moi que je sois adulte et forte, mais au fond de moi... Je suis toujours la gamine qui se cachait derrière son petit chien lorsqu'elle voyait un inconnu..."
Près d'elle, Freyja sent une forme bouger et elle déglutit. Idiote, quelle idée stupide de sortir seule alors que le soleil n'est même pas levé ! Lentement, elle tourne la tête.
Rien.
Elle se relève doucement et cherche la maison des yeux - elle est presque invisible dans le noir, seulement éclairée par la lune.
Un bruit de craquement retentit, puis un sifflement.
Les mains de Freyja se mettent à trembler. Elle recule d'un pas, de deux, de trois, tourne sur elle-même et se met à courir. Elle sent quelque chose la suivre d'un pas rapide, elle accélère lorsque les crissements s'intensifient.
Si c'est un meurtrier ?
S'il me rattrape ?
La panique rend sa respiration erratique tandis que la transpiration lui coule le long des tempes, le coeur battant désespérément la chamade. Encore des bruits.
La porte de la maison apparaît enfin et Freyja l'ouvre brutalement, prête à rentrer, à refermer la porte, à appeler de l'aide...
Ses yeux tombent sur son poursuivant et Freyja a un moment de choc, ses yeux s'agrandissent et elle lève un peu les mains de surprise.
Un chien.
Un chiot, pour être exacte.
Assis en face d'elle, il ne bouge pas d'un millimètre et la fixe avec ses grands yeux. Il est grand : son pelage beige et hirsute est sale mais Freyja sourit. Elle hésite un instant. C'est un animal qu'elle ne connaît pas, peut-être qu'il est dangereux, qu'il est malade... Lentement, elle tend une main vers lui et pose une main sur sa tête. Le chiot s'avance vers elle et la jeune femme regarde sa queue valser de droite à gauche. Elle secoue un peu la tête puis le fait rentrer, sans réfléchir. Elle ferme la porte d'entrée et avance jusqu'à sa chambre, le chien sur ses pas. Lorsqu'elle s'allonge, il se couche à côté d'elle et Freyja rit doucement. Il se presse contre elle et baille tandis qu'elle lui caresse la tête.
"Tu n'es pas très propre", murmure-t-elle, "Normalement, je ne t'autoriserais pas à dormir dans mon lit dans un état pareil."
Le chiot lève un peu la tête vers elle, l'air de dire et alors ? Freyja soupire.
"Tu es un drôle d'animal. Tu sembles plus docile et calme que n'importe quel bête dressée et tu me suis comme si tu me connaissais. Ce n'est pas très intelligent, tu sais ? Je pourrais très bien être une personne cruelle qui déteste les chiens."
Le chiot grogne un peu puis se roule en boule, l'ignorant totalement. Toujours souriante, Freyja ferme les yeux et s'endort à son tour.
~***~
P
ranan et Allande mangent à la cuisine. Freyja ne s'est toujours pas manifesté et les deux commencent à sentir l'inquiétude monter. Allande a les sourcils froncés.
"Elle ne dort jamais aussi longtemps."
Pranan soupire et se lève de sa chaise.
"Je vais aller la voir."
Le guérisseur hoche la tête et le jeune homme avance vers la pièce dans laquelle dort sa soeur. Il tourne la tête vers elle. Elle est allongée, les yeux fermées, la bouche entrouverte, les jambes emmêlés dans les fourrures et les cheveux une masse bordélique au-dessus de sa tête.
Brusquement, Pranan sent quelque chose contre sa jambe. Il baisse les yeux tandis qu'un bruit de surprise lui échappe. Un chiot ? Comment un chiot était-il rentré dans la chambre de Freyja. Il s'avance précautionneusement jusqu'à la jeune femme et lui pose une main sur l'épaule. Il la secoue un peu.
"Freyja ?", murmure-t-il, "Freyja ?"
Peu à peu, la jeune femme recouvre ses esprits, ouvrant la bouche d'un air sonné puis les yeux.
"Que... Quoi ?", marmonne-t-elle et Pranan rit.
"Sa majesté la princesses doit-elle aussi se lever un jour !"
Elle répond par un grognement très peu élégant. Ses yeux tombent ensuite sur le chiot et son visage s'illumine.
"Tu es encore là, toi?"
Le chiot pousse un petit aboiement et retourne s'allonger a côté d'elle. Elle rit et lui caresse la tête tandis que Pranan lui lance un regard curieux.
"D'où vient -il", demande-t-il et Freyja hausse les épaules.
"Je n'en sais rien. Je me suis réveillée dans la nuit, je suis sortie pour prendre l'air et il est apparut de nulle part."
Pranan hoche la tête en fronçant les sourcils.
"Ce n'est pas très prudent de sortir à des heures pareils."
Freyja grogne.
"Je sais mais-"
Un crissement venant de l'extérieur la coupe et son corps se tend. Le bruit d'une charrette qui approche devient plus distinct, le bruit de sabots qui claquent le sol. Le chiot saute du lit et se met à aboyer tandis que Pranan est pâle comme la mort.
"On attend de la visite ?", murmure Freyja et Pranan déglutit un peu. Il sourit.
"Le deuxième esclave."
La jeune femme fait un bon.
"Évidemment !"
Elle s'éjecte du lit, enfile une tunique et des bijoux et commence à frénétiquement tresser ses cheveux. La porte d'entrée s'ouvre.
"Bonjour, Allande."
La voix lugubre du maître. Le chiot grogne un peu et se rapproche de Freyja. Elle se tourne vers Pranan.
"À quoi je ressemble ?", souffle-t-elle et il lui sourit à nouveau, tendu.
"À une princesse tombée du lit."
Freyja soupire.
"C'est toujours mieux qu'une gueuse déguisée en princesse." Pranan hoche la tête et elle lui pose une main rassurante sur l'épaule. "Il est temps d'aller affronter le démon."
Le jeune homme pâlit encore plus mais serre les dents.
"En effet."
Ils se regardent quelques instants puis sortent de la pièce. Lorsqu'il les voit arrivés, Allande ne commente ni la présence d'un chiot inconnu, ni l'air sonné de Freyja ou le visage livide de Pranan. Le maître, lui, sourit de toutes ses dents et annonce d'une voix dure et arrogante, tel un Dieux annonçant jugement et damnation :
"L'heure du prix a sonné."
Freyja sent son coeur rater un battement tandis qu'à l'extérieur, un bruit de chaînes qui se rapprochent se fait entendre.
Bonjour les cocos !
Alors, prêts à affronter la suite ? Parce que... On dirait bien que Faolàn est devant la porte et que le prix est sur le point d'être révélée ! Bon sang de bonsoir, ça fait environ mille ans que j'attendais d'écrire le prochain chapitre. On y est enfin !
Bon. Vous vous demandez sûrement ce que c'est que cette histoire louche de chiot. Et vous avez raison. Ce n'est pas n'importe lequel et il n'est pas apparu de nul part. Petit spoil : il y avait bien quelqu'un qui l'a déposé là (mais qui ??).
Allez bisous, je file m'occuper de la suite,
Blondie ❤
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