La vie de montagne
- Sunniva, ne te laisse pas décourager, je t'en prie.
Sunniva était assise sur le siège arrière de la Peugeot noire de son grand-père. Elle ne pouvait plus respirer. Non seulement, la ceinture de sécurité lui barrait la poitrine comme une barrière, mais il s'agissait surtout des flots de larmes incessants lui coulant sur le visage et tombaient sur son jean déjà trempé d'eau salée qui lui coupait la respiration. Son grand-père, à l'avant, lui jetait sans cesse des regards inquiets et pleins de pitié.
Ses sanglots répétés envahissaient la voiture et l'atmosphère lourd qui l'accompagnait, jusqu'à que la fillette de onze ans eût regardé le paysage qui les entouraient; des massifs de pierre enneigés dominaient une vallée aux multiples sortes d'arbres aux couleurs de feu de l'automne. Des plaines couvertes d'un tapis d'herbe vertes et grasse se démarquaient entre les forêts infinis et quelques fois des rivières jaillissaient de la roche allant se fracasser sur d'énormes bloques de pierre semblant coupés comme des couteaux.
La route de montagne tournait sans cesse, ce qui berça la petite indienne, la laissant sombrer dans un sommeil sans soucis.
_________ 4 ans plus tard __________
Sunniva observa les montagnes. Elle les connaissait déjà toutes par cœur, mais ne se lassait jamais de les regarder; celle au fond à droite ressemblait à une patte d'ours géante, il y avait aussi le visage taillé dans la pierre, entre le géant et la théière. Mais celle que la jeune fille préfèrerait était celle en forme de museau de renard. Cette statue naturelle lui rappelait une souvenir d'enfance, lorsque ses parents... Soudain sa gorge se serra. L'adolescent se souvint de quelque chose d'important; cela faisait 4 ans que son père et sa mère étaient tragiquement décédés dans un accident de voiture. Sunniva ferma les yeux et attrapa les cordes de sa balançoire pour se stabiliser, tout en respirant l'air frais de novembre.
Il ne fallait pas qu'elle sombre dans le tourbillon incessant des questions qui l'avait animé pendant toutes ses années, mais pourtant la question revint quand même: est-ce que mes parents sont morts à cause de moi? Sunniva savait au fond d'elle que c'était de sa faute. Si elle n'avait pas autant insisté pour que ses parents viennent la chercher après l'école, rien de tout ça ne serait arrivé. Si seulement elle aurait été un peu moins centrée sur elle-même... Les larmes recommencèrent à laver ses joues, comme chaque année à cette date.
Soudain un voix de garçon la fit sursauter:
- Sunniva, ça va?
La jeune fille essaya ses larmes sur sa vieille veste à la va-vite et répondit sans se tourner:
- Moui, ça va, t'inquiète Elliot.
Elle releva la tête et devant lui se tenait un garçon d'une douzaine d'années, les cheveux d'un roux flamboyant et des tâches de son lui envahissant le visage. Elliot fut son premier ami ici, à Grewald, il s'était intéressé à elle dès le premier jour. Bien qu'âgé de moins de 3 ans que la jeune fille, il l'avait pris sous ailes et lui avais fait visiter le village et les environs. Après toutes ses années, Elliot restait toujours près d'elle, comme un petit frère. Il pris la parole:
- Je sais quel jour on est aujourd'hui et je sais que c'est dur pour toi, mais il ne faut pas t'en faire je te promets que ça va aller.
Elle ravala son chagrin et lui présenta un sourire un peu forcé:
- Ça te dit d'aller à la cabane, Lio?
Il lui répondît sans attendre:
- Oui, super! On va chercher Naïa?
La jeune fille hocha la tête et ils partirent en direction du petit village de Grewald. Le village se trouvait dans les Alpes, à mi-chemin entre la Suisse et l'Italie.
Ils longèrent un de ces champ d'herbes hautes qui entouraient les demeures et arrivèrent entre deux chalets anciens, qui devaient sûrement servir de grange. Quelques minutes plus tard, les deux amis arrivèrent près d'un chalet assez moderne. Elliot se précipita vers la porte et sonna. Ce fût une tête couverte de cheveux châtains en bataille qui nous ouvris.
- Salut Lio, salut Suni, vous voulez quoi?
Je pris la parole:
- Tu veux venir avec nous à la cabane?
- Avec plaisir, répondît-elle avec entrain, deux minutes, j'arrive.
Elle ferma la porte et revint avec un sac à dos, sûrement remplit de marshmallows et de sucreries, à vrai dire, Naïa adore manger. Nous nous élanceâmes sur le chemin de la forêt.
Sunniva marchait derrière Elliot et Naïa en grande discussion ponctuée de rire. Je les regardais tour à tour. Naïa était vraiment une fille extraordinaire, du haut de ses treize ans, elle semblait être en permanence de bonne humeur. Malgré ses rondeurs, elle acceptait la vie comme elle arrivait et ne faisait pas attention aux remarques que les gens lui faisaient.
Quelques minutes plus tard, nous arrivions devant un pont servant à franchir une rivière déchaînée.
Naïa déclara d'une voix enjouée:
- Nous y sommes.
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